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MessagePosté: Dim 20 Fév, 2005 13:51
de lopi
Pour la baie des trépassés : un petit ventre de sable facile d'accès, et plein ouest, tentant pour de belles images celtiques, non? Je verrais donc plutôt ces trépassés au départ, vers un Sid enchanté???
Faillait juste éviter la chaussée de sein, parce là tout revenait à la côte, et le macabre se situe plutôt là, à la discrétion des îliens, ou en grandes pompes (non funèbres, pour une exemption d'impôts, par exemple).
Henri Queffélec s'est effectivement bien documenté sur Sein pour l'histoire de son curé notamment.
Quant à Brizeux, c'était un ossianique convaincu, et encore plus lyrique; parangon du romantique breton de ce siècle là.
e, le naufrage du vaisseau des droits de l'homme, c'est pas le raz, c'est Plozévet.
Lopi heures d'épaves

MessagePosté: Dim 20 Fév, 2005 16:03
de Muskull
Vous avez dit lyrique ? :D

C A S I N O
D E S
T R É P A S S É S

Tristan Corbières 1874

Un pays, - non, ce sont des côtes brisées de la dure Bretagne: Penmarc'h, Toul-Infern, Poul-Dahut, Stangan-Ankou... Des noms barbares hurlés par les rafales, roulés sous les lames sourdes, cassés dans les brisants et perdus en chair de poule sur les marais... Des noms qui ont des voix.
Là, sous le ciel neutre, la tourmente est chez elle: le calme est un deuil.
Là, c'est l'étang plombé qui gît sur la cité d'Ys, la Sodome noyée.
Là, c'est la Baie-des-Trépassés où, des profondeurs, reviennent les os des naufragés frapper aux portes des cabanes pour quêter un linceul; et le Raz-de-Sein, couturé de courants que jamais homme n'a passé sans peur ou mal.
Là naissent et meurent des êtres couleur de roc, patients comme des éternels, rendant par hoquets une langue pauvre,
presque éteinte, qui ne sait rire ni pleurer...
C'est là que j'invente un casino.
.../...
La suite ?
http://www.fh-augsburg.de/~harsch/galli ... _pcas.html

1874 et déjà Baie des trépassés mais plusieurs sources donnent en effet Boë an aon, la Baie de la rivière mais pas de la fontaine...
Ce nouveau nom vient peut-être du pillage de la Catherine sur la plage de la baie des Trépassés le 17 octobre 1719. (voir le 3° fil de ejds :wink: )
Mais ce n'est qu'une supposition, le clergé de l'époque ayant saisi l'évènement pour stigmatiser la "païennerie" de ses ouailles. (lire Queffélec, lyrique lui aussi et très instructif sur les modes de vie du "petit peuple du bout du monde" :wink: )

Cette rivière est plutôt un ruisseau qui partage les communes de Cléden-Cap-Sizun et Plogoff et alimente l'étang de Laoual, et aboutir, en s'infiltrant sous la dune et la digue naturelle de galets, à la baie des Trépassés.
Etonnant donc que ce mince ruisseau ai donné son nom (que je n'ai pas retrouvé sur ma carte) à la baie ; bien qu'il y ait effectivement existé une rivière mais en des temps géologiques qui s'est détournée vers le Loch.
http://www.cleden-cap-sizun.com/ccs-pla ... asses.html

Jean Claude, si tu as une idée de l'étymologie de Laoual, ce serait intéressant. :)

Ystari

MessagePosté: Dim 20 Fév, 2005 18:35
de ejds
YS : un jeu digne de la cité bretonne !

Divertimento: pour tenter de récréer l'univers commercial de la ville d'Ys, un jeu ludique à signaler, digne de la cité mythique : :shock: :shock:

http://www.ystari.com/ys/

ou encore :

http://www.trictrac.net/index.php3?id=j ... l&jeu=3381

e.

MessagePosté: Lun 21 Fév, 2005 10:14
de Marc'heg an Avel
Salut et bonne nouvelle semaine à tous.

Dans la Gwerz de Penmarc'h, il est clair qu'on "sort de l'ainsi folkloriquement nommée baie des Trépassés", puisqu'il y est question de Penmarc'h et d'Audierne, situés tous deux sur la côte sud de la presqu'ile formée par le Cap Sizun et le Pays bigouden, alors que pour aller de là à la baie en question il faut déjà passer le raz de Sein.

***************

Quand je dis "cimetière à gogos", c'est effectivement dans continuité des propos d'Henti Quéffelec qui lui, invoque une appellation destinée à plaire aux touristes qui, comme chacun sait, sont souvent pris pour des gogos par les marchands d'exotisme, de légendes locales, et de pacotille touristique, aussi bien en Bretagne qu'ailleurs. :wink:

Même coup qu'à Paimpont = piège à c..s !

JCE :)

Procope

MessagePosté: Lun 21 Fév, 2005 12:17
de ejds
Oui, heureusement, ces farauds « marchands du Temple » ont été chassés plus en retrait de la Pointe-du-Raz !!! :lol: :)

De nos jours encore, dans ce pays qu’on appelle la France, on retrouve beaucoup d’immigrés des quatre coins du monde, venus travailler avec l’espoir – sans cesse repoussé – de revenir en vie parmi les leurs.
Mais passe le temps et change les mœurs, désormais au lieu du rapatriement du corps, leurs familles enterrent leurs proches, au plus près, dans le pays de leur plein gré. Ensevelir ses proches dans le pays où l’on vit, est une manière d’intégration, d'acceptance, d’affirmer qu’on a pris racine.

La baie des Passeurs ?
Idem, certainement, parmi les premières vagues d’immigrés brittons venus coloniser, bon gré mal gré, les terres de la Gaule et de l’Armorique. La mort, ce passage, ce rituel en continuité avec l’idée du retour vers la terre des ancêtres, de revenir là où on est né. Comme ces mots de Procope, pour qui le temps aux morts leur est aboli, il en est certainement resté, sur les rivages ou dans les creux des baies, attendant la barque du passeur qui les ramènera chez eux :

http://mapage.noos.fr/rassat/croyances/mer_9.html

Une dérive des légendes, par baie des Trépassés, on peut évidemment comprendre en terme large de solidarité marine : "Trépassés du grand Océan" ou "Naufragés en haute-mer", et pas seulement dans la baie. Et que cette baie évoque, attire, thésaurise les âmes qui, toutes ensemble, n’en font plus qu’une pour un retour à la source, une attente du passage vers ce Sidh, cet autre monde, cette longue nuit, et qui n’est pas forcément néfaste.
Alors que les gens de terre s’en allaient de plus en plus loin affronter les dangers de la mer, que le nom baie de la Source, ait évolué tout naturellement, du phonétique à l’écrit, en "bae an Anaon", baie des Ames, cela va de soit; ainsi en a t’il été ainsi des déités protectrices des marins.

Notre-Dame-des-Naufragés
Les caps, les promontoires ont toujours constitué des amers, des points de reconnaissance pour les marins, et ce depuis la plus haute-antiquité. Il était fréquent qu’ils soient parés de gigantesques statues divines. A la pointe du cap, face à l’océan, on peut retrouver la centenaire Notre-Dame-des-Naufragés : :shock: :shock:

http://www.audierne.info/pages/capsizun ... frages.htm

e.

MessagePosté: Lun 21 Fév, 2005 12:21
de Marc'heg an Avel
J'ai pris contact avec la mairie de plogoff et avec un amateur d'histoire local, déjà âgé, qui m'a confirmé ce qu'il a pu en savoir des générations antérieures :

BAE AN AOD ou BAE AN AON

mais pas : BAE AN ANAON.

J'ai pris également contact avec les Editions Jos Le Doaré, à Châteaulin, pour négocier les droits sur une photograpie aérienne. Réponse à venir sous 48 heures.

Par ailleurs, j'ai comme mention écrite la plus ancienne celle du dictionnaire d'OGEE, 1780, qui donne le nom de Baie des Trépassés au paragraphe consacré à la commune de Cleden Cap Sizun.

J'ai également les textes de Cambry (1797) : Voyages dans le Finistère.

Je mettre tout ça en ligne et vous communiquerai l'adresse de la page.

Je vais voir ce qu'en donne éventuellement la carte de Cassini.

JCE :)

MessagePosté: Mar 22 Fév, 2005 23:14
de Marc'heg an Avel
Voilà donc qui est fait : j'ai acheté des Editions Jos Le Doaré les droits sur une photo aérienne à intégrer sur mon site weeb.

J'ai donc remis en ligne, à titre provisoire, une page commencée il y a plus d'un an sur Cléden-Cap-Sizun, à l'adresse :

http://marikavel.org/bretagne/cleden-cap-sizun/cleden-cap-sizun-accueil.htm

Une page annexe est accessible par un lien interne (fenêtre blanche) vers la Baie des Trépassés.

http://marikavel.org/bretagne/cleden-cap-sizun/baie-des-trepasses.htm

On y trouvera aussi une photographie d'un coucher de soleil sur la chapelle Saint They, redevable à l'un de nos abonnés :wink:

Attention : ces photos sont propriétés privées, protégées par copyrights. Reproduction interdite. :!:

Pages en cours de montage, non achevées.

JCE :)

MessagePosté: Mar 22 Fév, 2005 23:21
de Marc'heg an Avel
Si vous lisez bien le texte de Marteville et Varin, conforme à l'original (1843), vous y trouverez une superbe co(q)uille :

"On fait des élèves des bêtes à cornes, que l'on vend aux foires de Pontcroix; les chevaux sont vendus, au contraire, aux foires de la Trinité".

A moins de prendre les élèves pour des boeufs, je pense qu'on devrait plutôt lire :

"On fait des élevages de bêtes à cornes ..."

En tout cas, c'est comme ça que je le vois :roll:

Corne ou Aïe ! :?: :wink:

JCE :)

MessagePosté: Mer 23 Fév, 2005 9:31
de Patrice
Salut,

Non, non, ce n'est pas une coquille. L'"élève" est un terme d'Ancien Régime pour désigner l'action d'élever un animal. "Elevage" étant réservé à la ferme qui pratique l'élève.
Vu la date du texte, ça n'est pas une erreur.

A+

Patrice

MessagePosté: Mer 23 Fév, 2005 9:59
de Marc'heg an Avel
Merci pour l'info, qui permet d'élever un peu plus le niveau des connaissances. :wink:

Il ne suffit pas d'avoir des notions de grec, de latin, de savoir le breton, le français et l'anglais, et un petit peu de gallois, il faut aussi connaitre un peu de vieux-français et français d'ancien régime ! C'est çà l'Humanisme ! :lol:

En cadeau, je t'offre une bête à cornes :

http://marikavel.org/bretagne/cornouaille/cornouaille-blason.jpg

connue dans la région.

JCE :)

Kernéis

MessagePosté: Ven 25 Fév, 2005 11:55
de ejds
Kernéis en Concarneau
Mouvantes et émouvantes, les légendes, c’est bien connu, c’est comme les murailles, plus elles sont épaisses, plus elles sont consistantes et plus elles perdurent.

Changement de cap sur Concarneau, la ville bleue, née de la mer. Vieille ville close aux épais remparts de pierre qui ne fait pas dans la dentelle, pour raconter bien rapidement, intra-muros, de moraine en raz-de-marée, l’origine extra-muros de son nom à travers l’Inlandsis.

Origine qui s’écrit à l’encre bleue de Picte, vous plait-il que nous reculions de cinquante mille années? :lol: :lol:

Concarneau, ville d'art et d'histoire !!!!:shock: :shock:

La légende de Concarneau
Personne, à priori, ne connaît de science certaine l'origine du nom de Concarneau.

Vous plait-il que nous reculions de cinquante mille années?

A ce moment, L'énorme glacier, l'Inlandsis, est encore accroupi sur la Scandinavie et retient en puissance la Baltique, la Mer du Nord, une partie des eaux atlantiques. Le dessin de l'Europe est fruste. il passe au nord de la Grande-Bretagne qu'il laisse attachée à sa sœur continentale, il limite à grands traits les côtes celtiques.

Mais voici que la terre s'est échauffée; pas à pas, moraine à moraine, le glacier a cédé; de longues lignes de pierre inscrivent au sol le témoignage de son recul. Les eaux libérées ont envahi les golfes scandinaves, les détroits du Danemark, les côtes germaniques, le Pas-de-Calais et la Manche. Quatre mille ans avant notre siècle, elles avaient atteint leur niveau actuel qu'elles devaient, dans un raz de marée monstrueux, dépasser de cinquante mètres.
Quelle réaction et de quelle durée les abaissa de trente-cinq, puis de dix, et enfin de cinq mètres? Nous ne pouvons que constater, sans en expliquer la cause, les vestiges, restés sur nos terres côtières, de ces étiages successifs. Ce fut le dernier reflux qui, au fond d'une baie de Cornouaille, découvrit un îlot rocheux, la conque de Cornouaille, "Concq Kernéis".

Les philologues vont se donner libre ébat; Grégoire de Rostrenen traduira Concq par "Conque, grande coquille, "Pelletier par "coin, pointe"; le vieux Catholicon, le plus ancien dictionnaire breton, écrira "coing" et traduira "anglet angulus"; Littré citera "coing" d'après Calvin et Montaigne, il en cherchera l'origine dans le wallon "couic" ou le provençal "cunh, couh, cong".
Mais que nous importent les mots? Ce qui nous souci c'est la réalité, l'image vivante, cet îlot au cœur de cette anse aux contours d'oreille ou de coquillage, où viennent bruire les souffles du large et la rumeur des bois. Ce qui nous émeut, c'est que là puisse être le nom de Concarneau.
Mais peut-être aussi...

http://www.concarneau.org/legende.php



e.

MessagePosté: Ven 25 Fév, 2005 13:02
de Marc'heg an Avel
Pour Concarneau : Konk-Kerné.

>>> blague : un élève aurait répondu que ce nom venait de celui de Carnot, son fondateur. Le préfixe semble cependant présenter quelques doutes ! :roll: :lol:

Sérieusement : La racine se trouve dans le nom de la commune voisine : Trégunc.

Par ailleurs, Le CONQUET (ouest de Brest) = Konk Leon.

On a aussi Cancale : Kankaven

Le Concoret (Morbihan), là ou se trouve le château de Comper, repaire des falsificateurs de Brocéliande. :twisted:

JCE :)

MessagePosté: Dim 27 Fév, 2005 23:45
de Marc'heg an Avel
Pour en reveni à la Baie des Trépassés, je viens de copmléter les pages ci-dessus :

- un extrait de la carte IGN 1/25000 montrant la baie presque sous le même angle que la photo Ed. Le Doaré.

On peut donc découvrir une série de toponymes intéressants :

Trouguer, Kerléo (= souvent un camp temporaire romain), le Castel, le Castel Meur, Ker Gléguer, Lescléden, Laoual, etc ...

et appercevoir le tracé de la route de crête qui correspond à l'ancienne voie romaine venant de Carhaix par Douarnenez.

- une nouvelle page provisoire Plogoff / Pointe du Raz
avec une photographie Louis COLIN (reproduction interdite), et une page écrite par Jacques CAMBRY (1792-1797-1799).

Ce texte vaut le détour, car il est prémonitoire de la vision romantique à venir.

http://marikavel.org/bretagne/plogoff/pointeduraz-accueil.htm

à suivre.

JCE :)

Vieilles isles

MessagePosté: Dim 06 Mar, 2005 15:18
de ejds
Navigation des légendes
Sur le grand Océan, l’homme a appris à se méfier autant des eaux que des mots.
On ne peut indubitablement effectuer une recomposition maritime de la ou des villes d’Is sans apporter en fac-simililé, une compilation de cette ou ces anciennes et mystérieuses, mais vieilles isles paradisiaques, mythiques et mystiques, qu’on appelle Atlantis : :shock: :?

Images of Atlantis

http://www.ddg.com/LIS/InfoDesignF97/car/Images1.htm


L'île de San Borondón
Pleins feux sur l’île fantôme de San Borondón ou San Blandon ou encore San Bolondron qui possède l'étrange particularité d'apparaître et de disparaître au fil du temps : :shock: :shock:

http://mypage.bluewin.ch/brandan/pages/page21.html

Le voyage de Saint Brendan
Edition bilingue de Ian Short
Conception et illustrations de Dominique Tixhon

… Mes plus grands souhaits sont que ce site puisse motiver quelques éditeurs à se lancer ou à se relancer dans l'édition des textes médiévaux et qu'il permette à quelques lecteurs-internautes de découvrir ou redécouvrir une époque où le Paradis pouvait se situer quelque part au milieu de l'Atlantique, où dragons, griffons et anges se partageaient le ciel et où le merveilleux faisait partie de la vie.
Les textes médiévaux sont, peut-être, une façon de réenchanter le monde.


http://mypage.bluewin.ch/brandan/pages/page20.html

Dominique Tixhon

e.

MessagePosté: Dim 06 Mar, 2005 16:43
de Taliesin
Pour mémoire, saint Brandan apparaît aussi dans "la vie de saint Malo", dont la version la plus ancienne, rédigée par un anonyme, est du début du 9ème siècle, la seconde version, celle du moine Bili, est de la fin du 9ème siècle. Il existe aussi une traduction en vieil anglo-saxon de la vie de saint Malo, antérieure au 11ème siècle.