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Salute, Salut, Salam, Shalom...

MessagePosté: Ven 18 Juin, 2004 12:09
de ejds
Salute, Salut, Salam, Shalom… à tous et à toi Pan, qui nous à fait une très belle remarque sur la lenteur des ânes. Ceux-ci dans d’autres fresques dédiées au Bacchus romain prendront aussi la forme de majestueux et sobres animaux à bosse mais tout aussi difficiles à commander (dromadaires/chameaux). :lol: :lol:

Pour une fois qu’un topic ne tourne pas en vinaigre, il est vrai qu’il est difficile de donner une continuité à la question de base, et du précédent intervenant, car il est très facile de se laisser égarer dans ses emportements, même à jeun et quel que soit l’âge et l’heure. Quelques intervenants ayant propension et inadvertance de ce fait de sautiller, ramener et transvaser leurs sujets favoris, querelles futiles ou soucis velléitaires sur les différents topics. :lol:
Au moins le fil Dionysos prend le temps de prendre souche et la robe pourpre de sa treille à le mérite de se répandre en grappes mûres, en longues torsades de sarments quelque peu désordonnées et agitées de vaguelettes contrariées.

Le culte de Dionysos, rappelons le, étant lié au vin, il devient donc difficile de contrôler les esprits des hommes, surtout quand ils sont bus et deviennent turbulents. Tout ce qui a trait à leur folie douce, dans les actes les plus simples de tous les jours ou à son paroxysme exacerbé lors des grands événements de la vie (fugue, désertion, divorce…) ou telle l’issue libératrice d’un combat où la mise à mort se termine en mutilation ou décapitation des corps de l’ennemi.
Cette folie feinte ou réelle est aussi prétexte de prime abord à l’art théâtral, à la manipulation, à la persuasion à commettre des actes le plus souvent irréfléchis et répréhensibles.
Un site à voir sur l’art théâtral et un temple consacré à Dionysos à Pergame : :D

http://jfbradu.free.fr/GRECEANTIQUE/tur ... game13.htm

Et sur Hamlet !
Comme on le voit sur ce fil consacré à Dionysos/Sucellus, le thème de la mort, de l’au-delà et du crâne sont des thèmes itératifs dans la littérature, les pratiques sépulcrales et légendes celtiques.
Ainsi, mêlant aigrement et allégrement femmes soumises et fragiles, amour du vin, désir sexuel incestueux, excès, débauche…, Shakespeare dans Hamlet exhumera le thème du crâne et de la mort et renvoie à la folie sous forme de sept monologues, tous centrés sur les grands thèmes existentiels : le vide de l’existence, le suicide, la mort, la souffrance, l’action, la crainte de la mort qui retarde les décisions les plus fermes, la crainte de l’au-delà, l’avilissement de la chair, le triomphe du vice sur la vertu, l’orgueil et l’hypocrisie de l’être humain, la difficulté d’agir sous le poids d’une réflexion "qui fait de nous des lâches".

La suite, fort joliment expliquée et détaillée, dans un cahier du sujet du bac : :D

http://www.chez.com/bacfrancais/hamlet.htm

ejds

MessagePosté: Ven 18 Juin, 2004 13:20
de Marc'heg an Avel
En vrac :

**********

Le culte originel de Bacchus n'est pas le vin, mais l'eau.

cf. toponymie : *b°k- = eau courante, ruisseau.

Allemand : *bac'h; Norois *bek, etc ...

***********

Bacchus était le protégé de Cybèle, LA DEESSE MERE, dispensatrice des liquides vitaux de la vie humaine : l'eau et le lait.

L'un de ses animaux totémiques : le Taureau !

************

Ha la vache !

JC Even :)

MessagePosté: Ven 18 Juin, 2004 14:04
de Patrice
Le culte originel de Bacchus n'est pas le vin, mais l'eau.

cf. toponymie : *b°k- = eau courante, ruisseau.


Mouais... Moi j'en aurais plutôt fait un équivalent du védique Bagha: le "Dispensateur".

A+

Patrice

MessagePosté: Ven 18 Juin, 2004 14:11
de Marc'heg an Avel
Mouais, mouais,

J'ai dit "dispensatrice" pour Cybèle, protectrice de Bacchus,

et tu dis "dispensateur" pour Bacchus.

Dispensons nous de tout malentendu : je pense que nous sommes sur des fluides semblables. Question de niveau d'interprétation.

JC Even :)

MessagePosté: Ven 18 Juin, 2004 15:03
de Muskull
Nous pouvons voir les choses ainsi :
L'eau est le fluide vital de la nature, le sang celui de l'homme chez qui l'eau se trouve dans les larmes et dans la transpiration ; "tu gagneras ton pain à la sueur de ton front"...

L'eau du Nil se transforme en sang du temps de Moïse, Jésus mais aussi Sin transforme l'eau en vin. Bénédiction d'un côté, malédiction de l'autre ; le jeu entre ces symboles est très riche, autant dans les mythes que dans les écrits poétiques de tout les temps.

MessagePosté: Ven 18 Juin, 2004 19:02
de Fergus
Le culte originel de Bacchus n'est pas le vin, mais l'eau.


A part ta supposition étymologique, qu'est-ce qui te fait dire ça ? Quel mythe soutient cette thèse ?

MessagePosté: Ven 18 Juin, 2004 19:40
de Adcanaunos
:?
Scepticisme partagé
Le nom du dieu grec Bacchos, qui apparaît pour la première fois chez Soph. O.R. 211) se confond avec Iakkhos (i.e. Dionysos :http://www.theoi.com/Kronos/Iakkhos.html).
L'interchangeabilité du B/I me semble, à première vue, incompatible avec l'étymologie proposée (en non-spécialiste !).
Sang, sueur, sperme et souffle vital sont des émanations humaines à haute teneur symbolique, qui entretiennent des liens divers et variés avec l'ensemble du panthéon indo-européen (pour ne pas citer les autres !).
Assimiler le dieu du vin pur à l'eau, son opposé naturel, me semble un peu hasardeux. Mais je ne demande qu'à être convaincu...

MessagePosté: Sam 19 Juin, 2004 12:06
de Muskull
Bois, c'est là l'éternité,
La récolte de la jeunesse.
A la saison des roses, du vin, des amis ivres
Savoure un instant de bonheur : la vie n'est rien d'autre.

Omar Khayyam.

Une petite histoire du vin qui n'est pas sans intérêt pour notre sujet :
http://www.france-decouverte1.com/VIN/photoalbum.html

Par ailleurs et pour revenir sur la possible conception de l'âme chez les peuples celtiques, il y a cette analyse intéressante mais très longue sur les doctrines orphiques et pythagoriciennes :
http://remacle.org/bloodwolf/livres/gomperz/chap5.htm

Cette théorie commune peut se résumer en une seule, mais très significative expression : la chute de l'âme par l'effet du péché. L'âme est d'origine divine, la terre est indigne d'elle ; le corps est pour elle une chaîne, une prison, un tombeau. Sa propre faute seule pouvait la précipiter des splendeurs célestes dans les souillures de la vie terrestre. Elle doit subir le repentir et porter la peine de ce crime ; l'expiation et la purification seules lui permettent de rentrer dans sa patrie première, dans le monde du divin. Cette purification et cette expiation s'accomplissent de deux manières : par les châtiments infernaux et par le cycle des naissances. Il est difficile de croire, d'ailleurs, que ces deux moyens, d'un caractère si différent, pour atteindre le même but, aient été liés dès le début. C'est pourquoi, et pour d'autres motifs encore, il est permis de supposer que les châtiments infernaux se sont ajoutés, soudés à la métempsycose pythagoricienne, et d'y voir un apport postérieur des Orphiques.

Citation qui résume de façon lapidaire un développement des plus intéressant même s'il date un peu...

La question étant bien évidemment de savoir si les gaulois partageaient en partie ce type de croyances ce qui colorerait de façon différente leurs grands festins sacrificiels ; car nous sommes à la même époque et la venue du vin en occident n'a pu qu'être accompagnée de toute une "dialectique" lui appartenant.

MessagePosté: Sam 19 Juin, 2004 12:21
de mikhail
Dans la suite de Fergus, le passage des symbolismes de l'eau aux symbolismes du vin est un tel changement de paradigme qu'il me paraît bien difficile à admettre.
N'étant spécialiste de rien, je me borne à exprimer cette opinion, très dubitative.

mikhail

Poison

MessagePosté: Sam 19 Juin, 2004 12:35
de Adcanaunos
La parole à CICERON, Pro Fonteio (cité par Ammien Marcellin XV 12 4), à propos des Celtes :

« C'est une race portée sur le vin, raffolant de multiples boissons qui ressemblent au vin, et parmi eux des gens de basse condition, l'intelligence affaiblie par cette ivresse continuelle qu'un mot de Caton a définie ‘une espèce de folie volontaire’, se laissent entraîner à rôder au hasard et donnent raison à ce que dit Cicéron dans la défense de Fonteius : ‘les Gaulois après cela boiront leur vin trempé [d’eau], ce qu'ils redoutaient comme un poison.’ »
[Trad. Édouard Galletier, BL]

Venenum... Le mot n'est pas faible !

Dans un récent article consacré à l'ivresse celtique, j'ai suggéré que ce refus recouvrait un tabou (geiss) lié à l'interdiction d'allier ces deux principes antinomiques que sont l'eau et le couple vin-sang :

Festins sacrés et ivresse collective en Gaule Celtique : traces littéraires, perspectives archéologiques. In : B. Lambot, P. Méniel, Le centre communautaire et cultuel du village d’Acy-Romance dans son contexte régional . In : Rites et espace en pays celte et méditerranéen : étude comparée à partir du village d’Acy-Romance. Actes du Coll. de Rome 1997, Collections de l’Ecole Française de Rome n°276, 2001, 305-335.

Fête de la musique : le chant des Bacchantes !

MessagePosté: Dim 20 Juin, 2004 21:20
de ejds
Fête de la musique : le chant des Bacchantes !
C’est ce soir la fête du solstice d’été et la fête de la musique! 8)
Pour en revenir aux furieuses Bacchantes ou Ménades, ces femmes impétueuses éprises de Dionysos, s’abandonnant avec ferveur à son culte, parfois jusqu’au délire et à la mort. A leurs pratiques étranges, surtout répandues sur le pourtour du bassin méditerranéen, on a donné le nom d’orgiasme ou de ménadisme.
Il paraît qu’il y un groupe de musique qui s’appelle Dionysos, mais je n’ai rien trouvé au sujet de clip son/vidéo sur les Bacchantes, leurs chants, danses, tambours, cymbales ou timbales. :cry: Aussi voyons un peu en vrac, et de quoi y perdre la tête, ce que cela peut donner à travers les textes :

Evoé, Bacchantes, venez,
O venez.
Chantez toutes Dionysos,
Chantez au son des timbales,
Des timbales à la voix profonde.
Avec joie louez celui qui donne la joie;
La musique vous appelle,
Allez, allez à la montagne
Cours, Bacchante au pied léger.


Dionysos fut le dernier dieu à entrer dans l’Olympe. Homère ne l’y a jamais admis. Il n’existe pas de sources anciennes auxquelles se référer sauf une brève allusion dans Hésiode, vers le VIIIè ou le IXè siècle. Un hymne homérique tardif, datant peut-être du IVè siècle, ne donne que le récit concernant des pirates qui prirent à bord de leur bateau, et à leur grand regret, Dionysos. On le retrouvera aussi dans la dernière œuvre d’Euripide, le plus moderne de tous les poètes grecs, qui vécut vers 484-406 av JC.
Euripide nous décrit le sort tragique du roi de Thèbes Penthée et de sa mère (la sœur de Sémélé), qui, voulant mettre fin au culte de ce magicien venu de Lydie, l’enchanteur Dionysos, furent mis en pièces par les Bacchantes.

Je me trouvais absent de ce pays.
J'apprends qu'un mal étrange a gagné la cité.
Les femmes en sont parties, délaissant leur foyer
Pour de prétendues fêtes en l'honneur de Bacchus.
Dans l'ombre épaisse des montagnes elles bondissent
En honorant avec des danses ce nouveau dieu,
Dionysos, quel que soit son vrai nom. Des cratères
Pleins de vin prennent place au sein de leurs cortèges.
Chacune va chercher un endroit solitaire,
S'y blottit et s'y livre aux étreintes des hommes.
Des soi-disant Ménades accomplissant leurs rites !
Mais à Bacchos elles préfèrent Aphrodite !


On retrouvera en vers, la suite de l'arrivée de Penthée sur le site: :D
http://pedagogie.ac-toulouse.fr/lyc-bel ... nthee2.htm

L’affaire des Bacchanales
Les Romains ne furent pas en reste. Pour respecter un vœu, une mère fit consacrer son fils à Bacchus (par des pratiques qu’on réservait alors aux esclaves) :

On emmenait l'initié dans un endroit qui résonnait de hurlements et de chansons, qui retentissait de la musique d'harmonie, du bruit des cymbales et du battement des tambours pour qu'on n'entende pas les cris de ceux qui étaient violés…

Tite-Live nous décrira cette scandaleuse anecdote des Bacchanales qui eut lieu en 186 av JC à Rome et qui devint une affaire d'Etat: :shock: :shock: http://users.skynet.be/remacle/Marius/53marsique.htm

e.

Donne la vie et guérit tout mal

MessagePosté: Dim 20 Juin, 2004 21:27
de ejds
Lorsqu’avec le vin de Dionysos
Les soucis qui rongent les hommes
Quittent tous les cœurs.
Nous voyageons alors vers un pays qui n’a jamais existé.
Le pauvre devient riche, le riche devient généreux,
Les conquérants du monde sont des flèches faites du bois de la vigne.


Si d’un moment à l’autre Dionysos se montre aussi différent c’est qu’en tant que Dieu du Vin, il en a la double nature. Il est le bienfaiteur de l’homme et aussi son destructeur. Sous son aspect bénéfique, il n’est pas seulement le dieu qui rend les hommes heureux, sa coupe : Donne la vie et guérit tout mal.
Sous son empire, le courage est stimulé et la crainte bannie – du moins sur le moment. Il transporte ses adeptes. Il leur insuffle la conviction qu’ils sont capables de réaliser ce qui leur paraissait auparavant bien au-dessus de leurs forces.
Ce sens momentané du pouvoir que donne l’ivresse n’était qu’un signe qui montrait aux hommes qu’ils possédaient en eux bien plus qu’ils n’en savaient, «ils pouvaient eux-mêmes devenir des dieux» (La mythologie, Dionysos – Edith Hamilton – Editions Marabout, 1978).

~ ° ~
- Dieu de l’affranchissement, de la levée des tabous et des interdits, dieu des défoulements et de l’exubérance portée à son paroxysme pour délivrer l’âme de ses désirs : il symbolise les forces obscures qui surgissent de l’inconscient; il est le dieu qui préside aux déchaînements que provoque l’ivresse, toutes les formes de l’ivresse, celle qui s’empare des buveurs, celle qui saisit les foules entraînées par la musique et la danse, celle même de la folie, qu’il inspire à ceux qui ne l’ont pas honoré comme il convient. Il apporte aux hommes les présents de la nature et surtout ceux de la vigne. Il est le dieu aux formes multiples, le créateur d’illusion, l’auteur de miracles (Les Grecs et les Romains – Defradas – 1967).

- Rupture des inhibitions, des répressions, des refoulements, on perçoit l’ambivalence du symbole, libérateur évolutif ou involutif de la personnalité et certaines scènes ne vont pas sans évoquer les fameuses descriptions de l’hystérie.
Par bien des traits, le délire des Bacchantes, avec les mouvements convulsifs et spasmodiques, la flexion du corps en arrière, le renversement et l’agitation de la nuque, rappelle des affections névropathiques, bien décrites aujourd’hui, qui comportent le sentiment de la dépersonnalisation, de l’envahissement du moi par une personne étrangère, ce qui est proprement l’enthousiasme des anciens, c’est-à-dire la possession (Les grandes divinités de la Grèce – Sechan/Leveque – 1966).

- Elles symbolisent l’ivresse d’aimer, le désir d’être pénétrées par le dieu de l’amour, ainsi que l’irrésistible emprise de cette folie, qui est comme l’arme magique du dieu (Dionysos, Histoire du culte de Bacchus – Jeanmaire – 1951).

ejds

Sur la route du vin (ou de l’étain?)

MessagePosté: Dim 20 Juin, 2004 22:18
de ejds
Sur la route du vin (ou de l’étain?)
Je reprends ici quelques textes anciens que l'on peut retrouver en page frontale du forum :
http://www.arbre-celtique.com/approfond ... ations.php


Du moment qu’ils n’offrent que du beau, du bon et du bonheur, pouvoirs religieux et pouvoir commercial florissant vont généralement de paire dans l’Antiquité. :)
Du raisin et de la raison, le vin est un moyen, l’étain est certainement la fin. Ceux qui s’intéressent à ces mythiques îles de l’étain ou Cassitérides ne seront pas surpris de retrouver en chemin l’attrait porté au vin, son pouvoir d’addiction, et au culte appporté à Dionysos.
Par ordre chronologique, la palme d’or des écrivains revient au philosophe, géographe et historien grec Posidonius d’Apamée (vers 135- 50 av JC) qui paraissait très bien documenté sur la géographie et les mœurs antiques des peuples dits «barbares».
De ses nombreux ouvrages, dont aucun ne nous est parvenu, s’inspireront les géographes contemporains ou futurs, tel l’historien grec Diodore de Sicile (Ier siècle av JC), le géographe et historien grec Strabon(vers 58 av JC - 25 ap JC), Athénée... pour décrire les Celtes et leur religion.

~ ° ~
Diodore dans son livre V sur la Bretagne nous indique qu’il y a dans l’Océan plusieurs îles dont la plus grande est appelée Brettanique. Anciennement, elle n’avait jamais été envahie par des forces étrangères, et, à ce que nous avons appris, ni Dionysos, ni Héraclès (Hercule), ni aucun de nos autres héros ou potentats n’y avait porté la guerre (voir fil sur l’étain).

Concernant les têtes coupées, Diodore dans sa Bibliothèque historique (livre V, XXIX) nous infome : Aux ennemis tombés ils enlèvent la tête qu’ils attachent au cou de leurs chevaux; puis remettant à leurs serviteurs les dépouilles ensanglantées, ils emportent ces trophées, en entonnant le péan et en chantant un hymne de victoire, et ils clouent à leurs maisons ces prémices de butin, comme s’ils avaient, en quelques chasses, abattu de fiers animaux. Quant aux têtes de leurs ennemis les plus illustres, imprégnées d’huile de cèdre, ils les gardent avec un soin dans un coffre, et ils les montrent aux étrangers, chacun se glorifiant de ce que pour telle ou telle de ces têtes un de ses ancêtres ou son père ou lui-même n’a pas voulu recevoir une grosse somme d’argent.
On dit que quelques-uns d’entre eux se vantent de n’avoir pas accepté pour une de ces têtes son pesant d’or, montrant ainsi une grandeur d’âme digne des barbares, car il n’est pas noble de vendre les monuments de sa valeur; mais faire la guerre à un mort de sa race, il y là quelque chose de sauvage.


~° ~
Strabon dans son Livre III, ch. III, 7 nous dit : Dans la Bastètanie,… on se sert de vases de bois* comme chez les Celtes. :shock: :shock:
* Vases de bois ou tonneaux. Notons que Strabon parle ailleurs avec une sorte d’admiration de cette industrie gauloise cisalpine de la tonnellerie (livre V, I, 12) et la richesse des vignobles est attestée par la capacité des tonneaux, qui sont en bois, et plus grands que des maisons. Du vin renfermé dans des tonneaux de bois de moindre importance, voyagent aussi par les fleuves, les mers et les chariots.

Concernant les Samnites, selon la traduction faite par Cougny, et pour comparaison, je vous remets encore ici le texte de Strabon (Géographie, Livre IV, ch. 6) qui n’hésite pas à citer les écrits de Posidonius :
Il (Posidonius) parle d’une petite île située dans l’Océan, non pas tout-à-fait en pleine mer, mais vis-à-vis de l’embouchure du fleuve Liger : elle est habitée par les femmes des Samnites, qui sont possédées de Dionysos et qui cherchent à se rendre ce dieu propice par des cérémonies mystiques et autres pratiques sacrées singulières. Aucun homme n’aborde en cette île : ce sont les femmes elles-mêmes qui passent sur le continent pour avoir commerce avec les hommes, et s’en retournent ensuite. C’est aussi l’usage qu’une fois par an on enlève le toit du temple, et qu’on refasse le même jour avant le coucher du soleil, chaque femme apportant à cet effet sa charge de matériaux. Si l’une d’elles laisse tomber cette charge, les autres la mettent en pièces, et portant avec des cris d’évohé les membres de la malheureuse autour du temple, elles ne cessent point qu’elles n’aient senti cesser leur fureur. Or chaque fois il arrive à quelqu’une de tomber et de souffrir cette mort*.
* On voit dans ce texte l’emportement de ces femmes à se défouler sur une malheureuse, à la démembrer mais n’indique pas ce qu’elles font de la tête : accessoire à boire (pas très pratique), à clouer à la porte du temple ou ou sorte de ballon à jouer? :?

Alors que ce texte (traduit en français en 1884 par Cougny), est un abrégé fait au Xè siècle par un Grec inconnu, le texte suivant (livre IV, ch. 15) est l’œuvre d’un Grec tout aussi inconnu du VIIe ou VIIIe ap JC :
15. En face de l’embouchure du fleuve Ligîr, il y a dans l’Océan, non pas tout à fait au large, une petite île habitée par les femmes des Samnites, lesquelles sont des bacchantes, possédées de Dionysos, et cherchant à se rendre à ce dieu propice. Aucun homme n’a le droit d’aborder dans cette île; ce sont les femmes qui vont de leur île sur le continent en face pour s’unir à leurs maris et revenir ensuite dans leur île.

~° ~
Denys le Périégète, Ier siècle av JC (?)– Originaire de Bithynie (?), auteur d'une Périégésis ou Voyage autour du monde, décrit les différentes régions connues de son temps et nous raconte des propos quelque peu adoucis par rapport à ceux de Strabon.
Il se peut que les Amnites ou Samnites aient été un de ces peuples marins qui faisait commerce et tenait comptoir marchand aussi bien dans l’embouchure de la Loire que dans les îles Cassitérides et ailleurs. Un commerce en gros du vin, huiles, épices et autres luxes de la Méditerranée en montant et du commerce de l’étain, salaisons et autres marchandises du Nord au retour. Toujours est-il que, plus tempéré dans ces écrits, Denys ne mentionne aucune cruelle mise à mort annuelle. :D
Longeant les côtes des Océans, il nous informe dans son Commentaire d’Eustathe et dans sa Description de la terre habitée :
V. 69. Le golfe Ibérique est le commencement de l’Europe et de la Libye: et en effet, dit-il, il se creuse entre elles deux.

V. 74. A ce golfe succède l’eau Galate, c’est-à-dire la mer Galatique…. Or il faut savoir que près de cette eau Galate, appelée ainsi du nom des Galates, près de cette mer Galatique habitent les Celtogalates, et ces Galates, à ce qu’on dit, sont adonnés au vin : on dit aussi que ce nom leur vient d’un certain Galatès, fils d’Apollon.

V. 570. Près (des îles Brétanides), il est un autre groupe d’îlots, et sur la côte opposée, les femmes des braves Amnites célèbrent en des transports conformes au rite les fêtes de Bacchos, elles sont couronnées de corymbes de lierre, et c’est pendant la nuit, et de là s’élève un bruit, des sons éclatants. Non même dans la Thrace, sur les rives de l’Apsinthe, les Bistonides n’indiquent pas ainsi le frémissant Iraphiotès; non, le long du Gange aux noirs tourbillons, les Indiens avec leurs enfants ne mènent pas la danse sacrée du frémissant Dionysos, comme en cette contrée les femmes crient: Evan!

V. 570-579. Comparant avec ces îles (les îles Britanniques) celles de ces parages, il dit, par un diminutif, les îlots des Amnites. « Là les femmes des braves Amnites, etc. » On dit à la vérité qu’il y a dans l’Océan, non pas tout à fait au large, une petite île qu’habitent les femmes des Amnites, qui sont possédées de Dionysos. Aucun homme ne met le pied dans cette île; ce sont les femmes qui vont trouver les hommes, et après avoir eu commerce avec eux, elles s’en reviennent. Puis, par une comparaison oratoire entre ces pratiques sacrées et d’autres qui leur ressemblent, non, dit-il, il n’y en a pas….. qui (………) comme les femmes de ces îles, c’est-à-dire qui célèbrent comme elles Evios Dionysos, en criant évohé! évan! acclamation de l’enthousiasme dionysiaque.
On dit en effet, que les femmes des Amnites dansent en chœur les nuits entières, si bien que sur ce point leur cèdent même les Thraces, même les Indiens, quoique ces peuples possédés de Dionysos soient entièrement adonnés à ces orgies sacrées.


Anonyme. Paraphrase de Denys le Périégète ou une traduction (?) agrémentée de tambours et des cymbales.
V. 570-579. Près des îles dites Cassitérides, il y une autre série de petits îlots, où les femmes des Amnites, à l’opposite, c’est-à-dire en face, dans leurs transports, célèbrent selon le rite le culte de Dionysos : c’est pendant la nuit, et elles se couronnent des corymbes du lierre au noir feuillage, c’est-à-dire de branches de cet arbre avec leurs fruits en formes de grappes; et le bruit des tambours et des cymbales qu’elles frappent retentit au loin. Nulle part,…. ni les Bistonides ou Thraces…. ni les Indiens ne mènent les fêtes du bruyant Dionysos avec l’ardeur que mettent en cette contrée les femmes des Amnites à chanter : Evohé Bacchos! c’est-à-dire l’hymne sacré des Dionysies.

Nicéphore le Blemmide (moine du XIIIè siècle ap JC) dans sa Géographie synoptique (qui n’est autre chose qu’un Commentaire de Denys le Périégète) reprend :
V. 554-619. .....Près des îles Cassitérides, il est une autre série de petites îles, où les femmes des Amnites, en face (du continent), fêtent Dionysos.

ejds

Evios

MessagePosté: Dim 11 Juil, 2004 20:14
de ejds
Les Bacchantes
Penthée
Et Thèbes est le premier endroit où tu es amené ton dieu?
Dionysos
Tout le monde barbare célèbre déjà ses orgies.
Penthée
C’est qu’ils sont beaucoup moins éclairés que les Grecs.
Dionysos
Ils le sont sur ce point davantage. Autre pays, autres coutumes.
Les Bacchantes – Euripide.

~ ° ~
… Le délire lance son cri, les nuques se renversent…
Le dieu est invoqué sous tous ces noms. Il est appelé Dithyrambe, comme le chant qui lui est consacré, Bromios, le Bruissant, le Frémissant, comme est le grondement des possédés dans la transe, Evios ou Evias, le dieu de l’évohé, du iou-iou rituel, Iacchos, Iobacchos, du cri par lequel les fidèles l’évoquaient aux mystères. Une étrange magie rayonne de ces images d’un monde libéré, restitué à la nature vierge et sauvage.

Un beau dithyrambe de Pindare montre la nature entière révérant Dionysos :
Autour du spectre de Zeus,
vous savez pour Bromios quelle fête
les habitants du ciel préparent en leur demeure.
Près de la Grande Mère retentissent les tambourins,
résonnent les cymbales,
Et sous les blonds sapins monte le feu des torches…
… Le délire lance son cri, les nuques se renversent…
En courant s’avance Artémis, la solitaire.
Pour l’orgie de Bacchos elle a mis sous le joug
La horde sauvage des lions.
Car Bromios aussi se plaît à voir danser les fauves.

Les Bacchantes - Euripide - Bibliothèque de la Pléiade - Editions Gallimard, 1962.

Ces Bacchantes reposent sur un événement supposé historique : l’introduction en Grèce d’une nouvelle religion qui, à l’époque d’Euripide, était depuis longtemps acceptée comme partie intégrante de la vie grecque. L’adoration de Dionysos offrait une expérience religieuse différente de celle qu’exprime le culte des dieux olympiens traditionnels.
Puisant aux sources même des instincts le tragique de la destinée humaine, Dionysos représente la revanche des forces primitives sur la civilisation, le progressif envoûtement du rationalisme.
Activation des pouvoirs mentaux et perte de l’identité individuelle et de la réalité quotidienne, émergence de l’idolâtrie et phénomène de l’hystérie collective comme on l’a vu plus haut, les femmes des îles ouest des Gaules basculaient au son des tambours et des cymbales dans la folie meurtrière, simulacre macabre, transe amoureuse... Ou simple transmission et phénomène de mode par les marins, telle qu’on peut le ressentir lors des rites religieux actuels (gospel…) et des concerts donnés sur scène par certaines idoles de la chanson actuelle 8) , elle apporte la joie et délivre des soucis et démontre à l’extrême la puissance de Dionysos, dont le pouvoir dépasse les notions de bien et de mal, et le destin de ceux qui lui résistent.
La tragédie était née du culte de Dionysos; elle fut toujours célébrée en son honneur. De fait Euripide par son envolée lyrique et dramatique, contribua à composer des portraits légendaires de femmes perverses dans ses tragédies et qui donnent une bien mauvaise image de la femme.
Les rites religieux ou orgia connus sous le nom latin de bacchanales, furent été introduits à Rome d’Etrurie et du sud de l’Italie. Comme on l’a vu plus haut, on les connaît particulièrement par les descriptions avérées vraies que donna Tite-Live, dans son histoire de Rome, des excès frénétiques et des actes odieux commis par les prêtres et autres adorateurs bacchants sous couvert de la religion. En conséquence de quoi, et comme on l’a vu, le Sénat par le décret de 186 av JC, bannit les Bacchanales de Rome et d’Italie. :shock:

Avant de poursuivre un peu plus en avant, un très bon site récapitulatif à consulter sur les pérégrinations de Dionysos et d’intéressants rapprochements sur la danse des derviches tourneurs : :shock:

http://membres.lycos.fr/grectel/rodier/ ... reli24.htm

ejds

MessagePosté: Lun 12 Juil, 2004 10:50
de Tectosage
Superbe Ejds !

Et si les Grecs ne nous laissaient aucun écrit ... à l'instar des Celtes. Que pourrions nous décoder sur cette immense pensée ? C'est pourquoi je crois à l'importance de théories, même contestables. Les déductions qui en résultent permettent de chercher ce qui est caché, de voir ce qui s'étale sous les yeux, etc...

Cordialement