Théodore Mommsen – Histoire romaine
Chapitre VII — Conquête de l’Occident. Guerre des Gauleshttp://perso.wanadoo.fr/fdomi.fournier/ ... R05_04.htmA ce moment commençait l’invasion helvétique, préparée de longue main, et dont, nous avons montré le lien intime avec l’invasion germaine. Afin de ne point laisser aux Germains leurs cabanes vides, et pour se rendre à eux-mêmes le retour impossible, les
Helvètes avaient brûlé, villes et villages, et chargeant sur les longues lignes de leurs chariots leurs femmes, leurs enfants, et la meilleure part de leurs meubles, ils arrivèrent par toutes les routes sur le Léman, à la hauteur de
Genava (Genève), où ils s’étaient donné rendez-vous, à eux et à leurs compagnons d’émigration, pour le 28 mars [22] de cette année (696 [
58 av. J.-C.]). A leur propre dire leur masse réunie comptait 368.000 têtes, dont un quart en hommes valides et portant les armes.
Le mont Jura, qui va du Rhin au Rhône, forme une barrière presque continue entré l’Helvétie et les pays à l’occident. Ses étroits défilés étaient difficiles à franchir pour l’immense caravane, autant qu’ils se prêtaient à la défense. Aussi les chefs des
Helvètes avaient-ils pris le détour par le sud, afin de pénétrer dans l’ouest au point même où le Rhône brisant les montagnes, s’est frayé la voie entre les crêtes jurassiques du sud-ouest les plus ardues de la chaîne, et les Alpes de Savoie, à la hauteur du
Fort de l’Écluse. Mais à droite, les rochers et les précipices flanquant le fleuve, il ne restait qu’un sentier étroit, qu’on pouvait fermer en un tour de main. Rien de plus aisé pour les Séquanes, maîtres de cette rive, que d’empêcher le passage.
Les
Helvètes se décidèrent à passer sur la rive gauche appartenant aux Allobroges, au-dessus même de la percée du fleuve. Ils comptaient plus bas, là où le fleuve rentre en plaine, le franchir de nouveau, et se porter alors vers les cantons de l’ouest : le pays des
Santons (Saintonge, et vallée de la Charente), non loin des rivages de l’Atlantique, avait été choisi pour le lieu de leur future demeure. Mais en passant ainsi sur la rive gauche, ils mettaient le pied sur le territoire romain ; et César, qui d’ailleurs n’avait nulle envie de les laisser s’établir dans la Gaule occidentale, était bien décidé à les arrêter.
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