Le Saint Coran a écrit: SOURATE XVIII. LA CAVERNE 1Donnée à Médine. 110 versets.
Au nom de Dieu clément et miséricordieux. 8 As-tu fait attention que l'histoire des compagnons de la Caverne et d'Al-Rakim
3 est un de nos signes et une chose extraordinaire ?
1. Cette sourate est intitulée la Caverne, parce qu’il y est question de la caverne des Sept-Dormants. Voy. Verset 8.
3. On n'est pas d'accord sur la signification du mot Rakim. Les uns croient que c'est le nom du chien des Sept-Dormants, d'autres que c'est le nom d'une table sur laquelle étaient inscrits les noms des hommes qui s'étaient retirés dans la caverne.9 Lorsque ces jeunes gens s'y furent retirés, ils s'écrièrent : Seigneur ! accorde-nous ta miséricorde, et assure-nous la droiture dans notre conduite.
10 Nous avons frappé leurs oreilles de surdité dans la caverne pendant un certain nombre d'années.
11 Nous les réveillâmes ensuite pour voir qui d'entre eux saurait mieux compter le temps qu'ils y étaient restés.
12 Nous te racontons leur histoire en toute vérité. C'étaient des jeunes gens qui croyaient en Dieu, et auxquels nous avions ajouté encore des moyens de suivre la droite voie.
13 Nous fortifiâmes leurs cœurs, lorsque,
amenés devant le prince 1, ils se levèrent et dirent : Notre Maître est le maître des cieux et de la terre ; nous n'invoquons point d'autre Dieu que lui, autrement nous commettrions un crime.
1. Les Sept-Dormants dont il est question ici devaient être des jeunes gens de bonne famille d’Ephèse, sous le règne de l’empereur Decius que les commentateurs, appellent à tort Decianus. 14 Nos concitoyens adorent d'autres divinités que Dieu ; peuvent-ils nous montrer une preuve évidente en faveur de leur culte ? Et qui est plus coupable que celui qui a forgé un mensonge sur le compte de Dieu ?
15 Ils se dirent alors l'un à l'autre : Si vous les quittiez, ainsi que les idoles qu'ils adorent à côté de Dieu, et si vous vous retiriez dans une caverne, Dieu vous accorderait sa grâce et disposerait vos affaires pour le mieux.
16 Tu aurais vu le soleil, quand il se levait, passer à droite de l'entrée de la caverne, et, quand il se couchait, s'en éloigner à gauche ; et ils se trouvaient dans un endroit spacieux de la caverne. C'est un des signes de Dieu. Celui-là est bien dirigé que Dieu dirige ; mais celui que Dieu égare, on ne saurait lui trouver ni patron ni guide.
17 Tu aurais cru qu'ils veillaient, et cependant ils dormaient ; nous les retournions tantôt à droite et tantôt à gauche ; et leur chien était couché, les pattes étendues, à l'entrée de la caverne. Si, arrivé à l'improviste, tu les avais vus dans cet état, tu t'en serais détourné et enfui ; tu aurais été transi de frayeur.
18 Nous les éveillâmes ensuite, afin qu'ils s'interrogeassent mutuellement. L'un d'entre eux demanda : Combien de temps êtes-vous restés ici ? — Un jour, répondit l'autre, ou une partie seulement de la journée. — Dieu sait mieux que personne, reprirent les autres, le temps que vous avez passé ici
1. Envoyez quelqu'un d'entre vous avec cet argent à la ville ; qu'il s'adresse à celui qui aura les meilleurs aliments, qu'il vous en apporte pour votre nourriture, mais qu'il se comporte avec civilité, et ne découvre à personne votre retraite.
19 Car si les habitants en avaient connaissance, ils vous lapideraient, ou bien vous forceraient à embrasser leur croyance. Vous ne pourriez plus être heureux, jamais
2.
20 Nous avons fait connaître à leurs concitoyens leur aventure, afin qu'ils apprissent que les promesses de Dieu sont véritables, et qu'il n'y a point de doute sur la venue de l'heure. Leurs concitoyens disputaient à leur sujet. Elevons un édifice au-dessus
de la caverne. Dieu connaît mieux que personne la vérité à leur égard. Ceux dont l'avis l'emporta dans leur affaire dirent : Nous y élèverons une chapelle.
21 On disputera sur leur nombre. Tel dira : Ils étaient trois ; leur chien était le quatrième. Tel autre dira : Ils étaient cinq, et leur chien était le sixième. On scrutera le mystère. Tel dira : Ils étaient sept, et leur chien était le huitième. Dis : Dieu sait mieux que personne combien ils étaient. Il n'y a qu'un petit nombre qui le sait.
22 Aussi ne dispute point à ce sujet, si ce n'est pour la forme, et ne demande point
(à aucun chrétien) des avis à cet égard.
23 Ne dis jamais : Je ferai telle chose demain, sans ajouter : Si c'est la volonté de Dieu. Souviens-toi de Dieu, si tu viens à l'oublier, et dis : Peut-être Dieu me dirigera-t-il vers la vraie connaissance de cette aventure
3.
24 Ces jeunes gens demeurèrent dans leur caverne trois cents ans, plus neuf.
25 Dis : Dieu sait mieux que personne combien de temps ils y demeurèrent ; les secrets des cieux et de la terre lui appartiennent ; oh qu'il voit bien ! oh! qu'il entend bien! Les hommes n'ont point d'autre patron que lui ; Dieu n'associe personne dans ses arrêts.
1. Toutes les fois que dans le Coran une personne pose une question à ses compagnons, au lieu d’employer le pronom nous, elle parle à la seconde personne du pluriel, bien qu’elle fasse partie de la troupe.
2. C’est-à-dire : c’en serait fait du salut de vos âmes.
3. Mahomet, questionné par les juifs au sujet des Sept-Dormants, leur promit de leur répondre le lendemain. Il oublia d'ajouter : S'il plaît à Dieu. En punition de cet oubli, la révélation se fit attendre quelques jours.J. de Bonnot a écrit:AVANT-PROPOS À NOTRE ÉDITION DU CORAN
« Tout chrétien érudit se doit de connaître ce livre plein de grandeur et de sagesse. » C’est ainsi que Monseigneur Giuseppe Falzacappa, conseiller particulier de S.S. Pie XII, interprétait la pensée chrétienne vis-à-vis du livre saint de l’Islam. Et c’est aussi dans cet esprit que nous avons entrepris notre édition dans la version d’Albin de Biberstein Kazimirski, archéologue et interprète officiel de la légation française en Perse. Dans cette traduction, considérée inégalée par de grands érudits islamistes, les mots laissés en italique correspondent à des passages ou des expressions dont la signification ne fait pas l’unanimité des traducteurs. […]
Le Saint Coran, traduction et notes par Albin de Biberstein Kazimirski,
Éditions Jean de Bonnot, 1994, 522 pages, pp. 232—5.