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MessagePosté: Mer 08 Nov, 2006 16:36
de DT
Salut,
voici qui devrait faire plaisir aux amateurs.
Retrouvé par hasard dans A. Grenier, Les Gaulois, 1970, p. 170 :
« La sécheresse du sable égyptien a conservé un bel exemplaire d'un bouclier de bois certainement gaulois (fig. 31). De forme rectangulaire, aux petits côtés arrondis, fortement bombé, il mesure 1,30 m de haut sur 0,65 de large. Il est composé de trois couches de bois contreplaqué : à l'intérieur, une dizaine de grandes planches disposées dans le sens de la hauteur; sur elles, de chaque côté, sont appliquées, dans le sens de la largeur, d'étroites lamelles en bois de bouleau, travail fort habile tenant à la fois de la boissellerie qui donne au bois sa courbure et de la marquetterie qui assemble et maintient les pièces. L'umbo est également en bois ; c'est une pièce massive en forme de losange aux côtés concaves, prolongée sur toute la longueur du bouclier par un épais filet. Le tout était recouvert sur les deux faces non pas de cuir mais d'étoupe de laine, plus résistante aux coups que le cuir. La poignée était faite également d'une pièce de bois ; le fer n'était employé qu'à garnir les bords supérieur et inférieur. L'ensemble restait léger. Cette arme défensive, actuellement au Musée du Caire, doit provenir des auxiliaires galates qui, au IIIe siècle avant notre ère, se trouvèrent à plusieurs reprises au service des Ptolémées. »

Image
Fig. 31. - Bouclier gaulois en lamelles de bois contreplaquées trouvé en Egypte (Germania, 1940, p.106, pl. III).
A+

MessagePosté: Ven 10 Nov, 2006 15:27
de Sedullos
Salut,

L'attribution de ce bouclier aux Gaulois a été, il me semble, remise en cause. Il pourrait s'agir d'un bouclier romain, je vais vérifier dans Feugère, les armes des Romains...

MessagePosté: Lun 13 Nov, 2006 19:16
de Sedullos
Salut,

Michel Feugère dans Les armes des Romains chez Errance considère qu'il s'agit d'un scutum romain, inspiré des boucliers celtiques, eux-mêmes issus de boucliers oblongs italiques. Je résume à grand trait et cela ne change en rien l'intérêt de cette pièce unique en son genre.

MessagePosté: Ven 24 Nov, 2006 12:03
de DT
Salut
ÉTIENNE DE BYZANCE
Les Ethniques
Apollonios, au livre XVII de ses Cariques, raconte que ces étrangers Galates, s'étant alliés à Mithridate et à Ariobarzane, poursuivirent jusqu'à la mer les Égyptiens envoyés par Ptolémée, s'emparèrent des ancres (άγκύρας) de leurs navires, et ayant reçu comme prix de leur victoire du terrain pour y construire une ville, donnèrent ce nom (Άγκύρα) à celle qu'ils fondèrent. Ils en bâtirent même trois, Ancyre dont le nom rappelait ce qu'ils avaient gagné à cette guerre, Pessinûnte et Tavia des noms de deux de leurs chefs. Ethnique : Ancyran.
A+

MessagePosté: Ven 24 Nov, 2006 13:55
de Alexandre
Cela ressemble beaucoup à l'histoire du père Pignan, fondateur de la ville du même nom !
Il faut se méfier des étymologies populaires : la même racine indo-européenne *h2eñk-/h2eñg- qui a donné le nom de la ville d'Ancyre a donné en grec le nom de l'ancre : αγκων, et un mot pour désigner une vallée - une courbure en général : αγκος.
Le nom de la ville d'Ancyre désigne probablement une vallée ou toute autre conformation incurvée du terrain, et a ensuite secondairement été réinterprêté avec une histoire pittoresque.

Si je ne m'abuse, j'ai déjà eu l'occasion de parler de cette racine à propos du nom d'Ankara : http://www.forum.arbre-celtique.com/viewtopic.php?p=41766&highlight=#41766

MessagePosté: Ven 24 Nov, 2006 15:00
de DT
Salut,
Les étymologies fantaisistes, produites par les Anciens, ici en l'occurence Etienne de Byzance, n'étaient pas le but de mon propos.
J'ai relevé ce fragment essentiellement par rapport à deux problématiques liées à ce fil: tout d'abord, le problème de la peinture dans l'antiquité, qui donne lieu à Ekphrasis, c'est-à-dire à description libre et lectures variables, véritables exégèses qui donnent lieu à autant d'interprétations et d'explications complémentaires; un exemple célèbre est justement l'Ogmios décrit par Lucien de Samosate, où il y a la lecture d'un classique, et celle d'un Gaulois de Narbonnaise ou Gaulois hellénisé. Sur le problème de l'Ekphrasis, voir les différents ouvrages de Fr. Lissarague.
Le deuxième point est l'image elle-même qui a servi de départ à ce fil; sont présents les Galates, les Lagides (l'aigle) et les Séleucides (l'éléphant).
Ce texte d'Etienne de Byzance ne serait-il pas un éclaircissement ?
A+

MessagePosté: Ven 24 Nov, 2006 15:43
de DT
Salut,
J'ajoute que les Séleucides avaient comme autre symbole (en particulier monétaire), une ancre, en raison d'une tache de peau héréditaire.
A+

MessagePosté: Ven 24 Nov, 2006 16:10
de Alexandre
Là encore, tu tiens cela d'où ?

MessagePosté: Ven 24 Nov, 2006 16:43
de DT
Salut,
Pour commencer:
Image
A+

MessagePosté: Dim 03 Déc, 2006 17:42
de DT
Salut,

PAUSANIAS, 170 ap. J.-C.
DESCRIPTION DE L'HELLADE.
I. Attiques.

IV.5. La plupart des Galates, ayant passé en Asie sur des vaisseaux, en ravagèrent les contrées maritimes. Mais plus tard les habitants de Pergame, [ville] appelée autrement Teuthranie, chassèrent loin de la mer dans l'intérieur les Galates qui occupèrent le pays en deçà du Sangarios ; après avoir pris Ancyre, ville des Phrygiens, fondée antérieurement par Midas, fils de Gordios. L'ancre (άγκυρα) trouvée par Midas existait encore de mon temps dans le temple de Zeus, ainsi que la source dite Fontaine de Midas, à laquelle, dit-on, ce roi avait mêlé du vin pour prendre Silène. Ils ne s'emparèrent pas d'Ancyre seulement, mais aussi de Pessinonte au pied de la montagne... puis d'Agdistis (Ce passage est altéré ; toutefois Agdistis semble être ici un nom de lieu) où l'on raconte qu'Attès fut enseveli.

A+

MessagePosté: Mer 06 Déc, 2006 10:35
de DT
Salut Sedullos

Je place cet extrait dans ce fil, car je ne sais pas en réalité où le mettre.

PAUSANIAS
DESCRIPTION DE L'HELLADE.
X. Phociques.
XIX. 8. Alors Brennus, se multipliant partout, tantôt dans les assemblées publiques, tantôt chez chacun des Galates qui étaient au pouvoir, suscitait une expédition contre l'Hellade, exposait la faiblesse présente des Hellènes, la richesse de leurs trésors publics et la richesse plus grande encore de leurs temples, où il y avait une telle quantité d'offrandes, d'or et d'argent monnayés. Il persuada ainsi les Galates de marcher de nouveau contre l'Hellade, et il choisit pour commander avec lui des hommes qui étaient au pouvoir et entre autres Acichorios.
9. L'armée, rassemblée comptait en infanterie quinze myriades d'hommes, plus deux mille, et en cavalerie vingt mille quatre cents. - Tel était bien le nombre des cavaliers toujours en action ; mais l'effectif réel était de six myriades et douze cents. Car chaque cavalier avait avec lui deux domestiques (Le mot οίκέτης, et plus loin δουλος, correspond; au mot gaulois ambact. Festus : Ambactus apud Ennium lingua gallica servus. -.Cf. César, G. G., VI, 15, où le sens d'ambactus est plus restreint, et III, 22, sur les soldurii), bons cavaliers eux-mêmes et ayant pareillement des chevaux.
10. Quand pour la cavalerie des Galates la lutte est engagée, ces domestiques se tiennent en arrière du corps de bataille, et, voici quels services ils rendent. Arrivé-t-il à un cavalier ou à un cheval de tomber [mort], dans le second cas, le domestique donne au maître son cheval à monter ; et si c'est l'homme qui a été tué, l'esclave monte à la place de son maître. Si la fatalité vient à les saisir l'un et l'autre, il y a là un cavalier tout prêt. Le maître reçoit-il une blessure, l'un des esclaves emmène au camp le blessé, et l'autre se met dans le rang à la place de celui qui est parti (Voici la phrase de César : Hi (equites) cum est usus atque aliquod bellum incidit,... omnes in bello versantur ; atque eorum ut quisque est genere copiisque amplissimus, ita plurimos circum se ambactos clientesque habent... M. Jannetaz remarque que les ambacti doivent être distincts des soldurii (Caesar, III, 22), parce que l'auteur n'a pas mentionné leur ressemblance.).
11. Cette règle, à ce que je crois, a été établie par les Galates, à l'imitation des Dix mille chez les Perses, qu'on appelait les Immortels. Il y a pourtant une différence, c'est que, chez les Perses, la liste de ceux qui remplaçaient les morts était dressée après la bataille, tandis que pour les Galates, c'est dans la, chaleur même de l'action que se complétait le nombre des cavaliers.
12. Cette organisation se nommait trimarkisia dans la langue du pays (il faut savoir que marka est le nom du cheval chez les Celtes). Tels furent tes armements et les desseins de Brennus quand il marcha contre l'Hellade.
A+

MessagePosté: Ven 08 Déc, 2006 17:55
de Sedullos
DT, merci pour les textes.

Ambactes et soldures me semblent très proches par le statut et la fonction, à un point près, le nombre. Dans l'histoire de la trimarkisia, on a 2 ambactes, lorsque César évoque les soldures du roi des Sotiates, il en dénombre 600. Certains historiens englobent dans une même catégorie de dépendants : ambactes et soldures et autres clients.

Ce qui caractérise les 2 premiers groupes, c'est leur fonction militaire de gardes ou de corps d'élite veillant à la sécurité de leur chef. Les clients peuvent avoir un rôle militaire lors d'une levée en masse, mais leur clientèle peut aussi s'exercer d'un point de vue électoral et économique.

MessagePosté: Sam 09 Déc, 2006 11:30
de Viduernos
En vulgarisant:
Ambact = Garde du corps, Soldurios = soldat "d'élite", attaché au chef, en troupe, une garde personnel en somme, l'équivalent de la garde prétorienne en somme, j'ai bon?
La différenciation de l'ambact et du soldurios me turlupinait depuis longtemps et si j'ai bon, merci d'avance pour avoir éclairé ma lanterne. :)

MessagePosté: Dim 10 Déc, 2006 17:00
de Sedullos
Salut, Uidernos,

Personne ne peut avoir bon, on y était pas :lol:

Je pense que les ambacts et les soldures sont tous des combattants d'élite, simplement certains sont en nombre limité : il faut 2 ambacts au minimum, les soldures eux sont nombreux, si l'on en croit le texte de César, cf BG, III, 20, sur les 600 soldures d'Adiatuanos, roi des Sotiates, qui tentent une sortie malheureuse et consentiront à la reddition.

MessagePosté: Mar 27 Mar, 2007 14:54
de ejds
DT a écrit: Cette arme défensive, actuellement au Musée du Caire, doit provenir des auxiliaires galates qui, au IIIe siècle avant notre ère, se trouvèrent à plusieurs reprises au service des Ptolémées.

Image

Fig. 31. - Bouclier gaulois en lamelles de bois contreplaquées trouvé en Egypte (Germania, 1940, p.106, pl. III).

Et, bien plus tard, Flavius Josèphe (v. 37-100 de n. è.) de raconter dans son Bell. Jud., I, que César fit don à Hérode de « quatre cents Gaulois » qui étaient antérieurement attachés à la personne de Cléopâtre : :shock:

Josèphe, dans Remacle, a écrit:Guerre des Juifs

http://remacle.org/bloodwolf/historiens ... _ftnref176

3 [176]. [393] Aussi, lorsque César parvint en Égypte après la mort de Cléopâtre et d'Antoine, non seulement il augmenta tous les honneurs d'Hérode, mais il agrandit encore son royaume en lui rendant le territoire que Cléopâtre s'était approprié ; il y ajouta Gadara, Hippos et Samarie ; en outre, sur le littoral, Gaza, Anthédon, Joppé et la Tour de Straton. Il lui donna, enfin, pour la garde de sa personne, quatre cents Gaulois qui avaient d'abord été les satellites de Cléopâtre. Rien n'excita d'ailleurs cette générosité comme la fierté de celui qui en était l'objet.

[176] Section 3 Ant., XV, 6, 7 (depuis § 196) et 8, 3 (§ 215-217).

Avez-vous des infos sur cette période mouvementée de l'Egypte et surtout de ses "400 Gaulois" ?! :?

e.