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MessagePosté: Ven 09 Fév, 2007 13:18
de Sedullos
Ejds écrit :
"L’influence du druidisme continental semble s’être érodée progressivement dans les derniers siècles avant J.-C., avec des idées nouvelles, le progrès social et des améliorations de vie comme l’apparition de la monnaie."

Ben voyons, comme certains datent l'apparition du druidisme de ces mêmes quelques siècles av. J.-C. c'est à se demander si le druidisme et les druides ont jamais existé ailleurs que sur une autre planète mythique nommée l'Irlande :twisted:


De plus associer l'apparition de la monnaie, à l'affaiblissement des druides, me semble complètement faux alors qu'on s'aperçoit que les sanctuaires sont des lieux d'émission de monnaie et que ces monnaies sont constellées de symboles religieux.

Quant au progrès social, ce terme recouvre tout et n'importe quoi. On = les Humains du XXIe siècle, n'a pas de leçons à donner quand on en arrive à distribuer des tentes Quechua pour réserver dès janvier des places pour Paris Plage :twisted:

MessagePosté: Ven 09 Fév, 2007 13:41
de Sedullos
Alexandre a écrit :
"Je rappellerai qu'il est classiquement considéré que les druides ont été considérés par les Romains comme l'âme des révoltes gauloises postérieurement à la conquête, et que c'est là la principale, si ce n'est la seule raison du traitement, tout à fait exceptionnel de la part des Romains, qui a consisté à les faire disparaître - par toutes sortes de moyens - et à éradiquer leur religion dans les siècles qui ont suivi."

Ceci fait écho à ce qu'écrit Ramsay Macmullen, La paganisme dans l'Empire romain, p. 16 : "L'Empire romain que nous avons sous les yeux est achevé, et fait preuve d'une tolérance absolue sur la terre comme au ciel. Pas tout à fait cependant : au Ier siècle de notre ère, tantôt les Juifs, tantôt les chrétiens, les druides toujours, se voyaient mis hors la loi. Les sacrifices humains aussi."

MessagePosté: Sam 10 Fév, 2007 10:23
de ejds
La vie des Gaulois d’avant César a été faite d’intérêts, d'évolutions, d’emprunts, d’échanges commerciaux, d’imitations... Elle n’apparaît pas du tout figée, ni identique d’un bout à l’autre de son histoire ou de ses frontières.

Les oppidum servirent en temps de paix aux mille petits métiers et, certainement aussi durant les grandes foires à bestiaux ou marchés en marge des grands jours de fêtes religieuses ou pas et de tout ce qui s’achète et se vend.

Alexandre a écrit:Je rappellerai qu'il est classiquement considéré que les druides ont été considérés par les Romains comme l'âme des révoltes gauloises postérieurement à la conquête, et que c'est là la principale, si ce n'est la seule raison du traitement, tout à fait exceptionnel de la part des Romains, qui a consisté à les faire disparaître - par toutes sortes de moyens - et à éradiquer leur religion dans les siècles qui ont suivi.

Après César, c'est une autre histoire ! :?

Si l’autorité des druides paraît bien avoir été contestée et chahutée par les peuples gaulois, un épisode au sein même de l'armée de César illustre bien ce fait de retournement de situations, d’alliances et de mésalliances spontanées.

Et, au risque de se faire tirer par la barbichette, on voit mal un druide, meneur et diseur de morale, s’immiscer de près dans les affaires familiale d’un chef et de ses deux fils, deux transfuges, pour leur apprendre à vivre en bons celtes, selon les douces lois de la Celtie et non pas du mercenariat.

La fierté d’être gaulois et la défense de la "patrie" en prend un rude coup.

C. IULI CAESARIS
COMMENTARIORUM DE BELLO CIVILI LIBER TERTIUS


http://grid.montclair.edu/latintexts/ca ... l/bc3.html

Erant apud Caesarem in equitum numero Allobroges duo fratres, Raucillus et Egus, Adbucilli filii, qui principatum in civitate multis annis obtinuerat, singulari virtute homines, quorum opera Caesar omnibus Gallicis bellis optima fortissimaque erat usus.


Histoire romaine
César - Commentaires sur la guerre civile, livre III


http://www.mediterranees.net/histoire_r ... vile3.html

LIX. Il y avait dans la cavalerie de César deux frères Allobroges, Roscillus et Egus, fils d'Abducillus, qui avait tenu longtemps le premier rang dans sa nation ; ils étaient pleins de courage, et avaient rendu de nombreux services à César dans toutes les guerres des Gaules. César les en avait récompensés en leur confiant, chez eux, les charges les plus importantes ; il les avait fait admettre au sénat malgré l'usage établi, leur avait donné dans la Gaule des terres prises sur l'ennemi et de grandes sommes d'argent ; enfin, il les avait élevés de la pauvreté à l'opulence. Leur valeur ne les faisait pas moins chérir de l'armée qu'estimer de César : mais les bontés du général leur inspirèrent une arrogance folle et grossière ; ils méprisaient leurs compatriotes, retenaient la paye de leurs cavaliers, et détournaient à leur profit tout le butin. Ceux-ci, irrités de ces injustices, vinrent en corps s'en plaindre hautement à César : ils les accusèrent, en outre, de produire de faux états du nombre des cavaliers, et de s'en attribuer la solde.

LX. César écarta l'accusation ; il ne crut pas la circonstance favorable pour punir, et d'ailleurs il avait beaucoup d'égards pour leur valeur ; il se contenta de les reprendre en particulier de leur honteuse avarice ; il les avertit de compter bien plutôt sur son affection, et de juger de l'avenir par ses bienfaits passés. Cette affaire ne laissa point de leur attirer la haine et le mépris ; ils le comprirent aisément, tant par les reproches d'autrui que par ceux de leur propre conscience. Dans cette situation, la honte, et peut-être la crainte que leur châtiment ne fût que différé, les décida à nous quitter et à chercher une nouvelle fortune et d'autres alliances. Ils ne communiquèrent leur complot qu'à un petit nombre de gens de leur suite, et résolurent d'abord, comme on le sut par la suite, de tuer C. Volusenus, préfet de la cavalerie, afin de ne point venir vers Pompée sans lui apporter quelque gage de leur zèle. Mais l'occasion ne se présenta point ; l'entreprise parut trop difficile : ils se bornèrent à emprunter le plus d'argent possible, sous prétexte de restituer ce que l'on réclamait d'eux ; ils achetèrent un grand nombre de chevaux, et se rendirent au camp de Pompée avec leurs complices.

LXI. Leur naissance, leur brillant équipage, leur suite nombreuse, la quantité de chevaux qu'ils amenaient avec eux, la faveur dont César les avait honorés, leur réputation de courage, la nouveauté de l'événement, tout leur donnait de l'importance aux yeux de Pompée. Aussi il les promena dans tous les postes, et affecta de les montrer aux soldats ; car jusque-là on n'avait vu ni soldat ni cavalier déserter le parti de César, tandis que tous les jours il en arrivait à César du camp de Pompée, surtout parmi ceux qui avaient été tirés de l'Epire, de l'Etolie et des autres contrées que César avait soumises. Ces deux transfuges étaient instruits de tout ; ils connaissaient les parties de nos retranchements qui n'étaient pas achevées et celles que les gens de l'art jugeaient faibles, le moment favorable pour l'attaque, la distance des forts, la surveillance plus ou moins exacte selon le caractère ou le degré de zèle de chacun ; ils avaient tout redit à Pompée.

e.

MessagePosté: Sam 10 Fév, 2007 10:38
de Alexandre
Désolé, mais tout ce que cet épisode nous montre, c'est une illustration parmi tant d'autres de ce qui est le fond de ma conviction concernant ce qui a permis aux Romains de conquérir la Gaule - malgré une armée essentiellement conçue pour combattre des phalanges grecques :
L'aristocratie gauloise était à vendre !
Cela ne nous dit rien de l'autorité des druides qui, tout le monde l'aura remarqué, ne sont tout simplement pas mentionnés dans ce passage.

MessagePosté: Sam 10 Fév, 2007 11:42
de Sedullos
Salut à tous,

Ejds, merci pour le texte !

Tu dis : "... on voit mal un druide, meneur et diseur de morale..."

Cette obsession de la morale est un piège, hérité de la société bourgeoise du XIXe siècle. Un druide est l'intermédiaire entre les dieux et les hommes et comme l'a dit Fergus récemment un transmetteur d'un corpus sacré.

L'histoire des deux transfuges est dans l'antiquité d'une grande banalité, cf Polybe, Plutarque et al.

Alexandre a écrit :

"L'aristocratie gauloise était à vendre ! " Comme l'aristocratie romaine dans l'histoire de Jugurtha débarquant à Rome avec des coffres pleins d'or.
César reprendra ce topique à propos de Vercingétorix qui achète des partisans. La situation réelle a dû être un peu plus nuancée.

Arioviste comme Vercingétorix sont cruels, César est magnanime en faisant seulement couper les mains des guerriers d'Uxelludunon.

MessagePosté: Mer 14 Fév, 2007 13:48
de Sedullos
Ejds, je ne voudrais pas paraître pénible en te critiquant presque systématiquement, mais, je suis désolé, Henri Martin est un historien romantique du début du XIXe siècle, Goudineau le cite du point de vue historiographique.

Henri Martin n'est pas une source fiable.

La seule mention du "gorsed" gallois, importé récemment à l'époque sur le continent, par Lamartine et La Villemarqué, tout au moins le nom et l'idée rendent suspectes les données contenues dans ce passage.

Qu'il y ait eu des assemblées, c'est sûr.
Dire que que les Anciens les nommaient gorsed, j'y vois une contamination par le folkore néo-bardique gallois, à qui je ne conteste pas des qualités poétiques dont le contenu historique est à peu près nul pour tout ce qui ne relève pas de l'histoire galloise.

MessagePosté: Mer 14 Fév, 2007 15:24
de ejds
Désolé Sed, j'ai zapé le post précédent !

Henri Martin est un historien au sens large du terme car les passages suivants sont extraits de son Histoire de France en ... huit tomes. Ils permettent ainsi d’évaluer son auteur et son contenu.

Malheureusement, l’histoire ne se retrouve pas écrite simplement en regardant sous les sabots d’un cheval et encore moins en lui tirant les vers du nez. Excusables pour son époque, au contraire des auteurs contemporains, de grossières erreurs de langage, des inepties et des termes techniques inadaptés (collier d’or = torque…) lui sont reprochables. En revanche, le texte permet de visualiser un tableau vivant et relativement précis de son oeuvre. :?

Au contraire de L’organisation sacerdotale romaine et du sénat romain, quelques indications concernant la constitution des « sénats » gaulois, des nations, brenn, tiernn, rex… et autres gouvernants de tribus : :?

Henri Martin a écrit: HISTOIRE DE FRANCE
DEPUIS LES TEMPS LES PLUS RECULÉS JUSQU’EN 1789

Par Henri Martin, Tome I, 1837, Furne, Libraire-éditeur, quatrième édition 1854, pp. 40—42, pp. 44—46.


GAULE INDÉPENDANTE. .........................................[Av. J.-C.

MŒURS ET COUTUMES GAULOISES.

[…] La constitution de la famille sociale, de la tribu, n’offre pas autant d’obscurités que celle de la famille naturelle, grâce à la longue conservation du régime de la tribu chez les Gallois, chez les Irlandais, chez les Écossais, qui servent si bien à nous éclaircir les données insuffisantes des Grecs et des Latins. L’hérédité naturelle de la famille, demeurée dans ses vraies limites, n’a dégénérée ni en droit d’aînesse dans la famille 1, ni en hérédité artificielle du commandement politique de la tribu. Ce n’est point en vertu d’un prétendu droit personnel que le chef de tribu représente le père commun de la race ; il est l’élu temporaire ou viager des chefs de famille. Le chef de canton 2 et le chef de nation, quand il y a un chef suprême, ce qui n’est pas le cas le plus ordinaire, sont également électifs 3. le pouvoir des chefs de tous degrés est subordonné à l’autorité des anciens (henadouriaid) qui forment les sénats ou conseils permanents, et des assemblées extraordinaires du peuple (gorsed), appelés conseil armé, parce qu’elles se tiennent sous les armes. « D’après le rang et le droit primordial, disent les Triades, une nation est au-dessus d’un chef. » Il y a deux catégories de citoyens, de guerriers : le noble ou chevalier, et le simple homme libre 4. Quelle est l’origine de cette classe supérieure parmi les hommes libres? Le premier noble, n’est-ce pas le premier cavalier, l’homme qui a dompté et s’est approprié le cheval de guerre et qui s’est assuré ainsi la supériorité dans les combats? La noblesse, en Gaule, a dépassé ce premier degré. Le chevalier ou haut-homme n’est plus le simple cavalier : il a, dans l’ordre de bataille en usage, deux cavaliers subalternes attachés à sa personne, et sans doute équipés à ses frais. Ces écuyers peuvent devenir chevalier à leur tour, et ils se recrutent certainement eux-mêmes dans la masse des hommes libres combattants à pied. Il n’y a point là de caste fermée ni même héréditaire, au moins d’abord.

1. Le droit d’aînesse primitif, dans les tribus patriarcales, n’est qu’une suprématie morale, et non un avantage matériel.
2. Canton, en kimrique, cantref ; de cant, cent, et tref ou trev, village. — Chaque canton renfermait plusieurs clans ; chaque clan, plusieurs villages. — Chef de clan, khlan-kinnidh, en gaëlique ; pen-kenedl, en kimrique ; — chef de canton, tiern, teirn, en kimrique ; tiernakh, tighernakh, en gaëlique.
3. Chez les Écossais, le chef de tribu finit par se rendre héréditaire au moyen âge, probablement à l’imitation de la royauté, qui s’était féodalisée. Chez les Gallois, le chef de tribu resta électif ; le chef de canton devint héréditaire ; le chef de nation (bren’yn) n’était plus électif et n’était pas héréditaire ; il désignait son successeur dans sa famille ; mais il n’était pas devenu inviolable ; il pouvait être jugé et déposé par l’assemblée nationale (gorsed) ; jamais le principe de la responsabilité personnelle n’a souffert d’exception parmi les peuples gaulois. Le titre de roi, quand on le trouve parmi eux, n’emporte nullement l’idée d’une mystique inviolabilité. Le chef de nation (righ), de canton, de tribu, en Irlande, étant restés électifs ; mais on ne les prenait que dans certaines familles privilégiées, et on leur adjoignait un successeur désigné pour les empêcher de se rendre héréditaires.
4. Uasel en gaëlique, ukhel en kimrique, haut, élevé ; ukhel-our, haut-homme. Our, gour, en kimrique, ver, fer, en gaëlique, est le vir latin, le berht teutonique, le vira sanscrit. — markhok, markhek, chevalier. — Le chevalier s’appelait encore aour-torkhok, décoré du collier d’or (V. les poésies bardiques, passim). Le simple homme libre s’appelait, en langue kimrique, kymri-kymwynwal.

Si l’aspect convaincant de la brutalité s’impose dans la société gauloise, une autre facette bien connue en temps pré-électoral est, à la manière de Luernios, la distribution gratuite de promesses et surtout d’argent (particulièrement celui des autres). :shock:

[…] L’ordre patriarcal et naturel de la tribu et de la famille ne renferment pas toute la vie sociale des Gaulois ; il est un autre ordre volontaire et individuel, qui se combine avec le premier et le modifie : c’est le patronage (nawd, en gallois), système d’association dans lequel les liens du sang ne sont plus pour rien, et qui s’est formé sous des influences et dans des conditions très diverses, la recherche de l’appui des forts par les faibles dans une société de mœurs violentes, le goût des aventures et des expéditions au dehors, qui exige des groupements autour de chefs élus pour la guerre, enfin le dévouement passionné des jeunes guerriers pour le chevalier de renom qu’ils adoptent comme patron. Il y a dans chaque tribu, ou au moins dans chaque peuplade, plusieurs de ces derniers groupes, de ces amitiés, ainsi que les appelle Polybe, selon la belle expression grecque (εταιρεια). Le patronage a des degrés divers comme des origines diverses. Les clients, en général, soutiennent et défendent leur patron en échange de la protection qu’il leur donne ; mais il y a des dévoués qui s’attachent absolument à sa personne et ne font plus qu’un avec lui. Quand les chevaliers, les colliers d’or, s’asseyent autour de la table ronde, symbole de leur égalité, les écuyers (ceux qui portent les boucliers et ceux qui portent les épées, dit Posidonius) forment un second cercle autour du premier, et mangent en même temps que leurs patrons. Ils sont près d’eux à « la danse de l’épée » (Korol ar khleze) ; ils partagent toutes leurs fortunes. On voit parfois un héros fameux, au lieu de deux écuyers, réunir autour de lui des centaines de chevaliers, qui lui sont associés pour la vie et la mort, le sauvent ou meurent avec lui dans la bataille, ou s’entre-tuent sur son tombeau. Ces associations portent en langue gauloise le nom de fraternité (brodeurde), nom qui s’applique également aux alliances de tribus et de nations, quand elles sont contractées sur le pied de l’égalité et non sur celui de la clientèle 1.

Pour les républiques grecques et italiques, le principe essentiel, aux belles époques, est la vertu civique, l’attachement absolu du citoyen à l’État. Dans la société gauloise, les sentiments dominants sont l’honneur, c’est-à-dire l’estime exaltée de chacun pour sa personnalité, et le dévouement à l’homme qu’on s’est choisi pour chef et pour modèle.

1. Polyb. II, p. 106 ; Posid. Ap. Athen. IV, 13; La Villemarqué, Bardes bretons du sixième siècle, 1850, in-8. — " Paulò suprà hanc memoriam… clientes quos ab iis dilectos esse constabat, justis funeribus confectis, unà cremabantur " (Cæsar. VI). Nous avons indiqué les exploits des dévoués du brenn lorsqu’ils soutinrent la retraite à la bataille de Delphes. Il y a des exemples fameux de ces mêmes dévouements chez lez Euskes d’Aquitaine et d’Espagne. L’institution, commune aux deux races, était à un tel degré d’énergie chez les Euskes que le même mot, saldun, signifiait dans leur langue dévoué et chevalier (V. l’histoire des dévoués de Sertorius, ap. Romey, Hist. d’Espagne, t. I, p. 45-282 ; 1839). — les traditions irlandaises nous apprennent que les guerriers attachés à un chef déposaient leurs trophées et leurs armes en commun dans une maison voisine de l’habitation du chef. La résidence de Connor, righ ou prince d’Ulster, était située entre la « maison de douleur et d’angoisse », où l’on soignait les blessés, et la maison ou « toit de la branche rouge » (teagh na craoibhe ruadhe), arsenal et salle des trophées.

e.

MessagePosté: Mer 14 Fév, 2007 16:03
de Fergus
Wikipedia :
Henri Martin (20 février 1810 à Saint-Quentin - 14 décembre 1883 à Paris dans le quartier de Passy) est un historien et publiciste français.

En 1848, Carnot, ministre temporaire de l'Instruction Publique, charge Henri Martin d'enseigner l'histoire moderne à la Sorbonne. Compte tenu des évènements de l'époque, il ne remplit cette fonction que pendant six mois.

Il est maire du XVIe arrondissement de Paris en 1870 et de 1880 à 1883. Il est élu député de Paris en 1871 puis sénateur de l'Aisne en 1876. Il est élu membre de l'Académie des sciences morales et politiques en 1871 et de l'Académie française en 1878.


Ouvrages
Wolfthurm (1830)
La Vieille Fronde (1832)
Minuit et midi (1832)
Le Libelliste (1833)
Histoire de France (avec l'aide de Paul Lacroix alias le bibliophile Jacob) (1833-1836)
Histoire de la ville de Soissons (1837)
De la France, de son génie et de ses destinées (1847)
La monarchie au XVIIe siècle (1848)
Daniel Manin (1859)
L'Unité italienne et la France (1861)
Jean Reynaud. Pologne et Moscovie (1863)
Le 24 février (1864)
Vercingétorix (1865)
La Séparation de l'Église et de l'Éta (1865)
La Russie et l'Europe (1866)
Dieu dans l'histoire (1867)
Histoire de France populaire (1867-1875)
Études d'archéologie celtique (1871)
Les Napoléon et les frontières de France (1874)
Histoire de France depuis 1789 jusqu'à nos jours (1878-1885)

On peut penser que certains progrès ont été fait depuis cette époque, fortement contaminée par le romantisme et le nationalisme ambiants...

MessagePosté: Mer 14 Fév, 2007 22:55
de Sedullos
Fergus, je t'embrasse, en tout bien, tout honneur !

MessagePosté: Jeu 15 Fév, 2007 0:05
de ejds
Sedullos a écrit:Qu'il y ait eu des assemblées, c'est sûr.

Dire que que les Anciens les nommaient gorsed, j'y vois une contamination par le folkore néo-bardique gallois, à qui je ne conteste pas des qualités poétiques dont le contenu historique est à peu près nul pour tout ce qui ne relève pas de l'histoire galloise.

Au moins on voit que pour certains auteurs de l’époque romantique, à défaut de labourer le terrain de l’histoire en des sillons biens droits, s’appuyer sur les textes anciens qu’ils soient vrais ou faux, ne date pas d’aujourd’hui.

Stéphane a écrit:Auriez-vous une idée du nombre de druide(s) qu’il pouvait y avoir par peuple ? Dans la page spiritualité et mythologie de l’AC, on peut lire que le druide et le roi forment un équilibre.

Vouloir connaître la fonction exacte et le nombre de druides en Gaule semble relever de l’extrapolation et de la pure utopie mathématique : :?

Henri Martin a écrit:HISTOIRE DE FRANCE
DEPUIS LES TEMPS LES PLUS RECULÉS JUSQU’EN 1789
Par Henri Martin, Tome I, 1837, Furne, Libraire-éditeur, quatrième édition 1854, pp. 85—87 et p. 190.

LE MILIEU SACRÉ.

[...] La Gaule primitive avait eu, nous l’avons dit, son centre à Alésia : depuis la venue des Kimris, les druides, peut-être sous l’inspiration de Hu-Gadarn, sont parvenus à ménager une réconciliation et à nouer des relations fédérales entre les anciens et les nouveaux Gaulois, relations dans lesquelles sont entrés à leur tour les Kimris de la seconde invasion, les Belges : le centre religieux et politique a été transporté d’Alésia sur un point du territoire des Carnutes (pays Chartrain) déclaré par les druides le vrai milieu de la Gaule. C’est, à ce qu’il semble, une transaction entre les deux races. Alésia étant une ville purement gaëlique, les Carnutes sont une population mêlée de Gaëls et de Kimris, et se trouvent presque à égale distance des principales masses de part et d’autre.

« Là, chaque année, à un jour fixe, les druides se réunissent dans un lieu consacré ; tous ceux qui ont des procès s’y rassemblent et se soumettent aux arrêts de l’assemblée 1. » Ces procès, on le sent bien, ne sont pas des procès vulgaires ; ce sont les causes majeures, peut-être les appels des tribunaux druidiques locaux ; ce sont les différends des tribus et des nations. Les trois grandes confédérations des Gaëls, des Armoricains (Gallo-Kimris maritimes) et des Belges, confédérations qui embrasent presque toute la Gaule proprement dite, y comparaissent par leurs représentants, et rencontrent là une autorité conciliatrice de leurs querelles et supérieure aux vanités et aux rancunes de localités. Un ordre rigoureux est observé dans ces assises, comme dans toutes les assemblées publiques des Gaulois 2. Les druides ont recours à toutes les terreurs de la religion pour faire respecter leurs sentences par ces hommes indomptables. Ils ont des moyens de contrainte plus efficaces que la force matérielle. « Si quelqu’un, dit César, ou simple particulier, ou homme public, ne se rend pas à leur jugement, ils le frappent d’interdiction pour le sacrifice. Cette peine est chez eux de la dernière gravité. Ceux qui sont sous le coup d’un tel interdit sont rangés parmi les impies et les scélérats. Tout le monde se retire d’eux ; on fuit leur contact et leur parole, de peur de recevoir d’eux, par contagion, quelque mal. »

1. Cæsar. 1. VI, c. 13. — L’histoire des Galates ou Gaulois d’Asie nous apprend que ce Cromlekh, ou cercle de pierre central, s’appelait le Drynemeton (Drywneimheidh), le sanctuaire du chêne. v. Strab. XII, p. 667.
2. Les Gaulois avaient pris une certaine précaution contre leur propre turbulence. Si quelqu’un interrompait la discussion et s’obstinait à ne pas se taire, on lui coupait un grand morceau de sa saie (Strab. IV, p. 197). — Celui qui arrivait le dernier dans le conseil armé (l’assemblée convoquée pour aller en guerre) avait un sort plus tragique : il était mis à mort impitoyablement. Une mesure moins cruelle, mais non moins caractéristique, c’était l’amende à laquelle on se soumettait, dans une espèce de revue militaire, quiconque dépassait une certaine mesure d’embonpoint. César nous apprend qu’ils avaient une autre précaution contre les paniques et autres emportements populaires : quiconque apprenait une nouvelle importante du dehors était tenu de ne la communiquer qu’aux magistrats
.

Dans les beaux temps de la Gaule, l’esprit de justice, qui est comme la vertu essentielle du corps druidique, tempère les dangers de l’énorme puissance qui se manifeste par ces excommunications, mais on peut dire, avec un écrivain grec 1, que tant que cette institution est dans la plénitude de sa force, ce sont les druides qui règnent en Gaule, et que « les rois de la Gaule, sur leurs sièges d’or et au milieu de leurs somptueux festins, ne sont que les ministres et serviteurs des commandements de leurs prêtres. »

1. Dion. Chrysostom. Orat. 49.

PRINCIPE ÉLECTIF.

Le terme de rois (ϐασιλεῦς), employé par cet orateur grec d’un âge postérieur, ne doit pas faire croire que les Gaules soient constituées en monarchies : rois ici signifie que chefs de nations, à un titre et sous des conditions quelconques. Bien que, dans cette grande variété de populations et de climats, il y ait des formes de pouvoirs très-diverses, et qu’on puisse citer des exemples de chefs transmettant leur autorité à leurs fils, c’est là l’exception ; le principe électif, âme du druidisme et naturelle émanation du génie gaulois, qui repousse la fatalité héréditaire comme toute fatalité, prédomine généralement. L’esprit d’indépendance et de rivalité des bandes guerrières, des tribus et des nation entre elles, ne permet pas davantage qu’il s’établisse de dynasties dans les clans, dans les nations ni dans les confédérations. Jamais surtout l’idée d’un pouvoir irresponsable n’eût pu entrer dans une tête gauloise. Le régime le plus ordinaire des nations gauloises est l’élection annuelle d’un chef civil et d’un chef militaire par le peuple 1, division du pouvoir très remarquable et qui indique un ordre d’idées tout à fait différent de celui des Romains. Quant aux confédérations, elles élisent, en cas d’action commune, un suprême chef de guerre, qui ne commande que tant que dure l’action. Il y a partout des conseils, des sénats composés des notables des divers cantons, par conséquent quelque chose qui dépasse la cité grecque ou romaine, dans le sens du gouvernement représentatif.

En résumé, le caractère politique essentiel de la société gauloise, à l’époque de son plus large développement, c’est une théorie toute nationale et patriotique, comme celle des Juifs, dominant moralement une démocratie fédérative, de laquelle s’est dégagée une aristocratie mobile et ouverte, fondée sur l’héroïsme guerrier. L’hérédité, ailleurs que dans la famille, n’apparaît que par accident ; l’élection, le mouvement est partout.

Nous avons vu ce qui manque en principe à la théologie si élevée des druides : nous allons voir ce qui manque en fait à la société qu’ils gouvernent et ce qui amènera sa décadence.

1. C’est là ce qui avait lieu anciennement (τὁ παλιὁν), dit Strabon, IV, p. 197. On sait de quel poids est le témoignage de cet illustre géographe, si instruit des choses de la Gaule.

Comment se règlent la politique, les grands procès ou conflits ? Les trois visages de la société, l’organisation complexe et primitive tripartite, trinaire ou tricéphale de chaque nation gauloise et la domination spirituelle du corps druidique sur le corps dirigeant civil ou militaire connaîtra ses avantages et inconvénients au niveau tribal, mais surtout ses limites et ses contraintes dans sa mosaïque de nations : :?

GAULE INDÉPENDANTE

[...] « Durant huit années de guerre, dit Plutarque, César avait forcé plus de 800 villes, subjugué trois cent nations, vaincu trois millions de combattants, dont un million avait péri sur les champs de bataille et un million étaient réduits en esclavage 2. »

2. Plutarch. In Cœsare. On sent qu’il ne faut pas prendre tout à fait au pied de la lettre les chiffres de Plutarque, qui exprime ici l’impression traditionnelle plus que le fait réel.

e.

MessagePosté: Jeu 15 Fév, 2007 12:45
de Fergus
Quelle est cette obsession, ejds, à vouloir citer Henri Martin ? Tu as récemment joué au Monopoly ?

MessagePosté: Jeu 15 Fév, 2007 13:44
de Pierre
Image

Dis ejds,

Ils sont pas frais tes textes :lol: :lol: :lol:

@+Cétautomatix

MessagePosté: Jeu 15 Fév, 2007 19:13
de gaelwen
Alexandre
"Qu'est-ce qu'un druide ? Vaste question !
On peut évidemment te renvoyer aux auteurs anciens qui ont traité la question... Mais à grands traits, c'est l'illustration celtique, à l'époque de l'Antiquité classique, du personnage social incarné tantôt par un prêtre, tantôt par un sorcier, tantôt par un chamane.
Ces trois catégories se recoupent toujours en partie, et à partir de là, compte tenu de la relativement faible documentation dont nous disposons, il est difficile de dire s'ils étaient surtout prêtres, surtout sorciers ou surtout chamanes, d'autant qu'à leur hiérarchie se superposaient manifestement des spécialisations.
Dans le cas du barde, qui - cela a été évoqué dans un autre passage du forum - n'est jamais que la spécialité du druide dévoué au chant, on peut l'imaginer comme un prêtre, déclamant des prières aux dieux sous forme de chants réputés immuables. Mais précisément, ils sont réputés immuables de par leur caractère magique : ils contribuent à l'immuabilité du monde et l'empêchent de sombrer dans le chaos. Toute altération pourrait avoir des répercussions négatives imprévisibles. En conséquence, un barde est aussi un sorcier.

Et on pourrait encore développer..."


GUYONVARC'H et LE ROUX (que Patrice n'aime pas) récapitulent in 'La civilisation celtique' (page 201) :

"DRUIDE (gaulois *druis, irlandais drui) terme général appliqué indistinctement à tous les membres de la classe sacerdotale sans considération de spécialisation. Tout druide quel qu'il soit a le droit de pratiquer le sacrifice.

BARDE (gaulois bardos, irlandais bard, gallois bardd, breton barzh) "poète" ayant pour spécialité la poésie parlée (et surtout chantée) exprimant la louange et le blâme. Il a été supplanté en Irlande par le file ou "voyant", à l'origine un devin qui avait la satire et la magie dans ses attributions.

VATE (gaulois vatis, irlandais faith) "devin" ayant la charge de toutes les apllications pratiques du culte, en particulier la prédiction et la divination. Le médecin est normalement un vate. Il a en charge toute la partie "pratique", liturgique et rituelle de la religion."

J'avoue ne pas connaître cette dernière catégorie.

MessagePosté: Jeu 15 Fév, 2007 20:16
de Patrice
Salut,

que Patrice n'aime pas


Si si, j'aime bien. J'ai simplement souligné quelques erreurs.

A+

Patrice

MessagePosté: Jeu 15 Fév, 2007 21:12
de gaelwen
Tu disais à propos de Jean-Louis BRUNEAUX :
"On l'aura deviné, ce livre est essentiellement un charge contre celui de Christian Guyonvarc'h et Françoise Le Roux. Je n'ai jamais aimé ces deux auteurs"...

Je t'ai eu ... :lol: