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MessagePosté: Mar 20 Sep, 2005 18:37
de lopi
C'est quoi un non âneiste? Je les fréquente?

oui ici.
Tu ne confonds pas un onophile et un onaniste.

Mais reprenons le toro par les cornes, et moussons lait...
Suivons les chemins d'Hermes, et communiquons sans crainte de Sucellos :roll: ....

MessagePosté: Jeu 22 Sep, 2005 10:19
de lopi

MessagePosté: Mer 05 Oct, 2005 9:42
de ejds
Masques à ramure de cerf

Pour ce recentrer sur les cerfidés et plus particulèrement sur la parure de Cernunnos (ou de Leucobena? :wink:) :

Des chamanes et des chiens

http://thierry.koltes.free.fr/schamanen.htm

Non loin du camp mésolithique de Bedburg-Königshoven (district de Erft, en Rhénanie), des ossements ont été découverts en 1987 près d'une mine de charbon. Ils se trouvaient dans les sédiments d'un ancien lac. Le camp lui-même ne fut pas fouillé, car on s'intéressa plutôt aux restes de multiples tableaux de chasse qui avaient été jetés dans les eaux.

Cette exceptionnelle découverte - des fossiles de grands et de petits mammifères, d'oiseaux et de poissons - permet un aperçu sur le mode de vie et l'économie des chasseurs-collecteurs mésolithiques, mais aussi sur certaines de leurs coutumes liées indirectement aux moyens de subsistance.

C'est en effet ce que rendirent possibles de façon sensationnelle deux crânes de cerf retouchés. Les os en ont été retirés à l'exception d'une partie de la calotte et des ramures, laissées en place. Deux orifices latéraux ont été percés sur chacune des deux calottes crâniennes.

De tels crânes retravaillés sont interprétés comme des masques à ramure de cerf. Ils ont vraisemblablement été portés comme des parures, fixées par les deux orifices artificiels. Ils sont peut-être le lien entre d'une part les êtres anthropomorphes des productions artistiques du Paléolithique supérieur et d'autre part les croyances et coutumes des chasseurs modernes de l'Eurasie septentrionale.

Ainsi s'annonçait la persistance d'un aspect de la culture du Paléolithique supérieur sous la forme du chamanisme, représentation du monde caractéristique des peuples chasseurs actuels.

L'article original dont est issu ce texte est paru dans Archäologie in Deutschland n° 4 / 99.
Auteur : Martin Street, Römisch-Germanisches Zentralmuseum, Mayence, Neuwied.
Traduction : Thierry Koltes . Correction : Alexander Meister.


e.

MessagePosté: Mer 05 Oct, 2005 13:08
de Leucobena
Génial ! :D

MessagePosté: Dim 23 Oct, 2005 16:52
de ejds
Les deux biches de Chaffaud

En datation, on n'est pas parfois à un bois près dans les nouvelles découvertes ; mais elle ne sont ni celtes, ni gauloises, mais bien préhistoriques : :? :)

Sur le sentier de la Préhistoire

Lorsque André Brouillet a découvert l'os gravé de deux cervidés, les savants de l'époque doutaient de son ancienneté: l'objet a d'abord été attribué aux celtes et aux gaulois... C'est un peu plus tard que les savants reconnurent qu'il s'agissait d'une découverte capitale puisqu'elle était la première preuve mondiale d'un art primitif préhistorique, preuve que les hommes de Neandertal étaient des artistes... Les grottes de Lascaux ne seront découvertes qu'en 1940 ...

Il s'agit donc d'un os de renne portant finement gravés deux biches qui se suivent. On peut remarquer sous la tête des cervidés une série de traits qui ne sont pas sans rappeler la forme d'un poisson.

http://perso.wanadoo.fr/gerard.minault/prehistoire.htm


Zoom-morphie sur les deux biches finement gravées sur os de renne : :shock: :shock:

http://perso.wanadoo.fr/officetourisme- ... affaud.htm

e.

MessagePosté: Dim 08 Jan, 2006 11:23
de ejds
Cernunnos à trois visages : dieu à la tête surmontée de bois de cerf, assis en tailleur, porte en torque autour du cou, tient deux serpents à tête de bélier et deux visages minuscules sont visibles de chaque côté de sa tête.
1er siècle ap. JC.
Alliage cuivreux.
Lieu de découverte : Etang-sur-Arroux (Saône-et-Loire).

http://www.photo.rmn.fr/cf/htm/CSearchT ... =500&New=T

Saint-Germain-en-Laye, musée des Antiquités nationales

Tel qu’on peut aussi le rencontrer sur le site de Nantonos : assis en tailleur, pieds nus hors de sa longue robe. Il porte, semble-t-il, un épais habillement d'hiver - peut-être un sagum au dessus d’une tunique (et attaché par deux fibules ?) : :shock: :shock:

http://www.ancientsites.com/aw/Post/234467

e.

MessagePosté: Ven 28 Avr, 2006 13:13
de ejds
Animal craintif, solitaire et sauvage, nombreuses sont dans la mythologie, les légendes au cerf.
Mais dompté, monté comme un cheval ou tirant un char, quand est-t-il vraiment ?! :shock:
Image
Dictionnaire des Symboles a écrit:CERF (Daim, Gazelle)

7. Dans l’iconographie mythologique gréco-romaine, les cerfs sont attelés au char de la déesse Artémis (Diane), qui les dirige avec des rênes d’or. Sans doute doivent-ils ce privilège à leur agilité. Diane de Poitiers, souvent représentée en compagnie d’un cerf, avait une devise, qui pourrait être celle de la déesse chasseresse : quodcumque petit consequitur (elle obtient tout ce qu’elle désire).

8. Un signe net de l'importance du cerf dans la symbolique celtique est la fréquence relative de son apparition dans l'iconographie ou la légende. Une divinité gauloise porte le nom de Cernunnos, celui qui a le sommet du crâne comme un cerf. Elle est représentée sur le chaudron d'argent de Gundestrup, assise dans la posture bouddhique, tenant d'une main un torque et de l'autre un serpent, entourée d'animaux les plus divers, et notamment d'un cerf et d'un serpent. Peut-être faut-il voir dans ces bois de cerf surmontant la tête du dieu un rayonnement de lumière céleste (voir corne*).

Un autre monument remarquable est celui de Reims où Cernunnos est représenté en dieu de l'abondance. On en connaît plusieurs autres. Cependant, il semble bien que le dieu doit être compris comme le maître des animaux.

En Irlande, le fils du grand héros du cycle ossianique, Find, s'appelle Oisin (faon), tandis que Saint Patrick se métamorphose et métamorphose ses compagnons en cerfs (ou en daims) pour échapper aux embûches du roi païen Lœgaire : il agit ainsi en vertu de l'incantation ou procédé magique appelé feth fiada, lequel procurait normalement l'invisibilité.

Au retour de sa première expédition sur la frontière d’Ulster Cùchulainn enfant capture plusieurs cerfs et il les contraint à courir à côté de son char.

Il faut citer encore l’histoire de Tuan Mac Cairill, transformé successivement, entre la première invasion de l’Irlande et l’arrivée de saint Patrick, en cerf, en sanglier, en faucon et en saumon.

Le symbolisme du cerf dans le monde celtique est donc très vaste et il a trait aux états primordiaux. Faute d’une étude d’ensemble, on doit provisoirement à relever le symbolisme de longévité et d’abondance. Les Gaulois employaient de nombreux talismans, en bois de cerf, et on a noté, en Suisse, dans des tombes alémanes des ensevelissements de cerfs à côté de chevaux et d’hommes. On a rapproché le fait des masques de cerf dont étaient munis des chevaux sacrifiés dans des kourganes de l’Altaï aux Ve et VIe siècles avant notre ère. En Bretagne armoricaine, Saint Edern est représenté chevauchant un cerf. (CHAB, 240-257; ZEIP 24, 10 sq. et 155 sq. ; OGAC, 5, 324 – 329, 8, 3 sq., 9, 5sq.).

Comme le renne*, le chevreuil*, le cerf semble avoir joué un rôle de psychopompe (qui conduit les âmes des morts) dans certaines traditions européennes, notamment chez les Celtes : le Morholt d'Irlande, oncle d'Yseult, occis par Tristan en un combat singulier, est dépeint gisant mort cousu dans une peau de cerf. (BEDT, 20). L.-G.

11. Des écrivains et des artistes ont fait du cerf un symbole de prudence, parce qu’il fuit dans le sens du vent qui emporte avec lui son odeur, et qu’il reconnaît d’instinct les plantes médicinales. Symbole aussi d’ardeur sexuelle : il figure près du couple d’Aphrodite et d’Adonis, près de Suzanne au bain, épiée par des vieillards, etc. ; de l’ouïe parce que les oreilles dressées, on ne peut l’approcher sans qu’il entende le bruit ; de la poésie lyrique, parce qu’il se trouve auprès de la muse Erato qu’il aime ; de la musique au point de se coucher pour l’écouter et parce que ses bois sont en forme de lyre (TERS, 65-68 ).

Dictionnaire des Symboles
Jean Chevalier, Alain Gheerbrant - Editions Seghers, 1974, p. 309-313.

e.

MessagePosté: Ven 28 Avr, 2006 13:35
de Taliesin
sans oublier le cerf de saint Thelo qui grimpe aux arbres comme un écureuil quand les chiens lui courent après.

MessagePosté: Ven 28 Avr, 2006 21:50
de ejds
Taliesin a écrit:sans oublier le cerf de saint Thelo qui grimpe aux arbres comme un écureuil quand les chiens lui courent après.

Ah bon ?! Mais d'où tiens-tu cette information ? :?

e.

MessagePosté: Ven 28 Avr, 2006 22:07
de Taliesin
Ben, fallait venir au week-end de formation SMF, tu aurais eu toutes les explications par Joël, expert es-saint thelo.

MessagePosté: Ven 28 Avr, 2006 23:00
de ejds
Taliesin a écrit:Ben, fallait venir au week-end de formation SMF, tu aurais eu toutes les explications par Joël, expert es-saint thelo.

Ah bon ?! Oulala!!! Va falloir qu'il s'explique alors.
Ou sinon il va voir de quels bois je me chauffe !! :lol:

Image... e.

MessagePosté: Dim 30 Avr, 2006 5:56
de ejds
Quand les légendes courent après l’archéologie
L’extraordinaire tombe au cerf de Villeneuve-Renneville

Les extraits suivants permettent de faire connaître, d’abord, un écrivain-historien : Henri-Paul Eydoux (1907-1986), et un de ses livres : hommes et dieux de la Gaule, dans lequel il décrit une région : la Marne ; ensuite, l’étonnante vie d’un archéologue méconnu, découvreur d’une fosse au cerf : André Brisson. :shock::?

UN PAYSAN MARNAIS VIRTUOSE DE LA RECHERCHE ET DE LA DÉCOUVERTE :
ANDRÉ BRISSON


Il s’appelle André Brisson. Son nom vous est sans doute inconnu. Il n’a pas l’honneur des revues ou journaux. Il ne participe pas aux grands congrès où s’affrontent les ténors de la recherche. Il n’entre pas non plus dans la catégorie des spécialistes brevetés qui ont droit aux encouragements et aux concours officiels. Cependant, il est un de nos meilleurs archéologues existants. Il constitue même, a-t-on pu dire, un « phénomène archéologique ».

Cet homme habite à Écury-le-Repos, un petit village du département de la Marne près de Bergères-les-Vertus (ô douce saveur des noms du terroir !…). Écury se trouve à l’est des trop célèbres marais de Saint-Gond, à quelques kilomètres au nord de Fère-Champenoise. Nous sommes là dans la partie de la Champagne qui est posée sur un socle de craie. On l’appelait jadis « pouilleuse » mais, aujourd’hui, on la qualifie plus pudiquement de « Champagne sèche ». Elle a forgé une race de paysans solides, tenaces, qui ont réussi à transformer et à vivifier un sol ingrat. André Brisson y appartient. C’est un paysan – et il s’en flatte – dont la famille, aussi loin qu’on puisse remonter, a toujours été ancrée sur cette terre.

Quarante ans d’archéologie « sur le tas ».

Brisson approche aujourd’hui de la soixantaine. Il est grand, solidement bâti, avec une démarche un peu pesante. Il a une belle tête couronnée de cheveux blancs, plantés drus, le visage bien découpé, halé, éclairé par des yeux pleins de douceur. Sa voix est chaude, avec de savoureuses intonations (pl. XXX).

Brisson fait de l’archéologie depuis quarante ans. Oui depuis quarante ans… Et de l’archéologie sur le tas, si je peux dire. On ne compte plus ses fouilles et ses découvertes ; ce serait une statistique longue et, d’ailleurs, vaine. Il a appris le « métier » au contact du sol, bouquinant aux heures libres, écoutant les bons conseils. Entendez-le parler des Gaulois d’il y a deux ou trois millénaires. Il use de toute la terminologie des spécialistes ; il jongle aisément avec les époques, les techniques et toutes ces données multiples qui concourent à l’archéologie. […]

Henri-Paul Eydoux, hommes et dieux de la Gaule.
Les récentes découvertes archéologiques.
Éditeur Plon, 1961, p. 145.

S'en suit l'éloge biographique de l'homme et le descriptif de sa région ; puis..., une étrange découverte vieille de deux mille cinq cents ans : :shock::shock:

L’extraordinaire tombe du cerf.

A la fin de l’été 1953, André Brisson allait faire une découverte très sensationnelle. Une fois de plus, elle était due au hasard. La chance est décidément l’auxiliaire de l’archéologie. Si celle-ci devait avoir une déesse protectrice, ce serait sans nul doute Fortuna

Le Gaz de France faisait alors poser entre Bergères-les-Vertus et Reims une canalisation branchée sur le feeder alimentant Paris en gaz de Lorraine. On sait comment un tel travail est conduit : une excavatrice creuse une tranchée dans laquelle est placée la conduite. C’est comme un couperet qui entaille la terre avec rapidité et sans rémission. Soit dit en passant, combien de vestiges vénérables enfouis dans le sol ont dû être bouleversés par de telles exigences modernes… Mais, là, ne nous plaignons pas : la pose d’un pipe-line en Champagne a provoqué une trouvaille d’importance.

L’excavatrice, creusant la tranchée sur le territoire de Villeneuve-Renneville, au lieu dit « Le mont Gravet » (fig. 30), a coupé en effet une tombe gauloise. Un ingénieur de l’E.D.F., M. Hégly, lui-même excellent archéologue, a alerté André Brisson, qui est accouru sur les lieux et a fait des sondages prometteurs aux alentours. Des fouilles sont alors entreprises : cinquante-trois tombes sont explorées qui livrent un très riche matériel. Il y a d’autres sépultures encore, mais elles gisent sous des parcelles plantées en vignes et il faut remettre leur dégagement à plus tard.

Le 7 janvier 1956, plusieurs personnes ont été conviées par Brisson à une journée de fouilles dans la nécropole du « mont Gravet ». Il y a là M. Couty, alors président de la Société archéologique champenoise ; M. Maurice Jorssen, ingénieur des travaux publics à Reims, qui préside aujourd’hui cette société ; M. Hégly, l’ingénieur de l’E.D.F., qui avait signalé la première tombe mise au jour fortuitement ; M. Hu, professeur au collège d’Épernay ; M. Cherrière, un représentant de commerce passionné d’archéologie, qui est un bon auxiliaire de Brisson. C’est une froide journée ; la petite équipe est heureuse de se retrouver, de donner des coups de pioche tout en devisant sur les études qui lui sont chères. La sonde vient de déceler une fosse mortuaire, soigneusement taillée dans la craie du coteau ; elle ne diffère pas des autres fosses de la nécropole. Sa fouille sera le programme de la journée.

Tout le monde se met au travail. On enlève d’abord la couche de terre végétale. Les contours de la fosse se dessinent : elle est longue de 1 m. 80 et large de 70 centimètres. Des ossements apparaissent bientôt, mais – ô surprise! – ce ne sont point ceux d’un humain. Brisson et ses camarades activent le dégagement, tout en procédant avec une rigoureuse minutie. C’est le squelette complet d’un cerf qui est mis au jour ; tous les os sont en connexion anatomique. La bête a été inhumée les pattes repliées, la tête en arrière. Va-t-on retrouver également des ossements humains ? Non point, le cerf n’était pas une offrande funéraire, le compagnon d’un mortel dans l’au-delà. Il était seul dans la tombe (fig. 31).

La découverte est surprenante. C’est la première fois, en effet, qu’on trouve un tel animal inhumé à l’instar des hommes. Dans la terre emplissant la fosse, se trouvent quatre anneaux de bronze, qui sont les éléments d’une bride : deux à la base du frontal et deux autres en arrière de la ramure. Enfin, sous le crâne, apparaît un mors de bride en bronze. Les anneaux de base des montants du mors sont usés et tordus et ils semblent bien prouver que l’animal était rétif. Ceci paraît confirmé, d’ailleurs, par une constatation curieuse : les andouillers ont été sciés à leur base, du vivant de l’animal qui ne possédait donc plus que ses deux perches.

Le crâne est ramené à Épernay. Brisson le nettoie et découvre alors qu’il porte en arrière de la corne droite une blessure qui a dû être mortelle : un trou de deux à trois centimètres. Point de traces d’esquilles. Il apparaît bien que l’animal a été sacrifié et qu’il a été déposé dans la fosse alors que le corps était encore chaud, autant qu’on en puisse juger par le repliement du cou et des pattes postérieures dans la fosse.

Voilà de quoi épiloguer sur le culte du cerf… La bête du mont Gravet était domestiquée, ou, du moins, domptée. On lui passait un mors et on devait la faire participer à des cérémonies de culte jusqu’au jour où elle a été rituellement sacrifiée et inhumée dans une tombe à l’instar d’un homme. Première découverte de cette nature, certes mais que rejoignent tant d’autres constatations, faites en Gaule et dans le monde celtique, sur le rôle que jouait le cerf dans les croyances.

On peut voir, dans le fameux groupe de bas-reliefs des nautae parisiaci, qui figure au musée de Cluny, un dieu barbu, doté d’oreilles animales en plus des siennes et de bois de cervidé auxquels sont suspendus deux torques gaulois ; une inscription le surmonte, malheureusement incomplète et qu’on a généralement déchiffrée Cernunnos. Ce même dieu figure sur un bas-relief conservé au musée de Reims ; sa tête est ornée d’une vaste ramure de cerf ; à ses pieds, un cerf et un taureau se repaissent des grains déversés d’un sac qu’il tient dans ses mains. Détail notable : Apollon et Mercure entourent ce Cernunnos, soulignant comment les panthéons gaulois et romains ont pu s’associer et se fondre. Et il faut rappeler aussi que Cernunnos figure sur le chaudron de Gundestrup, cet admirable chef-d’œuvre de l’art celtique qui est conservé au musée de Copenhague ; on le voit paré d’une belle ramure, brandissant d’une main le fameux torque et jugulant, de l’autre, un grand serpent.

Que ne pourrait-on dire sur ce dieu, mi-humain mi-animal, à ramure de cerf ? Paul-Marie Duval a pu écrire à ce sujet dans sa Vie quotidenne en Gaule : « Le cerf est l’animal-roi des forêts européennes, réputé pour sa mâle vigueur, sa combativité, sa longévité, son goût des hauteurs et ses allures solitaires, son aptitude à détruire les serpents, et la noble domination qu’il exerce sur la faune des bois. Ce qu’on adore sous la forme d’un homme coiffé de sa ramure, c’est un dieu de la fécondité ; c’est aussi un dieu infernal, car la terre, avec laquelle il est en étroit contact, n’est pas seulement source de toute richesse : elle est encore le séjour des morts. » Telles sont quelques-unes des raisons qui pouvaient faire du cerf une sorte d’animal sacré. Il y en avait d’autres aussi : la ramure du cerf se renouvelant chaque année devait être symbole de la renaissance et, peut-être, déjà même d’une croyance dans l’immortalité.

Il est frappant, en, tout cas de constater qu’une telle religiosité du cerf, dont on a, grâce à la tombe du mont Gravet, la preuve qu’elle avait toute sa force plusieurs siècles avant notre ère, s’est perpétuée tardivement, même dans la chrétienté, et qu’au surplus, elle n’était pas propre à la Gaule. C’est ainsi qu’on a trouvé près de Bâle, une tombe alamanique, contemporaine de l’époque mérovingienne, qui renfermait le squelette complet d’une biche. Celle-ci faisait cortège, avec un cheval enterré également à proximité, à un guerrier paré de son épée. D’autre part, dans un puits funéraire mis au jour à Menneval, près de Bernay, dans l’Eure, on a trouvé quantité d’ossements d’animaux, dont des cerfs entiers, des têtes et des bois de cerfs ; là, les enfouissements sont mal datables ; cependant, les plus récents semblent être de la période mérovingienne.

Mais allons plus loin : la légende de saint Hubert, avec la vision de la croix apparaissant entre les bois d’un cerf, celle aussi de saint Julien l’Hospitalier rapportée par Flaubert ne montrent-elles pas que les chrétiens ont fait de singuliers emprunts à ces vieux cultes, tout comme les Romains avaient su adopter des cultes gaulois qu’ils paraient habilement des noms de leur propre mythologie ? En tout cas, si le symbolisme du cerf paraît complexe, il semble que le christianisme l’ait repris et adapté à ses dogmes. Édouard Salin a évoqué la question dans son œuvre magistrale sur La civilisation mérovingienne. Il note que divers textes, dus en particulier aux Pères grecs et à Origène, le célèbre exégète d’Alexandrie, se rapportent à ce symbolisme, telle la fable du cerf et du serpent, image de la lutte entre le fidèle et le démon, tels aussi les commentaires donnés au premier verset du psaume XLII : « Comme le cerf aspire après les eaux courantes, ainsi mon âme soupire après toi, Elchim. » Et ne doit-on pas rappeler aussi la phrase de saint Augustin décrivant les joies et les tourments du fidèle engagé comme le cerf « dans la vie du siècle ».

Revenons au cerf du mont Gravet. Il est troublant qu’il ait été doté d’une bride et d’un mors. Était-ce seulement pour le conduire dans des cérémonies de culte ? Et, si l’on veut pousser l’imagerie, ne peut-on penser que la bête était normalement attelée au char d’un important personnage ou d’un grand-prêtre ? Ceci n’est pas une supposition de pure fantaisie. Qu’on se réfère au triomphe d’Aurélien, qui, dans la seconde moitié du IIIe siècle, rétablit l’ordre et l’unité de l’Empire. A la cérémonie, qui revêtit un éclat outrancier, figuraient Zénobie, l’illustre reine de Palmyre, et Tetricus, cet aristocrate bordelais qui s’était fait proclamer empereur. Dans le cortège, relate le biographe d’Aurélien, « il y avait un char attelé de quatre cerfs qui avait appartenu, dit-on, au roi des Goths. Aurélien y monta jusqu’au Capitole pour immoler les cerfs à Jupiter Capitolin ». Témoignages intéressant, n’est-ce pas, puisqu’il souligne que, chez les Goths, cette peuplade germanique qui devait, moins de deux siècles après Aurélien, submerger l’empire romain, les cerfs formaient l’attelage royal et que, par surcroît, ces animaux avaient, à Rome, une valeur sacrée telle qu’ils étaient dignes d’une solennelle immolation.

Ainsi, que de perspectives ouvre cette trouvaille, par André Brisson, d’un cerf enterré, tel un humain, dans une fosse qui lui était propre ! A quelle date peut-on attribuer cet ensevelissement ? Au début de la période de la Tène, c’est-à-dire 500 avant Jésus-Christ. Il y a près de deux mille cinq cents ans de cela…

Henri-Paul Eydoux, hommes et dieux de la Gaule.
Les récentes découvertes archéologiques.
Éditeur Plon, 1961, pp. 164-171.

e.

MessagePosté: Mer 03 Mai, 2006 16:30
de DT
Ave,
sans oublier le cerf de saint Thelo qui grimpe aux arbres comme un écureuil quand les chiens lui courent après.

Grimpant aux arbres comme des écureuils, les seuls cerfs a priori connus sont ceux de la mythologie scandinave.
Image.
Voici la légende de cette illustration.
La fin du monde viendra quand le loup Fenrir brisera ses liens et hantera le monde avec sa progéniture pour répandre la mort et la destruction. Alors le frêne universel Yggdrasil, sur lequel tout repose, s'écroulera. Odin périra avec tous les dieux et une nouvelle race prendra possession de la terre. Au centre : une page du manuscrit du XVIIe siècle déjà présenté p. 32 : elle est agrémentée de nombreuses annotations, tirées pour la plupart des récits de Snorri ou le paraphrasant. A gauche se trouve Fenrir toujours enchainé : « La salive coule de sa gueule et forme la rivière appelée Von. Les Æsir ont amené le loup près du lac nommé Amsvartner, sur l'île appelée Lyngve. Il y restera jusqu'à Ragnarok (la Fin du monde.) ». A droite se trouve Yggdrasil : « Des cerfs courent le long de ses branches et mangent les pousses. Un aigle perche dans les branches du frêne ». (« il connaît beaucoup de choses, et entre ses yeux se tient le faucon du nom de Vedrfolnir » - Snorri). Le serpent Nidhogg ronge les racines de l'arbre, et l'écureuil Ratatosk « transmet des messages malfaisants entre l'aigle et Nidhogg ».

Salut.

MessagePosté: Lun 10 Juil, 2006 10:54
de ejds
La "divine" biche blanche de Quintus Sertorius, général romain, (Nursia, v. 123 – en Espagne, 72 av. J.-C.) : :shock::shock:

PLUTARQUE

Vie de Sertorius
Traduction Ricard

http://ugo.bratelli.free.fr/Plutarque/P ... torius.htm

11. Appelé alors par les Lusitaniens, il partit d'Afrique ; investi, à son arrivée, de toute l'autorité de général, il mit une armée sur pied, et eut bientôt soumis la partie de l'Espagne la plus voisine de la Lusitanie. Ces peuples, charmés surtout de sa douceur et de son activité, se rendaient à lui volontairement ; il est vrai aussi qu'il mit en usage l'artifice et la ruse pour les tromper et les attirer dans son parti. Une biche fut le principal ressort qu'il fit jouer pour cela. Un homme du pays, nommé Spanus, qui vivait à la campagne, rencontra un jour une biche qui venait de mettre bas, et qui était poursuivie par des chasseurs. Il la laissa fuir en liberté ; mais, frappé de la couleur extraordinaire du faon, dont la robe était toute blanche, il se mit à le poursuivre et le saisit. Sertorius était, par hasard, campé dans les environs. Comme on lui voyait recevoir avec plaisir tous les présents de gibier ou de fruit qu'on lui présentait, et récompenser généreusement ceux qui lui faisaient ainsi leur cour ; cet homme lui apporta sa petite biche, que Sertorius reçut sans montrer beaucoup de satisfaction de ce présent ; mais l'ayant ensuite tellement apprivoisée qu'elle venait à sa voix, et le suivait partout sans être jamais effarouchée du tumulte du camp, ni du bruit des soldats, il en vint peu à peu à la diviniser, pour ainsi dire ; il débita que cette biche était un présent de Diane ; et connaissant l'empire de la superstition sur les Barbares, il leur fit accroire que cet animal lui découvrait bien des choses cachées. Il employait l'artifice pour accréditer ces bruits. Était-il informé par quelque avis secret, que les ennemis avaient fait une incursion sur les terres de sa province, ou qu'ils avaient sollicité une ville à la défection, il feignait d'en avoir été averti par la biche pendant son sommeil, et d'avoir reçu d'elle l'ordre de tenir ses troupes prêtes à combattre. Apprenait-il qu'un de ses lieutenants avait eu quelque avantage, il défendait au courrier de se montrer, faisait paraître en public sa biche couronnée de fleurs, pour marquer qu'il avait reçu une heureuse nouvelle ; et pour animer le courage de ses soldats, il les exhortait à faire des sacrifices aux dieux, en leur promettant qu'ils apprendraient bientôt quelque heureux succès.

12. Par cet artifice, il les rendit souples et soumis à toutes ses volontés ; car ils se croyaient commandés, non par un général étranger et d'une grande prudence, mais par un dieu même ; les événements concouraient à les affermir dans cette opinion, lorsqu'ils voyaient les progrès extraordinaires de sa puissance. […]

20. Sertorius regrettait fort sa biche blanche, qu'on ne pouvait retrouver nulle part ; cette perte lui ôtait une de ses plus grandes ressources pour gouverner les Barbares, et jamais ils n'avaient eu plus besoin d'être encouragés ; mais quelques soldats qui s'étaient égarés la nuit, l'ayant rencontrée, la reconnurent à sa couleur, et la ramenèrent à Sertorius, qui leur promit une grande somme d'argent, s'ils voulaient n'en parler à personne. Il fit cacher la biche, et peu de jours après il parut en public avec un visage gai, dit aux chefs des Barbares que les dieux lui avaient fait connaître, pendant son sommeil, que bientôt il lui arriverait quelque chose de très heureux ; et montant sur la tribune, il donna audience à tous ceux qui se présentèrent. Dans ce moment la biche, que les soldats qui la gardaient près de là venaient de lâcher, voyant Sertorius, s'élance avec un air de joie vers le tribunal, appuie sa tête sur les genoux de Sertorius ; et lui lèche la main droite, caresse qu'elle avait coutume de lui faire. Sertorius répond à ses caresses par des témoignages d'une véritable affection, jusqu'à verser des larmes. Après quelques moments de surprise, les spectateurs finissent par battre des mains, en s'écriant que Sertorius est un homme divin et chéri des dieux ; ils le reconduisent dans sa tente, pleins de confiance, et se livrent aux plus heureuses espérances.

e.

MessagePosté: Mar 07 Nov, 2006 16:27
de ejds
Évolution des croyances, des mentalités et des superstitions du temps de Sertorius, polémique sur faon blanc en Allemagne : :?

news.yahoo.com a écrit:L'Allemagne se prend d'affection pour un faon albinos

vendredi 3 novembre 2006, 16h37
Par Andrea HENTSCHEL


http://fr.news.yahoo.com/03112006/202/l ... binos.html

DRESDE (AFP) - L'Allemagne, après s'être passionnée en juin pour le sauvetage d'un ours, s'est prise d'affection pour un faon albinos en liberté en Saxe (est), menacé d'être éliminé par des chasseurs pour des raisons de pureté de race.

Stefanie Hertel, une chanteuse de musique populaire, a même annoncé dans le quotidien populaire Bild paru vendredi qu'elle prévoyait de reverser les bénéfices d'un prochain concert pour sauver la vie du "Bambi blanc" en le faisant transférer dans un parc zoologique de la région.

"Ce magnifique animal ne doit jamais être tué", a expliqué la chanteuse, alors que l'avenir du faon est incertain depuis quelques jours.

L'animal albinos repéré dans le massif montagneux du Erzgebirge serait menacé par les chasseurs locaux qui veulent préserver la pureté de la race pour des raisons sanitaires.

"Le faon blanc souffre d'une mutation génétique. Ceux qui n'appartiennent pas à la nature doivent être éliminés", avait affirmé mercredi dans le Bild Günter Giese, président de la Fédération des chasseurs de Saxe. Il avait ensuite démenti avoir demandé l'abattage de l'animal, expliquant que "la décision appartient à son propriétaire ou à son éleveur".

Selon le responsable de l'Institut d'études vétérinaires de Berlin, Thomas Hildebrandt, "l'accouplement d'un albinos avec un animal sain pourrait menacer la race entière, le patrimoine génétique pourrait être menacé sur plusieurs générations".

Pour autant, le vétérinaire a assuré qu'il était contre des mesures radicales. "L'animal ne doit pas être tué, il peut simplement être enfermé", a-t-il estimé.

Le directeur du zoo de Dresde, Wolfgang Ludwig, a pour sa part expliqué que les animaux albinos avaient moins de chances de survie à l'état sauvage.

Vendredi, la Fédération des chasseurs saxons a de nouveau précisé qu'elle n'avait donné aucune consigne de tir à ses membres. Le propriétaire de l'élevage du "Bambi blanc" a également assuré qu'il refusait de tuer son animal.

Le ministère saxon de l'Environnement a de son côté fait savoir qu'il ne voyait aucune nécessité d'abattre l'animal.

Le faon pourrait aussi être transféré dans le nord-est du pays, où la Fondation allemande pour les animaux sauvages exploite un parc de plusieurs centaines d'hectares, protégé des chasseurs. Selon cette fondation, le défaut génétique dont souffre le faon ne pose pas de problème tant qu'il existe assez de cerfs en bonne santé.

Le faon sera-t-il finalement sauvé par un dicton local, selon lequel "celui qui abat un animal blanc meurt dans l'année"?

En juin, les Allemands s'étaient également attachés à un ours brun échappé d'une réserve italienne et qui avait erré pendant deux semaines dans les Alpes bavaroises, provoquant des dégâts dans les ruches et dans les élevages de brebis.

L'ours, baptisé "Bruno", avait finalement été abattu par des chasseurs et sa mort avait provoqué une vague d'indignation. L'Etat régional de Bavière avait prévu d'empailler le plantigrade pour l'exposer dans un musée de la région.

e.