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Saint-Symphorien de Paule et Loconan en Trébrivan

MessagePosté: Mar 25 Déc, 2007 18:40
de André-Yves Bourgès
Bonsoir à tous et joyeux Noël !

Patrice a écrit par le passé :

Je profite de ce message pour poster sur le forum une question que je t'ai envoyée par e-mail mais qui mérite peut-être de faire l'objet d'un débat ( ??? ).
La Chronique de Saint-Maixent éditée et traduite par Jean Verdon, 1979, Paris, Les Belles Lettres, signale:
Le 5 des nones de mars [1118] l'église de Saint-Symphorien fut consacrée par Robert, évêque de Quimper [Corisopatum].

Y a-t-il une église Saint-Symphorien à Quimper ou bien y a-t-il une chance pour qu'il s'agisse de la Saint-Symphorien de Paule?


et encore :

Bon, ceci veut donc dire qu'au IXe siècle, des moines de Redon inventent "Corisopitum".
Et qu'au XIIIe siècle, un autre moine, à Saint-Maixent, qui a accès à des sources bretonnes et qui surtout, adore les archaïsmes géographiques, reprend cet invention à son compte et place le très réel évêque de Quimper Robert sur le siège de Corisopitum.

Ceci n'empêche pas que ce Robert à dédicacé en 1118 une église sous le vocable de Saint-Symphorien. Quelle peut donc être cette église? Il n'y en a pas 36 dans l'ancien diocèse de Cornouaille. Moi je ne vois que Paule...


Je suis assez tenté de suivre cette dernière opinion (quant à Corisopitum, il s'agit d'un faux débat qui a déjà fait couler beaucoup d'encre et sur lequel je ne crois pas utile de revenir ici).

Au demeurant, on ne peut inférer de la note du chroniqueur l'absence de sanctuaire antérieur dédié localement à Saint-Symphorien (ou Saint-Ciferian) : une reconstruction après la période un peu troublée des incursions scandinaves aurait obligé de toutes façons à une nouvelle consécration, sans parler d'un éventuel changement de statut de ce sanctuaire.

En outre, l'importance relative mais incontestable du site de Saint-Symphorien a pu s'inscrire dans la longue durée, de l'Antiquité au Moyen Âge.

J'ai proposé dans un travail intitulé "Robert d'Arbrissel, Raoul de la Fûtaie et Robert de *Locunan : la trinité érémitique bretonne de la fin du 11e siècle", Britannia monastica, n°10 (2006), p. 9-19. de reconnaître dans le toponyme associé à l'évêque Robert le nom du village de Loconan en Trébrivan, dans les parages immédiats de Carhaix.

Le catalogue épiscopal qui figure dans le cartulaire du lieu [Quimper], compilé au XIVe siècle, a été enrichi en 1417 d’une addition qui fait explicitement référence à la carrière érémitique de Robert et à la localisation de l’endroit où il s’était établi (Robertus episcopus qui fuit heremita apud Locuuan) ; mais la lecture du toponyme concerné a donné lieu à bien des discussions, dont l’enjeu dépasse la simple satisfaction érudite.

Il n’y aurait d’ailleurs pas lieu de revenir sur la lecture la plus récente et la plus assurée, Locuuan, si celle-ci ne posait pas plus de problèmes qu’elle n’en résout : c’est ainsi que Gildas Bernier avait proposé d’y voir le doublet en loc- du nom de la paroisse de Pluguffan ; tout récemment, Joëlle Quaghebeur a émis l’hypothèse qu’il pouvait s’agir de Loc-Amand, en Fouesnant. Pour mémoire, rappelons qu’Albert Le Grand avait identifié l’ermitage de Robert avec Locronan, hypothèse qui s’est révélée la plus durable et que l’on retrouve encore dans les ouvrages de Jean-Marc Bienvenu et Jacques Dalarun déjà cités ; cependant cette identification doit être rejetée avec vigueur.

En fait, il faut, comme c’est souvent le cas, élargir la problématique pour permettre de trouver un début de solution. Si le toponyme transcrit en face du nom de Robert dans le catalogue épiscopal doit effectivement être lu Locuuan, ce que personne ne conteste, il faut également constater que la source de cette transcription demeure inconnue. Or, il y a fort à parier que l’interpolateur a travaillé d’après une source écrite et d’accès restreint ; car s’il s’était agi d’une source orale et déjà largement diffusée au début du XVe siècle, nous ne serions pas aujourd’hui encore dans l’ignorance de la localisation précise de l’ermitage de Robert. Compte tenu de l’habituelle confusion entre n et u dont ont souvent été victimes les scribes du bas Moyen Âge à l’occasion de la transcription de pièces plus anciennes, il est possible de restituer la forme du toponyme qui nous intéresse en *Locunan, aujourd’hui le nom de lieu Loconan, en Trébrivan (Côtes d’Armor), où s’élève une chapelle dédiée à Notre-Dame de la Clarté, monument tardif comme c’est bien souvent le cas, mais qui a peut-être succédé à un édifice plus ancien. Dans la vallée située en contrebas du Minez-Loconan (la « montagne de Loconan »), se trouve un endroit idéal pour se retirer du « monde », car véritable « désert » au sens religieux du terme : le souvenir en est conservé par le toponyme le Nézert, qui est généralement associé à un ermitage de l’époque médiévale ; mais ce type de « solitude » s’accommodait en général assez bien d’un passage continuel à proximité, comme c’était le cas dans la haute vallée de l’Hyères.


Bien cordialement,

André-Yves Bourgès

Re: Saint-Symphorien de Paule et Loconan en Trébrivan

MessagePosté: Mer 26 Déc, 2007 19:39
de Muskull
André-Yves Bourgès a écrit: Dans la vallée située en contrebas du Minez-Loconan (la « montagne de Loconan »), se trouve un endroit idéal pour se retirer du « monde », car véritable « désert » au sens religieux du terme : le souvenir en est conservé par le toponyme le Nézert, qui est généralement associé à un ermitage de l’époque médiévale ; mais ce type de « solitude » s’accommodait en général assez bien d’un passage continuel à proximité, comme c’était le cas dans la haute vallée de l’Hyères.
André-Yves Bourgès

Bonjour André-Yves,
Cette phrase m'interpelle car un "vrai" ascète ne choisirait pas un lieu passant, ne comptant que sur la générosité divine pour sa subsistance.
Je viens de lire la vie de Dhul Nûn l'égyptien: citations et faits de vie rapportées par Ibn Arabî, qui parfois montre ce que pouvait être l'érémitisme des "Pères du désert" plus anciens.
Un exemple breton: Si la chapelle et la source de saint Korentin (près de Plomodiern-Finistère) correspond bien à son ancienne retraite, elles sont bien éloignées de la route principale qui reliait Quimper à Brest en ces temps.
N'y a-t-il pas là une forme de pensée logique qui veut qu'un ermite doit manger comme tout un chacun et donc bénéficier de la charité publique ?

Pour moi, lorsque tu écris "en général" dans la phrase précitée, il y aurait comme une généralité dans l'érémitisme breton d'une certaine "exhibition" qui peut être relié à la tendance missionnaire de la nouvelle foi.
Je me trompe ?

Re: Saint-Symphorien de Paule et Loconan en Trébrivan

MessagePosté: Mer 26 Déc, 2007 20:16
de André-Yves Bourgès
Muskull a écrit:Un exemple breton: Si la chapelle et la source de saint Korentin (près de Plomodiern-Finistère) correspond bien à son ancienne retraite, elles sont bien éloignées de la route principale qui reliait Quimper à Brest en ces temps.
N'y a-t-il pas là une forme de pensée logique qui veut qu'un ermite doit manger comme tout un chacun et donc bénéficier de la charité publique ?

Pour moi, lorsque tu écris "en général" dans la phrase précitée, il y aurait comme une généralité dans l'érémitisme breton d'une certaine "exhibition" qui peut être relié à la tendance missionnaire de la nouvelle foi.
Je me trompe ?


Oh là, cher Muskull ! je ne savais qu'il y avait tant de sous-entendus dans mon petit texte.
En ce qui concerne saint Corentin, nous ne savons de lui que ce que les hagiographes successifs qui ont produit les différentes pièces de son dossier littéraire, aux XIIe-XIIIe siècles, nous ont transmis. Or, c'est l'époque où le modèle érémitique a connu, notamment en Bretagne, un incontestable succès, dont nous ne sommes pas aussi sûrs en ce qui concerne les périodes antérieures. J'ai traité une partie de ce dossier hagiographique dans un article : « A propos de la vita de saint Corentin », Bulletin de la Société archéologique du Finistère , t. 127 (1998), p. 291-303.
Quant à la localisation des ermitages dans des endroits tout à la fois retirés et cependant point trop éloignés des lieux de passage et de peuplement, je fais simplement un constat. La question de la "forêt-désert" est assez complexe ; l'exemple breton retenu par J. Le Goff, celui de saint Ronan, est à cet égard particulièrement intéressant quand on l'étudie de plus près : l'hagiographe, qui est le même que celui du sermo sur Corentin (et qui était tout à la fois un évêque et très probablement un ermite, ce qui nous renvoie bien sûr à Robert de *Loconan), nous montre le saint se rendant à la demeure royale que tout conduit désormais à identifier avec l'enceinte dite Salou, sise en Locronan. Ainsi la solitude de la forêt de Nemet/Nevet au temps de l'existence supposée de Ronan ressemblerait plutôt à celle de la moderne résidence des présidents de la République dans la forêt de Rambouillet...

Bien cordialement,

André-Yves Bourgès

Re: Saint-Symphorien de Paule et Loconan en Trébrivan

MessagePosté: Mer 26 Déc, 2007 20:48
de Muskull
André-Yves Bourgès a écrit:Oh là, cher Muskull ! je ne savais qu'il y avait tant de sous-entendus dans mon petit texte.
André-Yves Bourgès

Cher André-Yves, ce ne sont pas tant des sous-entendus car ils sont sens en ton écriture et ils me "titillaient" depuis trois jours. :)
Ce devient hors propos mais je travaille ma manière poétique en rapport avec les "Fous de Dieu" d'Orient et d'occident et, si, si, en ta manière de dire, il y avait des moins "fous" établis près des routes passantes. :wink:
Merci pour ton travail et ta présence sur l'arbre. :)

MessagePosté: Mer 26 Déc, 2007 23:12
de Marc'heg an Avel
Salut à tous les deux,

Existe t-il une étude de carte de routes anciennes pour le Finistère en général, et ce secteur en particulier, du type qui existe faite par Frotier de la Messelière pour les CdN ?

Une carte IGN risquerait de ne pas être suffisamment claire (dépouillée) ni synthétique de cette question.

Je vais voir de mon côté si je peux retrouver les travaux d'études d'Emile GUYOMARD.

JCE :)

MessagePosté: Jeu 27 Déc, 2007 0:08
de André-Yves Bourgès
Bonsoir JCE,

Voir quelques indications et (courte) bibliographie en cliquant sur le lien suivant :
http://www.poher.com/upload/agenda374contenu4554.pdf

Bien cordialement,

André-Yves Bourgès

MessagePosté: Ven 11 Jan, 2008 20:48
de Patrice
Salut,

Pour répondre à la lassitude d'André-Yves et revenir à saint Symphorien, il me semble que la seule solution pour localiser cette église mentionnée dans la chronique, serait de rechercher quelles sont les églises dont Symphorien est le patron dans le diocèse de Quimper.

Que dit la Gallia Christiana à ce sujet, par exemple?

J'avoue être maintenant déconnecté depuis longtemps de ce genre de sujet et commencer à m'y perdre un peu...

A+

Patrice

MessagePosté: Ven 11 Jan, 2008 21:22
de André-Yves Bourgès
Bonsoir Patrice,

et merci de cette marque d'intérêt.

La méthodologie suggérée me paraît être la bonne !

On en reparle.

Bien cordialement,

André-Yves Bourgès

MessagePosté: Ven 11 Jan, 2008 21:42
de André-Yves Bourgès
Rebonsoir,

A. Chédeville [dans Chédeville et Guillotel, La Bretagne des saints et des rois], qui reprend les travaux de Mesnard, "Le culte de saint Symphorien en Bretagne" MSECDN (1954) et de Souillet, "Saint Symphorien dans la toponymie" AB (1959), donne (p. 117) une carte du culte de saint Symphorien en Bretagne, qui nous montre plusieurs chapelles dédiées au saint (dont celle de Paule), mais aucune église paroissiale dans l'ancien diocèse de Quimper.

A plus tard.

Bien cordialement,

André-Yves Bourgès

MessagePosté: Ven 11 Jan, 2008 22:49
de Marc'heg an Avel
Bonsoir,

Deux auteurs connus en Bretagne, en effet, ont parlé de Paule :

- Bernard Tanguy, qui attribue l'église de Paule à saint Pol (de Léon). Je pense qu'il a eu le temps, depuis, de revoir son argument.

- André Chedeville, à propos des lieux dédiés à St Symphorien.

Un point commun à tous les deux : ils se demandent POURQUOI saint Symphorien à Paule ?

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Je rappelle tout simplement qu'il existe en Vendée un Saint-Symphorien, où se trouve un aqueduc romain, et un Saint-Symphorien, en baie du Mont St Michel, qui se trouve à la source d'un ruisseau, entre deux mégalithes.

Apparemment, il n'y a qu'à moi que celà semble clair comme de l'eau de roche.

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Pour Trébrivan, il faudrait tout simplement voir à quel 'plou' d'origine il se rattache.

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J'ai essayé de faire un extrait du texte donné en lien ci-dessus à propos de l'importance du chantier de la ville de Carhaix et de son aqueduc. Le texte est en format PDF !!!!!!! :twisted: :twisted: :twisted:

Je répète donc ma question : elle passe par où, la route de Vannes à Carhaix. ?

Est-ce si difficile de reconnaître et de dire qu'elle passe à Saint-Symphorien, en Paule, à la source de l'aqueduc de Carhaix, et que la première motte féodale en aval s'appelle Brécillien / Bressillien ?

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En toute chevalerie.

JCE :wink:

MessagePosté: Sam 12 Jan, 2008 0:41
de André-Yves Bourgès
Bonsoir à tous, bonsoir JCE,

mon interrogation concerne la dédicace de l'église Saint-Symphorien par l'évêque Robert en 1118 : comme Patrice, dont je rappelais les messages plus anciens, je suis très tenté d'identifier cette église avec le chef-lieu paroissial de Paule, avant que celui-ci ne soit déplacé au bourg actuel, lequel, comme l'écrit B. Tanguy, n'a fourni "aucun vestige archéologique".

La dédicace de 1118 n'est d'ailleurs pas exclusive de l'existence de sanctuaire antérieur dédié à Saint-Symphorien (ou Saint-Ciferian) : en effet, comme je l'ai dit plus haut, une reconstruction après la période troublée des incursions scandinaves aurait de toutes façons obligé à une nouvelle consécration, sans parler d'un éventuel changement de statut de ce sanctuaire. C'est cette seconde hypothèse que je privilégie et la dédicace de 1118 pourrait marquer l'érection de Saint-Symphorien en église paroissiale et le détachement de son territoire paroissial de celui de Plévin. Le passage de la route de Carhaix à Vannes constituait incontestablement un atout pour la nouvelle paroisse.

Que l'ermitage de Robert, futur évêque de Quimper, fût situé dans les mêmes parages, à Loconan en Trébrivan, est un élément d'autant plus intéressant qu'il faut peut-être le mettre en relation avec les possessions locales de l'abbaye quimpéroise de Locmaria : cette dernière était nécessairement bien connue du prélat, en vertu de la proximité du monastère et du siège épiscopal et des relations entre l’un et l’autre : peut-être même lui était-elle familière depuis l’époque où Robert avait été ermite, car l’abbaye était alors possessionnée à Quelen-Locarn, non loin de Trébrivan. Le prélat est sans doute à l’origine du rattachement en 1124 à l’abbaye Saint-Sulpice-des-Bois du monastère de Locmaria. En tout état de cause, Robert, cette année là, a confirmé la donation effectuée par Conan III de la communauté quimpéroise à l’établissement rennais.

Comme dans le cas de la "paroisse de Chaer", je suis fasciné par la longue continuité du site de Saint-Symphorien depuis l'Antiquité jusqu'au Moyen Âge. En revanche, je suis peu sensible aux comparaisons avec les autres sites portant le nom de Saint-Symphorien.

De même, je suis obligé de rectifier l'interprétation des propos de B. Tanguy au sujet de Paule : ce chercheur se contente de dire que le nom de Paule et ses formes anciennes renvoient à un anthroponyme Paul, peut-être un hagionyme, sans pouvoir conclure formellement qu'on ait affaire ici à saint Paul Aurélien.

Bien cordialement,

André-Yves Bourgès

MessagePosté: Sam 12 Jan, 2008 15:57
de Marc'heg an Avel
Salut à tous, et à André-Yves.

Comme l'a laissé comprendre quelqu'un sur un autre fil, beaucoup ne pourront intervenir ici "faute de billes".

C'est vrai que plus on analyse, plus on va vers le détail, et plus il faut avoir d'informations locales.

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Donc, observons, en chronologie :

- 1118 : " ... dédicace de 1118 pourrait marquer l'érection de Saint-Symphorien en église paroissiale et le détachement de son territoire paroissial de celui de Plévin".

- 1124 : " ... Le prélat est sans doute à l’origine du rattachement en 1124 à l’abbaye Saint-Sulpice-des-Bois du monastère de Locmaria. En tout état de cause, Robert, cette année là, a confirmé la donation effectuée par Conan III de la communauté quimpéroise à l’établissement rennais..."

- 1230 environ : " ... introduction de Brocéliande dans le corpus des ouvrages de la légende arthurienne ..."

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Dont acte !

Le 'paquet' Saint-Symphorien de Paule, en lisière nord duquel se trouve Brécillien, sur le ruisseau principal qui alimente l'aqueduc romain de Carhaix, passe d'une communauté religieuse cornouaillaise à une communauté religieuse rennaise, un siècle avant l'introduction de Brocéliande dans le corpus arthurien.

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Quant au culte de saint Symphorien aux fontaines et aux sources, celà tient tout simplement aux conditions de son martyre : décapité près d'une fontaine externe à la ville d'Autun, fontaine dédiée à Cybèle, la déesse mère de Rome, qu'il avait insultée lors d'une procession. 21 août : premier jour du signe du Lion, animal totémique de Cybèle.

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**** Edité par Pierre ****
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Le plou de Plouguer : Plouguer & Carhaix, Treffrin, Trébrivan & le Moustoir, Maël-Carhaix ( < *metle > Mezle)

Bon week-end

JCE :wink:

MessagePosté: Sam 12 Jan, 2008 16:58
de Muskull
Bonjour,
Tout ce que j'ai déniché comme "billes" c'est deux statues en bois polychrome de St Symphorien dans des chapelles proches de Quimper à St Yvi et Edern. :?

Mais à défaut de réponse intéressante j'ai une question. :oops:
Comment se transmet l'attachement à un saint particulier ? Les congrégations monacales, au travers des grandes familles ayant fait un voeu au saint et faisant une dotation, les Compagnons artisans ?
Les "hommages" à St Symphorien sont plus nombreux en Lyonnaise mais aussi en Champagne, en Vendée ; j'ai cru discerner une dissémination le long des grandes voies de communication (une église aussi sur une rupture de charge entre Rhône et Loire)... :?

Le martyr de St Symphorien d'Ingres
Image

MessagePosté: Sam 12 Jan, 2008 17:00
de Pierre
Désolé Jean-Claude,


Je me suis permis d'éditer ton message pour des raisons de sécurité :wink:

(cf: mon message privé)

MessagePosté: Sam 12 Jan, 2008 17:57
de André-Yves Bourgès
Bonjour,

@ JEC

Relativement à saint Symphorien et à son dossier littéraire, je renvoie aux références que j'ai données sur un autre fil de discussion :

Voir le dossier hagiographique de saint Symphorien dans les Acta Sanctorum, Aug. , IV, p. 491-498 :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6 ... pagination

Le texte de la vita/passio se trouve p. 496-497 et la mention explicite et redondante du culte de Berecynthia au § 3 (p. 496).


@ Muskull

Question bien embarrassante, qui appelle de toutes façons des réponses multiples et diverses : pour chaque culte rendu à un saint, il faut procéder à l'examen de ses origines et de son développement. Le travail est colossal, même si naturellement beaucoup a déjà été fait, en particulier pour ce qui concerne les "grands" saints (famille et apôtres du Christ par exemple) ; mais il reste beaucoup à faire et dans certains cas à "défaire", parce que le traitement antérieur de certains dossiers laisse beaucoup à désirer (ex. avec les saints bretons).

Le cas de saint Symphorien en Bretagne me semble intéressant à plus d'un titre : le culte qui lui était rendu à Nantes, Rennes et Vannes a pu être encouragé à partir de Tours dont l'évêque Perpetuus (+ 491) était à la fois en contact avec les titulaires de ces trois sièges épiscopaux et avec Eufronius, évêque d'Autun, lui-même contemporain de la rédaction de la vita/passio de saint Symphorien. Quant à son culte dans la partie ouest de la péninsule, et surtout en Cornouaille, il faut peut-être y voir effectivement le résultat de la substitution tardive (après le Xe siècle), d'un obscur saint Ciferian par saint Symphorien : en tout cas, la cloche de saint Symphorien s'apparente nettement aux autres cloches des saints d'origine celtique comme Paul Aurélien, Goulven et Meriadec...

On en reparle.

Bien cordialement,

André-Yves Bourgès