Page 1 sur 1

Délimitation historique de la Bretagne

MessagePosté: Lun 26 Déc, 2016 11:12
de Lansell al lenn
Bonjour,

Comme chacun, je connaissais les phases d'expansion de la Bretagne sous les règnes de Nominoe, Erispoe et Salomon.
En revanche, je connaissais nettement moins les dates et modalités de la rétraction ultérieure. Peut-être suis-je le seul dans ce cas et, le cas échéant, je bats ma coulpe.
Un livre récemment paru : "Rollon le chef viking qui fonda la Normandie", de Pierre BOUET, chez Tallandier, 2016, vient de combler cette lacune.
L'auteur explique (p. 110) que le célèbre traité de St-Clair-sur-Epte (911) n'octroyait à Rollon que la région centrée autour de Rouen et se terminait (à l'ouest) "là où commençait la terra Britannica", l'auteur suggérant de façon raisonnée que la frontière devait être la Dives.
On est donc alors loin de la superficie de la Normandie ultérieure.
Là où cela se gâte pour les Bretons (au bénéfice des Normands), c'est que l'auteur poursuit (p. 111 et s.) en racontant que le roi de France Charles le Simple accorde à Rollon une "terre à piller" !
Comme les Vikings refusent la Flandre en raison de la nature marécageuse du pays, le roi leur offre la terra Britannica ...
Il précise qu'il ne s'agit pas du duché de Bretagne lui-même mais des terres concédées à Salomon en 867 (diocèses de Coutances et Avranches). Il ajoute (P. 113) que les Bretons avaient même étendu leur domination sur les régions situées à l'ouest de l'Orne.
Les Bretons se seraient révoltés dans la terra Britannica en 931, entraînant l'intervention militaire de Guillaume Longue Epée (p. 164).
Une carte montrant les étapes de l'extension progressive de la Normandie (et indiquant la limite de l'expansion bretonne de 867 à 933) complète cet exposé (p. 145).

Il en ressort que le roi de France a profité des Normands pour grignoter les territoires qui étaient passés sous le contrôle des Bretons, n'hésitant pas à laisser carte blanche aux Normands pour piller les terres des Bretons ! Hallucinant, non ?
Et ce n'est pas un historien "breton", éventuellement suspect de "nationalisme", qui l'écrit mais un historien "normand", maître de conférence honoraire à l'université de Caen.

Re: Délimitation historique de la Bretagne

MessagePosté: Ven 03 Fév, 2017 23:54
de gaelwen
Salut,

Je ne savais pas que l'extension bretonne avait été poussée aussi loin.

J'avais traité de ce sujet dans mon fil : "la Mayenne en Bretagne ?"

http://www.arbre-celtique.com/forum/vie ... n+bretagne

mais jusqu'à l'Orne, j'ignorais totalement.

Apparemment, je ne suis pas le seul puisque personne ne s'est pressé de répondre...

Re: Délimitation historique de la Bretagne

MessagePosté: Sam 04 Fév, 2017 12:22
de gérard
Les toponymes que j'avais examiné "la Mabonnais", "la Mabonnerie" et "le Bois Mabon" (autour de Jublains, proche de Moulay)

viewtopic.php?f=3&t=3841

sont à l'ouest de la ligne méridienne (en la prolongeant vers le sud) tracée par Pierre Bouet sur la carte, p. 145 de son ouvrage. Il intitule cette ligne "Limite de l'expansion bretonne de 867 à 933". Expansion de peuplement et pas politique?
Selon Pierre Bouet p. 110 "nous n'avons aucune indication précise sur la frontière occidentale: le territoire se terminait là où commençait la terra Britannica, sans que l'on puisse préciser si la rivière qui faisait frontière était la Risle, la Touques ou la Dives."
Piere Bouet opte pour la Dives.

Il écrit aussi, p. 113: "Du fait des attaques scandinaves qui avaient provoqué un recul de la présence franque, les Bretons avaient même étendu leur domination sur les régions situées à l"'Ouest de l'Orne." Quelles preuves?

Je note qu'il y a un toponyme Mabon (altitude de 252m au réservoir d'eau, il y a un Beau Soleil à 400m au sud, 301° ? coucher soleil début août vers -100 ? à préciser / vérifier, 19km jusqu'à la hauteur de 277m de St-Vigor des Monts) en Roullours (Roullours: dpt 14 Calvados, doyenné de Vire, ancien diocèse de Bayeux - et non d'Avranches ou de Coutances). Un toponyme breton en dehors de la zone officiellement attribué en 867 à Salomon? A 48,6 km de la cathédrale de Coutances (20 x 2430m, via la hauteur de Saint-Vigor), à 38 km d'Avranches, à 29 km de l'Orne.

Je recopie:
Ben justement, non. Trop à l'est.
Voici partie de ce que je m'étais risqué à écrire:

MABON, MAPONOS

Influence bretonne ou survivance gauloise?

Toponymes avec mabon, localisations, (formes anciennes?): localisés surtout dans le Nord ouest de la France (selon relevé des cartes I.G.N. 1/25000e).

LISTE
Mabonnerie : Mouliherne49, Verberie60, René72, Belgeard53.
Mabonneau : la Châtre-Langlin36sud.
Kermabon : 29, 22, 56.
Kervabon : Guérande44ouest, Leuhan29.
Riau Mabon : Villeherviers41.
Pont Mabon : Saint-Viaud44sud ouest.
Ruelle Mabon : Aunay-sous-Auneau28.
Bois Mabon : Bais53.
Créac'h Mabon : Plonéour-Lanvern29sud ouest.
Mabon : Roullours 14.
Fouteau Mabon : Saint-Berthevin53.
Gane Mabonie : Vigeois 19.
Mabonnais : Pleurtuit35nord ouest, le Horps53.
Mabonnette : Cuébris06.
Mabonnière : Soulvache44nord est, Oudon44est, Mouzeil44est, Saint-M'Hervé35est.
Mabons (les) : le Croisic44ouest.
Pourmabon : Guégon56est.
Rumabon : Pabu22.
Trémabon : la Chapelle-aux-Filtzméens35.

Anthroponymes Mabon, plus anciennes formes?

Problème: le trouve-t-on dans l'anthroponymie romane ancienne? Existe dans les chansons de geste, mais y désigne des sarrasins, c'est-à-dire des païens, des impies, des représentants des "forces du mal", est-il pensable qu'en pays roman ce nom ait été donné au Moyen Age à de bons chrétiens comme nom de baptême? Le "belin" droit issu du nom du dieu Belenos désigne, mais rarement, en français dialectal, un sorcier, un enchanteur (Les fêtes celtiques, Le Roux et Guyonvarc'h, et DVD Enc. Universalis.). [à vérifier, quelles attestations?]
Cartulaire de Redon f°67 1.20 "mabon" (datations possibles de la charte variant entre 832 et 867 selon les historiens). Dans le Cartulaire de Redon, "les noms spécifiquement bretons à connotation religieuse... frappent par leur rareté" (Bernard Tanguy, p. 54, Cartulaire de Redon).

Dans un lieu qui appartient ou est habité par un tel, ce un tel peut-t-il être une divinité ou un dieu "habitant "ou "propriétaire" du lieu en question?

Le dieu Maponos est-il d'origine celte insulaire? Il est attesté sept fois en Angleterre et Ecosse, une fois à Glanum (= Saint-Rémy-de-Provence), une fois chez les Arvernes dans l'inscription de la tablette en plomb trouvée en 1971 à Chamalières, une fois à Bourbonne-les-Bains chez les Lingons [Répertoire des dieux gaulois, Jufer et Luginbühl].

Pas de toponyme en -mabon- à Rezé44 (Kervarec) ni à Bouvron44 (Tremblay) [cadastres et archives diverses dépouillés par ces deux chercheurs].

TROIS MABONS DU BAS-MAINE

Des quatre toponymes en -mabon- recensés par l'I.G.N. en Mayenne (dpt53), trois sont situés autour de Jublains, capitale des Aulerques Diablintes, et forment un triangle équilatéral...
Le côté sud passe à Jublains par l'endroit où Jacques Naveau soupçonne la présence du forum.
La ligne sud du triangle est en relation avec Jublains ; elle passe par la croix de la Tonnelle, légèrement au sud du temple.

Le seul autre toponyme en -mabon- donné par la banque de données de l'I.G.N. pour la Mayenne (dpt 53) est le Fouteau Mabon (fouteau: nom dialectal du hêtre dans le Maine, l'Anjou et la Bretagne romane, selon la carte 342 de l'ALBRAM) à Saint-Berthevin (à l'ouest de Laval).

Entre 1891 et 1915, l'INSEE enregistre en Mayenne seulement quatre naissances sous le nom de famille Mabon , deux à Laval, une à Mayenne, une à Gréz-en-Bouère (Haut-Anjou). Le nom de famille Mabon est, aux temps modernes, essentiellement morbihannais et accessoirement redonais (au sud-ouest de l'Ille-et-Vilaine). Des Mabon ont-ils vécu au Moyen Age dans le Bas-Maine, dans la zone ayant échappé à la colonisation bretonne d'entre ~850 et ~915 puisque située à l'Est de la rivière Mayenne, pour donner leur nom à ces villages?

Il y a des Mabon attestés (sans doute après 1550: recherches de généalogistes) à Bourgon (près Saint-M'Hervé35, pourrait être lié au village la Mabonnière de cette commune), Cossé-le-Vivien (Haut-Anjou), Niafles (Haut-Anjou) : mais ces trois communes sont dans la zone de marche avec la Bretagne et éloignées de Jublains. Pour Niafles, Louise Mabon, veuve? de Simon Verdier, dite mère de l'époux, née vers 1673 à Niafles (?incertain) apparaît dans l'acte de mariage à Niafles du 24 juin 1718 de Pierre Verdier et Louise Junneau (merci à M. André Cadiou pour ces renseignements).
Dans les années 1770 le nom de famille Mabon est attesté à Saint-Georges-le-Gaultier (Sarthe 72), situé à une vingtaine de kilomètres de Bais après Trans, Saint-Thomas et Saint-Mars.
...

3) Belgeard-Bais, un alignement avec l'oppidum de Moulay:
Belgeard-Bais : longe la route de l'ancien bourg de Belgeard par la Haute Cruchère et la Motte, passe, à ~5 km, à Jublains légèrement au nord de la Tonnelle (sur le forum?), entre Grandes et Petites Houlles, suit chemin et route entre les Trouailles et les Vergers (au sud du bourg de Hambers) sur 2400 m, à 2400 m encore passe par le Guénouillé. Prolongée vers l'Ouest sur ~5 km, la ligne atteint le site antique (Naveau, carte p. 50 in Recherches sur Jublains) de Moulay, au confluent (à la Haie de Terre N 48°16,29' W 0°37,85', 18 844 m, angle LC83° contre LC83,52° 13 787 m pour Mabon.Bais-Belgeard, 171 m d'arc d'écart, l'alignement parfait étant au sud de l'oppidum, sur l'Aron [boucle sud], au sud précis de l'église, à N 48°16,185' W 0°37,67' LC83,51° 18601 m) de la Mayenne et de l'Aron. Moulay (alt. entre 80 m, au niveau de la Mayenne, et 115 m) est le plus connu des oppida diablintes, de 12 ha, avec gué sur la Mayenne, fouillé de 1972 à 1975. De l'église de Moulay à la Mabonnais du Horps, 16 461 m.

...
Il semble bien que le cours de l'Aron structure une bonne partie du territoire considéré (partie sud de la ligne le Horps-Bais et confluent avec la Mayenne à l'oppidum de Moulay). Hydronyme de limite? Relevons pour mémoire les toponymes Marche (2 villages), et éventuellement la Marchandière, non loin de la partie sud de la ligne "Mabon.leHorps-Bais".
(cf. ligne Saint-Michel en Laurière87 – église Saint-Michel du bourg de Jarnages23 par oppidum du Puy Gaudy et rivière Creuse, dpt23, avec "rythme" des longueurs de distances 48 km = 32 km + 8 km + 8 km)
(pour la Mabon-, voir L. Fleuriot Origines de la Bretagne. éd. 1980 p. 108 et p. 106 Bretonière, selon P.-H. Billy [courriel du 02/07/2002], les formes Mabonnais et Mabonnerie sont tardives : 13e s. et après, toutefois L. Fleuriot cite deux occurrences de la Bretonnière comme formes rajeunies de toponymes plus anciens: en Arconville, Aube, Brittoneria, 1135, et Britinniacum, 1147, et en Verrières, Aube, Bretonia, 1154).
La ligne village de la Mabonnais du Horps vers Bois Mabon en Bais est perpendiculaire (89,62°) à la ligne "point médian et ruisseau-limite communale du Moulin" / Mabonnerie en Belgeard. En prolongeant cette dernière ligne (de 4399 m LC66,43°) pour obtenir un angle droit vers la pointe ouest de l'oppidum de Moulay (à N 48°16,30' W 0°37,95', à 2747 m LC23,54'), on s'aperçoit que le sommet de cet angle droit est localisé au château de la Cour en Commer53 (N 48°14,94'W 0°37,06'), et surtout que cette ligne "lever bord soleil le 1er mai en 100AD" mesure 16 287 m (x 3 = 48 861 / 20 = 2443 m) LC66,41°. On a donc là un château nommé la Cour à une distance remarquable. Aurait-on là une tentative réussie d'application de principes de géométrie euclidienne sur des distances importantes?

...

Citons A. Deshayes (DNFB, p. 203): "Le nom Mabon (... ), cas régime de mab remonte au gaulois Maponos, nom d'une divinité, et peut avoir gardé dans le Haut Moyen Age, selon Léon Fleuriot, "trace de croyances païennes". "Est aussi un nom de Sarrasins, les "païens", dans les chansons de geste (DNFB, idem).

Achu!

Gégé

Se référer au fil que je mentionne plus haut sur Moulay.
Les toponyme en MABON- sont a priori d'origine médiévale.
gg