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Dodécaèdre

MessagePosté: Mer 29 Jan, 2003 14:56
de Fergus
Extrait du Dictionnaire des Symboles :

"DODECAEDRE
Forme géométrique d'un solide convexe à douze faces pentagonales. Il existe aussi des dodécaèdres étoilés à douze sommets. On a trouvé en Etrurie et en Gaule une trentaine de ces objets, en bronze, la face ajourée d'ouvertures circulaires et les angles trièdres protégés de petites boules, objets qui remonteraient au début de l'ère chrétienne et auraient été enfouis vers la fin du III° ou le début du IV° siècle.
Le dodécaèdre prend tout son sens dans les perspectives de la symbolique pythagoricienne des nombres et de l'idéalisme platonicien.. Le nombre, comme l'idée, exprime les réalités intelligibles, suprasensibles, qui sont les types ou les modèles éternels des choses d'ici-bas ; celles-ci ne sont qu'une participation plus ou moins adéquate de ces perfections immuables, que sont les nombres et les idées.
Le dodécaèdre dérive du pentagramme : douze pentagrammes se touchant par un côté en surface et reliés par une spirale, s'il sont redressés et unis dans l'espace, composent le solide dodécaèdre. Ce passage de la deuxième à la troisième dimension, à partir du pentagramme est considéré par Matila C. Ghyka comme l'archétype idéal de la croissance dynamique.
Dans la série des cinq grands polyèdres réguliers, qui s'engendrent successivement des nombres, le Dodécaèdre exprime la synthèse la plus parfaite. Rappelons que, suivant la symbolique géométrique, le tétraèdre (pyramide triangulaire à quatre faces) représente le feu ; l'octaèdre, l'air ; l'icosaèdre (corps solide à vingt faces qui sont des triangles équilatéraux), l'eau ; le cube, la terre. Le dodécaèdre, lui, assume le rôle d'exprimer l'univers tout entier. C'est pourquoi il a été doté, dans la tradition pythagorisante, des propriétés les plus surprenantes, d'ordre mathématique, physique et mystique. Le dodécaèdre n'est pas seulement l'image du cosmos, il en est le nombre, la formule, l'Idée. La terre des Bienheureux affecte cette forme. C'est la réalité profonde du Cosmos, c'en est l'essence. On peut dire sans forcer les mots que c'est le Cosmos lui-même. (Léonard Saint-Michel, dans Lettres d'Humanité, Paris X, p. 101). Les objets anciens qui ont été trouvés servaient de support à cette valeur symbolique : chacun d'eux était microcosme de poche, semblable en tous points au Macrocosme qu'il exprime, selon les lois analogiques de la Magie traditionnelle, symbole semblable au sens géométrique du terme, identique d'essence, transsubstantié si l'on ose dire. Univers réel et vivant, sous les apparences d'un simple dodécaèdre (ibid. P. 101).
Rien de surprenant, dès lors, que ces objets aient servi à des opérations magiques. La tentation de passer de la connaissance au pouvoir est constante. L'utilisation magique, opératoire ou divinatoire, est une perversion habituelle de la perception du symbole. La valeur antique et profonde du symbole, qui devait conduire l'âme à une vue mystique des choses, est détournée à des fins de domination. Il n'est pas exclu, non plus, que ce symbole du Cosmos ait été utilisé à des fins cultuelles et qu'il soit devenu une idole.
Comme un certain nombre de dodécaèdres ont été retrouvés en Gaule, certains interprètes les ont rapprochés des œufs de serpent dont parle Pline l'Ancien et qui étaient très renommés dans les Gaules. Ces œufs seraient formés de reptiles enlacés et noués en boule. Ils seraient dotés de toutes sortes de vertus bénéfiques. Les Druides les utilisaient. Camille Jullian les assimile à des fossiles d'oursins. Léonard Saint-Michel les rapproche plutôt des dodécaèdres, dont les angles trièdres sont surmontés de petites boules, aujourd'hui sans relief, mais qui pouvaient évoquer à l'origine les têtes saillantes de serpent entrelacés. Quoi qu'il en soit de l'identification des figures, le rapprochement des symboles de l'œuf magique et du dodécaèdre n'est pas fortuit : ils symbolisent l'un et l'autre le développement de l'univers.
Symbole géométrique de valeur insigne, le dodécaèdre construit sur le nombre d'or (et à partir du pentagramme, dont la puissance bénéfique est connue) est la forme la plus riche d'enseignements eurythmiques, cosmogoniques et métaphysiques. Il évoque en effet le mystère des évolutions du physico-chimique au vital, du physiologique au spirituel, en quoi se résument l'histoire et le sens de l'univers.
Il existe dans tout l'ancien domaine celtique un certain nombre de dodécaèdres en bronze ajourés et bouletés, d'une dimension et d'un poids variables (entre 35 et 1100 g), sur l'utilité et l'emploi desquels on a longtemps hésité, mais dont le rôle religieux ne fait plus aucun doute. Ils représentent vraisemblablement le ciel, ou l'univers et ont sans doute servi de dés dans des jeux de divination par le sort. Ils constituent en outre une coïncidence remarquable des conceptions celtique et pythagoricienne (Ogam VII, 302-305)."

voir : http://membres.lycos.fr/dodeca/indexfra.htm

MessagePosté: Mer 29 Jan, 2003 18:02
de Muskull
Très intéressant Fergus :)
Les photos sont superbes sur le site...

Quelques éléments historiques :
Pythagore naît à Samos vers - 580.
Ses séjours en Egypte (Memphis, Saïs, Héliopolis) sont attestés, il y étudia les "mystères" et la géométrie. Il y rencontra sans doute les gymnosophistes (sages hindous, présence à cette époque attestée par Hérodote), ce qui expliquerait la présence d'éléments védiques dans sa doctrine.
Séjour en Thrace aussi ( beaucoup d'éléments des mystères orphiques et de leurs symboles dans sa philosophie).

Il revient à Samos à 56 ans (Jamblique), l'inimitié du tyran Polycrate le force à s'exiler à Crotone.
Sa doctrine et son éthique eurent un tel succès que se créa une fédération de cités (la ligue Crotoniate), gouvernées par des savants.
Cette ligue s'écroula peu après la mort du maître vers - 500.

Hippocrate de Chios et Hippase de Métaponte furent excommuniés par la confrérie reconstituée après le désastre de - 450, pour avoir divulgué les secrets de construction du pentagramme et du dodécaèdre qui appartenaient au secret sévèrement gardé des "nombres irrationnels"...

Platon, certainement initié, a développé les grands thèmes de la philosophie Pythagoricienne...

On rapporte que Pythagore connaissait les druides et qu'il les considérait comme des savants mais l'on en sait hélas trop peu... :(

(Source : Matila Ghyka, philosophie et mystique du nombre.)

MessagePosté: Mer 29 Jan, 2003 23:43
de Elanis
Oui, vraiment très bien ce site, j'ai beaucoup appris :)

L'emploi comme support divinatoire m'a intriguée.
Suite à ce passage :
"On connaît aussi, de ces époques, des listes de questions et de réponses types groupées par séries de douze, que l’on parcourait en s’aidant des nombres indiqués par le dodécaèdre. Un de ces recueils, mis sous le nom de l’Egyptien Astrampsychos, se réfère explicitement à Pythagore. Ce mode de divination se poursuivit pendant le Moyen Age, malgré les interdits de l’église. "
J'ai voulu en savoir + sur Astrampsychos... et j'ai trouvé ça :)
http://www.thing.de/projekte/7:9%23/dream_book.html

@+
Elanis

MessagePosté: Jeu 30 Jan, 2003 0:00
de Elanis
Et aussi ça :

http://www.geomance.com/dodecafr/jdemeung.htm

ça laisse rêveur ! :wink:

@+
Elanis

MessagePosté: Jeu 30 Jan, 2003 14:25
de Fergus
En effet, Elanis, ça laisse rêveur. Surtout quand on sait que Jean de Meung est l'un des auteurs du fameux Roman de la Rose, un texte très suspecté d'ésotérisme.