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Re: Le sanctuaire Arverne de Corent et l’Astronomie ?

MessagePosté: Mar 11 Oct, 2011 17:03
de Auetos
Je m’excuse t’intervenir… juste une petite parenthèse concernant le mot dumias.
En fait celui-ci n’a rien à voir avec le nom d’une quelconque divinité protectrice des voyageur et des marchands mais fait simplement référence à la montagne, car dumio- (Xavier Delamarre, « dictionnaire de la langue gauloise, p. 129) signifie « colline arrondie, dôme »…

Maintenant le dieu des voyageurs et des marchands est bien Mercure, donc pour les gaulois Lugus (César).

MessagePosté: Mer 12 Oct, 2011 11:59
de ejds
L’inscription retrouvée sur la petite plaque de bronze en queue d’aronde et visible au musée Bargoin dit ceci :

Image
Photo : puydedome.com

-------------- NVM.AVG
----------- ---ET.DEO.MERCVRI
---------- ------DVMIATI
---------------MATVTINIVS
-------------VICTORINVS

----------------D. ----------- D.


N(uminibus) A(ugustorum) Et Deo Mercurio Dumiati Matutinius Victorinus D(onum) D(edit)
Aux puissances divines Augustes et au dieu Mercure Dumiati, Matutinius Victorinus a dédicacé ce don.

En fait, à l'évidence les interprétations paraissent légères et les indices minces, et méritent de s'y pencher de près.

En romain, on trouve :
Dumetum = lieu couvert de buissons, d’épines.
Dumus = buisson, broussaille.
Domus = habitation, résidence.
Collis = colline, coteau, hauteur.
Mons = mont, montagne.

Mais si l’on reste dans une logique de lecture romaine, l’épigraphie permet de détacher le nom ou mot indigène DUMIATI qui sera repris et décliner en Dumiatis, Dumiatio, Dumiates, Dumias, Doume, Dome, Dôme…. Il fait aussi, en apparence, connaître le nom d'un parèdre gaulois, deo Dumiati, ou bien sans nom ou oublié et sans vraiment le nommer : « dieu du lieu » (colline, mont, domaine, résidence...) », ou de la « colline, mont... sacré ».

Ainsi, selon Strabon : Géographie, livre III, 16.— « […] mais les Celtibères et les peuples qui les bornent au nord ont une divinité sans nom, à laquelle ils rendent hommage en formant, tous les mois, à l'époque de la pleine lune, la nuit, devant la porte de leurs maisons, et chaque famille bien au complet, des chœurs de danse qui se prolongent jusqu'au matin. »

Re:

MessagePosté: Mer 12 Oct, 2011 14:24
de Auetos
ejds a écrit:Image
Photo : puydedome.com

N(uminibus) A(ugustorum) Et Deo Mercurio Dumiati Matutinus Victorinus D(onum) D(edit)
Aux puissances divines Augustes et au dieu Mercure Dumiati, Matutinius Victorinus a dédicacé ce don.

Là, en l’occurrence il ne s’agit pas d’un dieu sans nom puisque les romains l’on désigné sous le vocable Mercurio (en référence à leur dieu) et pour recouvrir une divinité autochtone… je pense que les gaulois voyaient en ce dieu Lugus Dumiatis, Matutinius Victorinus : « Lugus du Massif, Victorieux de bon matin ».

Nous avons-là, semble-t-il, une dédicace à un dieu solaire.

Re: Le sanctuaire Arverne de Corent et l’Astronomie ?

MessagePosté: Mer 12 Oct, 2011 15:48
de Séléné.C
Quelle orientation, par rapport à la hauteur, a l'endroit où a été trouvée la plaque de bronze ?

MessagePosté: Sam 15 Oct, 2011 12:26
de ejds
Auetos a écrit:Là, en l’occurrence il ne s’agit pas d’un dieu sans nom puisque les romains l’on désigné sous le vocable Mercurio (en référence à leur dieu) et pour recouvrir une divinité autochtone… je pense que les gaulois voyaient en ce dieu Lugus Dumiatis, Matutinius Victorinus : « Lugus du Massif, Victorieux de bon matin ».

Nous avons-là, semble-t-il, une dédicace à un dieu solaire.

Matuta : déesse du matin, l’Aurore.
Stella matutina : étoile du matin.
Matutinus : matinal, du matin.

Sur l’ex-voto, l'inscription "Matvtinivs Victorinvs" s’agirait en fait du prénom et nom d’un dédicant ou votant. Il était la norme d’écrire le prénom, prænomen, qu’on plaçait en premier. Le nom, nomen, était placé ensuite.
On pouvait demander à des augures (devins, astrologues…) de déterminer les prénoms des nouveau-nés qui leurs seraient bénéfiques. Un surnom (sobriquet…) ou cognomen, pouvait aussi s’ajouter en dernier. Cicéron dans son De divinatione raille ainsi sur le nomen est omen, le nom est présage, de Brutus.

Image

Image : Mes beaux contes mythologiques, par Mademoiselle H.-S. Brès, Librairie Hachette, 1921, 64 pages, p. 23.

Mercure fut confondu avec l’Hermès grec, dont il prit les attributs et les légendes. Sa mère Maia, est l’une des Pléiades. L’enfant naquit à l’aube, et, aussi dégourdi que farceur, avant que la nuit tombe, il avait pris possession de la moitié du troupeau de génisses d’Apollon. Il lui chaparda aussi ses flèches, puis le trident de Neptune, l’épée de Mars, la ceinture de Vénus…
Habile en toutes transactions, Mercure, de merx (« marchandise ») et mercator (« marchand, commerçant, trafiquant »), devint le dieu des marchés et du commerce, le protecteur des boutiquiers et négociants, mais étrangement aussi (comme le magot des uns se retrouve bien vite dans la poche des autres) des voleurs et des malfaiteurs.
Dieu des voyages, il était particulièrement honoré aux carrefours ou sur le bord des routes, où se dressaient ses statues, pour écarter les mauvaises rencontres, les périls de la route, et dissiper les mauvais génies. Il a la triste fonction de guider les âmes du monde des vivants vers celui des morts. Il est aussi l’inventeur de l’alphabet, de l’astronomie, de la musique, des poids et mesures…

Marché se dit aussi magos en gaulois (magus en latin). Les Gaulois étaient aussi près de leurs sous puisqu’ils utilisaient la monnaie en échange. Villes-marchés en plaine ou vallée, ouvertes à tous, parfois aussi protégées d’une enceinte protectrice et situées à la lisière de deux territoires : Argentomagus (Argenton), Cassionomagus (Chasseron), Noviomagos (Nogent, Nouvion, Noyon, Nyons, …), Rigomagos (Riom), Rotomagos (Rouen), Turnomagos (Tournon… Ces lieux de foires artisanales, agricoles ou aux bestiaux s’opposent aux villes-forteresses ou oppida situées en hauteur (duros, dunos, dunum... ). Comme celle au Lug : l'inventeur de tous les arts, selon César, assimilé avec l’Hermès-Mercure (pour essayer de plaire à tous !), et qui s’imposera comme la capitale des Trois Gaules : Lugdunum (Lyon).

Exécutée en 1815, l’aquarelle ci-dessous (auteur ?) montre un druide en grands habits de cérémonie, revêtu d’une toge romaine avec une ceinture médiévale, les boucles d'oreilles assorties à l’espèce de lunule sur la poitrine, la rayonnante couronne solaire comme on en trouve sur les pièces de monnaie à l’image de Sol-invictus des empereurs, le serpent buveur d’eau ou de lait et le torque/sonotone (?), le croissant de lune surmontant la tête de l'animal (?) sur le drapé... :

Image-Image

Mais ce qui fait l’intérêt de ces fragiles parures en croissants de lune, portées plus certainement dans les cérémonies (passées de mode à l'époque gauloise, semble-t-il), dont beaucoup, en or ou en argent, ont été trouvées en Irlande et en Grande-Bretagne d’où, selon César (De Bello Gallico, VI, 13) : — « On croit que leur doctrine a pris naissance dans la Bretagne, et qu'elle fut de là transportée dans la Gaule ; et aujourd'hui ceux qui veulent en avoir une connaissance plus approfondie vont ordinairement dans cette île pour s'y instruire. » Certaines paraissent être des instruments à usage astronomique, marqués des équinoxes solaires et ou mouvements luni-solaires, comme celui de Tara, capitale mythique de l’Irlande :

Image Photo : irishartsreview.com

Dans la mythologie nordique, deux chevaux tiraient l'un le char du jour (Dag), l'autre celui de la déesse et personnification de la nuit (Nótt). Peut-être une autre expression de Nout (— le ciel, la nuit —), l’une des principales déités cosmiques égyptiennes. Au corps rempli d'étoiles et arque-bouté d'Orient en Occident, elle avalait le soir le soleil, et le rendait à la vie le matin.
Khonsou, le dieu lunaire, dont la réputation s’étendait bien au-delà de l’Égypte, propageait les maladies et possédait le pouvoir de guérir. Figuré sous la forme d’un enfant ou à l’apparence d’un homme à tête de faucon, il est souvent coiffé de son emblème, le croissant de lune soutenant le disque solaire. Son nom dérive du verbe « voyager », et il se déplace dans le ciel où, chaque mois, il croît et décroît.

Il a été trouvé une lunule en argent à Gergovie, dont on peut évoquer des parallèles dans une nécropole d’Avenches (Suisse), dans des tombes d’enfants. Ou celle en or au sanctuaire de Bennecourt (Yvelines), ainsi qu’un modèle en or plus complexe à Corent, pendant en forme de lunule (simple bijou ou amulette... ?), qui appartient à une famille de parures hellénistiques produites dans les ateliers de Tarente (au sud de l’Italie qui fut anciennement la Grande-Grèce) :

Image Photo : inrap.fr

Re: Le sanctuaire Arverne de Corent et l’Astronomie ?

MessagePosté: Sam 15 Oct, 2011 17:42
de Muskull
Bonjour,
Une ballade en photo vers le puy St Romain avec quelques vues panoramiques depuis le sommet dont le plateau de Corent :
http://l-auvergne-en-photo.over-blog.fr ... 79363.html
Un lieu idéal pour un feu d'alarme et une divinité protectrice. :shock:

Re:

MessagePosté: Sam 15 Oct, 2011 19:07
de Alexandre
ejds a écrit:
Auetos a écrit:Dans la mythologie nordique, deux chevaux tiraient l'un le char du jour (Dag), l'autre celui de la déesse et personnification de la nuit (Nótt). Peut-être une autre expression de Nout (— le ciel, la nuit —), l’une des principales déités cosmiques égyptiennes. Au corps rempli d'étoiles et arque-bouté d'Orient en Occident, elle avalait le soir le soleil, et le rendait à la vie le matin.
Khonsou, le dieu lunaire, dont la réputation s’étendait bien au-delà de l’Égypte, propageait les maladies et possédait le pouvoir de guérir. Figuré sous la forme d’un enfant ou à l’apparence d’un homme à tête de faucon, il est souvent coiffé de son emblème, le croissant de lune soutenant le disque solaire. Son nom dérive du verbe « voyager », et il se déplace dans le ciel où, chaque mois, il croît et décroît.

L'origine égyptienne de la mythologie germanique... :!:
Tu es probablement allé chercher ça dans un livre du XIXe siècle.

Re: Le sanctuaire Arverne de Corent et l’Astronomie ?

MessagePosté: Sam 15 Oct, 2011 22:39
de dromeuf
Muskull a écrit:Bonjour,
Une ballade en photo vers le puy St Romain avec quelques vues panoramiques depuis le sommet dont le plateau de Corent :
http://l-auvergne-en-photo.over-blog.fr ... 79363.html
Un lieu idéal pour un feu d'alarme et une divinité protectrice. :shock:


Ce reportage photo traduit bien la randonnée de l'ascension du Puy de Saint-Romain.

Aujourd'hui, j'ai randonné au Puy de Dôme avec l'ascension par le chemin des muletiers. Voici une photo au 400 mm de la partie basse de l'oppidum de Corent, prise depuis le Temple de Mercure (sommet du Puy de Dôme). Le sanctuaire de Corent est facilement repérable, juste au-dessus de la Vierge de Monton.

DRomeuf-2757-SanctuaireDeCorentDepuisTempleMercureSommetPuyDeDome.jpg

Re: Le sanctuaire Arverne de Corent et l’Astronomie ?

MessagePosté: Dim 16 Oct, 2011 9:46
de gérard
La photo de ce blog du Puy de Dôme via le plateau de Gergovie m'amène à ce rappel:

Dates du coucher du centre du soleil sur le temple de Mercure du Puy de Dôme vu du sommet du Puy de Saint Romain en 150 avant JC:
CALCUL DE LA DISTANCE ET DE L'ANGLE DE ROUTE entre deux points < 650km
système de coordonnées wgs84

Départ : puy de st-romain 781m alt Arrivée : puy de dôme 1446m alt au temple de mercure

Latitudes Longitudes
Degrés (') et décimales (°) décimaux Radians Degrés (') et décimales (°) décimaux
45 40,797 45,67995 0,79726553 3 14,576 3,242933333
45 46,3 45,77166667 0,798866287 2 57,87 2,9645
0,091716667 Cos Lm 0,278433333
l = 5,503 0,698092838 e = 11,66233895 16,706
Distance : 12,895 milles
23,882 km hauteur horizon: 665m, 1,59°, 1°35' 10x2388m
Angle 64,74°, soit azimut: 295,26° 295°16'
CALENDRIER JULIEN CALENDRIER JULIEN
17/5/-150 6/8/-150
CALENDRIER GREGORIEN CALENDRIER GREGORIEN
14/5/-150 3/8/-150
TU= 18 h 49 min TU= 18 h 58 min
Azimut = 295 deg. 26 min. Azimut = 295 deg. 12 min.
Asc.droite = 3 heures 17,857 min. Asc.droite = 8 heures 47,968 min.
Declinaison = 18,4607253613008 Declinaison = 18,0803020811973
Temps sideral local = 10,475424011259 Temps sideral local = 15,9443541379589
Jour julien = 1666772,28445065 Jour julien = 1666853,29053551
coucher centre soleil coucher centre soleil

Par ailleurs,
en breton de Trévérec et Lanrodec, E. Ernault a noté:
ann daouzeget [fr. : le douzième], la pleine lune [je suppose qu'il s'agit d'une lunaison, donc du douzième de l'année lunaire].
gg

Re: Le sanctuaire Arverne de Corent et l’Astronomie ?

MessagePosté: Dim 16 Oct, 2011 10:10
de dromeuf
gérard a écrit:La photo de ce blog du Puy de Dôme via le plateau de Gergovie m'amène à ce rappel:
gg


@Gérard : Je ne sais pas si tu parlais de la photo que j'ai postée hier soir mais il s'agit de la partie basse de l'oppidum de Corent, vue depuis le Temple de Mercure au sommet du Puy de Dôme (pas du Puy de Saint-Romain vu depuis le Temple de Mercure).

La carte Géoportail avec les trois lieux (Temple de Mercure/Puy de Dôme, Oppidum de Corent et plus à l'Ouest Puy de Saint-Romain : http://www.geoportail.fr/visu2D.do?cg=djoxLjEqYzptZXRyb3BvbGUqY3Y6MS4wKnZ2OjEuMSp4eTozLjA4MDIyOTIzNjk2MDIyNjd8NDUuNzMwNzQwNzQ4NjEwNzcqczoxMCpwdjoxLjAqcDpkZWNvdXZlcnRlKmw6UGhvdG98MXwxMDB8MCxTY2FufDF8MTAwfDI%3D

Le Temple de Mercure au Sommet du Puy de Dôme : http://www.geoportail.fr/visu2D.do?cg=djoxLjEqYzptZXRyb3BvbGUqY3Y6MS4wKnZ2OjEuMSp4eToyLjk2NDQ0MTQ5ODE4MTE0NHw0NS43NzE5NTU0NTE4ODg1NypzOjQqcHY6MS4wKnA6ZGVjb3V2ZXJ0ZSpsOlBob3RvfDF8MTAwfDA%3D

La Vierge de Monton : http://www.geoportail.fr/visu2D.do?cg=djoxLjEqYzptZXRyb3BvbGUqY3Y6MS4wKnZ2OjEuMSp4eTozLjE1NzYyOTg2NTcyMzExNnw0NS42Nzk3ODM4MTY1Mzk0KnM6NCpwdjoxLjAqcDpkZWNvdXZlcnRlKmw6UGhvdG98MXwxMDB8MA%3D%3D

Le Sanctuaire Arverne de Corent : http://www.geoportail.fr/visu2D.do?cg=djoxLjEqYzptZXRyb3BvbGUqY3Y6MS4wKnZ2OjEuMSp4eTozLjE4ODUxOTY0NjI0NjA5fDQ1LjY2NDc4NjQ0MzU4MzM3KnM6NCpwdjoxLjAqcDpkZWNvdXZlcnRlKmw6UGhvdG98MXwxMDB8MA%3D%3D

Le sommet du Puy de Saint-Romain avec deux grands pierriers au Sud-Ouest du sommet (dont j'ignore l'origine et la date géologique ou humaine (route) ?) : http://www.geoportail.fr/visu2D.do?cg=djoxLjEqYzptZXRyb3BvbGUqY3Y6MS4wKnZ2OjEuMSp4eTozLjI0MzEyODEzMjM0NTk1Nnw0NS42Nzk5MjMwNTU0MDE4MipzOjQqcHY6MS4wKnA6ZGVjb3V2ZXJ0ZSpsOlBob3RvfDF8MTAwfDA%3D

Re: Le sanctuaire Arverne de Corent et l’Astronomie ?

MessagePosté: Dim 16 Oct, 2011 10:58
de gérard
@Gérard : Je ne sais pas si tu parlais de la photo que j'ai postée hier soir mais il s'agit de la partie basse de l'oppidum de Corent, vue depuis le Temple de Mercure au sommet du Puy de Dôme (pas du Puy de Saint-Romain vu depuis le Temple de Mercure).

Non, je parle d'une des photos montrées dans le blog cité par Muskull, photo prise du Puy de Saint Romain et montrant le Puy de Dôme à l'horizon.
gg

MessagePosté: Dim 16 Oct, 2011 11:59
de ejds
-------------------Image

Image
Photos : l-auvergne-en-photo

Merci Muskull d’avoir déniché ce site. :)
Petite promenade revigorante, à pas lents dans un glacis glacé mais réchauffé d’amusants commentaires.
La paix des dieux se trouve dans le calme des cieux.

Mais lorsque l’on se positionne sur une hauteur, mappemonde d’orientation où s'offrent d’autres perspectives proches et lointaines du paysage ; pandémonium où naissent et périssent, depuis la nuit des temps, les fabuleuses légendes. Les noms et les mots des mythologies se côtoient, se bousculent et se déclinent, se forment, se reforment et se déforment de mille et une façons dans la mémoire des hommes. Le plus souvent de façon insoupçonnée, certains mots sont restés omniprésents.

Alexandre a écrit:L'origine égyptienne de la mythologie germanique... :!:
Tu es probablement allé chercher ça dans un livre du XIXe siècle.

Non simple lectures d’il y a pas longtemps au siècle dernier, et dont la liste en méli-mélo est trop longue à énumérer. Ainsi sur Nout l’Égyptienne, L’Égypte ancienne, Lionel Casson, Collections Time-Life, 1966, 192 pages, pp. 90-91.

On a déjà parlé de Nyx dans le forum, concernant Nótt, en vieux norse nuit, la lecture de la B.A.-BA, Tradition nordique, Arnaud d’Apremont, Éditions Pardès, 1999, 128 pages, qui amène ainsi aux antiques contes norois, dont la légende orale fut transcrite dans les poèmes de Snorri au XIIe siècle.

Ou encore mon favori et incontournable : La Mythologie, Édith Hamilton, 1940, réédition 1988, Les Nouvelles Éditions Marabout, consacrées aux dieux, héros et légendes gréco-romains, dont 17 pages sur la mythologie des Nordiques complètent les 416 pages. Ainsi page 388, sur la Création :

Dans l’Ancienne Edda, une Femme Sage dit ceci :

-------Autrefois, il n’y avait rien,
-------Ni sable, ni mer, ni vagues froides.
-------Ni terre, ni ciel non plus.
-------Seul existait l’abîme béant.
-------Le soleil ne connaissait pas sa demeure
-------Et la lune ignorait son royaume.
-------Les étoiles n’avaient pas trouvé leurs places.

Re: Le sanctuaire Arverne de Corent et l’Astronomie ?

MessagePosté: Dim 16 Oct, 2011 16:31
de gérard
On voit bien sur le second cliché la "percée" entre les puys qui permet d'accéder à Mont-Dore (dans l'alignement sommet puy St-Romain - sanctuaire de Corent: cet alignement correspond de plus à une date de coucher solaire "signifiante").
Le Mont-Dore et son inscription Siann.
Siann- serait attesté aussi à Panthier, dpt 21 (?, p. 62 du Répertoire des dieux gaulois, il semble y avoir une coquille) et à Lyon : Apollini Sianno. Je souligne Apollini.

Quant au 1er cliché avec le Puy de Dôme, je rappelle que le coucher solaire vers - 150 vu du sanctuaire de Corent, avait lieu au solstice d'été sur le Puy de Dôme.

Enfin, mais plus hasardeux, les toponymes Beaune-le-Chaud, Beaune-le-Froid et Bonne me paraissent tous les 3 associés à des "lignes signifiantes".
Ailleurs, Grand < Grannus.
Autre question que je me pose:
pourquoi la faible proportion de toponymes en merc-, marc- chez les voisins Lémoviques et leur profusion chez les Arvernes?
gg

Re:

MessagePosté: Dim 16 Oct, 2011 17:07
de Alexandre
ejds a écrit:On a déjà parlé de Nyx dans le forum, concernant Nótt, en vieux norse nuit, la lecture de la B.A.-BA, Tradition nordique, Arnaud d’Apremont, Éditions Pardès, 1999, 128 pages, qui amène ainsi aux antiques contes norois, dont la légende orale fut transcrite dans les poèmes de Snorri au XIIe siècle.

Ou encore mon favori et incontournable : La Mythologie, Édith Hamilton, 1940, réédition 1988, Les Nouvelles Éditions Marabout, consacrées aux dieux, héros et légendes gréco-romains, dont 17 pages sur la mythologie des Nordiques complètent les 416 pages. Ainsi page 388, sur la Création :

Dans l’Ancienne Edda, une Femme Sage dit ceci :

-------Autrefois, il n’y avait rien,
-------Ni sable, ni mer, ni vagues froides.
-------Ni terre, ni ciel non plus.
-------Seul existait l’abîme béant.
-------Le soleil ne connaissait pas sa demeure
-------Et la lune ignorait son royaume.
-------Les étoiles n’avaient pas trouvé leurs places.

Et là-dedans, où as-tu vu qu'il y avait un lien entre les Eddas et la déesse égyptienne ?

MessagePosté: Mar 18 Oct, 2011 12:12
de ejds
Alexandre a écrit:
ejds a écrit:
Auetos a écrit:Dans la mythologie nordique, deux chevaux tiraient l'un le char du jour (Dag), l'autre celui de la déesse et personnification de la nuit (Nótt). Peut-être une autre expression de Nout

L'origine égyptienne de la mythologie germanique... :!:
Alexandre a écrit:
ejds a écrit:Et là-dedans, où as-tu vu qu'il y avait un lien entre les Eddas et la déesse égyptienne ?

Ce qui ne répond évidemment pas à ta question, car le rapprochement et le raisonnement se réduisent uniquement sur l’étymologie du mot, et par analogie à celui du nom. Il est difficile de savoir si, dans les mythologies et cosmogonies occidentales, le mot "nuit" a été créé pour désigner la nuit elle-même ou sa divinité : dieu ou déesse.

Ainsi dans les Saintes Écritures, la Genèse raconte ainsi « les six jours » de la création :

Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre.
La terre était informe et vide : il y avait des ténèbres à la surface de l'abîme,
et l'esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux.
Dieu dit : Que la lumière soit ! Et la lumière fut.
Dieu vit que la lumière était bonne ; et Dieu sépara la lumière d'avec les ténèbres.
Dieu appela la lumière jour, et il appela les ténèbres nuit.
Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le premier jour.


Selon les traductions, le prologue de l'Évangile selon Jean débute ainsi :
Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu.
Une autre traduction se lit ainsi :
Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu.

Ces deux phrases reviennent comme en écho de la Genèse égyptienne où, par principe, les divinités sont les créatrices de l’univers et les maîtresses du temps. Dès l'Ancien Empire jusqu’à l'époque romaine, de nombreuses mythologies s’affrontaient expliquant la naissance du monde à l’aide de systèmes cosmogoniques divers. Il existait, à l'origine, une multitude de théologies locales, dans lesquelles le dieu principal protecteur de la ville, et ou de son territoire, suffisait à jouer le rôle de démiurge.

Parfois la parole divine, magique, est seule créatrice : « Il est le dieu au grand nom, qui a parlé ses membres…, formes divines sorties de la bouche de Rê. Ainsi, j’étais un et je devins trois. »

A Memphis capitale de l’Ancien Empire, d’après un ancien manuscrit conservé dans les archives d’un temple, des prêtres théologiens du roi Shabaka (vers 710 av. J.-C.) ont gravé un traité sur la naissance du monde sur une stèle de granit qui se trouve au British Museum. Utilisé en réemploi de base à la meule d’un moulin, les onze rayons ont été creusés par le frottement et l’usure :

Image-Photo : sofiatopia.org

Là aussi, dans le texte de la pierre, les choses se matérialisent et trouvent leurs places très vite :

Dans son livre : La littérature égyptienne, Que sais-je ?, Claire Lalouette, 1981, 128 pages, p. 68, a écrit:
Aux termes de ce Document de théologie memphite, le dieu Ptah est le créateur : « Il s’est créé lui-même ; il est celui qui a formé l’univers et amené les dieux à l’existence. » Le processus de cette genèse n’est point physique, mais purement intellectuel : le dieu conçoit le monde en son cœur et le matérialise par le Verbe. »
« Le cœur et la langue commandent tous les membres, selon la science qui établit que le cœur est dans chaque corps et la langue dans chaque bouche des dieux, des hommes, du bétail… de tout ce qui vit. Ainsi est pensé ce qui est désiré, il lui est ordonné d’être… Chaque mot du dieu prit forme, conformément à ce qu’avait conçu son cœur et à ce que sa langue avait ordonné…
Ptah fut satisfait après qu’il eut fait toutes choses grâce aux mots divins. Il donna naissance aux dieux, créa les villes, institua les nomes (5), plaça les divinités dans leurs temples… Celles-ci entrèrent dans leurs corps de bois, de pierre, d’argile, de toutes sortes d’autres choses en lesquelles elles prirent forme. Furent créés aussi tous les travaux et les arts, l’activité des mains et la marche des jambes, le fonctionnement de tout membre, selon l’ordre conçu par le cœur, exprimé par la langue et visible désormais en toute chose. »

Bien avant le « Que la lumière soit, et la Lumière fut », la genèse est comprise, déjà, comme une opération de l’Esprit et du Verbe divins.

(5) Divisions administratives du pays.

Le voyage du soleil a donné lieu à des représentations et à des textes qui détaillent les heurs et malheurs de l’aventure quotidienne de l’astre du jour. Sa disparition le soir, et comme nouveau-né à le matin ont été interprétés de différentes manières. La barque solaire égyptienne permet à Ré de parcourir le ciel est de voyager le jour. Il entre le soir dans le corps de Nout.

Ce sont les chars d’apparat ou de guerre dans les traditions gréco-romaines et occidentales, celtiques et germaniques ou scandinave qui permettront ce voyage.

Dans la mythologie nordique, Máni est dieu de la lune, frère de sa sœur Sól (le soleil). Dans Les Charmes de Merseburg en vieil-haut-allemand écrit vers le Xe siècle, il devient Sinthgunt (celui qui marche la nuit), et sa sœur est Sunna.