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Bonjour

j'ai pas l'impression que le commerce Bretagne insulaire-Gaule-Espagne-Méditerranée ait été très florissant à l'époque d'Arthur (mettons 450-550 ap. JC) : on est en plein dans les invasions barbares. Les pirates irlandais et saxons infestent la Manche.

Par contre, il y avait encore des relations religieuses, notamment avec Lérins, dont le Breton Faustus (peut-être fils de Vortigern, il est mentionné chez Nennius) fut l'abbé en 433 avant de devenir évêque de Riez en 460, jusqu'au moins 476.
L'un de ses compatriotes, Riocatus, vint lui rendre visite à Lérins pour ramener des livres en Bretagne insulaire. Au retour, Riocatus fit un séjour chez Sidoine Apollinaire, évêque de Clermont.
Le Breton saint Patrick trouvez refuge en Gaule après avoir échappé aux pirates irlandais.
Dans l'autre sens, il ya les séjours de saint Germain d'Auxerre et de saint Loup de Troyes (ancien de Lérins) en Bretagne insulaire.

Sur le plan militaire, il y a l'expédition de Riothamus en Gaule, en 469, et sa défaite à Déols contre les Wisigoths d'Euric

Enfin, lors de la grande émigration bretonne, au tournant du 5ème-6ème siècle, des Bretons insulaires vont s'installer en Galice où ils fondent un évêché.

Le commerce est en effet limité, à partir du début du Ve siècle la monnaie n'est plus utilisée en Bretagne. Cependant certains (je pense à Christian Kerboul) ont postulé l'existence d'une véritable thalassocratie avec les dynasties du Dyfed (Aircol et Vorteporix) et de Bretagne Armoricaine (peut être le légendaire Budic, et plus tard Conomor). De tout temps les Bretons ont été considérés comme d'excellents marins, et il est notament fait référence dans les triades aux flottes de Conomor et de Gereint. Une telle puissance navale avait pour but de lutter contre la piraterie endémique et de permettre le commerce, ainsi que le contrôle de l'émigration vers le continent, en 24h un navire pouvant atteindre les côtes armoricaines.

le bouquin de Kerboul est à prendre avec des pincettes. D'où tient-il qu'Aircol est le père de Vorteporix ? Aircol ne serait-il pas plutôt le romain Agricola, qui vécut au 1er siècle ap. JC et prit part à la conquête de l'île de Bretagne ?
D'après les Royaumes Celtiques (p. 58 ), Vorteporix serait d'origine irlandaise. Sa pierre tombale, outre l'inscription latine (Memoria Voteporigis Protictoris) comporte aussi une inscription ogamique qui se lit : VOTECORIGAS. Les Irlandais avaient à cet époque colonisé une grande partie du Dyfed et de l'ouest du futur pays de Galles.

Quant à la "thalassocratie" bretonne (il est peut-être plus prudent de parler de royaumes doubles), elle se met en place sous l'égide de ce qui reste du pouvoir romain (voir l'action de saint Germain d'Auxerre et, antérieurement, les modifs de la Notitia Dignitatum. Sur cette période, voir Fleuriot, OB, et Chadwick, la colonisation de la Bretagne armorique depuis la Bretagne celtique insulaire). Riothamus tient son pouvoir sur les deux Bretagne de Rome. Pour le 6ème siècle (époque de Conomor), on peut parler de royaumes doubles de Cornouaille et surtout de Domnonée. Mais Conomor tient son titre de préfet de la flotte du roi franc Childebert. Tout ce qu'on sait, c'est qu'il devait régner sur le Léon et sur une partie de la Domnonée insulaire, et qu'il aurait usurpé un temps le trône de Domnonée continentale. Les seules résidences qu'on peut lui attribuer avec quelque certitude sont Castel Dore, Lantel (à côté de Brest) et Lanmeur. Voir à ce sujet l'excellent travail de notre ami André-Yves Bourgès : le dossier hagiographique de saint Melar, et un article spécifiquement consacré à Conomor : Commor, entre le mythe et l'histoire, MSHAB, 1996, tome 74, p. 419-427.

Salut,
Taliesin a écrit : "Quant à la "thalassocratie" bretonne (il est peut-être plus prudent de parler de royaumes doubles)..."

Tout à fait : on a l'exemple du royaume double de Dál Riata qui est installé en Irlande du Nord et en Ecosse, où il devriendra l'Argyll, coupant les royaumes des Pictes du Nord de ceux du Sud, cf Les Royaumes celtiques de Dillon et Chadwick.

On n'a pas grand chose sur Aircol. Gildas parle du père de Vorteporix comme ayant été un bon roi, mais ne le nomme pas. Aircol est donné dans les généalogies galloises comme le père de Vorteporix, enfin on retrouve son nom associé au Dyfed dans le poème sur Cynan Garwyn du Livre de Taliesin.

Tout à fait d'accord pour l'origine irlandaise. Les souverains du Dyfed furent longtemps les vassaux des rois du Munster. Il me semble que la dynastie du Dyfed trouve son origine chez les princes Deisi du Munster installés dans le Brycheiniog. Peut être qu'ils y furent installés par Maximus lui même, en tout cas Vorteporix porte le titre honorifique romain de Protector.