Bonsoir,
Dans son premier état, aménagé dans le troisième quart du IIe s. av. J.-C., le téménos n'est matérialisé que par une puissante palissade en bois implanté dans un fossé. Ce plan d'enclos relativement classique, ouvert à l'Est, s'intègre bien dans la série des sanctuaires palissadés de Gaule septentrionale et occidentale. A la même époque sont érigés les deux petits bâtiments situés de part et d'autre de l'entrée, dont un pourvu d'une grande fosse vide de type "autel creux".
Ce n'est qu'au début du Ier s. av. J.-C. que les choses se compliquent, avec le remplacement de la palissade par une galerie monumentale pourvue d'une colonnade : la référence avec les plans de sanctuaires hellénistiques entourés de portiques (
stoai) tient effectivement la route .
Loin de moi l'intention de dénigrer Jean-Louis Brunaux, avec qui j'entretiens les meilleurs rapports, teintés d'une sincère estime pour la révolution qu'il a accomplie. Pour moi, l'archéologie des sociétés du second âge du Fer, telle que nous la concevons aujourd'hui, est véritablement née avec les fouilles de Gournay et de Ribemont. Une équipe enthousiaste et héroïque, composée des meilleures pointures : P. Méniel, F. Poplin, B. Lambot...
Certains regretteront peut-être que l'archéologue ait quelque peu délaissé sa truelle pour Diodore et Elien, impatients qu'ils sont de disposer d'une publication exhaustive des vestiges de Ribemont... Ce qui n'ôte rien à la qualité des ouvrages publiés entre-temps. Important, évidemment. Respectable, assurément.
Un seul bémol, sur le fond : les fouilles récentes consacrées à d'autres sanctuaires de Gaule centrale ou méridionale (Corent, Agen, Vieille-Toulouse, Rodez), montrent que la dimension guerrière n'est pas seule à prendre en compte dans l'étude des religions gauloises.
A Corent, débris d'armement (une quarantaine au total) et restes humains (4-5 crânes) totalisent à peine 1% d'un faciès d'offrandes largement dominé par les reliefs alimentaires, les céramiques, la parure, les monnaies et les vestiges d'artisanat...
Cette différence s'explique en partie par la chronologie tardive du sanctuaire, mais pas uniquement. Elle reflète aussi une préférence donnée à d'autres pratiques, liées à un contexte idéologique et symbolique propre à chaque peuple...
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