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Linéarisme et approche cyclique.

MessagePosté: Jeu 25 Nov, 2004 8:42
de Dulovios
Fergus a écrit:
Je dois avouer que je trouve celà assez surprenant et des plus contraires au "chemin ascendant". Tout effort serait donc vain ?
Ce n'est ni mon sentiment ni ma lecture, mais comme celà outrepasse les limites de ce forum, nous en resterons là.


Je trouve au contraire que pour une fois, le débat dépasse un peu l'ordinaire. Je n'en resterai donc pas là.

Comme je le disais, toutes les doctrines des âges (ou des cycles cosmiques) de toutes les traditions postulent un éloignement progressif du Principe (voir par exemple la Cosmogonie d'Hésiode, ou la doctrine des âges hindoue, qui mène à notre Kali Yuga).
Ce n'est en rien contradictoire avec la possibilité de remonter jusqu'au Principe, évidemment, cette possibilité est offerte à tous les âges, et dans certains textes (j'ai oublié lesquels), on dit même qu'on demandera moins à l'homme des âges sombres qu'à ceux des âges plus fortunés...
Libre à toi de ne pas admettre une telle doctrine, bien sûr, mais alors, ne prétends pas défendre une vision traditionnelle des choses.


Désolé, Bodu, j'étais au Sri Lanka, dont je suis rentré hier matin... Je te soutiens donc tardivement, mais le fais sans aucune hésitation : d'accord avec toi à 100 %.

Tout est cycle, l'approche linéaire que l'on retrouve dans l'abrahamisme et dans les idéologies matérialistes (sens de l'Histoire, fin de l'Histoire, aboutissement final, Jugement Dernier, etc...) est pour moi aussi une "hérésie", bien que tu ne me rejoindras sans doute pas sur le rejet de l'abrahamisme islamo-chrétien, mais soit. :wink:

Alors est-ce que tout est vain ? Tout naît, vit et meurt. L'attachement (excessif) au monde corporel est effectivement vain. La poursuite de la réalisation matérielle est vaine, oui, sans aucun doute.

La société dans laquelle nous évoluons est probablement la fin d'un cycle de civilisation. La société actuelle mourra, la civilisation judéo-chrétienne disparaîtra. Et quelque chose d'autre naîtra, puis vivra, puis mourra. Ni plus, ni moins. Une certaine antiquité fut bien plus avancée techniquement que ne le fut le christianisme du XVIe siècle, par exemple, et il n'est pas exclu, il est même probable, qu'un jour l'humanité aura oublié l'existence du laser, avant d'entreprendre un nouveau cycle, de vivre, puis de tomber à nouveau. Le monde corporel est fondamentalement impermanent et s'attacher à sa finalité est effectivement vain.

L'approche traditionnelle inclut la connaissance non-seulement de la vanité de la réalisation matérielle, mais également de la mort de toute civilisation, de toute forme du Sacré. Le Sacré reste, ses multiples formes sont toutes appelées à mourir, sans exception. La société matérialiste occulte le Sacré, elle ne l'a pas tué et elle ne le peut. Le Sapiens naît, vit et meurt lui aussi, son erreur est de croire que ses oeuvres, elles, sont immortelles, mais aucune oeuvre d'origine mortelle ne peut être immortelle. Elle peut survivre mille ans ou un million d'années, mais elle mourra et disparaîtra finalement.

Les Egyptiens savaient qu'un jour plus personne ne connaîtrait les rites, la symbolique, le sacré de leur tradition, que les temples seraient désertés et que quelque chose viendrait les remplacer (voir "Le Livre des morts égyptien", Pascal Bancourt, Dangles, 2001). Le christianisme, par exemple, refuse d'admettre cette hypothèse et veut croire qu'un jour les églises d'Europe se rempliront à nouveau...

Seule l'erreur linéaire croit en sa perpétuation et en un aboutissement final, en une lumière définitive, éternelle, supposée ponctuer définitivement un processus progressif. Cette approche, chère aux adeptes des "Jugement Dernier" et autres "fin de l'Histoire" est totalement illusoire à mon sens, en effet.

Si je suis très circonspect à l'égard des idéaux matérialistes qui croient en leur progression vers un bien matériel définitif (communisme, fascisme, démocratie...) et également vis-à-vis des deux abrahamismes prosélytes (christianisme et islam) qui croient en un Jugement Dernier final et également définitif, puis-je dire pour autant que l'abrahamisme linéaire est non-traditionnel et que le non-abrahamisme cyclique est traditionnel, sans exception ? Difficile question. Car on ne peut nier le caractère traditionnel du judaïsme qui est une religion nationale, enracinée, et on ne peut nier non plus l'approche cyclique du bouddhisme qui est prosélyte (quoique non-agressif ou peu agressif, à l'inverse du prosélytisme islamo-chrétien) et non-enraciné. De plus, l'accession au nirvâna, c'est-à-dire l'extinction finale ou encore la fusion avec le Brahman dans le brahmanisme, ne sont-ils pas également une forme de "fin de l'Histoire", quelque chose de définitif. Ce sont des questions essentielles et délicates qui ont opposé nombre d'écoles et de courants dans les sociétés traditionnelles elles-mêmes et il n'est nullement dans mon intention de les développer ici, ce qui nous mènerait bien trop loin dans un sujet qui n'est qu'indirectement en rapport avec l'objet de ce forum et de ce site, comme l'a dit Muskull.

Toutefois, comme Bodu, je souhaitais "ne pas en rester là" et tenter d'apporter ma pierre à l'édifice même si cela nous éloigne quelque peu du sujet principal.

Approfondir et développer, dans une certaine limite, n'est pas forcément se disperser. :wink:

Dulovios... :)

Automodération...

MessagePosté: Jeu 25 Nov, 2004 9:26
de Dulovios
Bon, je m'automodère et liquide mon message sur les "droits de l'homme" pour favoriser les débats fondamentaux -j'aurais voulu le supprimer complètement mais il n'y a pas de petite croix ici, why ??? :lol: :wink: -, à savoir celui sur la comparaison entre approche linéaire et approche cyclique, et celui sur l'influence chamanique sur les traditions indo-européennes laissé par Nolwenn...

Dulovios... :wink:

Comparaisons.

MessagePosté: Jeu 25 Nov, 2004 10:07
de Dulovios
Nolwenn a écrit:
1.Eliade ( et je trouve sa réflexion intéressante ) considére dans l'horizon de l' homo-religiosus, le malade mental comme un mystique raté.
Alors que tout au contraire, le chamane se doit de posséder une force psychique hors du commun. Il représente en quelque sorte le pouvoir de l'esprit dans la vie magico-religieuse des sociétés archaïques...celui là même qui influença les rites et initiations de nombreux peuples, dont les Indo-Européens.

2.ainsi donc aussi des éléments chamaniques ont été remarqués dans la religion et mythologie des anciens germains...le coursier d'Odin, Spleipnir posséde huit pattes et c'est lui qui porte son maître, et même d'autres Dieux en enfer...Or le cheval à huit pattes est le cheval chamanique par excellence, on le rencontre chez les Sibériens où là, il prend le caractére funéraire, il est une image mythique de la mort , il réalise pour le chamane, la rupture de niveau entre ce monde çi et les autres mondes , il joue un rôle de premier plan dans certain type d'initiation masculine.

Nolwenn...


Bon, preuve que ce sujet peut parfaitement être en rapport avec le sujet général de ce Forum, Nolwenn évoque ici, suite à un message de Muskull, l'influence du chamanisme sur les traditions indo-européennes, et que je sache, les Celtes sont indo-européens.

Ce sujet a déjà été évoqué il y a longtemps et avait suscité des débats pour le moins houleux entre tenants de la thèse de l'influence chamanique et duméziliens. Une levée de boucliers de ces derniers s'était littéralement opposée à l'approche chamanique des premiers.

Il y a eu une polémique, des bagarres, des déviations à cette occasion, certes, et alors ? Si cela permet de faire avancer le débat, pourquoi des opinions ne pourraient-elles s'affronter, même avec virulence ?

Or, là, je ne vois aucune réaction, ce message de Nolwenn s'étant perdu dans les méandres du sujet général.

Là, je vous le demande : pensez-vous que le chamanisme a influencé les traditions indo-européennes et que Sleipnir pourrait être d'origine chamanique ? Moi, j'aime assez cette idée.

Dulovios... :twisted: :wink:

MessagePosté: Jeu 25 Nov, 2004 14:31
de Elanis
Le dul est de retour :D
ça fait bien longemps que tu n'étais pas venu sur l'Arbre, ça fait plaisir de te lire à nouveau Dulovios.
à+

Hello !

MessagePosté: Jeu 25 Nov, 2004 16:15
de Dulovios
Elanis a écrit:Le dul est de retour :D
ça fait bien longemps que tu n'étais pas venu sur l'Arbre, ça fait plaisir de te lire à nouveau Dulovios.
à+


Salut Elanis !

Merci pour ce message de bienvenue !

Eh bien oui, je ne passe plus que rarement, c'est vrai...

Bon, tout change, les habitudes, les intérêts, les sites... :lol: :wink:

Mais comme l'a dit Johnny, "ça ne change pas un homme, un homme ça vieilliiiiiiiiiit !!!!" Ca au moins c'est de la philosophie ! Non pas les pierres, pas les tomates, pas les oeufs pourris, c'était pour rire ! :lol: :lol: :lol:

Je me retiens même de répondre à des messages de nature politique, pourtant j'ai tant de choses destructrices d'espoir à dire en ce domaine que je connais bien... :twisted: :twisted: :twisted: mais non, je me retiens... On parlera de sagesse, mais non, ça c'est l'âge que je dis ! :lol: :lol: :lol: :wink:

Là, je débarque de l'ancien Ceylan... Faut dire que les bouddhistes locaux ont parfaitement compris le système des "indulgences" : politique et buziness... Ca n'enlève rien à la valeur du message de Gautama, mais c'est la réalité d'aujourd'hui... Bon, je développe pas, sinon je vais me faire taper sur les doigts : "das ist pas du tout le bon zecteur pour parler de ce genre de choses ! Fous êtes dans le secteur "mythologie" et non dans la "Foire à tout" ! Verboten te rigolieren, hier !"

Ok, ok...

Et c'est donc pour ça que j'ai laissé ce matin deux messages qui j'espère relanceront les débats, même si ils ne sont peut-être pas à 100 % dans le bon secteur, du bon sujet... :wink: :lol: :lol: :lol: :wink:

@+

Dulovios le Maléfique... :roll: :twisted: :wink: :lol:

MessagePosté: Jeu 25 Nov, 2004 18:54
de mikhail
Dulovios,

Je me sens plus dumézilien que chamaniste (n'est-ce pas, Muskull ?) mais les deux approches ne me semblent pas si incompatibles...
L'approche dumézilienne se faisant plus au niveau d'une superstructure, de l'analyse des mythèmes et d'un point de vue moderne ; l'approche chamanique plutôt au niveau élémental, instinctif, du vécu passionnel...

Il semble bien y avoir eu des éléments chamaniques avant les Celtes ; et sans doute d'autres... L'approche chamanique noierait alors encore autre chose, qui reste à identifier ? Il n' y a pas que le type religieux chamanique, quand même ?

L'originalité indo-européenne demeure (merci, M. Dumézil !) et le particularisme celtique également (merci, Mme Le Roux et M. Guyonvarc'h !)

mikhail

MessagePosté: Jeu 25 Nov, 2004 20:29
de Muskull
Hello Dul ! :D

Tout rêveur au souvenir du sourire des bouddhas de "Ceylan" tu ne t'es pas rendu compte que ce fil "n'opposait" pas une façon dumezilienne et le chamanisme.
Le fait que personne ne nie des "persistances" chamaniques dans la tradition celtique, du moins irlandaise, ne signale pas une opposition. Lorsque l'on connaît un peu le référentiel chamanique l'on peut plus facilement trouver des similitudes et même définir cette idéologie comme "terreau" ou comme apport extérieur, en Grèce par exemple.

L'originalité indo-européenne demeure (merci, M. Dumézil !) et le particularisme celtique également (merci, Mme Le Roux et M. Guyonvarc'h !)

Oui Mikhail, cette originalité et particularisme sont justement en balance avec la "religion" chamanique. Du moins certains historiens le pensent en le liant à "l'invention" du "grand pastoralisme" des éleveurs nomades aux marges de la civilisation néolithique et de "sa" religion.
La divergeance intervenant très tôt du temps des cités états.

Ce fil est très "brouillé" mais les éléments importants d'analyse y figurent, un peu plus haut. :lol:

Ok ! ;-)

MessagePosté: Ven 26 Nov, 2004 11:57
de Dulovios
D'accord avec vous deux, pas de problème !

Ma référence à l'opposition entre "chamanistes" et "duméziliens" remontait à la préhistoire du site (c'est là que je prends ma voix chevrotante de vieillard... :lol: )...

C'était un temps ancien, très trouble, sombre mais passionnant. Nous n'étions que peu nombreux à cette époque dite des "anciens forum", nous buvions force cervoise, sortions nos épées pour un oui ou pour un non et nous battions joyeusement dans l'univers virtuel ! :lol:

Un jour, nous évoquâmes une coutume bretonne (in "La légende la mort" d'Anatole Le Braz) qui consistait à égorger un coq et à répandre le sang soit au moment de la fondation, soit devant l'entrée, ou quelque chose du genre, ma mémoire me fait défaut.

Certains d'entre nous -devinez qui ? :twisted: :lol: - de manière assez provocante, certes, établirent un lien entre cette pratique et certains rites chamaniques...et ce fut l'empoignade ! Nous nous précipitâmes sur nos armes et nous disputâmes avidement le morceau du Héros, mais en définitive, personne ne sorti vainqueur de cette joute, nous restâmes sur nos positions respectives avant d'aller nous enivrer tous ensemble... :lol: :lol: :lol:

Mais là, je suis bien heureux de voir que les positions se sont rapprochées : c'est ça la civilisation !!! :lol: :lol: :lol:

Merci à vos réponses à tous deux, en tout cas... :)

Dulovios... :wink:

MessagePosté: Ven 26 Nov, 2004 18:29
de mikhail
Eh oui,

On vieilit, on se ramollit (comme un vieux camembert normand), on finit par pactiser avec l'adversaire par lassitude et pour une cervoise tiède...

Bon, je retourne à la lecture de "mon" Dumézil...

mikhail

Yves Le Bechennec

MessagePosté: Dim 12 Déc, 2004 12:12
de ejds
Regard
Marina Papageorgiou, ethnopsychologue.
Dans certaines sociétés (…) il est des morts qui, par nature, ne peuvent pas être enterrés comme de « bons morts » qui peuvent aspirer à faire des ancêtres. On n’enterre pas les vieux du village, les chefs, de la même manière que quelqu’un qui est suspecté d’avoir des pratiques de sorcellerie. Ces ancêtres ont une entité. Ce sont des êtres culturels, qui ne sont pensés, par définition, que bons, tutélaires, protecteurs et qui donnent de la force vitale.

Extrait du film :
« Yves Le Bechennec, un archéologue en Seine-Saint-Denis » .
BOBIGNY – TRESORS GAULOIS. Hors série n°2 de Bonjour Bobigny, septembre 2004, p. 17.
10 ans de fouilles archéologiques sur la plus grande nécropole gauloise d'Europe.

MessagePosté: Dim 12 Déc, 2004 15:12
de Fergus
Merci ejds (c'est qui, d'abord ?), non pas tellement pour la référence, mais pour avoir réactivé ce fil. En effet, j'étais en Bretagne le 25 novembre (on a les Sri Lanka qu'on peut ! :roll: ), et j'avais complètement loupé l'intervention de Dulovios, que je trouve toujours aussi rafraichissant. Viens nous voir plus souvent, mercenaire !

Eliade parle dans Le sacré et le profane des sacrifices accompli à l'occasion de la construction d'un édifice (temple, maison...). C'est la répétition du grand sacrifice cosmique : en le répétant, on répète la création du Cosmos. Cela n'est pas spécifiquement chamanique. Dès qu'il y a du sang et de l'animal, on voit du chaman partout. Question de mode.

En tout cas, s'il y a quelques éléments ou survivances chamaniques dans la tradition celtique, ils ne sont que très marginaux et minoritaires. Et pourtant, c'est cela qui obsède beaucoup de gens, qui ne s'intéressent pas, par ailleurs, à tout l'aspect IE. Pourquoi ? C'est moins à la mode, sans doute.

MessagePosté: Dim 12 Déc, 2004 18:13
de Muskull
En tout cas, s'il y a quelques éléments ou survivances chamaniques dans la tradition celtique, ils ne sont que très marginaux et minoritaires.


Tout à fait d'accord,
D'ailleurs je le signale plus haut, dès qu'un groupement social supérieur à la tribu fait évoluer une religion comme ciment social, le chamanisme devient marginal et "se féminise".

Ce que je signalais dans mon précédent message est que pour certains auteurs, dont Renfrew, le particularisme I.E. tiendrait de l'influence des premiers agriculteurs du Levant, porteur de religion (Cauvin) sur les populations semi-nomades plus nordiques (chamaniques) qui, au contact, assimile la nouvelle culture en préférant l'aspect élevage à l'aspect travail de la terre, ce qui leur permettait de garder leurs anciennes croyances et rites tout en les transformant le moins possible.
Ces mêmes auteurs y voient le principe même de l'invention du "grand nomadisme" chez ces populations qui s'est notablement accéléré et amplifié lorsque l'homme est "monté à cheval".

Tout cela n'est bien sûr qu'hypothèse mais j'y trouve sens car l'explication du "grand écart géographique I.E" entre l'Inde et l'occident dans le comparatisme peut trouver source dans cette "religion" multimillénaire à peine transformée par la "révolution néolithique" et ses vecteurs idéologiques, ainsi que dans ses évolutions propres.

MessagePosté: Ven 31 Déc, 2004 19:18
de Muskull
UNE EXPOSITION au musée de l'homme, Paris.

L'art inuit explore les voies du réalisme et du fantastique
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0 ... 548,0.html

Chamans

MessagePosté: Dim 17 Juil, 2005 11:50
de ejds
Des druides et des chamans

Les Druides
dans l'ancienne société celtique

par Jean Loicq

http://bcs.fltr.ucl.ac.be/FE/01/Druides.html

Envisagés au sens large, c'est-à-dire en tant qu'ils forment une classe sacerdotale, les druides offrent l'exemple accompli d'un groupe assumant au niveau le plus élevé les valeurs, non d'un État, mais d'un ensemble ethnique tout entier, dont il représente la foncière unité en même temps qu'il contribue puissamment à la maintenir, en dépit d'une grande dispersion dans l'espace - des rives de l'Atlantique à la Cappadoce. Leur présence, il est vrai, n'est pas formellement attestée partout dans le monde celtique; mais ceci tient, en partie au moins, à l'indigence de notre information. Celle-ci repose sur les notices occasionnelles livrées par la littérature grecque ou latine relayée, en Bretagne insulaire et surtout en Irlande, par une littérature médiévale hautement conservatrice, mais christianisée.

Au demeurant, le nom même de « druides » n'est pas connu en dehors du celtique.


Tout comme le nom même de « druides » n'est pas connu en dehors du celtique, le nom de « shamans ou chamans », on le sait, n’est pas par définition un terme employé ou rencontré dans le monde celtique.

Mais nom d’un chien ! En voilà bien une drôle de façon d’appeler un chat par un autre nom.
A défaut d’une catégorie oubliée, dédaignée ou mise sous silence, au chaman, on préférera confier ce rôle de medecine-man à celui que l’on nomme druide (bon à tout faire, élite intellectuelle, grand détenteur des savoirs, guide spirituel du peuple et peut-être aussi accessoirement celui qui consent, quand il se fait vraiment prier, à revêtir l’habit à bois de cerf de Cernunnos et grâce à des pratiques plus ou moins hermétiques de guérir et rebouter les âmes et les corps…).

Quand est-il vraiment dans les autres sociétés ?!? Petites incursions chamaniques comparées et ramenées sur ce fil conducteur.
Ainsi pour donner suite à la santé des Premières nations et des Inuits :: :shock: :?

ORIGINES CULTURELLES DE LA MALADIE MENTALE
ET DE LA SANTÉ MENTALE


Certains membres de la collectivité ont un statut de guérisseur, de chaman, de « docteur » ou de sage. Ces personnes et d'autres intervenants qui ont des rapports privilégiés avec le client sont parfois les mieux placés pour intervenir directement auprès de ce dernier.

http://www.hc-sc.gc.ca/dgspni/bsi/soins ... tre_15.htm

LA NOTION D'ANORMALITÉ
Les croyances concernant la maladie mentale sont étroitement liées à la religion, aux valeurs sociales, aux normes ainsi qu'aux idéaux applicables aux relations humaines. La remarque vaut pour toutes les cultures.

Ce sont ces croyances communes qui déterminent la nature de la médecine traditionnelle et qui guident l'interprétation des symptômes et le choix des interventions.
La médecine et la psychiatrie « occidentales » imputent la maladie mentale à des phénomènes biologiques et à des expériences de vie, tandis que d'autres cultures lui attribuent également des causes métaphysiques ou spirituelles.

Il est rare qu'une personne soit consciente du fait que sa perception d'un comportement normal ou anormal est le reflet des valeurs de son milieu culturel; elle a plutôt tendance à considérer que ces valeurs sont justes et universelles (ethnocentrisme).

L'expression de la maladie mentale est fortement tributaire de la culture. Ainsi, il arrive que des symptômes d'un trouble qui sont très répandus dans un groupe culturel soient pour ainsi dire absents d'un autre et soient même considérés comme normaux dans un troisième.

Certains troubles sont exotiques et propres à un groupe culturel (par exemple, le Windigo chez les Cris et les Ojibwa et le Pibloktog chez les Inuits). On a tenté d'intégrer ces troubles aux classifications scientifiques des maladies mentales, en attribuant les symptômes inhabituels à des déterminants culturels et en partant du postulat que les processus pathologiques sous-jacents sont les mêmes dans tous les groupes culturels.

Certains troubles ne cadrent toutefois avec aucun système de classification. Il peut s'agir d'une nouvelle entité clinique découlant d'un changement culturel. Le syndrome du « découragement total » (dépression, alcoolisme, absence de responsabilité sociale, négligence de la famille, comportement suicidaire), décrit chez les Sioux, fait sans doute partie de cette catégorie de troubles.


Pour reprendre ici le fil de Joël :
Le chamanisme, religion première

http://www.radiofrance.fr/chaines/franc ... n_id=32227

Tout le monde semble à peu près d’accord aujourd’hui, pour estimer que le chamanisme est l’une des premières formes religieuses de l’humanité, et non pas, comme l’avait longtemps prétendue l’anthropologie, une forme déguisée de psychopathologie. De ce point de vue, le chamanisme apparaît comme une élaboration spontanée, quoique multiple dans sa manifestation, de l’homme qui essaye de trouver sa place et son sens dans un cosmos dont il se sent partie prenante.

Alors que l’on avait longtemps cru que le chamanisme était réservé aux populations « primitives », on s’aperçoit de nos jours qu’il relève certainement des productions spontanées, du psychisme humain : un néo-chamanisme urbain est en train de naître, qui rencontre un grand succès dans les populations post-modernes des pays anglo-saxons.


L'hôpital des Chamans

http://www.arte-tv.com/fr/connaissance- ... 91602.html

Quel est le point commun entre un chaman sibérien, un spécialiste de médecine tropicale et un chirurgien assisté par ordinateur ? Tous ont le même objectif : guérir la maladie.
En quatre volets, "360 ° - Le reportage GEO" part à la découverte des thérapies qui façonnent la médecine de demain.

A Kyzyl, capitale de la République de Touva, en plein cœur de l'Asie, se trouve un hôpital d'un genre particulier. À sa tête, un chaman, Nikolaï Orschak, qui tient autant du guérisseur que du psychothérapeute. Le chamanisme connaît deux causes pour les maladies : soit le patient a perdu une partie de son âme (que le chaman devra s'employer à lui ramener du monde des esprits), soit c'est un esprit qui a pris possession de son corps (le chaman "aspire" alors le mauvais esprit hors du corps avant de lui donner une nouvelle enveloppe).

Les scientifiques de l'université de Giessen, en Allemagne, se sont penchés sur l'effet de ces traitements. Leur objectif est de comprendre comment les chamans parviennent à guérir les malades. Même sans la preuve scientifique de son efficacité, cette thérapeutique fait son chemin dans le monde occidental. À Vienne en Autriche, certains "néo-chamans" la pratiquent depuis déjà vingt ans.

e.

MessagePosté: Lun 18 Juil, 2005 6:32
de Muskull
Mais nom d’un chien ! En voilà bien une drôle de façon d’appeler un chat par un autre nom.

Ben voui Ejds, mais c'est un "ciment" qui a du mal à prendre. L'esprit dit scientifique passant beaucoup plus de temps à sectoriser et à ranger les choses dans de petites cases toutes propres comme s'il voulait ainsi dominer le chaos.
De fait l'on notera ainsi soigneusement d'infimes divergences, des contrastes insignifiants que l'on affublera d'une étiquette, d'un "nom" d'une précision entomologique aux frontières étriquées qui ne permettra plus de comparatisme efficace dans le domaine des fondamentaux anthropiques.

Un interdit religieux, un geis, un tabou... Mais non m'sieurs dames, ce n'est pas du tout la même chose ! :twisted: :roll:
Malgré Freud, malgré Kafka et bien d'autres, l'on se retrouve ainsi dans des dichotomies infinies et en odeur de fagot de la part des inquisitions scientistes. Pourtant la source, la constante, le centre perceptif du rite est la conscience humaine et ses déclinaisons... centrifuges.

Atalante fugens, O Ogmios, dieu lieur, aide nous ! :D

Merci Ejds de réveiller "l'appeleur d'ämes"... :113: