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MessagePosté: Lun 06 Juin, 2005 6:39
de Muskull
Faire des villes à la campagne. :D

"Les Celtes émergent de l’anonymat des peuples sans écriture de l’Europe ancienne au VIe siècle avant J.-C. Séparée alors depuis probablement près de deux millénaires du tronc indo-européen, leur famille linguistique avait déjà derrière elle, à cette époque, un long passé et se répartissait en plusieurs groupes distincts qui occupaient de vastes territoires en Europe centrale et occidentale."
.../...
"La celtisation de l’Europe était donc amplement engagée bien avant l’entrée des Celtes dans l’histoire et la naissance de la civilisation de La Tène qui l’accompagne au Ve siècle avant J.-C. La diffusion successive de cette civilisation à partir de son aire initiale a été longtemps considérée comme le symptôme le plus sûr et le plus évident de l’expansion des Celtes ; elle ne reflète en fait que la dernière étape des mouvements migratoires du seul groupe central. "
.../...
"L’expansion militaire fut remplacée aux siècles suivants ( II° et I° S.)par une colonisation urbaine qui correspond à l’apparition et à l’essor des oppida – agglomérations fortifiées des Celtes qui reçurent ce nom à partir du terme utilisé dans les textes latins. C’est alors que se constituent dans leur forme définitive les cités-États – civitates – décrites en Gaule par César et perceptibles encore aujourd’hui dans l’organisation du territoire français."
W. KRUTA

C'est donc très récent dans l'histoire celtique...

La religion des "cavaliers"

"Le nomadisme pastoral est plus tardif que l'agriculture et contemporain d'une virilisation des figures et de sanctuaires où s'effectuaient des sacrifices sanglants, y compris humains. C'est l'inondation du golfe Arabo-persique et la fin du déluge, le retour à un temps sec. C'est aussi l'époque du culte des crânes, qui sont détachés du corps, parfois modelés et coiffés, et qui sont exposés dans ou à l'extérieur des maisons carrées (Ka'ba) et non plus rondes. Cette pratique est sans doute à rapprocher des futures momies égyptiennes et du culte des ancêtres. On suppose aussi la pratique de banquets où se réunit la communauté.

Le nomadisme, amplifié par la nouvelle sécheresse, va accélérer l'expansion du néolithique, surtout en touchant des populations qui vont pouvoir passer directement du nomadisme de cueilleur-chasseur à celui d'éleveur nomade, préservant des éléments archaïques dans la nouvelle religion. Cette diffusion se fera en même temps que celle de la langue dite indo-européenne.

La religion de ces éleveurs nomades nous est en partie accessible par ce que nous savons des religions indo-européennes, bien que beaucoup plus tardives et qui se retrouvent de l'Inde à l'Iran, aux Scythes, aux Celtes, aux Slaves et aux Germains. Ces peuples nomades devaient protéger leur bien, objet de convoitise, à moins qu'ils ne vivent de rapines comme les premiers grecs (d'après Thucydide) ou les premiers Romains, formant, donc, une classe de guerriers. La prépondérance de l'homme dans cette organisation ainsi que l'attention de ces populations aux problèmes de reproduction s'exprime dans une religion patriarcale et le culte des héros. L'unité de la vie et de la mort (Si la mort sort de la vie, la vie en revanche sort de la mort. Hegel p62) est affirmée dans les cérémonies phalliques. Les initiations guerrières, les rites du Soma ou de l'Ambroisie donnent aux guerriers l'espoir de l'immortalité. Les sacrifices évoluent de leur fonction magique à un ritualisme formaliste qui se réduit à affirmer l'unité de la communauté ("ON DIT QU'ON S'EST INSTALLÉ LORSQU'ON A CONSTRUIT UN AUTEL" Satapatha Br. VII, I,I,I-4). Le banquet restera, chez les Grecs ou les Gaulois le rite principal de la communion.

On peut déduire qu'issues de la religion du taureau (Mithra) mais s'éloignant d'une culpabilité originelle, la religion se réduit au social, reflétant les fonctions efficaces de l'organisation de la société ; religion plus utilitaire, au service du pouvoir, et qui se renforcera de l'âge du bronze à l'âge du fer."
http://perso.wanadoo.fr/marxiens/philo/ ... ligion.htm

Patrice a écrit :
Bref, il y a des choses qui ne vont pas dans tes raisonnements, des conceptions trop théorique qui ne tiennent pas compte de la multitude de réalités.

Dans le comparatisme en histoire des religions il est nécessaire de brasser large dans un premier temps, les grands courants puis les spécificités. Si l'on commence par comparer Bourges et Tabriz à plus de 10 siècles d'intervalle, on ne s'en sort pas...

MessagePosté: Lun 06 Juin, 2005 8:35
de Patrice
Salut,

Que peut-on répondre à ça:
Le nomadisme, amplifié par la nouvelle sécheresse, va accélérer l'expansion du néolithique, surtout en touchant des populations qui vont pouvoir passer directement du nomadisme de cueilleur-chasseur à celui d'éleveur nomade, préservant des éléments archaïques dans la nouvelle religion. Cette diffusion se fera en même temps que celle de la langue dite indo-européenne.

La religion de ces éleveurs nomades nous est en partie accessible par ce que nous savons des religions indo-européennes, bien que beaucoup plus tardives et qui se retrouvent de l'Inde à l'Iran, aux Scythes, aux Celtes, aux Slaves et aux Germains. Ces peuples nomades devaient protéger leur bien, objet de convoitise, à moins qu'ils ne vivent de rapines comme les premiers grecs (d'après Thucydide) ou les premiers Romains, formant, donc, une classe de guerriers. La prépondérance de l'homme dans cette organisation ainsi que l'attention de ces populations aux problèmes de reproduction s'exprime dans une religion patriarcale et le culte des héros. L'unité de la vie et de la mort (Si la mort sort de la vie, la vie en revanche sort de la mort. Hegel p62) est affirmée dans les cérémonies phalliques. Les initiations guerrières, les rites du Soma ou de l'Ambroisie donnent aux guerriers l'espoir de l'immortalité. Les sacrifices évoluent de leur fonction magique à un ritualisme formaliste qui se réduit à affirmer l'unité de la communauté ("ON DIT QU'ON S'EST INSTALLÉ LORSQU'ON A CONSTRUIT UN AUTEL" Satapatha Br. VII, I,I,I-4). Le banquet restera, chez les Grecs ou les Gaulois le rite principal de la communion.



Franchement, tu y crois? Il faut te mettre au goût du jour, il y a longtemps que les historiens modernes ont laissé tomber le marxisme.
N'oublie pas qu'on ne sait pas si les Indo-Européens étaient à l'origine des éleveurs nomades. On les voit arriver en conquérant, se fixer et fonder aussitôt des royaumes avec capitale... Il y a un problème, là. On n'arrive toujours pas à trancher pour savoir si par exemple les Celtes sont autochtones ou allochtones. De même que tu dis que l'organisation en civitas est récente (en citant Kruta). Mais que fais-tu du récit de la fondation de Milan? Des Gaulois arrivent en Cisalpine, conquièrent un territoire... premier réflexe: ils lui donne un nom et une capitale. Ca se passe trois siècle avant la civilisation des oppida classiques. Ensuite on ne sait rien de l'organisation sociale des peuples du Halstatt.

Quand les peuples indo-euroépéens apparaissent dans l'histoire, ils sont éleveurs, certes, mais rien ne dit qu'ils soient nomades.
On cite toujours les Scythes, mais finalement c'est bien le seul peuple (avec plus tard les Gitans, qui ne sont pas éleveurs) à être nomade, encore qu'autour de la mer Noire, ils aient eu eux aussi leurs cités.

Enfin, et encore une fois, que fais-tu du cas irlandais, des ces royaumes bien structurés, avec une société aux classes strictes, et pas de ville... mais des capitales quand même, comme Tara.
A+

Patrice

MessagePosté: Lun 06 Juin, 2005 9:12
de Muskull
L'analyse hégelienne est un outil, pas une vérité transcendentale. :D

Il ne faut pas caricaturer les typologies, ces évolutions courent sur 3 millénaires. Les éleveurs nomades n'ont pas été en "contact direct" avec l'occident, il y a d'abord eu "métissage" de nomades et de sédentaires un peu comme ce qui s'est passé avec les Hattis et les Hittites.
Ce sont des populations semi nomades qui sont venues en occident, bousculées par les Kourganes et se sont métissées aux populations de la vieille Europe. Leur idéologie a dominé parce qu'ils apportaient des technologies "révolutionnaires" comme celle du fer et des organisations sociales "centralisées".

Ce qui est intéressant avec les Scythes c'est que leurs capitales administratives "nomadisaient" de villes en villes suivant les enjeux politiques du moment. Les premières "populations" celtiques se déplaçaient beaucoup elles aussi...

Il n'y a pas contradiction entre nos points de vue, juste des problèmes de définition. :wink:

MessagePosté: Lun 06 Juin, 2005 9:41
de Thierry
Je ne sais pas si les historiens ont laissé tomber le marxisme, en tout cas il ne faut pas confondre analyse marxiste avec toute tentative d'analyse économique car introduire un peu de réflexion économique n'est pas inutile quand on s'essaye à l'histoire et de toutes façons, il est indispensable de ne pas oublier les chronologies quand on jongle avec les millénaires....

La cité état ? En histoire ce concept a été surtout utilisé pour la "Polis" des Grecs à l'époque classique où je vois mal des rois-mages :shock: ....Je ne crois pas que ce concept soit des mieux adaptés à la Teuta Gauloise, même si celle-ci a un territoire et une vie politique, je pense que César, comme pour la religion, a utilisé des images compréhensibles mais partiellement fausses pour se faire comprendre.

Ceci étant à Ribemont (début III° av JC) ce sont bel et bien déjà des armées "étatiques" qui s'affrontent et on rencontre bel et bien des Senons, Bituriges et autres Cenomans....bien avant le II° siècle av JC.

Kruta me semble très réducteur et dater un peu sur les oppida dont on ne cesse de reculer les traces d'occupation et que penser de la celtique méditerrannéenne où on peut faire remonter une occupation urbaine jusqu'à la fin de l'âge de bronze...?

Enfin pour en revenir à Pythagore, l'homme du triangle, je ne peux m'empêcher de penser que la perfection circulaire de certaines oeuvres celtes ne lui doivent rien et qu'on trouve, sur le travail du métal, dans les trésors de l'art du centre et ouest européen ( très tôt - VI°, V°,IV° siècle Av JC) une perfection géométrique au laser qui doit procéder d'un schéma de pensée extrêmement puissant et abouti.

Je ne connais pas bien les mathématiques :roll: mais qui est le grand penseur officiel du cercle ? :roll:

MessagePosté: Lun 06 Juin, 2005 10:14
de Patrice
Salut,

Enfin pour en revenir à Pythagore, l'homme du triangle, je ne peux m'empêcher de penser que la perfection circulaire de certaines oeuvres celtes ne lui doivent rien et qu'on trouve, sur le travail du métal, dans les trésors de l'art du centre et ouest européen ( très tôt - VI°, V°,IV° siècle Av JC) une perfection géométrique au laser qui doit procéder d'un schéma de pensée extrêmement puissant et abouti.


Est-ce que ça veut dire pour autant que ça vient de Grèce? Comme tu le remarques toi même, c'est très précoce...

A+

Patrice

MessagePosté: Lun 06 Juin, 2005 11:00
de Muskull
Sûr que les celtes étaient plus à l'aise avec le cercle qu'avec le triangle ou le carré au vu des tracés des sanctuaires qui "fuient" l'angle droit. :D
C'est pas qu'il ne savaient pas faire, c'est que ça ne les intéressait pas. :wink:

Le triangle pythagoricien est inscrit dans le cercle, de même que son pentagramme étoilé, symbole des pythagoriciens dit-on...
Le cercle est la représentation universelle de la perfection cyclique, du divin, du ciel, par rapport au carré qui représente la terre.
On le retrouve curieusement évhémérisé dans l'histoire par les habitats circulaires des chasseurs nomades et les maisons carrés des premiers agriculteurs sédentaires.

MessagePosté: Lun 06 Juin, 2005 11:22
de Patrice
Salut,

au vu des tracés des sanctuaires qui "fuient" l'angle droit.


Tony King a repéré en Grande Bretagne plusieurs sanctuaires de plan carré datant du second Age du Fer.

On le retrouve curieusement évhémérisé dans l'histoire par les habitats circulaires des chasseurs nomades et les maisons carrés des premiers agriculteurs sédentaires.


Il y a des maisons rondes néolithiques en France: voir les publications de Christian Verjux à ce sujet (dans la Revue archéologique du Centre, si je ne me trompe pas), notamment concernant le site d'Auneau en Eure-et-Loir.

A+

Patrice

MessagePosté: Lun 06 Juin, 2005 11:41
de Muskull
:132: :D

Des exceptions confirmant la règle de Troie ? :P

Je voulais dire des plans quadrangulaires sans angles droits. Pourtant si les gaulois utilisaient la triangulation pour mesurer les distances, il connaissaient l'angle droit.
Mystère de l'à Dreuz ? :D

Acusmata

MessagePosté: Lun 06 Juin, 2005 11:48
de ejds
Acusmata
Effectivement, comme l’indique Muskull, Il faut surtout se livrer à un long travail de compilation, de réflexion, de contradictions et d’extrapolation comparative avant d’aboutir à une ferme conclusion. Concernant le domaine de la métempsycose, cela peut prendre du temps.
Pour revenir à la vie de Pythagore : :shock: :?

Pythagore.
Savant, philosophe et mystique grec du VIe siècle av. J.-C. Il n’écrivit pas de livres, mais il impressionna tellement par ses doctrines, son enseignement et son mode de vie que vers, la fin du Ve siècle, il était devenu un personnage mystérieux et légendaire, avec la réputation d’être un grand sage et de possèder des pouvoirs miraculeux (comme par exemple d’avoir une cuisse en or).

Les traditions sur sa vie sont contradictoires et confuses, mais on croyait qu’il était né à Samos, v. 580 av. J.-C., et qu’il avait émigré (peut-être par hostilité pour la tyrannie de Polycrate) à Crotone en Grande-Grèce*. Là il attira des disciples, à la fois hommes et femmes, qui formaient une communauté et vivaient conformément à la règle qu’il avait instituée. Même après sa mort, v. 500 av. J.-C., les sectes pythagoriciennes continuèrent à fleurir à Crotone et ailleurs en Grande-Grèce. Leurs membres semblent avoir été actifs dans la politique de l’époque et, représentant un front uni, ils constituaient sans nul doute une force importante; ils devinrent impopulaires et, à la fin (v. 450 av. J.-C..), ces sectes furent dissoutes et leurs membres tués ou exilés.

Une partie de l’enseignement de Pythagore était d’ordre religieux et mystique, et c’est sans doute cet aspect qui conduisit son contemporain Héraclite à considérer les doctrines pythagoriciennes comme une imposture. Un autre contemporain, Xénophane*, se moquait des aspects les plus connus de son enseignement, la doctrine de la réincarnation ou de la transmigration des âmes (metempsychôsis), et rapportait une histoire selon laquelle Pythagore aurait un jour affirmé reconnaître la voix d’un ami dans les hurlements d’un chiot que l’on avait battu.
Pythagore déclarait aussi qu’il se souvenait de ses incantations antérieures, y compris sous la forme du Troyen Euphorbe, tué durant le siège de la ville.

Pythagore enseignait que l’âme (une combinaison du principe vital, du moi et de l’esprit) est immortelle, divinité déchue emprisonnée dans le corps comme dans une tombe. Étant donné que l’âme est rationnelle et responsable de ses actions, les choix qu’elle fait déterminent la nature du corps dans lequel se réincarne, humain ou animal (peut-être même une plante; Empédocle*, qui fut considérablement influencé par les idées pythagoriciennes, déclare que dans l’une de ses incantations il fut un buisson). En préservant sa pureté des souillures du corps, l’âme peut, le cas échéant, parvenir à s’en libérer (voir aussi ORPHÉE, et comparer avec les croyances orphiques avec lesquelles Pythagore et ses disciples suivaient un régime de vie grâce auquel on pouvait atteindre cette libération de l’âme; c’était un mode de vie austère, dont les détails sont obscurs, mais qui impliquait peut-être le silence, l’introspection, le fait de s’abstenir de manger de la viande ou des haricots (on ne voit pas la raison de ce dernier interdit).
L’idée de la métempsycose est étrangère à la tradition grecque et ses sources restent incertaines. Elle est peut-être arrivée en Grèce depuis l’Asie centrale ou même depuis l’Inde.

Un grand nombre des préceptes de Pythagore furent réunis, à un moment, sous le titre d’acusmata (gr. akousmata, « instructions [orales] »).
Certaines ressemblent à des interdits, par exemple, « Ne tisonne pas le feu avec une épée » (que Porphyre* interprétait de la manière suivante : Ne frappe pas avec des mots blessants un homme sous l’emprise de la colère »).
D’autres ressemblent à une sagesse plus traditionnelle :
« Quelle est la plus sage des choses qui sont en notre pouvoir ? La médecine.
Quelle est la plus belle des choses ? L’harmonie.
Quelle la chose la plus puissante ? Le savoir.
Quelle est la chose la meilleure ? Le bonheur. »


Dictionnaire de l’Antiquité
M.C. Howatson - Editions Robert Laffont. 1993.

Gwion, Amorgen, déesse Etain...
On peut dire que la métempsycose n’intéresse, dans le monde celtique, que des personnages prédestinées, marqués pour une mission et détenteurs des aspects multiples de la vérité et de la science. (Celticum, supplément annuel à Ogam, 15).

Et pour ce recentrer sur cette idée de métempsycose des âmes, – plutôt que celle des villes – , (à ne pas confondre avec la métamorphose), les aventures de Gwion, Amorgen, de la déesse Etain… :shock: :shock:

METEMPSYCOSE

1. La croyance en la métempsycose, sous des formes et des noms divers, est attestée dans de très nombreuses aires culturelles : indiennes, helléniques, nordiques, etc. Elle est rejetée par le judaïsme, le christianisme, l’Islam, qui impliquent une conception du temps linéaire plutôt que cyclique.
Le Bhagavad Gitâ enseigne (ch. 2, v. 13) : Comme l’âme passe physiquement à travers enfance, jeunesse, vieillesse, ainsi passe-t-elle à travers les changements de corps. Cela ne saurait troubler ni aveugler l’homme qui trouve en soi sa paix (trad. Jean Herbert, d’après Shri Aurobindo).
Ce n’est pas le lieu de discuter ces doctrines. Mais elles ont toutes une portée symbolique, quels que soient leurs présupposés moraux, anthropologiques, cosmologiques, théologiques et quels que soient leurs arguments, théoriques ou expérimentaux. Elles expriment, d’une part, le désir de croître dans la lumière de l’un et, d’autre part, le sens de la responsabilité des actes accomplis. Cette double force, le poids des actes et l’aspiration à la pureté, entraîne dans un cycle de renaissances, jusqu’à la perfection acquise qui ouvrira l’accès, hors de la roue de l’existence, à l’éternité. La métempsycose apparaît comme un symbole de la continuité morale et biologique. Dès qu’un être a commencé de vivre, il n’échappe plus à la vie et aux conséquences de ses actes. La vie n’est pas une partie de dés : la croyance en la métempsycose abolit le hasard.

2. Les écrivains anciens confondent souvent, dans leurs résumés ou leurs relations succinctes sur les conceptions religieuses des Celtes, l’immortalité de l’âme et la métempsycose. En réalité, l’immortalité de l’âme est réservée aux hommes allant dans l’Au-Delà et la métempsycose est un fait limité à quelques entités divines, changeant de nature et d’état pour des raisons bien déterminées.
Dans l’histoire galloise de chaudron de Ceridwen*, Gwion se transforme successivement après avoir acquis la science universelle de la mixture qu’il cuisait, en lièvre, poisson, oiseau et grain de froment. Pour le poursuivre Ceridwen devient levrette, loutre, épervier et poule noire. Elle avale le grain de froment, devient enceinte et engendre le célèbre poète Taliesin. La transmigration concerne ici trois états! Le lièvre* représente la terre (état corporel); le poisson* : l’eau (état subtil); l’oiseau* : l’air (état informel). Le grain de froment symbolise la résorption dans le principe.
En Irlande, le poète Amorgen a été successivement taureau, vautour, goutte de rosée, fleur, sanglier et saumon.
Le cas de la déesse Etain est plus complexe encore, car il touche aux multiples de l’être.
On peut dire que la métempsycose n’intéresse, dans le monde celtique, que des personnages prédestinées, marqués pour une mission et détenteurs des aspects multiples de la vérité et de la science. (CELT, 15).

3. Il est des cas où la métempsycose se distingue malaisément de la métamorphose*. Celle-ci n’affecte que les apparences, et non le moi profond, et n’exige pas le passage par la mort; celle-là s’inscrit dans le cycle infiniment plus grave des morts et des renaissances. Serge Sauneron, par exemple, met en doute, malgré l’avis d’Hérodote et les formules du Livre des Morts, que les Égyptiens aient réellement cru à la métempsycose. Ces transmigrations, écrit-il, seront à chaque fois passagère et il ne s’agit nullement, pour l’âme, de parcourir successivement les étapes d’un vaste cycle de réincarnations; elle reste, définitivement, liée au corps embaumé dans sa tombe et ne peut s’offrir que des promenades au-dehors (POSD, 172).

Dictionnaire des symboles
Jean Chevalier, Alain Gheerbrant - Editions Seghers, 1974.

e.

MessagePosté: Lun 06 Juin, 2005 11:49
de Patrice
Tout à fait d'accord, pour une bataille avec le sourire, bien sûr...

Des plans quadrangulaires sans angle droit? C'est quoi ça?
Ah, et puis j'oubliai le sanctuaire de Corent, à plan quadrangulaire (quasi carré).

Des exceptions? Non, plus ça va, plus on en trouve.

En fait, en regardant le numéro de Gallia avec le dossier sur les sanctuaires en Gaule indépendante, on se rend compte de l'immense diversité des plans, et réduire le tout à un rond, c'est carrément abusif. :D

A+

Patrice

MessagePosté: Lun 06 Juin, 2005 11:58
de Muskull
Des plans quadrangulaires sans angle droit? C'est quoi ça?

:116: :77:

Ah, et puis j'oubliai le sanctuaire de Corent, à plan quadrangulaire (quasi carré).

C'est ça, le quasi n'est pas droit. :wink:

Si tu fais les questions et les réponses ça va pas'l'faire... :lol:

MessagePosté: Lun 06 Juin, 2005 12:07
de Patrice
A Corrent, l'enclos n'est pas tout à fait carré, mais les deux grand bâtiments à l'intérieur sont bien rectangulaires, à angles droits:

http://luern.free.fr/Corent_fr/plan.htm


C'est rond, ça?

:lol:

A+

Patrice

MessagePosté: Lun 06 Juin, 2005 12:19
de Pierre
Patrice a écrit:Des plans quadrangulaires sans angle droit? C'est quoi ça?
Ah, et puis j'oubliai le sanctuaire de Corent, à plan quadrangulaire (quasi carré).


Nous pouvons très bien avoir un plan quadrangulaire sans angles droits (ex: le losange). Le sanctuaire de Corent n'est pas vraiment carré, mais en est bien plus proche que d'un triangle ou d'un cercle.

Muskull, le triangle tient dans un cercle, mais le carré aussi. (NB: un patatoïde aussi :P )


@+Pierre

MessagePosté: Lun 06 Juin, 2005 12:22
de Patrice
Salut,

Justement: a-t-on déjà trouvé des constructions losangiques ou en forme de parallèlogrammes? Pas vraiment: ce cas de figure existe pour les enclos, qui ne sont pas des constructions à proprement parler...

A+

Patrice

Patapsycose

MessagePosté: Mar 07 Juin, 2005 8:21
de ejds
De la métaphore pataphysique
Pour parachever cette obnubilante séance de pata-urbanisme déplacée, jamais tranquille et à géométrie variable, métamorphose de la ligne droite à angles ronds par brisure, élongation, étiration…, et pour bien prouver qu’aucune ville gauloise ne fut construite au cordeau ex-nihilo à la marseillaise ou à la romaine, mais à convenance au bord de l’eau, d’abord hameau, village, puis conglomération de villages…: :| :lol:

http://perso.wanadoo.fr/claude.ognois/u ... %20ET%20DE

… à la métamorphose des dieux :

METAMORPHOSE

Toutes les mythologies sont remplies de récits de métamorphoses : dieux se transformant ou transformant d’autres êtres en humains, en animaux, le plus souvent en oiseaux, en arbres, en fleurs, en sources, en rivières, en îles, en rochers, en montagnes, en statues. Pour la seule mythologie grecque, P. Grimal cite plus de cent exemples.

On lit fréquemment, dans tous les textes irlandais et gallois, qu’un magicien, druide ou poète, ou qu’une prophétesse, pour une raison ou une autre, change un héros ou une reine en un vivant quelconque, porc, oiseau ou poisson. Un dieu ou une déesse se métamorphose aussi quelquefois et il est encore des druides qui acceptent de se changer en vaches à des fins sacrificielles. En Gaule, les prêtresses de Sena prétendaient pouvoir se changer à leur gré en n’importe quel animal. Les phénomènes de métamorphoses passagères doivent être bien distinguées de la métempsycose* proprement dite qui est une transmigration, un passage total et définitif d’un état à un autre (LERD, 126-134; OGAC, 15, 256-258).
Ces métamorphoses peuvent être ascendantes ou descendantes, suivant qu’elles représentent une récompense ou un châtiment ou suivant les finalités auxquelles elles obéissent. Ce n’est point pour se punir que Zeus se transforme en cygne auprès de Léda.
Elles révèlent une certaine croyance en l’unité fondamentale de l’être, les apparences sensibles n’ayant qu’une valeur illusoire ou passagère. Les changements de forme semblent même ne pas affecter les personnalités profondes, qui gardent en général leur nom et leur psychisme. On pourrait en conclure, d’un point de vue analytique, que les métamorphoses sont des expressions du désir, de la censure, de l’idéal, de la sanction, issus des profondeurs de l’inconscient et prenant forme dans l’imagination créatrice.

On connaît les romans, comme Si j’étais vous…, où un être se transpose dans la situation des autres, suivant ses illusions sur ce dont il n’a pas l’expérience et suivant ses désirs qui le poussent sans cesse à la recherche d’autre chose
La poésie amoureuse est également riche de ces désirs de métamorphoses pour plaire à l’être aimé. La métamorphose est un symbole d’identification, chez une personnalité en voie d’individualisation, qui n’a pas encore vraiment assumé la totalité de son moi, ni actualisé tous ses pouvoirs (voir âne*).

Dictionnaire des symboles
Jean Chevalier, Alain Gheerbrant - Editions Seghers, 1974.

e.