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Incursions maritimes

MessagePosté: Mer 03 Nov, 2004 11:40
de ejds
Ce qui est étonnant de constater, c’est que plus de trois siècles après l’installation des armées romaines, les richesses des villes côtières de la Gaule et de l’île de Bretagne étaient très mal défendues des incursions maritimes des barbares du nord.

Un site belge (donc qui a forcément la frite :lol:) sur Constance Chlore nous l’explique donc une fois :

http://ibelgique.ifrance.com/emp00/emp49.htm

Carausius était un général d'origine ménapienne (tribu belge du Nord des Flandres). Il était ambitieux, audacieux et sans scrupules. Nommé par Maximien commandant de la flotte de Bretagne, basée à Boulogne, l'amiral Carausius était surtout censé empêcher les incursions des pirates francs en Gaule et en Bretagne. Pour cela il devait, naturellement, les contenir en Mer du Nord, donc les arrêter avant qu'ils ne pénétrassent dans la Manche pour se répandre partout dans les riches provinces gauloises.

Mais notre amiral ménapien adopta une tactique peu commune : les pirates, il les laissait passer au large de Boulogne et piller à leur guise les provinces gauloises. Ce n'est qu'au retour qu'il les attaquait, quand, leurs barques alourdies de butin, ils tentaient de regagner leurs repaires. Carausius faisait alors main basse sur tous ces trésors et, ainsi, l'or pillé en Gaule se retrouvait comme par enchantement dans ses insondables coffres.

e.

MessagePosté: Mer 03 Nov, 2004 12:27
de Marc'heg an Avel
"... comme par enchantement ..."

Normal, c'est breton ! normal, c'est celtique ! :D :D :D

***********

Ne pas perdre de vue non plus que la Manche, c'est IKT'ios, et donc que GESORIACUM était aussi, géographiquement, pare-mori-Ikt-ios, alors que Is est placée chez les Ossismes, cité gallo-romaine elle même pare-mori-Ikt-ios.

Et Gwenolé est connu aussi en Picardie.

Confusion de thèmes ? Miroir aux alouettes ?

comme Ricarius (Picardie), devenu Riocat (en P. Bretagne),
(duplicata d'une histoire parlant de 2 chevaliers revenant de Rome vers la G. Bretagne, et convertissant un jeune prince local au passage)

comme Tolente recherchée à Plouguerneau, alors que Talence se trouve à Abbeville.

etc ...

JCE :)

L'Homme et la lagune

MessagePosté: Mer 03 Nov, 2004 21:36
de ejds
Les lacunes de la lagune ?
Anse, calanque, crique, baie, rade, golfe, havre, aber, ria, grau, fjord, estuaire, embouchure, delta, lagon, lagune, lac, étang, marais, marécage, polder… les termes ne manquent pas pour définir, en fiction, l’assisse et l'enclos environnemental de la ville d’Is.
Is : une ville fortifiée les pieds dans l’eau ?! ?

Sur un ton scientifique et suffisamment badin et limpide pour dire meer see beaucoup à son auteur !! : :lol: :lol:

L'Homme et la lagune

http://mpzga.free.fr/Eaux/lagune97.html

"Les lagunes sont des lacs peu profonds en communication plus ou moins importante avec la mer et qui, de ce fait, en subissent constamment l'influence. Dans une lagune, on distingue essentiellement deux types de milieux: celui qui subit en permanence l'influence des apports marins (lagune "vivante" et celui qui évolue de manière autonome (lagune "morte"). Le premier de ces milieux s'apparente à un milieu marin littoral, tandis que le second est la lagune proprement dite. [...] Une lagune, vivifiée régulièrement par les apports marins, est, comme tout lac, un piège à substances nutritives. Sa concentration en sels utiles y est inversement proportionnelle à la profondeur. La lagune s'enrichit ainsi par rapport à la mer voisine et, bien que le nombre des espèces soit relativement réduit, celles qui acceptent les conditions particulières de ce milieu forment d'importantes populations." lagunes sont des lacs peu profonds en communication plus ou moins (Universalis 1995).

Qui sont, en effet, les hommes "qui acceptent les conditions particulières de ce milieu" ? Que peut bien être une lagune pour eux ? Aux précédentes journées de cette Association, consacrées en 1994 aux lacs, le recours à la compilation impressionnante de Stith-Thompson m'avait permis de situer l'importance du thème général de l'eau dans l'ensemble des mythes, contes et légendes, puis de proposer une typologie succincte de l'imaginaire particulier des lacs, comparé à celui de la mer et de la rivière. Mais le Stith-Thompson ne semble pas connaître la lagune, ni même les marais!
... et sur le lac Flevo :shock:
Les hésitations des vieilles cartes hollandaises sur la dénomination du Zuyderzee sont parlantes des problèmes de son statut entre le grand et le petit, et du refus local de l'idée même de lagune.
Au temps des Romains (quand Jules César s'étonnait de la bravoure de ces Bataves qui pourtant n'avaient pas de montagnes pour se retrancher, mais seulement des marais semi-inondés) le Zuyderzee était clairement un lac, le Flevomeer, séparé de la mer du Nord par des marais, ce qui correspondrait mieux au concept latin de "lacuna". Mais ce terme n'existera jamais en néerlandais! Au moyen âge, le Zuyderzee n'est plus un lac, de nombreuses passes le relient à la mer du Nord et en font ce qu'on nommerait dans l'Europe du Sud un golfe, une baie ou un bassin; mais il s'appelle alors Almere. Puis il deviendra "la mer du Sud", le Zuyderzee (sans doute par opposition à la mer du Nord), jusqu'aux travaux d'assèchement du début du XXe siècle, ou il redeviendra un lac, le lac de I'Ijssel (Ijsselmeer); les polders gagnés sur l'eau devenant le Flevoland, du nom que portait à l'époque romaine l'île située au centre du lac Flevo.

e.

MessagePosté: Jeu 04 Nov, 2004 10:01
de Marc'heg an Avel
Un problème similaire a été posé par l'identification du Portus Itius de César.

Certains l'ont même placé au fond de la plaine maritime dunkerquienne, aujourd'hui comblée. J'en ai une carte d'un auteur du XIXè siècle.

Et comme Portus Itius fait actuellement consensus sur Boulogne sur Mer, on peut donc établir une équation (tout à fait théorique dont on attend la démonstration du contraire :P ) :

- Portus Itius = Gesoriacum. :?:

Et comme dans Gesoriacum, il y a *geso-, comme dans Gesocribate, on a au moins un mot dont la sonorité se rapproche de IS.

Bon courage dans ce sac d'épingles. :lol:

JCE :)

Où on va avec Is?

MessagePosté: Ven 05 Nov, 2004 0:00
de ejds
"La région armoricaine vit dans la crainte du pirate saxon pour qui c'est un jeu de sillonner sur une barque de peau les eaux bretonnes et de fendre sur un esquif cousu la mer verte".
Sidoine Apollinaire.

Oui Marc'heg an Avel, je ne sais pas où on va avec Is mais on y va. Faut juste hisser la grand'voile et se laisser porter par les vents et les courants. :lol: :lol:
Marquée, semble-t’il, par le primat des affaires et la puissance commerciale plutôt qu’insouciante station balnéaire estivale, ville civile plutôt que de garnison, mais assujettie aux lois et sous le protectorat romain, Is avaient tout autant à craindre des périls de la mer que de ces hommes venus d’ailleurs, attirés par les richesses qu’elle recelait.
Pour illustrer ces faits, je vous reprends ci-dessous des textes issus du livre cité précédemment sur les Francs. :shock: :shock:

Les Francs occidentaux des bords de la mer du Nord, ou peuple des marais, tirèrent leur réputation justifiée de guerriers redoutables et de marins et pirates accomplis. Traçant la route future des Vikings, leur apprentissage de navigateurs résulta moins d’apports scandinaves que de leur voisinage avec les Frisons, eux-mêmes alliés avec un autre peuple marin, les Saxons.
Un épisode raconté par Zosime témoigne d’ailleurs de l’extraordinaire vitalité des guerriers francs. Un certain nombre d’entre eux, déportés vers 280 par Probus à l’embouchure du Danube et établis comme colons dans des régions désertées depuis les guerres gothiques, décidèrent de s’enfuir après le départ de l’empereur. Ils construisirent donc des bateaux et entreprirent un spectaculaire périple marin. Ayant traversé la mer Noire, ils franchirent les détroits du Bosphore et des Dardanelles, traversèrent la mer Egée, doublèrent la Sicile, puis longèrent les côtes de l’Afrique du Nord, avant de contourner l’Espagne et de regagner les bouches du Rhin.
L’audace de ce raid, accompagné de nombreux actes de piraterie ou de pillage, montre que les Francs, comme leurs voisins saxons et frisons, étaient passés maîtres dans l’art de la navigation : ayant emprunté aux Romains l’usage de la voile, à la différence des Nordiques, ils s’étaient dotés des moyens techniques indispensables aux expéditions maritimes lointaines.

Les Saxons, des adeptes du naufrage contrôlé!
« C’est un ennemi plus farouche que n’importe quel ennemi : il attaque à l’improviste mais, si son arrivée est prévue, il vous glisse dans les doigts. Il méprise ceux qui l’attendent de pied ferme, terrasse ceux qu’il surprend; quand il poursuit, il vous atteint bientôt; quand il fuit, il est insaisissable. Le naufrage est pour les Saxons un exercice, non un sujet de crainte. Les périls de la mer leur sont connus et, pour mieux dire, amis : la tempête donne une fausse sécurité aux populations qui vont être envahies et les empêche de déceler l’approche de l’envahisseur, pendant ce temps, celui-ci brave les vagues et les récifs, tout joyeux à la pensée de la descente qu’il va faire.
Ce n’est pas tout : avant de lever l’ancre qui mord le sable étranger et de tendre la voile qui les ramènera du continent vers leur patrie, ils ont coutume, au moment du départ, de supplicier et de noyer un dixième de leurs prisonniers, tirés au sort. Coutume d’autant plus hideuse que c’est un rite!… Ils estiment que torturer les captifs sans en tirer rançon est un acte religieux. »

(Sidoine Apollinaire, Epist. Ad Namatium, VIII, 6.14 ; trad. P. Courtelle, Histoire littéraire des Grandes invasions…).

L’invasion de 407
L’invasion de l’hiver 407 fut marquée par le franchissement du Rhin gelé et le déferlement des hordes Barbares venus de l’est.

Depuis 409, les provinces d’Armorique et d’Aquitaine, pratiquement délaissées par l’administration civile et militaire et ravagées par l’invasion de 407 étaient en effet livrées à elles-mêmes. Une insécurité totale y régnait, avec la réapparition des bagaudes.
Quant à la province de Bretagne, abandonnée, elle tentait de faire face à la recrudescence de la piraterie des Saxons et des Scots d’Irlande, tandis que les Pictes franchissaient le "mur" du limes. Les côtes de l’Armorique, de la Manche et de la mer du Nord étaient également écumées par les Saxons, ainsi que leur arrière-pays.
Un épisode de la vie de Saint Patrick est en la matière éloquent. Prisonniers des Scots en Irlande et devenu esclave, le jeune homme parvint à s’enfuir sur un bateau irlandais qui allait vendre en Gaule des chiens de chasse, y trouvant vers 408-409 un littoral et un arrière-pays désert.

e.

D'Is à Salammbô ou le tourlourou antique

MessagePosté: Jeu 11 Nov, 2004 16:12
de ejds
Is attire comme la lumière les papillons, mais il importe de rebrûler les questions et ses légendes sucrées salées qui permettront un jour peut-être de lever un coin de son voile et de conserver par-devers ses repères, de recréer son univers.

Is, dans son scénario-catastrophe représente la continuité d’un rêve celtique. Rayée de la carte du monde habitée, noyée sans vraiment laisser de traces archéologiques, et ce dans la plus grande indifférence des géographes rapporteurs d’une époque où le commerce se redéveloppe; les comptoirs marchands prospèrent, l’argent circule, la région et la ville se sont émancipées depuis lurette du pouvoir romain.
Ainsi, parmi les premiers anéantissements naturels consignés dans les annales de l’Histoire, le séisme volcanique du 24 août 79 ap JC vit la mort de Pline l’Ancien, les habitants de la région de Pompéi en oublièrent le nom en la désignant sous le vocable anonyme de la cività : :shock:

http://jpdruine.free.fr/pompei/

~ ° ~
Changement de cap : Carthage et son peuple de marins
Une autre grande puissance maritime mais bien réelle fut cette autre grande cité punique : Carthage. Gouvernée par une riche et entreprenante oligarchie financière et commerçante, d'affréteurs et armateurs qui exportaient du vin, de l'huile, des céréales, des textiles et des parfums, importaient des matières premières comme du minerai, de l'or, de l'argent, de l'étain et du plomb entre autre d'Afrique du Nord, Ibérie, Lusitanie et même de l’île de Bretagne.
Ville du bord de mer, mais au lieu de soutenir maintes fois comme il se doit les assauts dévastateurs des flots, Carthage subit tour à tour les humeurs des Romains, des Vandales, des Byzantins puis rencontra son déclin définitif après la conquête arabe.
Un article à lire sur Carthage dans Archéologia n° 416 novembre 2004, à défaut de voir une exposition en cours en Allemagne: :shock:

http://www.hannibal2004.de

~ ° ~
Salammbô ou le tourlourou antique
Petit aparté, hors sujet en débordement peut-être, mais comme dans tout travail créatif, re-créatif et récréatif de littérature, peinture, musique, écriture, culinaire, viticole…, de tous les arts en faits et pourquoi pas militaires, commerciaux, artisanaux et architecturaux, la critique est facile mais l’art est difficile.
Pour illustrer et amplifier ces faits, il suffit de lire ainsi les difficultés en temps, énergie, concentration, exercices imaginatifs de construction détaillée et précis de reconstitution plausible d’un roman historique, hors des idées préconçues et tentatives d’échappée des sentiers battus par son auteur.
Commerces des biens, des dieux et des idées, ce n’est pas tant l’histoire de Carthage qui nous intéresse, mais la vie de celui qui l’a écrit, le pourquoi, les à-côtés, les doutes, les audacieux commentaires et questionnements.
Lire ce livre écrit par Flaubert, c’est aussi se replonger au cœur de l’Histoire, dans un contexte social, politique et religieux propres à l’époque, celui du culte des dieux kabyres en passant par celui de l’armée des mercenaires (Grecs, Italiotes, Gaulois, Ibères, Lybiens, Numides…, gens du pays des dattes et quelques transfuges de ces tribus lointaines, moitié hommes moitié bêtes).
Mais au-delà de la ville et la vie de Carthage, c’est la trame et la fabrication du roman, des personnages qui vont donner vie à l'histoire qui captive (je vous ramène une petite razzia de morceaux choisis, car il est bien ennuyant, n’est ce pas, de voir disparaître certains sites après les avoir cités) : :shock: :shock: :shock:

http://perso.wanadoo.fr/jb.guinot/pages/oeuvres6.html

L'écriture de Salammbô
« D'un bout à l'autre, c'est couleur de sang ».

« Je vais écrire un roman dont l'action se passera trois siècles avant Jésus-Christ, car j'éprouve le besoin de sortir du monde moderne, où ma plume s'est trop trempée et qui d'ailleurs me fatigue autant à reproduire qu'il me dégoûte à voir. »
A Mlle Leroyer de Chantepie. 18 mars 1857.

« Je crois enfin pouvoir tirer des effets neufs du tourlourou antique. Quant au paysage, c'est encore bien vague. Je ne sens pas encore le côté religieux. La psychologie se cuit tout doucement, mais c'est une lourde machine à monter. »
A Jules Duplan. 28 mai 1857.

« Savez-vous combien, maintenant, je me suis ingurgité de volumes sur Carthage ? environ 100 ! et je viens, en quinze jours d'avaler les 18 tomes de La Bible de Cahen ! avec les notes et en prenant des notes.
J'ai encore pour une quinzaine de jours à faire des recherches ; et puis, après une belle semaine de forte rêverie, vogue la galère ! (ou plutôt la trirème !). Je m'y mets. Ce n'est pas que je sois inspiré le moins du monde, mais j'ai envie de voir ça. C'est une sorte de curiosité et comme qui dirait un désir lubrique sans érection. »

A Jules Duplan. 26 juillet 1857.

« Quant à l'archéologie, elle sera "probable". Voilà tout. Pourvu qu'on ne puisse pas prouver que j'ai des absurdités, c'est tout ce que je demande.»
A Ernest Feydau. 26 juillet 1857.

« Depuis six semaines, je recule comme un lâche devant Carthage. J'accumule notes sur notes, livres sur livres, car je ne me sens pas en train. Je ne vois pas nettement mon objectif. Pour qu'un livre "sue" la vérité, il faut être bourré de son sujet jusque par-dessus les oreilles. Alors la couleur vient tout naturellement, comme un résultat fatal et comme une floraison de l'idée même. »
A Ernest Feydau. 6 août 1857.

« Je taille donc un morceau qui sera la description topographique et pittoresque de la susdite ville avec exposition du peuple qui l'habitait, y compris le costume, le gouvernement, la religion, les finances et le commerce etc.
Je suis dans un dédale. »

A Jules Duplan. 1er juillet 1858.

« Me saura-t-on gré de tout ce que je mets là-dedans ? J'en doute, car le bouquin ne sera pas divertissant, et il faudra que le lecteur ait un fier tempérament pour subir 400 pages (au moins) d'une pareille architecture. (...) L'avenir ne me présente qu'une série indéfinie de ratures, horizon peu facétieux. »
A Ernest Feydau. 28 août 1858.

« Depuis que la littérature existe, on n'a pas entrepris quelque chose d'aussi insensé. C'est une oeuvre hérissée de difficultés. Donner aux gens un langage dans lequel ils n'ont pas pensé ! On ne sait rien de Carthage. (Mes conjectures sont je crois sensées, et j'en suis même sûr d'après deux ou trois choses que j'ai vues.) N'importe, il faudra que ça réponde à une certaine idée vague que l'on s'en fait. Il faut que je trouve le milieu entre la boursouflure et le réel. »
A Ernest Feydau. octobre 1858.

« Non ! mon vieux, ne va pas croire que les beaux sujets font les bons livres. J'ai peur, après la confection de Salammbô, d'être plus que jamais convaincu de cette vérité. »
A Ernest Feydau. 5 août 1860.

« Quant à la copie (puisque c'est là le terme), je n'en sais franchement quoi penser. J'ai peur de retomber dans des répétitions d'effets continuelles, de ressasser éternellement la même chose. Il me semble que mes phrases sont toutes coupées de la même façon et que cela est ennuyeux à crever. Ma volonté ne faiblit pas cependant, et comme fond ça devient coquet. On a déjà commencé à se manger. Mais juge de mon inquiétude, je prépare actuellement un coup, le coup du livre. Il faut que ce soit à la fois cochon, chaste, mystique et réaliste ! Une bave comme on n'en a jamais vu, et cependant qu'on la voie ! »
A Ernest Feydau. 21 octobre 1860.

« Carthage me fera crever de rage. Je suis maintenant plein de doutes, sur l'ensemble, sur le plan général ; je crois qu'il y a trop de troupiers ? C'est l'histoire, je le sais bien. Mais si un roman est aussi embêtant qu'un bouquin scientifique, bonsoir, il n'y a plus d'art. Bref, je passe mon temps à me dire que je suis un idiot et j'ai le coeur plein de tristesse et d'amertume.
Ma volonté ne faiblit point, cependant, et je continue. Je commence maintenant le siège de Carthage. Je suis perdu dans les machines de guerre, les balistes et les scorpions, et je n'y comprends rien, moi ni personne. »

A Ernest Feydau. 15 juillet 1861.

« A mesure que j'avance, je m'aperçois des répétitions, ce qui fait que je récris à neuf des passages situés cent ou deux cents pages plus haut, besogne très amusante. Je bûche comme un nègre, je ne lis rien, je ne vois personne, j'ai une existence de curé, monotone, piètre et décolorée. »
A Ernest Feydau. 17 août 1861.

« Je me moque de l'archéologie ! Si la couleur n'est pas une, si les détails détonnent, si les moeurs ne dérivent pas de la religion et les faits des passions, si les caractères ne sont pas suivis, si les costumes ne sont pas appropriés aux usages et les architectures au climat, s'il n'y a pas, en un mot, harmonie, je suis dans le faux. Sinon, non. Tout se tient. »
A Sainte Beuve. 23 décembre 1862.

Une critique de Salammbô par Théophile Gautier
La lecture de Salammbô est une des plus violentes sensations intellectuelles qu'on puisse éprouver…
Comme Cuvier, qui recomposait un monstre antédiluvien d'après une dent, un fragment d'os, moins que cela, une trace de pas fixée sur le limon des créations disparues, et à qui, plus tard, la découverte du squelette complet donnait raison, l'auteur de Salammbô restitue un édifice d'après une pierre, d'après une ligne de texte, d'après une analogie.

Le Moniteur. 22 décembre 1862

Une critique de Salammbô par George Sand
C'était monstrueux, cette Babylone africaine, ce monde punique, atroce, ce grand Hamilcar, un scélérat, ce culte, ces temples, ces batailles, ces supplices, ces vengeances, ces festins, ces trahisons ; tout cela, poésie de cannibales, quelque chose comme l'enfer du Dante.
Quant à la couleur locale, il est d'usage de la recomposer à l'aide de la science, et permis de la compléter par les forces de la logique d'induction. C'est avec des fragments incomplets que le paléontologue a reconstruit des mondes plus anciens que le monde punique. Ceci exige de grandes études que tout le monde n'est pas en état de vérifier, et ni vous ni moi ne pouvons nous permettre de dire que l'auteur de Salammbô a forcé ou atténué sa peinture. Il nous faudrait peut-être, à nous comme à lui, une dizaine d'années consacrées à en étudier l'objet et les moyens.

La Presse. 27 janvier 1863.

Si l’envie vous en prend, lecture complète de l’ouvrage Salammbô (quelques 400 pages) sur le site. Vwoaaooh !!! :

http://perso.wanadoo.fr/jb.guinot/pages/oeuvres6.html

ejds

La mer, terreur et fascination

MessagePosté: Mer 01 Déc, 2004 21:23
de ejds
La mythologie des Celtes, les yeux coquillage, des bords du grand Océan nous présente la mer comme source de défi, de pis aller, une inconstante compagne d’habitude à aimer, comme une « man’s land » à dominer et à conquérir quand elle est étale et indolente, comme un terrain de jeu pour l’agacer à la course avec les chevaux à marée montante, mais aussi tour à tour comme une ennemie à combattre les armes à la main quant elle est tourmentée, génératrice de peur pouvant engendrer une insoutenable frayeur, propice à la naissance de croyances et la persistance de légendes tenaces…

EXPOSITION
La mer, terreur et fascination
Une exposition peuplée de naufrages, tempêtes, trombes marines, maelströms, mythologies des serpents de mer mangeurs d’îles et de navires, chevaux marins, baleine de saint Brendan, kraken scandinave, sirènes musiciennes, licornes de mer…, raz-de-marée, villes englouties, rupture d’une digue à Brême, Zuiderzee ou Zuyderzee envahi par la mer (commenté en amont de ce fil)… Le réel y côtoie tour à tour l’irréel et le rêve finit par succomber à la réalité.
On y effleurera bien modestement les aventures extraordinaires de Peskett et le déferlement de la vague humoristique de la ville d’Ys par Pierre Péron, ou Oh ! Ys ! le Roi d’Ys d’Edouard Lalo, revue-opérette de 1924.
Tout comme le décor de l’exposition, sur fond de couleur bleue nuit de mer et images transocéanes et sans façon, de tous lieux et époques, montrent bien que, partout et toujours, la mer est reine et nous rappelle que c’est elle qui dicte sa loi. :?

En complément interactif de la visite, accès en ligne sur cette exceptionnelle exposition virtuelle avec documents sonores et visuels d’une impressionnante richesse iconographique : manuscrits antiques, cartes, portulans, enluminures, gravures, films puisés des collections de la BnF et de ses partenaires, sans oublier les ouvrages scientifiques d’hydrographie, d’ichtyologie…: :shock: :shock: :shock:

http://expositions.bnf.fr/lamer/

Troisième volet d'une programmation organisée en 1998 autour des éléments, « La mer, terreur et fascination » succède à « Figures du ciel » et à « Couleurs de la terre ».
Cette magistrale exposition organisée par la BnF, en partenariat avec entre autres Géo, Le Point, Planète Thalassa et la ville de Brest, dans le cadre associé de son pôle associé "Océanographie" (bibliothèque municipale classée de Brest, le service historique de la Marine, le centre de documentation de l’Ifremer, le service commun de documentation de l’université de Bretagne Occidentale) s’appuie sur le rapport ténu entre productions humaines bien souvent façonnées par l'esprit humain et connaissances scientifiques de cet univers marin et sous-marin.
Le choix muséographique de la première partie de l’exposition s’attache à présenter l’identité géographique et physique de la mer, telle qu’elle se définit peu à peu du Moyen Âge au XXe siècle. La mer a-t-elle un fond? Quelle est son étendue? Est-elle franchissable? D’où viennent ces mouvements qui l’agitent telle une respiration?
La seconde partie est consacrée aux colères de la mer – vagues, tempêtes, engloutissements…– qui ont hanté l’imaginaire des hommes, et que les romanciers, les peintres ou les musiciens ont exprimé avec force.
La fascination pour la vie sous-marine, des monstres imaginaires et animaux mythiques jusqu’à la découverte de la vie et des paysages des grandes profondeurs révélés par l’Ifremer, fait l’objet de la dernière partie de l’exposition.

Après Paris, dans les salons de la BnF, du 13 octobre 2004 au 16 janvier 2005, l’exposition "La mer, terreur et fascination" fera escale au printemps dans son port d’attache à...
Brest, au Quartz, du 2 mai au 13 juillet 2005!!!

e.

... Soubresauts

MessagePosté: Mar 28 Déc, 2004 11:44
de ejds
... Soubresauts
Mouvements des plaques tectoniques, séisme marin suivi d’une lame de fond prenant de la vitesse et de la puissance à des milliers de kilomètres pour aller s’écraser au hasard, porteuse de ravages sur des rivages paradisiaques.
Dans ses borborygmes gargantuesques, la mer tendresse des jours de fête et de liesse se meut en petit matin tristesse. La mer, cette furie aveugle, jamais tranquille, imprévisible, impitoyable mangeuse de bateaux et qui sait bouleverser, d’une vile caresse, la visage des îles et des côtes, le devenir insouciant de ces populations qui la bordent.
A même de mieux comprendre les raisons de la probable disparition de la (ou des) légendaire ville d’Is, l’actualité de façon omniprésente, récurrente et désolante se complait à nous le rappeler malencontreusement et constamment. :cry: :cry:

Parmi les chroniques des grandes catastrophes marines, l’historien romain Florus nous signale l’épisode d’un puissant raz-de-marée qui eut lieu vers 119 avant JC du côté des mers baltiques.
Il nous explique aussi, de cause à effet, ce phénomène des mouvements des peuplades, – teutoniques celles-là –, et des Cimbres du Jütland (actuel Danemark), qui, partis des extrémités de la Gaule et fuyant les inondations de l’Océan, déferlèrent par vagues immenses, à travers l’Europe celtique, ibérique et romaine, à la recherche de terres d’accueil plus clémentes. :?

Rencontre avec ces tribus et tributs jetés aux eaux ! : :shock: :shock:

Les VOLQUES-TECTOSAGES à TOLOSA :

http://forum.arbre-celtique.com/viewtopic.php?t=2020

ejds

Sabines

MessagePosté: Dim 16 Jan, 2005 11:54
de ejds
Merci "DT" :D de nous avoir charmé avec cette sardanapalesque histoire de Tarpeia, la fille du chef de la garde romaine qui succomba sous le poids des bracelets d’or et des boucliers. :shock: :shock:
De même que la sensuelle, mais vénale, Dahut, qui, cèdant à la séduction, livra les clefs de la ville d’Ys. Ce qui déchaîna simultanément la fureur des flots ou, peut-être aussi, déclencha la probable venue d’une horde ennemie jaillie de la mer ?!? :? :?
Je me permets de reprendre ici le très intéressant fil amorcé par DT sur Ys et les Sabines :

http://forum.arbre-celtique.com/viewtopic.php?t=2600

Bonjour,
Veuillez pardonner à un nouvel inscrit sur ce forum de donner un point de vue sur cette séquence mythique.
Je n'ai plus en tête, ou à disposition, les textes ou documents bretons qui font allusion à l'engloutissement de cette ville, ou représentation. Il semble néanmoins me souvenir qu'il s'agit d'une lutte entre le diable et un saint breton (Gwenolé ?), dans laquelle intervient la fille du roi qui se charge de récupérer la clef des écluses portée par son père autour du cou. S'étant laissée séduire, elle remet au diable la fameuse clef et permet l'inondation de la cité. Cette fille de roi peut toutefois s'enfuir, en croupe sur le cheval du saint, mais celui-ci comprenant l'origine de la catastrophe, la rejette dans les flots montants.
Ce schème m'a souvent fait penser à l'épisode de Tarpeia, aux origines de Rome. Je laisse ici la parole à G. Dumézil, La Religion Romaine Archaïque, édit. de 1987, p. 84 sqq: "Raconté de diverses manières, parfois (ce sont les plus belles; Properce...) avec la passion amoureuse pour ressort, il paraît transmis par Tite-Live sous sa forme la plus pure (I, II, 5-9). Titus Tatius, le chef des riches Sabins, par l'attrait de l'or, des bracelets et des bijoux qui brillent aux bras de ses hommes, séduit la fille du Romain chargé de garder la position essentielle du Capitole. Traîtreusement introduits dans ce point dominant, les Sabins paraissent devoir être les vainqueurs (note de G. Dumézil: sur Tarpeia, voir mon essai à la fin du recueil qui porte ce nom (1947) et ma note, Revue des Etudes Latines, 38, 1960, pp. 98-99. Le thème est certainement emprunté à la Grèce: A.H. Krappe, Rheinisches Museum für Philologie, 78, 1929, pp. 249-267)".

Pour les personnes qui ne connaissent pas cet épisode, la jeune Tarpeia avait exigé en paiement de son service ce que les hommes de Titus Tatius portaient aux bras; c'est-à-dire leurs bracelets et bijoux. Malheureusement, ils portaient surtout leur bouclier, et l'écrasèrent sous ce poids.
La suite de l'étude de G. Dumézil est très instructive sur les rapports de Romulus (représentant de la première fonction) avec Titus Tatius (représentant de la troisième fonction) ainsi qu'avec la correspondance relevée dans les textes scandinaves (lutte des Ases et des Vanes, et rôle de Gullveig: "Ivresse (ou Puissance) de l'or".
Ne sachant quel type de réponse va suivre, je me contente de donner une piste réellement comparatiste. Il me semble un peu illusoire de rechercher une preuve matérielle d'une quelconque submersion. Les Romains ont fait de leurs mythes une histoire, les Celtes ont fait de leur histoire des mythes.

~ ° ~
L'enlèvement des Sabines et la roche tarpéienne
Le fil suivant sur Tarpeia explique à sa manière la naissance et jeunesse de Rome et la fusion des peuples romains et sabins : :shock: :shock:

http://www.herodote.net/37530421.htm

Rome se trouvant manquer de femmes, Romulus lança une invitation à ses voisins à l'occasion de festivités destinées à honorer Neptune. Lorsque les Sabins se présentèrent, les Romains se jetèrent sur leurs filles et les enlevèrent tandis que leurs parents, terrorisés, s'enfuyaient.
Les Sabins se ressaisirent et tentèrent d'investir la ville. Leur roi, Tatius convainquit une jeune fille romaine, Tarpeia, de leur ouvrir les portes de l'enceinte.
Tarpeia était la fille du chef de la garde romaine. Pour prix de sa trahison, elle demanda aux guerriers «ce qu'ils portaient au bras gauche» en désignant leurs beaux bracelets d'or. Une fois les guerriers dans la place, Tarpeia réclama son dû. Les Sabins s'exécutèrent et... l'étouffèrent sous le poids des boucliers qu'ils portaient aussi au bras gauche !
La roche tarpéienne rappelle cette triste légende. Ce lieu dédié à l'exécution des traîtres est voisin de la colline du Capitole, haut lieu du pouvoir à Rome. Il rappelle à chacun que le châtiment suprême peut succéder aux plus grands honneurs selon l'adage : «La roche tarpéienne est proche du Capitole».
Revenons à nos Sabins. Ils entrent donc dans la cité de Rome et ouvrent les hostilités quand s'interposent les jeunes victimes qu'ils se proposaient de délivrer.
Les Sabines avaient eu l'occasion d'apprécier tous les charmes de leurs vigoureux ravisseurs. Elles plaident avec passion pour la réconciliation et les Sabins prennent le parti de ne plus faire qu'un avec Rome.
C'est ainsi que débuta (selon une belle légende) la prodigieuse expansion de Rome.


e.

MessagePosté: Dim 16 Jan, 2005 17:31
de DT
La ville d’Ys
Bonjour,
Je remercie tout d’abord Muskull et Gwalchafed d’avoir répondu à ma première prise de contact.
J’ai découvert votre site très récemment et maîtrise encore mal son fonctionnement. Je recherchais justement le dossier que Muskull a eu la gentillesse de m’indiquer afin d’y apporter une contribution.
Ayant parcouru rapidement ces informations, quelques données m’ont paru significatives. Muskull cite F. Le Roux et Ch.J. Guyonvarc’h ainsi que l’ouvrage qu’ils ont consacrés à ce thème. Respectant les pistes qu’ils ont ouvertes, je n’ai malheureusement jamais pu concilier ces analyses à mes propres recherches souvent plus axées sur les Gaules de l’indépendance, puis romaines. Il s’agit seulement d’une différence de perspective.
Muskull cite encore, et je suis très intéressé, Pierre de Baud, de la fin du 16e ap., dont Albert le Grand, hagiographe du 17e ap. (doit-on encore parler d’hagiographie à une date aussi tardive ?), se serait inspiré pour développer la légende autour de Dahut, du roi Gradlon, et de Gwenolé.
Ces textes, dans leur version originale, sont peut-être l’essentiel du problème soulevé.
Forme latine
En bon comparatiste, et non pas « analogiste », je citai l’épisode de Tarpeia. Cet épisode apparaît comme une séquence structurée.
1) Le rapt des Sabines :
(Commençons par citer les sources : G. Dumézil, La Religion Romaine Archaïque, édit. de 1987, pp. 82 sqq.).
« Voici au départ, avant la guerre, le signalement des deux partis qui s’opposeront :
D’un côté, Romulus : il est le fils de Mars et le protégé de Jupiter. Il vient de fonder la ville rituellement, ayant reçu les auspices et tracé le sillon sacré. Lui et ses compagnons sont de magnifiques jeunes gens, forts et vaillants. Tels sont les deux atouts de ce parti : il a les grands dieux avec lui, partiellement en lui, et il est plein de vertu guerrière. En revanche, il présente deux grosses déficiences sous le rapport de la richesse et de la fécondité : il est pauvre, et il est sans femmes.
De l’autre côté, Titus Tatius, avec ses riches Sabins. Certes, ils ne sont ni lâches ni irréligieux, bien au contraire, mais en ce point de l’histoire, ils se définissent comme riches. De plus, c’est chez eux que sont les femmes dont Romulus et ses compagnons ont besoins.
Avant donc de s’affronter, avant même de songer à s’affronter, les deux partis sont donc complémentaires. Et c’est parce qu’ils sont complémentaires que Romulus, comprenant que sa société incomplète ne peut vivre, fait enlever « les Sabines » au cours de la fête rurale de Consus. Il agit ainsi et pour avoir des femmes, et pour obliger les riches Sabins, malgré leurs répugnances, à entrer en relation avec sa bande sauvage ».
……« Denys d’Halicarnasse (2, 30, 2 et 37, 2), verbeux comme toujours, et suivant une tradition légèrement différente (non pas à deux mais à trois races, entre lesquelles sont distribués les trois atouts), exprime encore pourtant la même structure fondamentale. Pressenties par Romulus pour des alliances matrimoniales, les villes latines refusent de s’unir à ces nouveaux venus « qui ne sont ni considérables par les richesses ni célèbres par aucun exploit ». A Romulus ainsi réduit à sa qualité de fils de dieu et aux promesses de Jupiter, il ne reste qu’à s’appuyer sur des militaires professionnels, ce qu’il fait, appelant entre autres renforts Lucumo de Solonium , « homme d’action et illustre en matière de guerre ». Telle est, partout, la nervure de toute l’intrigue : le besoin, la tentation, l’intention, l’action de Romulus tendent à composer une société complète en imposant aux « riches » de s’associer aux « braves » et aux « divins » ».
(Tout cela rappelle sérieusement un fond commun, dont le Cath Maighe Tuireadh, peut être un fragment irlandais).
2) La guerre.
(Toujours selon G. Dumézil, op. cit., p. 84).
« La guerre, elle, tient en deux épisodes. Dans chacun, l’un des deux partis est presque vainqueur, mais la situation, chaque fois, se rétablit et la décision s’éloigne, lui échappe.
C’est d’abord l’épisode de Tarpeia ».
(Ici, je renvoie à ma première présentation de ce schème : c’est-à-dire, face à une invasion, une submersion, ou bien même à une masse de Fomôire, riches en nombre, Tarpeia, séduite par l’or des Sabins, offre le moyen d’investir la place haute, le Capitole, mais se trouve punie de sa corruption.
Deuxième épisode :
« Cette fois, c’est Romulus qui prend l’avantage (Liv., I, 12, 1-9). Au cours de la bataille que se livrent, dans la vallée du Forum, les compagnons de Romulus, réduits au Palatin, et les Sabins de Tatius, maîtres du Capitole, les premiers cèdent et refluent en désordre. Alors Romulus élève ses armes vers le ciel et dit : « Jupiter, c’est sur la foi de tes auspices que j’ai jeté ici sur le Palatin les premiers fondements de Rome. Ote leur frayeur aux Romains et arrête leur fuite honteuse. En ce lieu, je promets de t’élever un temple, ô Jupiter Stator, pour rappeler à la postérité que ton aide tutélaire a sauvé Rome ».
3) La fusion
…« Ainsi à l’acte de corruption, à l’achat criminel de Titus Tatius, Romulus oppose un appel au plus grand dieu, à Jupiter souverain, à celui dont les auspices ont garanti la grandeur romaine. Et, de ce dieu, il obtient une intervention mystique ou magique, immédiate, qui, contre toute attente, retourne le moral des deux armées et renverse la fortune du combat….Comment finit la guerre ? Aucune décision militaire n’est intervenue. Le demi-dieu a neutralisé le riche, le miracle du dieu céleste a équilibré la puissance de l’or et la lutte menace de s’éterniser. Alors survient la réconciliation : les femmes se jettent entre leurs pères et leurs ravisseurs. Et tout finit si bien que les Sabins décident de se fondre avec les compagnons de Romulus, leur apportant en dot, comme dit Florus, avitas opes « les ressources ancestrales ». Les deux rois, devenus collègues, instituent chacun des cultes : Romulus, du seul Jupiter ; Titus Tatius, de toute une série de dieux en rapport avec la fécondité et avec le sol, parmi lesquels figure Quirinus. Jamais plus, ni sous ce règne double ni plus tard, on n’entendra parler de dissensions entre la composante sabine et la composante latine, albaine, romuléenne de Rome. La société est complète ».
Forme scandinave
(Selon G. Dumézil, op. cit., p. 86) :
« Les Scandinaves connaissent deux peuples de dieux bien caractérisés, les Ases et les Vanes. Les Ases sont les dieux qui entourent Óðinn et Þórr (« Ásaþórr », comme il est dit parfois) ; Óðinn en particulier, leur chef, est le dieu roi-magicien, patron des chefs et des sorciers terrestres, possesseur des runes efficaces et généralement des puissances qui lui permettent une action immédiate dans tous les domaines ; Þórr, le dieu au marteau, est le grand batailleur céleste, le pourfendeur des géants, qui passe le plus clair de son temps en expéditions punitives, et qu’on invoque pour vaincre dans les combats singuliers.
Les Vanes au contraire sont les dieux de la fécondité, de la richesse et de la volupté; sur les trois principaux d’entre eux, sur Njörðr (que Tacite signale en Germanie sous la forme de la déesse Nerthus, sur Freyr, sur Freyja, sont rassemblés des mythes, des cultes significatifs à cet égard.
Snorri (Ynglingasaga, 1-2), qui les anthropomorphise au maximum, localise Ases et Vanes, voisins mais entièrement séparés, dans la région du bas « Tanaïs », près de la Mer Noire ; les uns habitent l’Ásaland ou Ásaheimr, avec Ásgarðr comme château-capitale ; les autres habitent le Vanaland ou Vanaheimr.
Deuxième temps (Snorri, Yngl., 4, début ; Völuspá, 21-24). Les Ases attaquent les Vanes et il s’ensuit, comme dit le poème, « la guerre pour la première fois dans le monde ». « Óðinn, dit Snorri, marcha avec son armée contre les Vanes ; mais ceux-ci résistèrent et défendirent leur pays ; tantôt un parti, tantôt l’autre avait la victoire ; chacun dévasta le pays de l’autre et ils se firent des dommages mutuels… »
Par le poème, haletant, allusif, nous connaissons les deux épisodes — les deux seuls — de la guerre :
1) Une sorcière du nom de Gullveig « Ivresse (ou Puissance) de l’or », évidemment issue des Vanes ou envoyée par eux, vient chez les Ases ; ceux-ci la brûlent et la rebrûle dans la salle d’Óðinn, sans réussir toutefois à la tuer : elle continue de vivre, ensorceleuse ; en particulier, elle « est toujours le plaisir de la mauvaise femme ». (note de G. Dumézil : « Mais je pense que ces deux strophes (Völuspá, 21-22) doivent être éclairées, comprises à l’aide des formes plus continues du mythe : 1° Snorri garantit que les deux partis remportent des avantages alternés, sans résultat décisif ; 2° le démarquage que Saxo Grammaticus a fait du mythe (1, 7, 1), par la statue d’or envoyée à Othinus et par la corruption que cause cet or dans le cœur de la femme d’Othinus, confirme qu’il faut donner au nom Gullveig tout son sens, et que le vers 22, 4, ne fait pas allusion à « l’inceste » des Vanes, mais à la corruption de la femme Ase par le désir de l’or. Je renvoie au ch. VII de mon livre Du mythe au roman, 1970, notamment pp. 99-105).
2) Óðinn, le grand dieu magicien, chef des Ases, décoche son épieu sur l’ennemi, faisant pour la première fois le geste magique que plusieurs textes de sagas attribuent ensuite à des chefs humains et dont ils précisent alors l’intention : il s’agit, dit dans un cas semblable l’Eyrbyggjasaga (44, 13), « de gagner magiquement le heill, la chance » ; et, dans le Styrbjarnar Þáttr Svíakappa (ch. 2 = Fornmanna Sögur, V, 250), c’est Óðinn lui même qui donne au roi de Suède Eric une tige de jonc et lui dit de la lancer au-dessus de l’armée ennemie en prononçant les mots : « Óðinn vous possède tous ! » Eric suit l’avis du dieu : dans l’air, le jonc se change en épieu et les ennemis s’enfuient, saisis d’une peur panique. C’est, si l’on peut dire, le prototype de ce geste que fait Óðinn, geste qui doit lui assurer la victoire. Il ne réussit pourtant pas, puisque la même strophe décrit ensuite une rupture de l’enceinte des Ases par les Vanes.
Troisième temps (Snorri, Yngl., 4). Lassés par cette alternance coûteuse de demi-succès, Ases et Vanes font la paix. Une paix imprévue, aussi totale que la guerre a été acharnée ; une paix par laquelle, d’abord comme otages, puis comme égaux, « nationaux », les principaux Vanes, les dieux Njörðr et Freyr, la déesse Freyja, viennent compléter à l’intérieur, par la fécondité et la richesse qu’ils représentent, la société des dieux d’Óðinn. Ils s’y incorporent si bien que, lorsque le « roi » Óðinn meurt (car, dans l’Ynglingasaga, les dieux sont des sortes de surhommes que guette malgré tout la mort), c’est Njörðr, et après lui Freyr, qui deviennent roi des Ases. Jamais plus, en aucune circonstance, il n’y aura l’ombre d’un conflit entre les Ases et les Vanes et le mot « Ases », à moins d’une précision contraire, désignera aussi bien Njörðr, Freyr et Freyja qu’Óðinn et Þórr ».
Je reprends maintenant mon approche. Dans la littérature celtique insulaire, cette fusion des dieux ou des héros est aussi présente, c’est le cas en particulier du Cath Maighe Tuireadh.
En ce qui concerne la submersion de la ville d’Ys, ne sommes nous pas en présence d’une récupération chrétienne du motif mythique ? Supposons saint Gwenolé comme une « image » de Romulus et d’Óðinn, voire de Lug, en représentant de la première fonction qui réagit à l’attaque d’une force séductrice ; celle-ci étant symboliquement exprimée sous la forme d’une submersion, d’une jeune femme corrompue et qui corrompt, dans le cadre chrétien de l’opposition entre bien et mal (ainsi « bas » et « haut » s’expliquent). Le rejet par saint Gwenolé peut encore se comprendre comme les gestes de Romulus et d’Óðinn, qui renversent la situation, vouent et soumettent les ennemis à leur magie (dans ce cas, à la force spirituelle chrétienne).
Ne disposant pas des textes cités par Muskull (Pierre de Baud et Albert le Grand), il serait intéressant d’avoir les documents les plus originaux possibles, et relever si possible toutes les séquences comparables : 1° lutte des deux parties, avec leurs caractéristiques fonctionnelles (si elles sont vaguement données) ; 2° absence de résultat dans le conflit, mais ruse de la corruption ; 3° réaction magique ou religieuse qui intègre l’invasion ou la submersion, permettant la fusion (dans le cas de Gwenolé, dans l’idéal chrétien). Donc, voir en aval et en amont du passage sur la submersion d’Ys.
Il me semble vain en tous cas de rechercher une preuve archéologique ou géographique, à partir de textes où l’idéologie est la clef.
Au revoir

MessagePosté: Dim 16 Jan, 2005 17:40
de Gwalchafed
Comparaison intéressante...

Je l'avais déjà entendue à une conférence sur les mythes ; malheureusement l'orateur (dont j'ai oublié le nom) continuait en disant qu'on avait sans doute la l'histoire des premiers hommes avec Gaut/Odin/Wotan/Adam et toute la clique...

MessagePosté: Dim 16 Jan, 2005 18:20
de Muskull
Le mythe fondamental celtique cité par Mme Le Roux et Guyonvarc'h semble fondamentalement différent car il est axé sur "la femme de l'autre monde" qui est on le sait le principe de souveraineté dans les mythes celtes.

Dahut (la bonne magie) qui est aussi Ahès et Marie-Morgane (née de la mer) a été diabolisée pour la plus grande gloire de saint Gwénolé car il s'agissait de faire passer "la bonne magie" entre les mains du christianisme.
Les pouvoirs sont donc différemment partagés d'avec ceux du mythe romain.

Citation:
1° lutte des deux parties, avec leurs caractéristiques fonctionnelles (si elles sont vaguement données)

En fait nous avons une triangulaire dans le mythes anciens. Le fils du vieux roi est captivé par la femme de l'autre monde (que lui seul entend) et le roi appelle le druide pour faire taire la femme, ou que son fils ne l'entende plus et donc reste dans la "norme" et surtout ne lui pique pas sa place. :lol:
La rencontre d'un homme avec le principe de souveraineté en fait de fait le nouveau roi et l'ancien, le vieux monde, est condamné.
Le vieux roi est souvent "noyé".
Le refus du "changement" provoque des catastrophes, le plus souvent des submersions dans les mythes celtes.
Les deux parties en lutte sont donc le vieux roi et le fils jeune d'une part et de l'autre la lutte entre le druide et la femme de l'autre monde qu'il parvient un temps à rendre silencieuse par sa magie mais c'est toujours elle qui a le dernier mot, soit par la malédiction sur le vieux temps qui veut perdurer au dela de ses limites, soit par la consécration...

Voilà; pour un début de commencement... :wink:

AtlantIs

MessagePosté: Lun 17 Jan, 2005 11:02
de ejds
D’Is à Atlantis
Enjolivée par le philosophe grec Platon (428-347 avant J.-C.), Atlantis, Atlantide..., c’est affaire entendue, n’est qu’une merveilleuse histoire de plus dans le riche passé probablement vraisemblable de l’humanité.
Située au coeur ou au large des plus vastes continents, convoitée par les plus grands chercheurs, on a pu pressentir les prémices de cette légende lors des migrations nordiques vers le Sud provoquées par un cataclysme vers 1200 avant JC sur le fil Migrations marines ::shock: :shock:

http://forum.arbre-celtique.com/viewtopic.php?t=2539

L'Atlantide
par Claude Marcil

http://www.sciencepresse.qc.ca/dossiers/atlantide.html

Vers l'an 600 avant la naissance du Christ, Solon était l'homme politique le plus connu de Grèce. Il venait d'achever à Athènes une série de réformes politiques et économiques et avait sagement décidé de se retirer quelque temps pour laisser ces mesures prendre effet. Il se rendit alors en Égypte, plus particulièrement dans la ville de Sais, alors capitale administrative du pays. C'est à Sais que des prêtres lui racontèrent la fabuleuse histoire de l'Atlantide.

La cité perdue
Selon les prêtres, les Atlantes habitaient, il y a longtemps, un archipel dont une des îles s'appelait Atlantis. C'était un riche empire, pourvu à profusion de plantes utiles, d'animaux et de métaux. Ne se contentant pas de ces richesses naturelles, les Atlantes étaient des commerçants et des navigateurs accomplis; ils avaient doté leur ville, éloignée de cinq milles de la mer, d'un port artificiel remarquable. En outre, ils étaient d'excellents architectes et de grands artistes qui avaient élevé des constructions où le blanc, le noir et le rouge se combinaient en dessins varies. Mais les Atlantes tentèrent de s'emparer d'une partie de la Grèce et ils furent repoussés. Selon les prêtres égyptiens, Poséidon, le dieu de la mer, décida de les châtier pour être sortis de leurs îles; il provoqua des tremblements de terre et des inondations qui engloutirent l'Atlantide et les autres îles.
Solon s'étonna de ce qu'un fait historique aussi important n'ait laissé aucun souvenir chez les Grecs. Les prêtres lui répondirent en riant: "Solon, vous autres Grecs, vous êtes perpétuellement enfants. Vieux, pas un Grec ne l'est. (...) Votre âme ne renferme aucune opinion antique de vieille tradition, ni aucun savoir blanchi par le temps."
En effet, les pyramides égyptiennes étaient debout bien avant que les Grecs n'aient occupé la Grèce et ses îles. Lorsque Solon revint en Grèce il raconta l'histoire à ses proches et à ses enfants. Près de deux siècles passèrent, puis, le philosophe Platon écrivit l'essentiel des informations dans deux volumes présentés comme le récit d'événements s'étant réellement produit. Platon fixe à 9 000 ans avant le Christ la destruction de l'Atlantide, qu'il situe dans l'Atlantique, car les prêtres égyptiens avaient précisé que les Atlantes vivaient à l'ouest de l'Égypte, au-delà du détroit de Gibraltar. Dans sa description, Platon signale que, par l'Atlantide, on pouvait passer au continent en face. Le philosophe aurait probablement donné plus d'informations, mais son dernier livre se termine brutalement, au beau milieu d'une phrase...
Pour Platon, aucun doute, l'histoire de l'Atlantide qui "disparut sous la mer en un seul jour et une seule nuit" est vraie. Il précise: "Cette histoire, bien qu'étrange, est certainement vraie puisqu'elle a été relatée par Solon, le plus ancien des sept sages."
A l'époque, l'opinion publique était divisée. Certains croyaient que le récit était exact dans ses moindres détails, alors que d'autres, tel Aristote, affirmaient qu'il s'agissait là de légendes. Commentant la fin brusque du livre de Platon, Aristote écrivait: "Lui qui la fit (l'Atlantide), la détruisit". Ainsi, pour Aristote, le premier d'une longue liste de sceptiques, Platon avait fait sombrer l'Atlantide dans les profondeurs de l'océan pour prévenir la critique qui aurait pu s'intéresser à la localisation actuelle de l'archipel et de l'île Atlantis. Au cours des siècles qui suivirent, la pensée d'Aristote se propagea par les chrétiens et, bientôt, seuls les érudits se rappelaient les textes de Platon.

A la fin du Moyen-Age, les Turcs s'emparent de Constantinople chassant ainsi les savants grecs. Ces derniers remettent à la mode les textes de Platon et l'imprimerie fait le reste. A cette même époque, débute, avec Colomb, Cartier, Cabot, l'ère des grandes découvertes et on se souvient des textes de Platon. Ce dernier écrivait que, au-delà du détroit de Gibraltar, il y avait eu une grande île et, plus loin, un continent. Aussi, la découverte d'un nouveau continent, l'Amérique, cause un choc chez les savants qui y voient la preuve des écrits de Platon.
D'autres preuves de l'existence de l'Atlantide s'ajoutent peu a peu. Les légendes aztèques rapportent qu'un Dieu blanc et barbu est venu de l'Est il y a fort longtemps. On s'interroge également sur les ressemblances étranges entre les pyramides du Mexique et celles de l'Égypte, de même que sur les momies des incas et celles des pharaons. De même, comment est-il possible que certaines plantes ne poussent qu'en Afrique et en Amérique. On suppose alors que l'Atlantide était donc au milieu de l'océan Atlantique avant de s'enfoncer sous les flots. Pour beaucoup d'auteurs, il devient évident que l'Atlantide a été le pont entre l'Amérique et les vieux continents. Mais, comme on ne trouve pas de preuve concluante, l'Atlantide retombe dans l'oubli pour quelques siècles.
En 1882, Ignatius Donelly écrit "Atlantis, Myths of the Antediluvian World?". Le succès du livre est phénoménal. Cinquante éditions se succèdent et l'ouvrage circule parmi tous les amateurs de mystère. Selon Donelly, l'Atlantide est le berceau de la civilisation et beaucoup de lecteurs sont d'accord. Les cultes atlantes foisonnent dans toutes les couches de la société européenne et le premier ministre de la Grande-Bretagne, Gladstone, tente même d'obtenir l'approbation du cabinet britannique pour le financement d'un navire d'exploration destiné à rechercher l'Atlantide.
Au début du vingtième siècle, la famille Krupp, les marchands d'armes les plus riches d'Europe, dépense un demi-million de dollars pour financer une expédition dans le Matto Grosso au Brésil, à la recherche de l'Atlantide. Ces expéditions sont vaines. D'ailleurs, on prétend que l'Atlantide n'est pas là ou on la cherche. On la situe au Maroc, au Sahara, dans la mer du Nord, en Sibérie et en Belgique. Puis, coup de théâtre chez les fans de l'Atlantide.
Paul Schliemann, petit-fils du célèbre archéologue Henrich Schliemann, le découvreur de la ville de Troie, écrit un livre, "How I discovered Atlantis, the Source of all Civilizations". Le livre, publié en 1911, raconte que Henrich, qui s'était longtemps questionné sur le problème de l'Atlantide, avait laissé, peu de temps avant sa mort, une lettre cachetée destinée a n'être ouverte que par un membre de sa famille qui consacrerait sa vie aux recherches sur l'Atlantide. Alors que le public est convaincu que la solution est à portée de la main, des experts découvrent que Paul a fabulé allègrement.
Quelques années plus tard, un dénommé James Churchward révèle a son tour que des prêtres hindous lui ont appris qu'il y avait deux continents disparus, l'un, l'Atlantide, qui a sombré dans l'Atlantique et l'autre, le continent Mu qui a sombré dans le Pacifique. La aussi, on constate rapidement que Churchward n'offre pas l'ombre d'une preuve.
Pourtant, on vient de découvrir qu'une chaîne de montagnes existe bel et bien au milieu de l'Atlantique et que des îles comme les Acores et les Canaries sont les sommets émergeants de chaînes de montagnes englouties. Les rumeurs repartent de plus belle, alimentées par des voyants, tel l'Américain Edgar Cayce qui écrit de nombreux livres sur le sujet. Mais, pour les scientifiques, il s'agissait là de divagations et on cherchait toujours le lieu ou l'Atlantide aurait sombré.
Au cours des vingt dernières années, on s'est demandé si on ne cherchait pas l'Atlantide trop loin, se rappelant que les Égyptiens ne connaissaient, somme toute, rien aux choses maritimes et que pour eux le détroit de Gibraltar était une notion géographique on ne peut plus vague. La seule chose certaine est que l'Atlantide devait se trouver à l'ouest de l'Égypte. Puis, à mesure que les découvertes archéologiques se succédaient en Méditerranée, on découvrait de plus en plus l'importance d'un empire dont on savait peu de choses, celui de l'île de Crète.
En effet, la civilisation crétoise n'avait été redécouverte qu'au début de ce siècle avec les fouilles de l'archéologue Arthur Evans. Les anciens Grecs l'avaient complètement oubliée et ne se souvenaient vaguement que de quelques mythes, celui du Minotaure, du fil d'Ariane, des combats de taureaux, etc. Or, les fouilles archéologiques révélaient une civilisation agréable, pacifique, avec des maisons familiales à deux ou trois étages, l'eau courante et l'égoût. La civilisation crétoise était le centre d'un vaste empire qui, par son commerce et son influence, s'étendait sur une bonne partie de la Méditerranée, à une époque ou les peuples craignaient la mer. En somme, tout le commerce entre l'Europe, l'Asie et l'Afrique était aux mains des Crétois qui dominaient la mer. Selon les anciens Grecs, la civilisation crétoise avait été anéantie par l'invasion des Grecs.
Mais les découvertes les plus récentes de l'archéologie montrent que si la civilisation crétoise avait été frappée par une mystérieuse catastrophe vers 1500 avant Jesus-Christ, on en ignorait la cause. Des fouilles effectuées près de la Crète sur l'île de Thera, appelée Santorin, ont montré que l'île avait subi une gigantesque inondation. Dans l'Antiquité, en effet, Thera était surnommé "la ronde" à cause de sa forme, mais l'éruption d'un volcan ayant détruit et englouti une partie de l'île, celle-ci a aujourd'hui la forme d'un croissant. Cette explosion, de même que les raz de marée provoqués par les secousses sismiques, ont probablement été l'une des causes du déclin de la Crète et de sa conquête ultérieure par les Grecs. Des forages ont en effet révélé la présence de cendres volcaniques sur Thera et en Crète, permettant d'imaginer l'ampleur de l'explosion.
L'examen scientifique démontre que l'éruption de Thera atteignit une violence de beaucoup supérieure a celle du Krakatoa en 1889. Dans ce dernier cas, le bruit de l'explosion fut entendu a 4800 kilomètres de là. Un nuage de poussière s'éleva a 80 kilomètres dans les airs, plongea la ville de Djakarta, distante de 160 kilomètres, dans une obscurité totale et recouvrit celle de Bandoeng, distante de 240 kilomètres. Une partie de l'île s'effondra, la mer s'y engouffra, suscitant une vague qui dévasta tout sur son passage, atteignant encore 15 mètres de hauteur à 80 kilomètres de son point de départ. Un phénomène d'une telle envergure ne se reproduit qu'une fois tous les dix mille ans. C'est probablement ce qui s'est produit au coeur de l'empire crétois.

L'énigme est-elle résolue? Peut-être. L'Atlantide a fait l'objet de plus de cinq mille volumes et de tonnes d'articles. Elle a inspiré les classiques et influencé l'histoire. Il est clair qu'elle demeurera une partie importante de notre culture.

Claude Marcil

MessagePosté: Sam 22 Jan, 2005 18:30
de Muskull
Ejds !

Tu ne noyeras pas la "femme de l'autre monde" avec l'Atlantide ! :twisted:

Mais écoute le chant et prend la branche étoilée du pommier d'Emain et tu verras que cet océan lugubre, ce "gouffre amer" que tu parcours en habile nautonnier n'est qu'une "plaine fleurie" à "l'autre regard".

Amitié du poète à tes écrits :wink:

Sardanapale et Sémiramis

MessagePosté: Dim 23 Jan, 2005 12:19
de ejds
Sur la route des légendes
Oui voilà ce que c’est que de vouloir trop frotter, entremêler, tresser, encorder entre eux contes et légendes !!! :lol: :lol:
A la fin, on s'y perd, et qu'on se laisse aussi parfois mener en bateau! :? :( :?
Bien souvent la femme, cette fille, telle Dahut, viendra, par un furtif retournement de situation, se métamorphoser dans l’imaginaire misogyne et mystificateur chrétien, en impie, nymphomane dévoreuse se vautrant dans la luxure et la bacchanale effrénée et sur qui l’on peut rejeter allègrement tous les maux et eaux de la terre.
Pourtant, si l’on recompose la trace et la trame répétitives des légendes, l’on retrouve celle qu’on a pu lire précédemment dans ce troublant topic, de l’intempérant Seithennin ou Seithinin…, fils de Seithin Saidi, roi de Dyved. Tenant le mauvais rôle et selon une version de l’histoire, fautif d’avoir trop bu, il abusa de force une servante. Son acte fut la cause, – ou plutôt semble-t-il coïncida –, avec la grande inondation des terres basses du pays de Cantre'r Gwaelod. Mentionnée dans le Livre Noir de Carmarthen, toutes les maisons et terres furent détruites et parmi les plus belles villes et agglomérations du pays de Galles, 16 cités (exceptée Caerleon-Upon-Usk) furent engloutit :

http://www.bbc.co.uk/legacies/myths_leg ... le_2.shtml

Sous cette catastrophe marine, à la légende peu glorieuse et ce nom Seithin, père de Seithinin, se dissimulent et se devinent probablement l’ancien nom donné à l’insula Sena – ou île de Sein – insula Seidhun, de notoire réputation et sujette bien malgré elle à de fréquents raz-de-marée.
Sise aux confins de l’imaginaire et du réel, non loin de la ville d’Is, nul besoin pour elle de construction mythologique. Elle fut renommée ainsi peut-être en mémoire de cette histoire brittonique par le roi Gradlon et qu’on peut retrouver mentionné dans le cartulaire de Landevennec.

Mais il n’y a pas que les femmes, fussent-elles filles de rois qui peuvent tenir les mauvais rôles, à tort ou à raison les rois et les reines aussi. Ainsi, les histoires de Sardanapale et de Sémiramis, telles qu’elles nous sont si joliment contées ci-après : :shock: :shock:

La légende de Sardanapale
1. La légende
D'après Ctésias (encore lui !), "Sardanapale" fut un roi qui vécut dans la débauche (encore un !), et qui mourut lors de la prise de Ninive par les Babyloniens et les Mèdes en 612 av. JC. Trop faible pour défendre sa ville, et même pour regarder l'ennemi en face, il aurait organisé un spectaculaire suicide collectif, en faisant incendier son palais où il aurait rassemblé toutes ses richesses, ses concubines et ses eunuques.

2. La réalité : :shock: :shock:

http://perso.wanadoo.fr/patrick.nadia/(Babylone...)_Sardanapale.html

La légende de Sémiramis
Cette légende est une des plus intéressantes à observer dans les méandres de sa formation et de sa diffusion, si l'on veut étudier les représentations que les peuples ont les uns des autres...

http://perso.wanadoo.fr/patrick.nadia/(Babylone..)_S%8Emiramis.html

Le symbole des splendeurs et misères de l'Orient
Après Ctésias, les allusions à Sémiramis dans la littérature grecque, puis romaine, se répandent comme une traînée de poudre. Mais elle n'est presque toujours qu'un "exemple-type", soit du souverain bâtisseur, soit de la débauche.

e.