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Shamanisme et religions

MessagePosté: Dim 17 Oct, 2004 17:02
de Muskull
Le mot shaman vient du toungouse, il signifie celui qui est bouleversé, transporté.

" C'est la plus vieille religion du monde, pratiquée dans toute la Sibérie et plus particulièrement en Iakoutie, en Bouriatie et autour de l'Altaï, on la retrouve sous différentes formes dans toute l'Asie, en Amérique du Nord chez les Indiens, et en Amérique du Sud. C'est une philosophie populaire et un ensemble de pratiques magiques qui se caractérisent par le culte de la nature, la croyance aux esprits et des pratiques divinatoires et thérapeutiques telles que la transe et l'extase."
Wikipédia...

Mise en situation, histoire des religions :

" Si nous savons par définition très peu de choses sur les religions de la préhistoire, les vestiges qui sont parvenus jusqu'à nous ne laissent guère de doutes cependant sur la parenté de leurs croyances avec celles des peuples chasseurs (de la Sibérie à l'Afrique, aux aborigènes australiens et aux indiens du Mexique). Qu'on appelle ces religions Chamanisme ou Animisme, elles ont, par-delà des contenus extrêmement divers, des constantes remarquables. On peut consulter à ce sujet les ouvrages de Claude Lévi-Strauss ainsi que "La religion des origines" d'Emmanuel Anati.

On ne peut remonter avant 50 000 ans, date des premières sépultures (Neandertal) et donc, sans doute du premier langage narratif (mythes). C'est aussi la naissance de l'homme moderne (sapiens sapiens) qui se caractérise par son expression artistique et une langue mère dont toutes nos langues dérivent. Il y a, de même, une continuité dans les thèmes religieux et artistiques de ces origines aux tribus contemporaines qui sont restées isolées de la civilisation (de l'Australie, à l'Amérique du sud jusqu'aux Inuits ou à la Sibérie).

Le culte des morts est le premier signe religieux. Témoin de l'opposition Nature/Culture, constitutive d'un monde humain, celui du langage et qui implique les structures élémentaires de la parenté codifiant les relations sociales ainsi que l'initiation qui marque la naissance à la culture et la fin de l'état de nature (deux fois né). L'unité de la communauté, identifiée à un dieu ou un totem, se constitue à travers les échanges de femmes et de biens (Dons ou Potlatch), dans le respect minutieux des rites et des traditions qui maintiennent l'ordre du monde, son équilibre fragile rétabli à coup de sacrifices, de danses, de prières, de formules. La conceptualité originaire (la pensée sauvage) est classificatrice avec un dualisme systématique (homme/animal, homme/femme, vie/mort, terre/ciel, réalité/rêve). C'est l'effet du langage qu'on retrouve jusque dans la dialectique dichotomique de Socrate.

Bien qu'ils supposent un seigneur des animaux (évoqué par le dieu à 3 visages de l'Indus/Rudra/Shiva) auquel ils doivent le renouvellement de leur subsistance à condition, par exemple, d'enterrer les ossements des animaux tués, il n'y a pas conception d'un être absolu qui serait par rapport au moi quelque chose de radicalement autre et supérieur, mais plutôt la conception de la nature comme un ensemble de forces qui sont à la disposition de l'homme (manger un animal est prendre sa force). C'est le règne de la magie, d'un rapport duel, imaginaire, entre deux esprits humains (Sorciers ou Chamans) qui peut prendre la forme dualiste de l'opposition du créateur et du destructeur. La magie est l'effectivité de la subjectivité sur la réalité extérieure.

"Dans la magie on ne trouve pas la représentation d'un Dieu, d'une foi morale; mais pour elle, l'homme est la puissance la plus haute, ayant vis-à-vis de la force de la nature l'attitude du commandement."

" Le deuxième élément de leur religion consiste ensuite en ceci qu'ils se représentent cette puissance qui est la leur, se l'extériorisent, s'en font des images (le fétiche). "
Hegel Ph histoire 76"
http://perso.wanadoo.fr/marxiens/philo/ ... ligion.htm

Un témoignage contemporain.

" Je cherchais à devenir shaman avec l’aide des autres shamans, mais je n’y réussis pas. Je rendis visite à de nombreux shamans célèbre et leur offris de grands dons...
Je me réfugiais dans la solitude et devins très mélancolique. Je tombais parfois en larmes et me sentais malheureux sans savoir pourquoi.
Puis, sans raison, tout se transforma brusquement et je ressenti une grande et inexplicable joie, une joie si puissante que je ne pouvais la réfréner, et que je devais l’exprimer dans un chant, un chant grandiose qui tenait en un seul mot : Joie, joie ! Et je devais utiliser toute la force de ma voix.
Puis au sein d’un tel ravissement irrésistible et mystérieux, je devins un shaman, en ne sachant pas comment cela m’était arrivé. Mais j’étais un shaman. Je pouvais voir et entendre d’une façon totalement différente. J’avais atteint mon « gaumeneq » (illumination), la lumière shamanique du cerveau et du corps, et cela d’une telle manière que ce n’était pas seulement moi qui pouvait voir à travers l’obscurité de la vie, mais la même lumière brillante qui émanait de moi, imperceptible aux êtres humains, mais visible de tous les esprits de la terre, du ciel et de la mer, et ils venaient à présent vers moi et devenaient mes alliés de pouvoir."

Shaman eskimo cité par K.J. Rasmussen : Intellectual culture of the Iglulik Eskimos. 5° Thulé expédition 1921, 1924...

Après ces liminaires je pense qu'il est utile de préciser que cette étude doit s'appliquer à l'antiquité et aux possibles influences sur la tradition celtique.

Sans vouloir influencer d'éventuelles pistes, il convient de préciser que le shamanisme ancien se développait dans des sociétés animistes et éventuellement manistes mais que son caractère fondamentalement "magique" a influencé toutes les religions modernes car cette "science des esprits" se retrouve dans l'angéologie et la démonologie, par exemple.
Les pratiques shamaniques ou shamanistiques on été bien étudiées par l'ethnologie et il y a de bonnes références. Déjà le dit eskimo cité ci-dessus ouvre sur un domaine de l'esprit qu'on rencontrés les mystiques et "inspirés" de la chrétienté et d'ailleurs, comme Jean de la Croix et sa "Nuit obscure", Milarepa pour le bouddhisme thibétain, Rumi pour le soufisme... :)

MessagePosté: Dim 17 Oct, 2004 21:54
de lopi
et tous ces bons moments passés avec Castaneda et son gentil sorcier

MessagePosté: Lun 18 Oct, 2004 16:57
de Muskull
Oui Lopi :)

Du moins les premiers, quand il commence à parler des toltèques il fait du synchrétisme...

" Le culte des morts est le premier signe religieux. Témoin de l'opposition Nature/Culture, constitutive d'un monde humain, celui du langage et qui implique les structures élémentaires de la parenté codifiant les relations sociales ainsi que l'initiation qui marque la naissance à la culture et la fin de l'état de nature (deux fois né)."

"La conceptualité originaire (la pensée sauvage) est classificatrice avec un dualisme systématique (homme/animal, homme/femme, vie/mort, terre/ciel, réalité/rêve). C'est l'effet du langage qu'on retrouve jusque dans la dialectique dichotomique de Socrate. "

Nous avons vu que la pratique shamanique est individuelle bien que l'on puisse supposer que des rituels collectifs existaient entre shamans lors de réunions annuelles que l'on peut facilement situer en "Novembre" (les réserves sont constituées pour l'hiver et les nomades reviennent à leur campement d'hiver).
De leurs pratiques il acquérait "une vision" qu'ils "traduisaient" à leur communauté en conseils et médecines.
Des fêtes communautaires existaient aussi entre tribus, sans doute sous le mode potlach, avec jeux d'adresses, luttes, festins.
L'on faisait des alliances entre tribus et l'on sanctifiait ce serment par un échange de sang et aussi sans doute d'un breuvage sacré et sans doute alcoolisé (Scythes).

Ce ne sont pas des "imaginations" se sont des pratiques courantes et universelles chez les peuples "sauvages" selon le terme de Levi Strauss qui ne contient aucun sens péjoratif, rachetant ainsi le terme hégelien qui pouvait sonner un peu rude.
Depuis quelques années l'on préfère dire les "peuples premiers" mais les textes plus anciens ne sont pas "à la mode".

Nous voyons donc déjà, au travers de ces quelques détails, que le druidisme irlandais à de solides racines dans cette "première religion" de l'humanité liée au culte des morts puis des ancêtres en faisant naître la première tradition orale.
Les deux mondes et leur nécessaire équilibre, les actes "magiques" et "voyants" pour maintenir cette équilibre, la maîtrise des forces élémentales (eaux, vents, brouillards...), le travail sur le rêve (un druide fait un rêve "aidé" pour l'élection d'un roi), les geis (règles pour écarter le "mauvais oeil"), les jeux de Samain, etc...

Solides racines ne veut pas dire "shamanisme celtique" mais que les druides ont fait évoluer la "religion première" en une structuration sociale où le sacerdoce est dominant.
Nous retrouvons aussi celà dans le mazdéïsme, les mages avaient pris le pouvoir et la prédication de Zoroastre a été de revenir à l'essentiel : "ce que montre le doigt et non pas le doigt". :lol:
Mais ce "renouveau" est retombé entre les mains des mages, simplement en divinisant Zoroastre.
(Hey Tectosage ! c'est une parabole :D )

Mais je vais peut-être un peu vite làààà...
Je souhaite vos avis. :wink:

MessagePosté: Mar 19 Oct, 2004 8:51
de lopi
Hello,
L'extase chamanique a pour but, entre autre, de faire franchir à l'initié le pont séparant le monde humain du monde divin, c'est-à-dire du monde des morts. Passé dans l'Au-Delà, le chamane rentre directement en contact avec les éléments qui lui permettront de comprendre et d'agir sur la situation. Ce voyage mystique est l'apanage des initiés.
C'est ce qu'on retrouve, ou a peu près, dans la technique rituelle imbas forosnai.!!
Cependant, certains héros réussissent à franchir le pont, et, pour reprendre l'expression d'Eliade, ils le franchissent de "force" ; c'est le cas de Cuchulainn dans les récits épiques irlandais.

Alors, éléments chamaniques ou pas? Pas UNE religion celtique de type chamanique certes.... Quelques traces? Héritage indo-européen? Mais certains érigent des murs...
A+
Lopi

MessagePosté: Mar 19 Oct, 2004 11:04
de Tectosage
C'est vrai, quoi ! Ils sont énervants, à regarder comme ça par-dessus le mur du voisin. Il y en a même qui pourraient voler mes paraboles.

Cordialement

MessagePosté: Mar 19 Oct, 2004 16:01
de Muskull
Ben Tecto, quand on a une échelle il faut bien la poser quelque part. :lol:

Merci Lopi, voici ce que Guyonvarc'h écrit sur Imbas forosnai :
"Grande science qui illumine" : incantation irlandaise dont les textes nous ont conservé le nom et quelques bribes d'explication. Elle était lié à un rituel complet comportant un sacrifice. C'est une telle incantation, assez détaillée, qui est décrite dans le récit du Festin du Taureau et il en est une autre, réduite à sa phase finale, la prédiction, dans l'épisode de Feidelm prophétisant le pire à la reine Medb sur le point de commencer l'expédition de la razzi des vaches de Cooley". Les Druides, lexique.

Pour les sautes-ruisseaux et autres monte-en-l'air, aller voir ce texte très intéressant qui remet en cause la théorie d'une "religion originelle" assez homogène à un certain nombre de disparités et spécificités le plus souvent attachées à des entités linguistiques.
http://www.unites.uqam.ca/religiologiques/no6/guedo.pdf

Nous pouvons aussi noter que lors d'une sécularisation des mythèmes shamaniques dans une société allant se complexifiant, les esprits "alliés" des shamanes dominants peuvent commencer à prendre une connotation divine pouvant à terme devenir le "dieu" majeur de la tribu.
"Dieux" que la culture occidentale actuelle qui ne sait plus à quel saint (sein ?) se vouer, prennent au pied de la lettre judéo-chrétienne du terme et rient de ces "ânes bâtés" aux "religions" barbares...

Il est intéressant à ce niveau d'étudier la mythologie des slaves anciens, leur tradition archaïque est resté vivante très longtemps, jusque vers le XIII° siècle je crois et la venue de Cyrille.
Cette tradition a beaucoup de similitude avec celle de l'irlande ancienne, roi élu et pouvant être sacrifié si "ça tournait pas rond" et possibilité pour sa fille de devenir reine, une caste guerrière, un dieu ouranien, etc...

Certes, la distance est très marquée avec les druides que nous conte César, plus notables que "fous de la forêt" mais ces druides "aristocratiques" sont aussi très loin de ceux des mythes irlandais les plus archaïques.

Ce concept de l'ascète "pouvant faire des miracles" est aussi très vivant en Inde. Dumezil nous dit que dans les mythes, les dieux Védiques craignent les ascètes et sont souvent "obligés" de leur obéir. De même, le concept des avatars est un concept purement shamanique. Les avatars de Shiva étaient les "plus illuminés par l'autre monde" de tous.
Le dernier que je connais, Ramana Maharshi est un humain "merveilleux".

Bref, au final, le "shamanisme celtique" n'est pas un gros mot cherchant à rabaisser le niveau de connaissance de la tradition celtique.
Ces très anciennes racines serait même des "lettres de noblesse" (pour une tradition orale c'est un comble :D )

Après tout, les historiens des religions actuels sont "presque" tous d'accord pour dire que Pythagore, Socrate, Platon étaient des "néo-shamanes" :lol:

MessagePosté: Mer 20 Oct, 2004 9:05
de morgane d'avalon
Juste dire merci à Muskull pour la trasmition de l'adresse et du texte quelle contient....
C'est le genre d'information que je cherchais depuis un bon moment...
Et c'est surprise de la trouvée ici...
Je remercie infiniment ceux qui participe à ce fil...
Très sincèrement et amicalement,
:) :) :)

MessagePosté: Mer 20 Oct, 2004 14:59
de Muskull
Le chamanisme, religion officielle bouriate.

"Religion autochtone. Les chamans - hommes et femmes - d'Oulan-Oudé se réunissent volontiers sous la yourte dressée dans le hall du Théâtre national bouriate de la ville. C'est là que nous retrouvons deux des membres de l'association, Dougar Otchirov et Sodnom Gomboiev, ce dernier venu avec sa femme et assistante, portant, dans sa gangue en tissu, le traditionnel tambour chaman. Avec la dynamique chamanesse Nadejda Stepanova, Otchirov a été l'un de ceux qui firent le plus pour créer cette association en 1992, enregistrée auprès du ministère compétent comme «centre de la religion autochtone». «Notre association s'est battue pour que le chamanisme soit reconnu comme l'une des quatre grandes religions de la Bouriatie», souligne Otchirov. Et ce fut une victoire. A côté du bouddhisme, de la religion orthodoxe et de la religion des Vieux-Croyants (née d'un schisme de l'orthodoxie), la République bouriate a officialisé le chamanisme.

Discrétion. Homme discret entre deux âges, Otchirov est le fils d'un chaman réputé de la vallée de Bargouzine (vers le nord du lac Baïkal) qui n'a jamais cessé d'exercer pendant la période soviétique. Les autorités savaient, mais laissaient faire le chaman pourvu qu'il fasse preuve d'une certaine discrétion, ce qui n'était pas difficile dans la taïga environnante. Le fils savait aussi et plutôt deux fois qu'une: il était employé au MVD, autrement dit exerçait la profession de milicien. Aujourd'hui, il se contente de chamaniser. Mais il se souvient en souriant des membres du Parti communiste bouriate qui venaient consulter son père. Depuis l'âge de 7 ans, Otchirov a progressivement passé tous les kalmanis assurant son initiation progressive, le dernier à l'âge de 43 ans. «Alors j'ai pu commencer à pratiquer, après une dernière cérémonie qui s'est déroulée en pleine nuit pour que les autorités soviétiques nous laissent tranquilles.» «Remarquez bien que son métier de milicien ne l'a pas empêché de devenir chaman», remarque son fort élégant confrère Gomboiev. Ce dernier est, lui, né dans la région de Chita, où son grand-père maternel, Chamba Babaye, était un chaman notoire. «A 50 ans, j'ai su que j'avais des capacités de guérisseur, alors je me suis adressé à plusieurs chamans et je leur ai demandé si j'avais le droit de le devenir. Ils m'ont dit d'accord. Je suis donc allé m'initier auprès de grands maîtres, chaque année je passais le rite du "kalmani" et, au septième "kalmani", j'ai reçu le nom de Tsyven Sednom "böö".» Il y a deux ans, en compagnie de Nadejda Stepanova (présidente de l'association), Gomboiev est allé en Italie. «On a tant fait de taïlagans (ou tajlgans, sacrifices, ndlr) et de guérisons qu'on n'a pas eu le temps de voir le pays.»"

L'article complet : :wink:
http://www.fsa.ulaval.ca/personnel/vern ... anisme.htm

Et une étude intéressante d'un ethnologue sur les "rémanences" des esprits de la forêt sur la culture et le folklore contemporain en "Europe de l'Est".

http://www.onf.fr/pro/life/periurb/pdf/Bouras_A.pdf

On se rapproche. :wink:

MessagePosté: Lun 01 Nov, 2004 20:04
de Muskull
Désolé, c'est un peu long mais cet article de Roberte Nicole Hamayon (E.U.) est très intéressant quant au domaine de définition mais aussi vis à vis de l'adaptation chamanistique aux sociétés plus complexes et structurées.
Cette Union avec "la femme de l'autre monde" qui semble centraliser les pouvoirs des "alliés" des sociétés animistes est aussi un point central sur la naissance des religions "à" divinités et rejoint la thèse de Cauvin.
A ce niveau d'évolution sociétale de la "doctrine" chamanique, nous sommes très proches du "manisme" des sociétés archaïques slaves et nordiques. Nous verrons celà...

CHAMANISME

Prise de vue :
Le chamanisme doit son nom à un type de personnage religieux, le chamane (ainsi est-il nommé en toungouse – langue de Sibérie –, mentionné pour la première fois par Awakum à la fin du XVIIe siècle), qui, de prime abord, se signale par un comportement à la fois caractéristique et personnalisé, connu sous le nom de « transe » : il est fait de bonds, de cris, de gesticulations, parfois de tremblements, l’ensemble étant en général suivi d’une chute dans l’inertie ; il varie avec chaque chamane et, pour chacun, d’une séance à l’autre.
Extravagant aux yeux des observateurs chrétiens accoutumés à une attitude religieuse recueillie, ce comportement est imputé par les sociétés intéressées au contact direct avec des êtres surnaturels ou esprits. Ce contact est considéré comme le moyen d’action du chamane, grâce auquel il assure de multiples fonctions jugées indispensables à la vie de la communauté : elles vont de l’obtention de la chance à la chasse ou de la fécondité des êtres naturels et l’appel de la pluie jusqu’à la divination ou à la voyance (y compris pour retrouver des objets perdus), à la cure ou à l’envoi de certaines maladies, et aux relations avec les morts.

Si ce type de personnage est caractéristique de sociétés archaïques où il est seul en présence (sibériennes et amérindiennes notamment), des conduites et des pratiques similaires aux siennes se rencontrent en beaucoup d’autres endroits du monde – fût-ce sous une forme fragmentaire, altérée, mêlée d’influences diverses (chrétiennes, musulmanes, bouddhiques) ou sous une forme proche des formes dites de possession, et fût-ce seulement en des occasions et à des fins marginales. Ainsi, des éléments chamaniques ont été repérés tant dans les sociétés antiques (à propos du culte dionysiaque par exemple) que dans certains milieux industrialisés contemporains (comme la Corée du Sud). Les phénomènes qualifiés de chamaniques sont donc très divers par leur contexte et par leur portée dans la vie de la société.

Un système de pensée :
La diversité des phénomènes attribués au chamanisme a valu à l’étude de celui-ci bien des vicissitudes. Religion, tendaient à penser les sociologues du XIXe siècle, mais comment la cerner, dépourvue qu’elle est de dogme, d’Église, de clergé et même de liturgie, à la fois quasi universelle et infiniment variable de société à société comme de chamane à chamane, associée à un mode de vie primitif et prête à resurgir aux franges des grandes religions, vulnérable au contact et capable de s’y adapter ? Disposition psychique, tranchèrent certains auteurs face à l’individualisme de la pratique – « il n’y a pas de religion chamanique, il y a seulement une sorte d’hommes », écrit Van Gennep en 1903. Mais cette sorte d’hommes fut jugée de type pathologique par les uns, qui étaient sensibles à la ressemblance du comportement chamanique avec certaines formes d’hystérie, et de type charismatique par d’autres, qui étaient frappés par la normalité du chamane en dehors des séances, par son efficacité rituelle et les responsabilités dont le charge sa communauté : comment confierait-on son destin à un fou ?
La rencontre avec la psychanalyse fit naître l’hypothèse du « fou guéri » : c’est en surmontant son trouble que le chamane devenait capable de soigner autrui, sa victoire sur la maladie étant source de charisme. Mais c’était négliger les autres fonctions du chamane : il ne fait pas que soigner, et il peut tout autant nuire ; guerre et cure sont liées entre ses mains dans de nombreuses sociétés chamanistes. En outre, c’est toujours comme croyance que les religions missionnaires ont identifié et combattu le chamanisme.

Cherchant à réconcilier tous les points de vue, Mircea Eliade, seul auteur à ce jour à avoir écrit un ouvrage général sur la question (1951), proposa de voir dans le chamanisme l’expérience religieuse à l’état brut (reposant sur l’idée de montée au ciel grâce à un axe du monde) et de le définir comme une technique extatique, compatible avec toutes sortes de croyances. Cet ouvrage a développé une vue mystique du chamanisme, déjà présente dans certaines des sources utilisées, marquées par le mysticisme latent dans le christianisme russe orthodoxe. Cette vue s’est trouvée propagée dans les pays occidentaux par le succès du livre, parfois au point d’être détournée : ainsi, à la faveur du courant hippy des années soixante qui se montrait féru d’expériences exotiques, le chamanisme est devenu un modèle de « quête personnelle » accessible par l’application de « recettes », tels le jeu du tambour, diverses techniques corporelles ou l’absorption d’hallucinogènes ; il est aujourd’hui à ce titre l’objet d’entreprises commerciales nées aux États-Unis.
Pour l’anthropologie contemporaine, le chamanisme est un système de pensée : il ne saurait donc être réduit aux faits et gestes du chamane, même si celui-ci en est l’artisan essentiel, voire l’acteur unique. Par ailleurs, il doit répondre à une même définition sous toutes ses manifestations et pour toutes ses fonctions. Une telle définition peut être dégagée à partir des caractéristiques qu’a ce phénomène dans les sociétés de chasseurs, la vie de chasse étant unanimement reconnue aujourd’hui comme le cadre par excellence du chamanisme ; elle survit comme cadre idéologique à la disparition de l’activité. Plus ou moins modifiées, les caractéristiques dégagées pourront ensuite être repérées dans d’autres types de sociétés.

Le chamanisme de chasse : échange avec la surnature nourricière

De fait, dans les sociétés classiquement considérées comme chamaniques, le chamanisme est étroitement lié à la chasse : il a pour fonction essentielle d’assurer la perpétuation de la vie en soumettant à des règles l’obtention du gibier, lui imposant un ordre qui à la fois pallie les aléas de son apparition et justifie sa prise par l’homme ; c’est une fonction régulière, fondamentale. Elle repose sur la conception que les êtres naturels dont les humains se nourrissent (gibier, poisson, végétaux) sont animés par des esprits, qui sont à l’animal ou à la plante ce que l’âme de l’homme est à son corps. Elle consiste à établir et à entretenir des relations avec ces esprits pour avoir accès aux être naturels qu’ils animent (autrement dit, elle consiste à agir symboliquement sur la surnature, comprise comme ce qui anime la nature, en vue de pouvoir prélever dans les ressources de celle-ci). Ces relations entre le monde des humains et le monde confondu des animaux et des esprits sont conçues à l’image de celles des humains entre eux. Ainsi, la prise de gibier (celle, symbolique, du chamane, et celle, réelle, du chasseur qu’elle conditionne) nécessite, comme toute prise – sauf à être illégitime et susciter des représailles –, d’être fondée sur une relation d’échange et compensée par une contrepartie. Selon cette logique, chacun des mondes est le gibier de l’autre : de même que les humains mangent la viande des animaux, les esprits des espèces sauvages sont censés dévorer la chair et boire le sang des humains ; le renouvellement des générations humaines est donc la condition de la réapparition du gibier. C’est la gestion globale de cet échange qui incombe à la fonction chamanique ; si le point fort et valorisé en est la prise (l’obtention du gibier), le retour de la contrepartie (par la reproduction et la mort des humains) n’en est pas moins également à sa charge. Cet échange est régi par un accord, voire par une véritable relation d’alliance avec la surnature.

C’est dans les sociétés autochtones de Sibérie (dans leur état traditionnel, celui antérieur à la période soviétique) qu’une telle alliance est le plus manifeste, apte à illustrer les principes fondamentaux du chamanisme, moins clairement repérables ailleurs : elle y est de type matrimonial. Le chamane prend une épouse par monde nourricier ; ainsi, il épouse la fille de l’esprit donneur de gibier, généralement appelé esprit de la forêt et imaginé sous la forme d’un grand cervidé – élan ou renne, gibier par excellence –, ou celle de l’esprit des eaux, donneur de poisson. Elle l’a, pense-t-on, « élu » pour mari. Comme elle reste animale dans sa relation conjugale avec le chamane, c’est à lui de la rejoindre. Il doit donc aller dans la surnature ; c’est elle qui lui permet le « voyage », incarnée dans son tambour (considéré comme un « élan », une « barque », etc.), « transportant » son époux dans tous les sens du terme. Il doit aussi s’animaliser, ce qui s’exprime dans son accoutrement (costume en peau de cervidé, coiffe en couronne à ramure, etc.), et dans l’apparence ensauvagée de son comportement rituel : par force bonds et brames, il mime l’ardeur agressive du mâle en concurrence et l’accouplement sexuel, imitant la double virilité de son modèle animal, qui subordonne la prise de la femelle à la victoire sur le mâle rival (la ramure en est l’arme). Dans la plupart des langues sibériennes, la terminologie du chamane et de l’action chamanique est liée au rut animal, explicitement, ou par l’idée de bonds ou de coups de tête (caractéristique des ruminants à cornes et des gallinacés, également modèles de « virilité » à la fois sexuelle et guerrière).

Cette perspective conjugale se lit dans ce qui décide d’ordinaire de la carrière de chamane : un ensemble de conduites manifestées à l’âge de la puberté et interprétées comme l’expression d’une entrée en contact avec le monde des esprits (fugues en forêt, refus de s’alimenter à la manière humaine, somnolence rêveuse...) ; ces conduites, regroupées sous le nom de « maladie initiatique », sont stéréotypées et accessibles à tout adolescent, car chacun est en droit de chercher à « aimer » dans la surnature comme sur terre. Seul le chamane est supposé contraint d’y « épouser », sous peine de punition mortelle de la part de la femelle esprit qui l’a « élu ». La carrière se décide sur la base de l’aptitude individuelle et d’impératifs sociologiques. Cependant, la limite reste toujours floue entre chamane et homme ordinaire : le chamane peut perdre sa qualité de chamane s’il se révèle inapte ; le profane, libre de « chamaniser », c’est-à-dire de chanter et de danser aux esprits mais pour soi, sans rôle social, peut en arriver à voir sa pratique prise en compte par sa communauté. Quant à la femme, si elle peut aussi et chamaniser et être chamane, c’est non grâce aux amours d’un esprit animal (ce qui entraînerait son entrée dans la folie et sa mort), mais par connivence avec l’esprit d’un défunt ; sa fonction est surtout de voyance et de divination, à des fins de réparation des désordres ; du moins la chamanesse ne peut-elle d’ordinaire effectuer de rituel d’obtention du gibier, seul type régulier de rituel chamanique : mâle est le chamane idéal de la vie de chasse, qui valorise la prise.

C’est de son épouse surnaturelle que le chamane obtient pour sa communauté des promesses de gibier (ou de poisson), la « chance » qui devra se concrétiser sous forme d’animaux accessibles aux flèches des chasseurs, leur apportant le principe vital ou la « force de vie ». Son rôle est d’accomplir le rituel annuel de « renouvellement de la vie », qui à la fois réactualise son mariage et garantit le succès à la chasse pour la saison à venir. Ainsi, jouant sur le plan symbolique le rôle masculin ordinaire, prend-il femme dans la surnature pour pouvoir, tel un chasseur, y prendre de quoi vivre ; il y est assisté d’esprits auxiliaires obtenus grâce à son épouse, qui lui servent de guides ou de rabatteurs, comme le fait tout beau-frère dans la chasse réelle. Mais la loi de l’échange veut qu’il rende compensation pour sa prise. C’est lui-même qu’il rend, offrant finalement à la surnature animale sa propre force de vie : dans le cadre rituel, après son éclat de furie sauvage, il tombe comme mort, accomplissant dans sa propre personne la totalité du circuit d’échange entre humanité et surnature. Ainsi est-il voué à assumer jusqu’au bout le destin du modèle animal auquel il s’est d’abord identifié par la virilité : il doit, comme lui, finir en gibier.
Pour accomplir de façon légitime et efficace ses prises dans la surnature (d’épouse et de force de vie), comme pour se rendre à elle en contrepartie (en se faisant gibier), le chamane doit à la fois respecter des règles et user de séduction et de ruse – car tout son art est de prendre le plus et le plus vite possible, et de rendre le moins et le plus tard possible. Ces deux exigences de procédure se reflètent dans son comportement rituel, qui s’inscrit dans un cadre formalisé mais se déroule au gré de son inclination personnelle. En effet, si toute séance exige des conditions spatiales, temporelles, sociales et matérielles spécifiques, le port d’un costume ou d’attributs réservés, l’exécution de rites préliminaires, etc., le comportement du chamane demeure libre, conçu tel ; il doit avoir l’apparence de l’improvisation, même s’il est fait de clichés, car la séduction et la ruse dérivent de « dons » personnels (hors du cadre rituel convenu, un comportement similaire serait tenu pour pathologique).
Cette conception du mode d’action du chamane entraîne que sa fonction restera dite fondée sur un « don », alors même qu’elle sera, comme c’est le cas dans certaines sociétés, transmise par héritage. Elle entraîne aussi que la pratique chamanique ne peut donner lieu à une liturgie, ni par conséquent à la formation d’une doctrine et d’un clergé ; la personnalisation de cette pratique est une nécessité de son efficacité ; ce sont là des traits inhérents à sa nature.

Le chamane doit aussi assurer la bonne marche de l’échange entre humains et animaux, en les incitant à en assumer leur part. Il stimule la procréation des uns et des autres, en obligeant les humains à des « jeux » rituels (lutte et danse) reposant sur l’imitation des conduites animales de combat et d’accouplement. Il ne traite pas les maladies imputées à la dévoration des esprits en compensation pour le gibier pris et laisse le chasseur le payer du lent écoulement de sa vie et, finalement, de sa « mort volontaire » lorsqu’il a assuré sa descendance (du moins la mort naturelle est-elle considérée comme honteuse). Tout au plus chacun tente-t-il de retarder le don de soi par le don de nourriture à des animaux sauvages apprivoisés ou représentés en figurines, supposés, s’ils sont mal « nourris », envoyer des maladies ou empêcher le gibier d’apparaître. La perpétuation des partenaires de l’échange de « force de vie » impersonnelle entre les mondes repose sur l’idée que les âmes individuelles, « unités de vie », sont recyclées après la mort en vue de renaître au sein de chaque monde : rites de chasse et rites funéraires visent à traiter l’âme en sorte qu’elle se réincarne dans la même espèce animale ou dans le même groupe humain. Le chamane répond de l’accomplissement par les âmes humaines de ce parcours de recyclage. Les âmes mortes de façon prématurée ou tragique sont censées troubler les vivants, capturant leurs âmes ou s’installant à leur place (causes des maladies nerveuses et psychiques) ; le chamane, selon qu’il les apaise ou les excite, guérit ou perturbe les vivants.

Le chamanisme d’élevage : dépendance envers les morts.

À mesure que l’élevage ou l’agriculture prennent le pas sur la chasse se développe la gestion des âmes humaines, les relations avec les morts tendant à prendre le pas dans l’activité du chamane sur celles avec les esprits animaux. Ainsi en est-il dans les sociétés pastorales de Sibérie, où s’observe une humanisation des esprits responsables de la subsistance (esprits d’origine animale mués en ancêtre ou en fondateur, esprits franchement humains susceptibles d’emprunter des formes animales ou montés sur des animaux). D’abord parce que la vie dépend alors plus de facteurs sociaux (possession de pâturages ou de champs, légitimée par l’héritage) que de facteurs naturels (pluie). Ensuite parce que l’homme dispose de produits à offrir à sa place en échange de sa subsistance : les sacrifices d’animaux domestiques se développent, permettant l’essor de l’activité thérapeutique.

En même temps bascule l’ordre du monde, qui passe de l’axe horizontal (la surnature du chasseur est contenue dans la forêt coupée de voies d’eau, deux milieux conçus en épaisseur, l’arbre étant un des racines à la cime, le fleuve un de la source à l’embouchure) à l’axe vertical ; le pôle supérieur s’étire de la cime de l’arbre à la montagne, puis confine au ciel, tandis que l’inférieur plonge sous terre (préparant le terrain pour l’irruption, sous l’influence des religions instituées, de dieux et de démons qui viendront se situer respectivement tout en haut et tout en bas).
L’orientation des « voyages » du chamane, désormais ascension ou descente, reflète cette verticalisation. En même temps change aussi l’attitude chamanique : à la séduction et à la ruse à l’égard des esprits animaux partenaires succèdent la vénération et la louange à l’égard des esprits ancestraux ou, au contraire, la consolation, le marchandage ou la tromperie à l’égard des esprits des morts irréguliers. L’humanisation des esprits auxquels s’adresse le chamane se traduit par le développement du langage dans le rituel, au détriment du mime, qui tend à passer pour un épisode ludique, teinté de dérisoire.
En outre, le chamane ne domine plus l’ensemble du domaine religieux, investi par les autorités politiques ou diverses instances de type sacerdotal, qui se réservent les rituels réguliers ; il tend à n’être plus que le spécialiste des désordres – qu’il s’agisse de les créer ou de les réparer – et à se marginaliser. Les femmes chamanes deviennent plus nombreuses que les hommes.

@ suivre donc...
:wink:

MessagePosté: Mer 03 Nov, 2004 17:49
de Muskull
Bon...
Pas l'air de "brancher" grand monde avec mes aventures... :D
C'est'y que ça sent le fagot ?
Je continue tout seul ou koâ ? Parce que l'évolution du sentiment religieux entre le shamanisme et le manisme est limpide à souhait et conduit de façon beaucoup plus directe aux religions celtiques... :?

Une fourmi de 18 mètres
avec un chapeau sur la tête
Ca n' existe pas, ça n'existe pas .

Une fourmi traînant un char
plein de pingouins et de canards
Ca n'existe pas, ça n'existe pas .

Une fourmi parlant français
Parlant latin et javanais
Ca n'existe pas, ça n'existe pas .

Eh ! Pourquoi pas ?

Robert Desnos

MessagePosté: Jeu 04 Nov, 2004 10:41
de morgane d'avalon
Ben moi :oops: je suivais attentivement le déroulement du fil.....
Je n'ai malheureusement pas toutes les "réferences" qui sont données ici..
Seulement mon expérience personnelle qui vient de passée un cap ...
Mais comme ce n'est pas le sujet du forum (comme on me l'a fait remarquer il y à longtemps :wink: )....
Je suis "avide" de renseignements afin d'éclairer ma route (mon "voyage" :wink: ).....
Bien que le chamanisme ne soit pas ma culture , je me trouve actuellement "forcée" de constater que çà m'est arriver..... :oops:
Comme au début de mes interventions (à mon arrivée ) je fus quelque peut rembarrée sur le sujet( parce que j'arrivais avec des questions de réincarnation et des demandes qui ne correspondent pas tout à fait je le reconnais aux bases de ce forum) je ne m'etais plus permis d'intervenir :(
Mais vus que quelques personnes font remonter le thème je ni trouve pas une coincidance mais une synchronicité....
Alors merci de continuer S.V.P ce fil.....
Très amicalement,
:) :) :wink:

P.S : ce n'est pas parce que je ne dis pas grand chose ,que je suis "absente" !!

MessagePosté: Jeu 04 Nov, 2004 18:49
de Muskull
Bonsoir Morgane :)

Hé oui, il y a ces "marées de l'âme" que d'aucuns esquivent aux neuroleptiques, la France "cartésienne" serait championne du monde paraît-il. :D
Il n'y a là que du très naturel, Jung en parle très bien de façon "ascendante", Freud un peu plus "symptomatique".
Ah le mythe des jumeaux ! :lol:

Certains esquivent, d'autres naviguent et trouvent terres, feux et lieux.
Il est bon de fouiner dans les caves et greniers de l'âme, les enfants adorent même s'ils ont un peu peur, mais ce frisson est chercheur.

Persévérons donc, au delà des religions et des "mystères". :wink:

Vie de bohème

MessagePosté: Jeu 04 Nov, 2004 23:39
de ejds
Vie de bohèmes et de poèmes
Comme autant d’inclinations, incarnations et incantations shamaniques d’un même romantisme nomade à dimension celtique et d’images multiples de la liberté se déclinent et se déchaînent sur plusieurs tons.
Proches du chant des mots, autant que du son de toute musique, dont s’entrelacent et se tressent lyriquement toutes les « bohèmes »; shamaneries du voyage, impulsions festives, réanimations littéraires et musicales…, consentent à s’ouvrir de plein jeu et de plein chant, à diverses déclinaisons possibles de l’écriture et de la voix.
Ecriture poétisée des mots et envolée de notes de musique, voix rauques et chants instrumentaux mènent une vie de bohème. En rêve, l’oubli d’hier somnambule, façon gitane, à travers la réalité d’aujourd’hui et tzigane vers un improbable demain…

Et oui Muskull, (poor lonesome cow-boy…), ainsi en était-il de la solitude des chevaliers du Graal lancés sur les sentiers de l’inconnu.
(Sauf qu’en signant sur l’AC, tu en as pris pour 20 ans d’une vie de bohème (s) et de poèmes.) :lol: :lol: :lol:

Mais continue à nous faire fantasmer, comme le dit si bien Morgane, ce n’est pas parce qu’on ne te répond pas qu’on ne te lit pas, toi, elle ou les autres, ou qu’on n’apprécie pas ce que tu écris.

PS – Euhh, tiens au fait, personne n’a vu passé l’échelle du forum, c’est au sujet d’un chaton traumatisé perché dans l’Arbre et d’un pauvre petit oiseau tombé de son nid?!!

ejds (sapeur pompier philanthrope)

[b]lien pour mon témoignage[/b]

MessagePosté: Ven 05 Nov, 2004 9:05
de morgane d'avalon
Comme ce n'est pas le sujet ici, je ne vais pas étaler ce qui m'est arriver la semaine dernière (28 /10) je met juste un lien sur mon texte qui est posé sur un autre forum et seulement ceux que çà intérresse pourront lire....
Sur ce forum là, je m'appelle Avalongirl. :wink:
Merci de lire l'entête du texte :D

http://www.lespasseurs.com/forum/viewtopic.php?t=951

Très amicalement ..... :wink: :) :)

MessagePosté: Ven 05 Nov, 2004 17:20
de Muskull
Bien vu ejds, j'adore les vaches gwen ha du et je ne les mange pas. :wink:
Mais 20 ans tu exagères, vous ne me supporterez pas si longtemps. :D

Morgane !
Tu me recopieras 100 fois "je ne jouerais plus avec les allumettes". :D
J'ixplique :
Ce genre d'expériences sont bien connues de la "psychologie des profondeurs" chère à Jung et étaient "à la mode" estudiantine des années 70 inspirée par les étudiants californiens. Ce ne sont pas des expériences shamaniques ni rien d'approchant, c'est de l'auto suggestion qui à doses fortes (sans adjuvants chimiques) peut devenir de l'auto hypnose. Il y a beaucoup de choses écrites là dessus de cette époque.
C'est de plus dangereux car certains n'ont pas hésité à utiliser des "adjuvants" pour reproduire "à volonté" ces "visions" et se sont détruits.
Je ne vais pas rentrer dans les détails biologiques de ces "stress psychologiques" mais le simple fait de ces nausées indique que tu avais perturbé le libre jeu des énergies dans ton corps, le système digestif est le premier touché.
Une véritable "expérience spirituelle" n'a rien de provoquée, elle est un "ravissement" et un sentiment extrème de légèreté. On ne voit pas "des choses" étranges ou extraordinaires qui sont des signes de "lourdeur", de plus, elles ne sont pas dicibles.

Comme nous sommes là dans un domaine très éloigné du but de ce forum, je ne m'étendrais pas mais t'invite, si tu le souhaites, à me contacter par MP tout en signalant que je "n'ai rien à vendre" mais que je peux signaler des "références" écrites :)