Bonjour à tous,
Par-delà la localisation irréfutable de Gergovie, et ne souhaitant pas attiser les querelles des passionnés à ce propos, quelque chose m'intrigue depuis un moment déjà : c'est le déroulement même de la bataille... J'ai regardé derechef l'animation mise à disposition par Genava (p. 1) et par Matrix (p. 2), et à mon sens, ça ne colle pas. Le lecteur de la
Guerre des Gaules note que pour créer une diversion, les muletiers sont mis à contribution et avec quelques cavaliers vont, menant grand tapage,
on ne sait où : César se contentant de dire que
par un long détour, ils se concentreront tous au même point. Peu de temps après, César envoie une légion (environ 4000 hommes, selon Sedullos) de manière un peu plus furtive se cacher dans des bois à l'abri des regards de l'ennemi. Si vous regardez l'animation qui suit pas à pas le récit de César, vous vous apercevrez que du point 5 au point 15, c'est-à-dire pendant toute la bataille,
ces soldats ne bougent pas ; jouent-ils aux dés ou aux osselets pendant que leurs camarades sont exposés à un grand danger ? Or, il se trouve que Polyen dans son fameux "Ruses de Guerre" nous relate (Livre VIII) que :
César assiégeait Gergovie, qui était une ville très forte, par la bonté de ses murs, et par son assiette avantageuse. (.../...) A gauche, il y avait des taillis bas et épais qui joignaient la colline sur laquelle était la ville, à droite, c'était un précipice où il n'y avait qu'un petit sentier que les Gergoviens gardaient avec beaucoup de soin et de troupes. César prit les plus [frais] de ses soldats et les plus endurcis à la fatigue, et les envoya la nuit dans les taillis. Il ne leur donna que des javelots très courts et des dagues de peu de longueur, à cause de l'embarras des broussailles, et leur ordonna de se couler doucement dans ces taillis, non pas tout debout, mais couchés et en se traînant sur les genoux. [Ils] se traînèrent ainsi jusqu'au point du jour, au côté gauche de la colline. Au côté droit, César présenta son armée pour y attirer les Barbares. En effet, ils s'opposèrent fortement à l'ennemi qu'ils voyaient, pendant que ceux qu'ils ne voyaient pas gagnaient la hauteur.
L'on pense communément que Polyen (tout comme Plutarque d'ailleurs) a eu accès à des sources aujourd'hui disparues. J'en déduis donc que cette légion, équipée à la légère, a bien fait mouvement et que la cavalerie éduenne n'a pas fait diversion mais a été dépêchée dans un premier temps pour appuyer ou couvrir le déplacement de ces soldats... On s'aperçoit ainsi que le plan initial de César était soumis à un minutage très strict, basé sur l'effet de surprise, une prise en tenaille de l'adversaire que des signaux (sonores, visuels) inopérants ont fait tourner à la catastrophe. Toujours d'après l'animation, l'on constate que les Eduens s'accrochent plus que de raison pour une simple diversion, et que leur objectif principal était sans doute de rejoindre la légion en approche ; n'y parvenant pas, ils sont repoussés environnés d'ennemis vers "l'attaque principale" ce qui a pour effet de semer la panique aux cris de "Trahison !". En effet, si comme le prétend César, "les autres légions n'entendirent pas la trompette", comment la cavalerie éduenne a-t-elle été avertie de porter secours aux légionnaires en difficulté ?... 46 centurions au tapis, 700 légionnaires tués, sans compter les cavaliers éduens et les hommes mis hors de combat de la légion "qui n'a pas bougé" : ça a chauffé !... Maintenant, est-ce que ce scénario est compatible avec l'un ou l'autre site de la bataille suivant la nature du terrain ? Je redonne la parole aux passionnés.
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