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"Merlinus sylvester" d'Yves Vadé

MessagePosté: Ven 08 Oct, 2004 13:20
de Pan
Suite à la demande de Lopi.

Tiré et résumé de Yves Vadé in "Merlin et les vieux sages d’Eurasie", Revue IRIS, Centre de Recherche sur l’Imaginaire, Université Grenoble 3, 2001, n°21.
Yves Vadé, Université Michel De Montaigne-Bordeaux 3


Merlin, l’oiseau et le merlin


Je n’aborderai ici qu’un aspect du personnage de Merlin, à savoir le Merlinus Silvester ou « sauvage » (le Myrddin Gwyllt des poèmes gallois), dans la mesure où celui-ci se distingue du Merlin prophète et inspirateur de la Table Ronde.
Robert de Thorigny, XIIème s., distinguait déjà deux Merlin : Merlinus Ambrosius de l’historia regum Britanniae et le Merlinus Sylvester de la Vita Merlini. Nous porterons notre attention sur ce dernier dont la filiation celtique est plus évidente. Depuis longtemps les commentateurs ont rapproché le nom de Merlin de celui d’un barde gallois nommé Myrddin qui aurait été le barde domestique du prince breton Gwendolleu, vaincu à la bataille d’Arfderydd en 573. Myrddin y aurait gagné un torque d’or mais aurait perdu l’esprit en voyant tuer son maître Gwendolleu. Il aurait ensuite mené une vie sauvage dans la forêt de Celyddon en Ecosse. De plus, notre Merlin Sylvestre présente des ressemblances frappantes avec :

1 un personnage écossais nommé Lailoken dont il est question dans la vie de saint Kentigern (premier évêque de Glasgow au VIème s.). Le saint rencontre un jour dans la forêt cette espèce de fou hirsute qui lui raconte qu’il partage l’existence des bêtes sauvages à la suite d’une malédiction divine le rendant responsable du sang versé lors d’une bataille.
2 l’Irlandais Suibhne, roi païen de Dàl Araidhe, maudit par saint Ronan dont il avait jeté le psautier dans un lac. Plus tard il devient fou lui aussi à la suite d’une bataille et, devenu sauvage, se met à vivre dans les arbres. Des plumes lui poussent sur le corps, lui permettant de voler de branche en branche comme un oiseau.

Tous ces personnages répondent bien au type connu de l’homme des bois, être semi-sauvage, en proie à d’imprévisibles crises de délire, de rire, de visions et qui, vivant en communion avec la nature, peut agir sur elle de façon mystérieuse.
Cet être vit dans la forêt, càd dans cet espace qui est, comme le rappelle Le Goff, « l’horizon inquiétant du monde médiéval. Elle le cerne, l’isole, l’étreint. Elle est entre les seigneuries, entre les pays, une frontière, un no man’s land par excellence ».

Le Merlin Sylvestre est maître des animaux, la Vita Merlini le montre accompagné d’un loup qui souffre avec lui dela faim. Dans plusieurs poèmes gallois, Myrddin s’adresse familièrement à un « little pig », marcassin plutôt que porcelet domestique. Surtout, dans une scène saisissante de la Vita, Merlin apparaît monté sur un cerf, et conduisant un immense troupeau de bêtes sauvages qu’il a rassemblées pour se rendre chez sa femme Gwendoloenna dont il a lu dans les astres qu’elle allait se remarier. Et lorqu’il aperçoit le nouveau mari, il arrache les bois du cerf pour en fracasser le crâne de l’homme.
Ce pouvoir de maître des animaux est en quelque sorte dégradé en savoir didactique dans de longs passages de la Vita où Merlin fait part de son savoir sur la nature, les sources, les oiseaux. L’origine de ce savoir, affirment les médiévistes, serait livresque. Notons seulement que dans son discours sur les oiseaux Merlin termine par le pivert, seul oiseau des bois apparemment digne d’être mentionné (Vita, v. 1385 sq). Nous verrons plus loin l’importance de ce détail.
Autre pouvoir de l’homme des bois dans la tradition celte : don de la seconde vue avec Merlinus Ambriosus et Lailoken qui donne une triple prédiction de sa propre fin. La folie et le don de voyance avec le Myrddin Gwyllt. Autre don, plus proche de la magie : la rapidité extrême dont Merlin fait preuve dans ses déplacements, apparitions et disparitions auprès du roi Arthur ou de ses chevaliers. Le même caractère se retrouve chez Suibhne qui ne déplaçait pas même la rosée à la pointe des herbes, si légère était sa course. Enfin le motif de la métamorphose, de la « muance ».

Elargissons maintenant le domaine proprement franco-celtique. La littérature latine connaît plusieurs figures qui peuvent être rapprochés du Merlin Sylvestre. Celle de Sylvanus d’abord : Horace n’en fait qu’un « dieu hirsute des taillis », « homme sauvage », mais selon Tite-Live ce sylvanus avait aussi un pouvoir oraculaire : dans la forêt d’Arsia sa voix se fait entendre en 503 pour annoncer aux Romains leur victoire sur les Etrusques. Avec Faunus, il fait partie de la liste des douze divinités invoquées au début des Géorgiques et qui assistent l’homme des champs. Il est représenté barbu et Virgile le montre portant en guise de bâton un jeune cyprès déraciné.
Sylvanus est bien proche de Faunus, silvicola Faunus comme dit l’Enéide (X, 551), même s’il s’en distingue par son comportement à l’égard des femmes (qu’il ignore) et des nouveau-nés (que l’on protégeait contre lui). Selon Dumézil, Silvanus et Faunus présideraient l’un et l’autre non pas à la brousse, aux terrae incognitae, mais « à la forêt proche, à la campagne même (…) avec ses surprises, ses peurs, ses odeurs de rut, ses puissances secrètes de fertilité (…). Faunus est agrestis » (in La religion archaïque romaine, p.338-340). L’Enéide en fait le père du roi Latinus, le petit-fils de Picus et le descendant de Saturne : « Le roi Latinus, déjà vieux, gouvernait ses terres et ses cités dans une longue paix. IL était né de Faunus et d'une nymphe laurentine, Marica, nous dit-on; Faunus était fils de Picus, et Picus se flatte de t'avoir pour père, Saturne; c'est toi la source de leur sang ».
Parlant de Faunus, nous éloignons-nous beaucoup de la société médiévale ? Pas tant qu’on pourrait le croire. On voit à la fin du XIIème s. Alexandre de Villedieu se plaindre que les anciens dieux soient adorés à Orléans, que Vénus, Bacchus et Faunus (nommément cité) y aient leurs autels et leurs fêtes. Nous nous éloignons moins encore de Merlin. Dans sa forêt, Faunus rend des oracles. Son fils Latinus vient le consulter dans une forêt sacrée où coule une source sainte. L’oracle le dissuade de donner sa fille Lavina à Turnus, et annonce à mots couverts l’arrivée d’Enée. Les Latins expliquaient le nom de Faunus par le verbe favere « favoriser », ce qui en fait une sorte de « pourvoyeur » à la manière du Merlin populaire dans le Dit de Merlin-Merlot (conte en vers du début XIIème, où Merlin fait la richesse d’un paysan, qu’il ruine ensuite pour son ingratitude). Ajoutons que dans l’opposition entre un Faunus lubrique, à l’occasion incube (Pline, H.N., XXV, 29), et un sylvanus qui reste éloigné des femmes, on peut retrouver une ambivalence propre à l’homme des bois et qui fait que Merlin, lui-même fils d’un incube dans la version la plus courante, tantôt est capable de vivre seul au fond des bois dans la continence la plus totale, tantôt se montre en proie à un désir incontrôlable qui le rend finalement victime de la ruse féminine.
Le rapport entre Merlin et Faunus était en fait parfaitement perçu en XIIIème s., époque de la rédaction des grands cycles arthuriens. La preuve en est donnée par le texte que l’on nomme la « Suite-Huth » où l’on voit Merlin proposer à Viviane d’aller voir dans la forêt le « lac de Diane ». Il lui montre une tombe de marbre qui serait celle de « Faunus, l’amant de Diane ». Diane et Faunus sont amants, mais cette dernière s’éprend d’un autre jeune homme et décide de se débarrasser de Faunus. Un jour qu’il rentre de chasse blessé par une bête sauvage, elle l’invite à s’étendre dans une tombe qui contenait habituellement une eau guérisseuse ; elle remplace l’eau par des « herbes puissantes », ferme la tombe et y verse du plomb bouillant. Horrifié, le nouvel amant de Diane lui coupe la tête et jette son corps dans la lac, nommé depuis le « lac de Diane ».
Par son schéma général et par les détails mêmes qui préfigurent le destin de Merlin, ce passage invite évidemment à voir en Merlin un second Faunus. (…)

Ovide nous raconte une histoire assez différente de celle qui préfigure la perfidie de Viviane. Si l’on peut parler de ruse féminine, c’est celle de la nymphe Egérie, dont le lac de Diane est le séjour. Elle est l’épouse et la sage conseillère du roi Numa. Lors d’un très violent orage qui fait craindre une ruine générale, elle apprend à Numa qu’il est possible de conjurer la foudre : « Mais le rite de conjuration ne pourra t’être transmis que par Picus et Faunus qui sont, tous deux, des divinités du terroir romain. Et ils ne te le transmettront pas sans violence : à toi de les saisir et de leur mettre les liens ». Ovide transporte alors la scène au pied de l’Aventin, dans un bois sacré (lucus) agrémenté d’une source où Picus et Faunus avaient l’habitude de boire. Numa y dispose des coupes de vin et les deux divinités s’enivrent, ce qui permet au roi de les attacher ; il les oblige alors à attirer Jupiter sur les lieux par des incatations secrètes.
On a ici affaire à un motif que l’on retrouve ailleurs dans l’histoire de Merlin, mais qui n’est pas celui du sage victime d’un désir luxurieux. C’est celui du souverain obligé de s’emparer par force d’un devin récalcitrant : Midas et Silène, Salomon et Asmodée, et Rodarch et Merlin (dans la Vita, Rodarch doit même enchaîné Merlin pour le garder près de lui). (…)

Il faut aller plus loin. On a remarqué que chez Virgile aussi bien que chez Ovide, Faunus est inséparable de Picus. Dans Plutarque, Vie de Numa, on peut lire à leur sujet : « (…) Saisis par Numa, les deux génies (Picus et Faunus) prirent une multitude de forme et changèrent de nature, offrant aux yeux des apparitions étranges et effrayantes (…) ». Selon Plutarque, Picus et Faunus seraient donc crédités du don de métamorphose, de « muance », dont Merlin fera preuve plus tard. Les trois personnages entrent dans la catégorie des magiciens protéiformes, catégorie bien représentée dans la tradition celtique et qui mériterait d’être étudiée pour elle-même. Mais Picus est surtout connu à travers Ovide pour être victime d’une métamorphose qui fait de lui un pivert. (…) « Oiseau-prophète entre tous » (Grimal), le Pic semble avoir joué un rôle important dans les traditions de l’Europe ancienne. En Grèce, Celeos le pivert est la figure primordiale d’Eleusis. Né du sol, il est le premier roi d’Eleusis. Déméter à la recherche de Perséphone descend chez lui après la naissance de son fils Démophon qu’elle tente de rendre immortel en le faisant passer dans le feu. On en fait aussi le père de Triptolème. Dans un partie de l’Europe ancienne, note Krappe (La genèse des mythes, p. 245), on attribuait au pivert l’invention de la charrue. Dans l’art augural romain, la première place est occupée par le couple Pic-Mésange qui figurait le couple originel de la race, Mars et Vesta : seuls oiseaux dont on observait à la fois le vol et le cri, le picus et la parra étaient notamment consultés lors du dies lustricus. (…) Le pic est parfois associé à la huppe, autre oiseau prophétique (cher à Gérard de Nerval) et qui dans la réalité niche souvent dans une ancienne cavité creusée par un pivert (Sébillot, Le folklore de France, t.III, p.167 et 177). Il est aussi associé au loup, tantôt pour le chasser en bon bûcheron qu’il est, tantôt pour collaborer avec la louve romaine à l’alimentation des jumeaux Romulus et Rémus : il leur apporte du miel, complément du lait, car le pic est aussi le « loup des abeilles » (lupo di api en italien, et en vieil anglais Beowulf).
Plus clairement encore que Faunus, Picus sous son aspect d’oiseau est donc maître de la forêt. (…) Il n’est donc pas indifférent que le pivert apparaisse à deux reprises dans les discours que la Vita Merlini prête à l’enchanteur. Aux vers 1270-1280, Merlin parle d’un chêne devenu vieux qu’il aurait vu « alors qu’il commençait à pousser, ainsi que le gland dont il est issu, lorsqu’il est tombé par hasard d’une branche pendant qu’un pivert qui s’était perché dessus la secouait ». Détail gratuit ? Ou écho lointain d’un rapport qui unirait depuis la nuit des temps le chêne, le pivert et l’homme des bois ? D’autre part, on l’a dit, le pivert est le dernier oiseau dont parle Merlin dans son discours ornithologique (v. 1385 sq).
Dans les figures mythiques de Merlin et de Picus, plusieurs points communs apparaissent : ce sont deux personnages royaux sinon surnaturels, Picus est tantôt représenté comme roi du Latium, tantôt comme une divinité ; Merlin est roi de Démétie et l’on en fera le fils d’un démon incube. Ils sont en même temps du type Faunus ou sylvain, maîtres de la forêt et des lieux semi-incultes, intermédiaires ainsi entre deux espaces, amenés à passer des palais et de la vie de cour à la vie la plus rustique, voire la plus misérable. Ce destin contradictoire se complique d’une implication directe dans les activités guerrières : le Picus latin est lié à Mars, on l’a vu chez Virgile le bouclier au bras, et Merlin est comme on sait l’inspirateur de la chevalerie arthurienne. A l’occasion protecteurs et pourvoyeurs de nourrissons destinés à régner : Picus protège et nourrit les jumeaux romains ; Merlin protège Uter et Pendragon, veille sur les premiers pas d’Arthur et accomplit le même office auprès de Tristan dans le Tristan en prose. Pourtant la véritable fonction de Picus et de Merlin semble être encore ailleurs : dans leur rapport à l’avenir, dans leur pouvoir de divination qui fait de l’un le maître des augues et de l’autre le prophète par excellence des Bretons. Devins et magiciens, leur magie leur confère en outre un don de métamorphose où semble se réfracter la multiplicité de leurs aspects.
La parenté des deux figures n’implique nullement un lien de filiation, mais elle pourrait permettre de mieux situer le registre mythique auquel rattacher Merlin. Elle serait plus nette encore si l’on trouvait des attestations d’un Merlin oiseau. Toutes les indications sont ici à examiner de près.
On pense d’abord au roi Suibhne qui effectue sa pénitence au sommet des arbres, jusqu’à se recouvrir de plumes. Mais ce motif pourrait s’expliquer par la « croyance commune en Bretagne qui veut que les âmes des pécheurs aillent accomplir leur pénitence dans les arbres, et particulièrement sur les branches les plus frêles et les ramilles les plus fines ». Pour justifier cette étrange localisation, précise Donatien Laurent, « on précise en général que les âmes doivent y rester jusqu’à ce que ces ramilles deviennent assez robustes pour servir de manches à un outil ». Il ne s’agirait donc pas ici du souvenir d’un être métamorphosé temporairement ou non en oiseau, mais d’une logique paysanne et artisanale qui n’est pas pour autant à négliger, s’agissant d’un personnage resté particulièrement vivant dans l’esprit populaire. Dans le Dit de Merlin-Merlot, l’enchanteur est d’abord « la voix dans le buisson » ; à sa dernière apparition il répond « de dessus un arbre » en se plaignant que le cheval du vilain ait failli l’écraser, ce qui ne se comprend guère que d’un être-oiseau.
Chez Giraud de Cambrie, le mot « merlin » désignerait, non pas un pic, mais un petit faucon, un « petit oiseau d’été » (…). On pense ainsi au fameux esplumoir dont parle le Perceval des manuscrits de Modène et Didot. Le terme semble désigner un lieu où un oiseau s’apprête à changer de plumage, ou, comme l’affirme Roubaud (Graal fiction, p.33), « une cage où un oiseau chanteur est enfermé au moment de la mue ». Le problème que pose cet esplumoir se resoudrait de la manière la plus simple et la plus élégante si l’on pouvait supposer qu’à certains moments de sa vie et au stade final de son existence Merlin était aussi un oiseau. (parenthèse personnelle, on voit dans certaines légendes des hommes sauvages dont les poils hirsutes se transforment en plumes, cf Ahikar et Platon : « philosopher, c’est emplumer son âme).
Conte de type T.502 « l’homme sauvage », où le sauvage en question porte le nom de Merlin, Merlik ou Murlu. Dans « Georgic et Merlin » l’être sauvage vivant dans la forêt n’est pas un homme mais un oiseau merveilleux. Capturé, ce Merlin ailé est enfermé dans une cage et le roi menace de tuer quiconque le laissera échapper. Jusqu’à ce que son fils ouvre la cage…

Mais il y a peut-être autre chose, et mieux. Dans la XIème de ses métamorphoses, Antoninus Liberalis raconte d’après un certain Boïos l’histoire d’un charpentier de Lydie nommé Polytechnos. Il s’agit en fait de la version d’Asie Mineure du mythe de Procné dont l’Odyssée fournit la version thébaine. La fin qui nous intéresse ici conte la métamorphose finale de Polytechnos (à qui sa femme Aédon, qu’il avait honteusement trompée, a fait manger la chair de leur enfant) en pivert, tandis qu’Aédon est transformé en alcyon et son frère en huppe, tous oiseaux de bon augure, souligne Liberalis. Et pourquoi en pivert ? Parce que, dit le texte, « Héphaïstos lui avait donné une hache au temps où il était charpentier ». Or, en grec le pivert se dit pelekas, terme proche de pelekys qui désigne la hache à double tranchant, instrument par excellence des menuisiers et des charpentiers. Jeu de mots immédiatement transposable en français pour peu que l’on remplace la « hache » par le « pic ».
Or il se trouve qu’en français si le « merlin » peut désigner un oiseau, il désigne aussi et beaucoup plus couramment un outil de bûcheron (attestée depuis 1624). Cela viendrait d’un emprunt des parlers de l’Est (merlin, marlin) où il aurait été dérivé à une époque plus ancienne de marcullus, « marteau ». Marteau et merlin sont des outils bien différents. Le premier sert à planter des clous, le second à fendre le bois. Il est vrai qu’on distingue deux sortes de merlin : le Littré définit le premier comme un « long marteau ou espèce de massue dont les bouchers se servent pour assomer les bœufs », le second comme une « espèce de hache à fendre le bois ». A supposer que « merlin » soit apparenté à marcullus, des raisons purement phonétiques ne suffisent peut-être pas à expliquer la double évolution vers « marteau » d’un côté, vers « merlin » de l’autre et l’attraction du nom de l’enchanteur paraît moins probable. Plus simplement, Dauzat note que le mot « paraît être un emploi plaisant du nom propre Merlin. La question étymologique reste donc ouverte.
Revenons aux textes médiévaux pour noter que Merlin en homme sauvage est souvent doté d’une « coigniée » ou d’une « macue ». La première apparition de Merlin adulte dans le Livre de Merlin le montre « la cognée au cou » : Merlin se doutant que Pendragon le fait rechercher, il se rend à la ville « sous l’apparence d’un bûcheron, une cognée au cou, les jambes enfouies dans de grandes bottes de cuir, vêtu d’une méchante tunique toute déchirée, hirsute et barbu. Il ressemblait tout à fait à un homme sauvage… » Simple déguisement ou détail emblématique ?
Que signifient en définitive ces jeux d’identification entre un personnage mythique, un animal et un outil ? On peut s’en faire un idée en se reportant aux modes de pensée des peuples où règne le chamanisme. On connaît chez certains d’entre eux l’existence d’esprits « tutélaires » ou « maîtres » non seulement d’espèces animales mais d’outils déterminés : les Iakoutes et les Bouriates vénèrent l’esprit-maître du soufflet de forge, celui des tenailles, celui du marteau et de l’enclume. Vases et outils ont également leurs esprits dans certaines tribus toungouses (Uno Harva, Les représentations religieuses des peuples altaïques). Avec toutes les transpositions nécessaires, l’existence de maîtres de la hache ou de la cognée de bûcheron n’aurait rien d’invraisemblable dans le cadre des cultures de l’Europe ancienne. Et l’on conviendrait sans peine que l’esprit-maître des outils du bûcheron soit un Pic divinisé. Le jeu de mots grec pelekas/pelekys signifierait donc qu’à une époque archaïque on considérait le Pic, oiseau bûcheron par excellence, comme le maître des haches, et que l’âme de l’oiseau passait dans l’outil. Le même raisonnement pourrait s’appliquer au « merlin », pour peu que ce terme, ou des termes apparentés en diverses langues celtiques, ait anciennement désigné à la fois un outil et un oiseau forestier. Mais il ne s’agit pas nécessairement d’origine. Le rapport à l’outil peut être postérieur à la constitution de la figure mythique de Merlin. Il est acquis depuis longtemps que celle-ci n’est pas purement livresque et qu’elle hérite de croyances et de traditions celtes dont les échos se sont prolongés jusqu’à une époque récente. La manière dont elle s’est diffusée, ou perpétuée de manière indirecte, dans des milieux aussi fermés que l’étaient les corporations d’artisans reste inconnue. Homme des bois, Merlin a pu être adopté ultérieurement par les hommes du bois : bûcherons, charpentiers, menuisiers. La cognée qu’il porte lors de sa première apparition serait bien alors emblématique, et non plus simplement l’accessoire d’un déguisement fugitif. Quant aux constructions que la légende lui attribue libéralement, de Stonehenge aux arènes de Vérone, elles n’ont pu qu’encourager les hommes à l’adopter comme figure tutélaire. (…)

De lignée royale, prophète et magicien, protecteur et conseiller du roi Arthur, inspirateur de la chevalerie de la Table ronde, il appartient de plein droit à la première fonction et il n’est pas abusif de retrouver en lui certaines prérogatives qui étaient celles des druides. Au cours des combats qui se multiplient dans les récits postérieurs, il est aussi stratège et participe directement à la fonction guerrière. Enfin comme homme des bois, on vient de le voir, il entretient des relations privilégiées avec les petites gens et se fait aussi à l’occasion pourvoyeur de biens matériels. Ses apparitions et disparitions brusques, ses transformations, sa vitesse même de déplacement sont des illustrations emblématiques de cette polyfonctionnalité, que l’on peut retrouver dans les textes antiques chez des êtres mythiques comme Picus. Il se pourrait que d’une façon générale de tels personnages soient indispensables pour introduire un peu de souplesse dans le fonctionnement de cultures où la hiérarchie, la répartition des tâches collectives, les « fonctions » au sens dumézilien sont si rigidement codifiées. La diversité des éléments qui ont contribué à former la figure de Merlin dans la littérature occidentale fait le désespoir des commentateurs. Mais on peut se demander si ce n’est pas à cette diversité même, et au jeu qu’elle permet que Merlin, contrairement à d’autres personnages mythiques définitivement classés, doit rester vivant.

Voilà une belle analyse où ethnologie, ethnographie, linguistisque, littérature, folklore, mythologie et histoire s’imbriquent intelligemment pour notre plus grand plaisir.

MessagePosté: Ven 08 Oct, 2004 14:14
de lopi
Merci Pan, une vraie toison d'or :wink:
Lopi

MessagePosté: Ven 08 Oct, 2004 16:13
de Patrice
Salut,

Yves Vadé m'avait donné un tiré à part de cette article peu après sa sortie. C'est vrai que c'est très intéressant, même s'il met en oeuvre quelque chose qui sera toujours discutable: le "jeu de mot".

C'est une mine d'information, quoi qu'on en pense!

A+

Patrice

MessagePosté: Ven 08 Oct, 2004 18:27
de Pan
Patrice a écrit: C'est vrai que c'est très intéressant, même s'il met en oeuvre quelque chose qui sera toujours discutable: le "jeu de mot".

C'est une mine d'information, quoi qu'on en pense!

A+

Patrice


Tu es assez prévisible Patrice :wink: mais je comprends bien tes "réticences". Il est clair que c'est une manière de penser le monde que tous ne partagent pas. Aussi laisserai-je parler Claude Gaignebet qui répond parfaitement à ce genre de remarques épistémologiques:

A plus hault sens, L'ésotérisme spirituel et charnel de Rabelais, Tome I, Maisonneuve et Larose, Paris, p.10-11.

LA METHODE

(...) Disons tout de suite que le folklore nous a rendu sceptique à l'égard de la sociologie historique. Ce qui fait précisément l'objet de cette science des traditions populaires est l'inextricable superposition, à chaque époque de l'histoire, de croyances qui appartiennent à divers temps de "l'évolution de l'humanité". Une vieille femme de Lozère nous conte que son père a rencontré le diable, sous la forme d'un gros mouton noir, à tel carrefour. En quoi l'histoire des "croyances morales" de l'humanité, la Renaissance, les Lumières, la Révolution sont-elles ici en cause? QUI A VERITABLEMENT ETE FORME "A LA CLARTE CARTESIENNE"? Ces reliques, ces impuretés figées que l'histoire globale n'a guère entraînées dans son courant, ces textes que des siècles de transmission orale ont moins modifiés que le premier rédacteur de fabliaux, ces jeux de cours d'école que déjà Froissart enfant partageait avec les petits bergers de son époque: voilà pour nous autant de faits qui s'inscrivent en faux contre tout un évolutionnisme unifiant de l'histoire.
(...) le jeu de mots (c'est moi qui souligne), le calembour, le symbole y tiennent une place centrale. C'est en effet à des mécanismes sémantiques et rhétoriques de ce type que nous avons affaire. Si Rabelais se plaît à jouer du verbe, s'il prend au sérieux les figures qui apparaissent au hasard de ces jeux mêmes, il nous faut le suivre dans cette démarche ludique. La Renaissance puise encore l'essentiel de ses croyances, de sa foi même, dans des à-peu-près: il n'appartient pas aux critiques modernes d'en réduire la portée à un délire logique. L'analyse freudienne n'a-t-elle pas montré à travers l'analyse des mots d'esprit que l'imaginaire se soucie fort peu de l'étymologie "réelle" d'un terme. Il rétablit, par des opérations parfois complexes sur la lettre et le son, la possibilité d'une lecture où son symptome prend un sens. De même chez Rabelais, s'exprime ainsi l'absolue prééminence du lecteur sur le livre.
(...) Les résultats auxquels nous parviendrons sont, en tout état de cause, au regard de l'histoire ou de la philologie moderne, "absurdes". C'EST DIRE SIMPLEMENT QUE NOUS NE PENSONS PLUS LE MONDE DE LA MEME MANIERE.


Etudier un tant soit peu sa psyche va dans le sens des études en sciences-humaines aujourd'hui, l'imaginaire et la poésie de l'humanité, comme le dit si bien Claude, n'a que faire des constipations de certains philologues maculés de suffisance cartésienne. On n'avance plus!

Alors ôde au gay sçavoir. :D

MessagePosté: Ven 08 Oct, 2004 19:40
de Muskull
Ne donne pas des leçons SVP, c'est désagréable...
Rabelais n'a pas sauvé le monde bien qu'il l'ait sans doute allégé pour quelques uns. Lacan non plus, j'ai connu personnellement deux de ses disciples proches, l'un s'est suicidé physiquement, l'autre socialement.

Maintenant tu as raison sur les voltiges des sens mais modérato ma non tropo. Dans les voltiges il y a cette ivresse particulière qui fait vite prendre sa vessie pour une lanterne. :lol:

Tu le saisiras au vol ! :wink:

MessagePosté: Ven 08 Oct, 2004 19:52
de Pan
Mais ma vessie est une lanterne cher Muskull :wink:

Dire que Lacan est insuffisant sous prétexte que certains de ces disciples ont mal tourné, c'est...que dire?

Rabelais aurait sauvé le monde?

Quand je dis:
Etudier un tant soit peu sa psyche va dans le sens des études en sciences-humaines aujourd'hui, l'imaginaire et la poésie de l'humanité, comme le dit si bien Claude, n'a que faire des constipations de certains philologues maculés de suffisance cartésienne. On n'avance plus!


Je ne m'adresse pas à Patrice, alors calmos :?

Et l'expression c'est l'hopital qui se fout de la charité, tu connais? Tu l'as saisi au vol :wink: . A part ça, ça te parle ce qui est écrit plus haut, parce que le reste, on s'en moque, n'est-ce pas? :?

MessagePosté: Ven 08 Oct, 2004 20:13
de Muskull
C'est dire que Lacan est insuffisant, de même que freud et Jung, le savoir vert ne se théorise pas, il est ou n'est pas.

Bien sûr que ta contribution me parle, tu ne peux en douter...

A bientôt. :)

MessagePosté: Ven 08 Oct, 2004 20:41
de Patrice
Eh ben...

Du calme, là dedans.

Oui, c'est vrai, je suis souvent étanche aux jeux de mots en matière de mythologie. Mais souvent ne veut pas dire tout le temps.

A+

Patrice

MessagePosté: Sam 09 Oct, 2004 10:34
de Muskull
S'cuses Pan si je t'ai agacé... 8)

Le "domaine sauvage" est un concept psychosocial profond et mutable.
Je vous propose un court extrait de Guilaine et Zammit in : Le sentier de la guerre.

Virilité /féminité.
une inversion des symboles

" On voit donc que la période qui s’étire entre — 3500 et —2000 voit peu à peu émerger l’image du mâle et de son espace, à la fois réel et idéologique, qui s’oppose, de façon structurelle, à celle de la femme dont la sphère est davantage orientée vers la maison, le tissu familial, la reproduction. Le guerrier est pourvu prioritairement du poignard — de silex puis de métal — qui est l’arme fétiche de cette époque.

Il porte toujours, en héritage des temps antérieurs, l’arc, les flèches, la hache. Mais les améliorations techniques ont fait leur oeuvre les flèches ont atteint une perfection jusque-là inégalée, la hache de cuivre a remplacé la lame de pierre.
L’archéologie témoigne de cette ascension du guerrier. C’est un homme en armes qui est représenté sur les statues masculines, premières manifestations de la statuaire européenne. Parallèlement, les fortifications enferment de plus en plus les établissements dans un espace protégé. Les flèches (et donc les arcs) connaissent une circulation sans précédent. Surtout, les signes de la masculinité s’affichent jusque dans les lieux les plus reculés de la nature armes et chasses au cerf sont gravées sur les plus hauts sommets comme sur les blocs des forêts profondes.

On ne manquera pas, pour terminer, d’observer une certaine contradiction dans la manipulation symbolique (fig. 52). Si le mâle s’épanouit dans l’espace non anthropisé, s’il appose sa griffe dans la nature la plus sauvage, il le fait par le biais d’armes, c’est-à-dire de productions techniques plus ou moins sophistiquées, d’artefacts culturels. On assiste donc à une appropriation de la nature par l’homme, lui-même codé par des signes spécifiques.
À l’inverse, la femme est d’abord louée pour ses fonctions biologiques c ‘est son anatomie qui est prioritairement signalée sur les statues-menhirs et plus particulièrement les seins, symbole maternel et nourricier. Reproductrice, allaitante, elle est une certaine image, depuis toujours, de la Nature. Or son espace de prédilection, depuis les débuts du Néolithique — voire auparavant — est la maison, l’habitat, le champ, c’est-a-dire l’espace le plus anthropisé, le plus transformé par la société, le plus culturel qui soit. On atteint donc à cette époque, et désormais pour longtemps, les limites de l’inversion.
L’homme exprime, avec des outils fortement culturels, sa maîtrise de l’espace le moins humanisé, celui du périphérique, du sylvestre. de l’inconnu, du non-limité où il peut donner libre cours à sa virilité et à ses prouesses.
La femme, dont on perçoit prioritairement la fonction naturelle, sauvage, spontanée, évolue dans la sphère du domestique, de l’anthropique, de l’humanisé, du fermé.
L’inversion est totale l’homme avec des outils culturels achève ou reproduit la conquête du sauvage; la femme, toujours empreinte de naturel, d’affectif. de spontané, occupe l’aire la plus modifiée par l’action humaine."

La hache permet de développer le "domaine humanisé" au détriment du "sylvestre" et on peut voir une forme de culpabilité traduite dans les mythes par un phénomène de rélégation a-social que l'on retrouve aussi dans la "folie-Lancelot".
Il y a quelque chose de Prométhéen dans cette "affaire".

Cette inversion est intéressante, elle propose une relation entre le "domaine sauvage" et le féminin de façon plus naturelle en quelque sorte.
Nous retrouvons là l'icône ancienne de la maîtresse des fauves qu'il faut se concilier et dont Jacques Cauvin parle dans la naissance de la première religion préalable à l'invention néolithique il y a 9000 ans.
Plus tard, "l'invention" du maître des animaux, non pas divinité mais homme sacralisé en tant qu'amant, prélude à une transgression plus importante et à l'appropriation du domaine sauvage par l'homme par l'émergeance d'une divinité mâle et ouranienne "fendeur de matrices".
L'éclair n'étant plus celui qui accompagne la pluie fertilisante mais celui qui la provoque.
L'ancien comput lunaire (plus instinctif et naturel) sera remplacé par celui de la "roue céleste" qui demeure un interdit dans certaines religions, peut-être parce que ce nouveau comput est d'essence plus intellectuelle et spéculative sur la "nature" divine.

MessagePosté: Sam 09 Oct, 2004 14:03
de lopi
le savoir vert ne se théorise pas, il est ou n'est pas.


le savoir existe par convention, il existe parce qu'il est théorisé!
Et dire que Lacan, Freud... sont insuffisants :shock: , très certainement, mais ces théories débouchent sur du concret - ya pas de procès ni d'apologie qui tiennent.
Merci Pan d'annoncer que l'exploration de sa propre psyche va dans le sens des études en sciences humaines. C'est une nécessité? en fait une simple politesse, comme on se doit d'être poli quand on monte à cheval!..
On peut être bon cavalier, on peut être un centaure.
Mais beaucoup ont des oreilles trop petites pour entendre ça :wink: .

La hache permet de développer le "domaine humanisé" au détriment du "sylvestre"

sortons la hache de guerre et conversons calmement
Amicalement
Lopi

MessagePosté: Sam 09 Oct, 2004 14:16
de Marc'heg an Avel
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Envoi de JCE, Merula cantor, drôle d'oiseau ki-ki-ki-ki-ki :!: :lol: .

MessagePosté: Sam 09 Oct, 2004 14:38
de Muskull
Ben v'là que j'ai agacé Lopi z'aussi ! :?

Je parlions du savoir "vert", celui de la verte langue que les alchimistes nommaient aussi langue des oiseaux.
Le genre d'oiseau que l'on ne peut mettre en cage ni théoriser car il se trouve dans les liens (entre) et non pas dans les choses.

Un symbole seul a un ou des sens particuliers, clos, si j'ose dire. La rencontre de deux symboles ouvre ces sens dans les "liens" qui suivant la "trajectoire que l'on choisit peut mener à un autre symbole et ainsi de suite dans différentes dialectiques de sens.
La "bonne" dialectique étant, suivant ces auteurs, celle qui entre en concordance, "résonne" dans l'actuel du lieu et des personnes présentes.
Nous trouvons là un des "principes" de la transmission orale.

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MessagePosté: Sam 09 Oct, 2004 19:15
de lopi
Muskull,
jolie photo de huppe fasciée, j'en ai vue une en Osismie du Sud il y a quelques années.
Non, tu n'y es pas. Je trouve tes points de vue nécessaires, et en plus je n'ai pas vu le vert, j'avais vu rouge, c'est dire.

Amicalement
Lopi

MessagePosté: Mar 12 Oct, 2004 8:47
de Muskull
Ah l'Osismie du Sud ! :105:

Revenons au texte de Guilaine et Zammit.

Beaucoup d'analyses présentent la rupture de l'ancien culte lunaire de la Déesse par la venue de l'idéologie solaire et mâle des éleveurs nomades sur le terreau néolithique. Ces analyses se basent encore sur le concept du 19° siècle des "invasions I.E" .

L’archéologie témoigne de cette ascension du guerrier

Nous retrouvons ici d'autres arguments que nous avons développés dans "les pré et les protos" d'une évolution idéologique "indigène"...
http://forum.arbre-celtique.com/viewtopic.php?t=1747


C'est important car nous retrouvons trace de cette inversion dans les mythes, notamment dans le mabinogi de Pwyll et la relégation de la femme "sauvage" dans "l'autre monde".
D'un point de vue symbolique et historique, la venue des métaux et les idéologies "virilisantes" porteuses de ces nouvelles technologies n'ont fait qu'accélérer le processus.

D'autres analystes voient dans cette rupture du culte de la Grande Mère (Cybèle) la conséquence des inondations catastrophiques au moyen Orient vers - 3000 et la venue des dieux solaires et "assèchants" du déluge, la déesse ayant faillit en son rôle protecteur.
Guyonvarc'h et Le Roux ont bien montré que la "femme de l'autre monde" est diluvienne.
Le postulat d'un différentiel signifiant entre le "celtisme" continental et maritimo-insulaire prend valeur ici aussi. D'une part parce que l'un des jumeaux celtique (Dylan) "prend la nature de la mer" et que Lleu (Lug) devient maître des technologies dans le mythe irlandais.
D'autre part que la mer est dissolvante, ennemie du fer par essence, amie du bois et de la pierre, ainsi donc pragmatiquement, gardienne des techniques et idéologies anciennes.

On peut essayer de développer si ça intéresse quelqu'un... :?

MessagePosté: Mar 12 Oct, 2004 18:09
de lopi
Hello,
le fait qu'on associe la femme (de l'autre monde ou pas - symbole de fertilité de fécondité d'initiation (des choses...)) et l'eau diluviale (dans un sens fécondant et baptismal) d'accord.
Dans la mythologie nordique, c'est extrêmement clair, mais il s'agit d'un déluge de sang.
Alors, dans ces mythes, peut-être une double lecture : un 1 féminin, initiateur (pourquoi pas initiatique), et un "relèguage" de la fonction féminine, dans les civilisations des métaux qui se mettent en place, avec son patriarcat - versus matriarcat des civilisations antérieures.

Lopi loki