Auetos a écrit:Là, en l’occurrence il ne s’agit pas d’un dieu sans nom puisque les romains l’on désigné sous le vocable Mercurio (en référence à leur dieu) et pour recouvrir une divinité autochtone… je pense que les gaulois voyaient en ce dieu Lugus Dumiatis, Matutinius Victorinus : « Lugus du Massif, Victorieux de bon matin ».
Nous avons-là, semble-t-il, une dédicace à un dieu solaire.
Matuta : déesse du matin, l’Aurore.
Stella matutina : étoile du matin.
Matutinus : matinal, du matin.
Sur l’ex-voto, l'inscription
"Matvtinivs Victorinvs" s’agirait en fait du prénom et nom d’un dédicant ou votant. Il était la norme d’écrire le prénom,
prænomen, qu’on plaçait en premier. Le nom,
nomen, était placé ensuite.
On pouvait demander à des augures (devins, astrologues…) de déterminer les prénoms des nouveau-nés qui leurs seraient bénéfiques. Un surnom (sobriquet…) ou
cognomen, pouvait aussi s’ajouter en dernier. Cicéron dans son
De divinatione raille ainsi sur le
nomen est omen, le nom est présage, de Brutus.
Image : Mes beaux contes mythologiques, par Mademoiselle H.-S. Brès, Librairie Hachette, 1921, 64 pages, p. 23.Mercure fut confondu avec l’Hermès grec, dont il prit les attributs et les légendes. Sa mère Maia, est l’une des Pléiades. L’enfant naquit à l’aube, et, aussi dégourdi que farceur, avant que la nuit tombe, il avait pris possession de la moitié du troupeau de génisses d’Apollon. Il lui chaparda aussi ses flèches, puis le trident de Neptune, l’épée de Mars, la ceinture de Vénus…
Habile en toutes transactions, Mercure, de
merx (« marchandise ») et
mercator (« marchand, commerçant, trafiquant »), devint le dieu des marchés et du commerce, le protecteur des boutiquiers et négociants, mais étrangement aussi (comme le magot des uns se retrouve bien vite dans la poche des autres) des voleurs et des malfaiteurs.
Dieu des voyages, il était particulièrement honoré aux carrefours ou sur le bord des routes, où se dressaient ses statues, pour écarter les mauvaises rencontres, les périls de la route, et dissiper les mauvais génies. Il a la triste fonction de guider les âmes du monde des vivants vers celui des morts. Il est aussi l’inventeur de l’alphabet, de l’astronomie, de la musique, des poids et mesures…
Marché se dit aussi
magos en gaulois (magus en latin). Les Gaulois étaient aussi près de leurs sous puisqu’ils utilisaient la monnaie en échange. Villes-marchés en plaine ou vallée, ouvertes à tous, parfois aussi protégées d’une enceinte protectrice et situées à la lisière de deux territoires :
Argentomagus (Argenton),
Cassionomagus (Chasseron),
Noviomagos (Nogent, Nouvion, Noyon, Nyons, …),
Rigomagos (Riom),
Rotomagos (Rouen),
Turnomagos (Tournon… Ces lieux de foires artisanales, agricoles ou aux bestiaux s’opposent aux villes-forteresses ou
oppida situées en hauteur (
duros, dunos, dunum... ). Comme celle au Lug :
l'inventeur de tous les arts, selon César, assimilé avec l’Hermès-Mercure (pour essayer de plaire à tous !), et qui s’imposera comme la capitale des Trois Gaules :
Lugdunum (Lyon).
Exécutée en 1815, l’aquarelle ci-dessous (auteur ?) montre un druide en grands habits de cérémonie, revêtu d’une toge romaine avec une ceinture médiévale, les boucles d'oreilles assorties à l’espèce de lunule sur la poitrine, la rayonnante couronne solaire comme on en trouve sur les pièces de monnaie à l’image de Sol-invictus des empereurs, le serpent buveur d’eau ou de lait et le torque/sonotone (?), le croissant de lune surmontant la tête de l'animal (?) sur le drapé... :
- Mais ce qui fait l’intérêt de ces fragiles parures en croissants de lune, portées plus certainement dans les cérémonies (passées de mode à l'époque gauloise, semble-t-il), dont beaucoup, en or ou en argent, ont été trouvées en Irlande et en Grande-Bretagne d’où, selon César (
De Bello Gallico, VI, 13) : — «
On croit que leur doctrine a pris naissance dans la Bretagne, et qu'elle fut de là transportée dans la Gaule ; et aujourd'hui ceux qui veulent en avoir une connaissance plus approfondie vont ordinairement dans cette île pour s'y instruire. » Certaines paraissent être des instruments à usage astronomique, marqués des équinoxes solaires et ou mouvements luni-solaires, comme celui de Tara, capitale mythique de l’Irlande :
Photo : irishartsreview.comDans la mythologie nordique, deux chevaux tiraient l'un le char du jour (
Dag), l'autre celui de la déesse et personnification de la nuit (
Nótt). Peut-être une autre expression de
Nout (— le ciel, la nuit —), l’une des principales déités cosmiques égyptiennes. Au corps rempli d'étoiles et arque-bouté d'Orient en Occident, elle avalait le soir le soleil, et le rendait à la vie le matin.
Khonsou, le dieu lunaire, dont la réputation s’étendait bien au-delà de l’Égypte, propageait les maladies et possédait le pouvoir de guérir. Figuré sous la forme d’un enfant ou à l’apparence d’un homme à tête de faucon, il est souvent coiffé de son emblème, le croissant de lune soutenant le disque solaire. Son nom dérive du verbe « voyager », et il se déplace dans le ciel où, chaque mois, il croît et décroît.
Il a été trouvé une
lunule en argent à Gergovie, dont on peut évoquer des parallèles dans une nécropole d’Avenches (Suisse), dans des tombes d’enfants. Ou celle en or au sanctuaire de Bennecourt (Yvelines), ainsi qu’un modèle en or plus complexe à Corent, pendant en forme de lunule (simple bijou ou amulette... ?), qui appartient à une famille de parures hellénistiques produites dans les ateliers de Tarente (au sud de l’Italie qui fut anciennement la Grande-Grèce) :
Photo : inrap.fr