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MessagePosté: Sam 08 Avr, 2006 9:27
de ejds
Tous les dragons de notre vie sont peut-être des princesses qui attendent de nous voir beaux et courageux. Toutes les choses terrifiantes ne sont peut-être que des choses sans secours qui attendent que nous les secourions (R.M. Rilke, Lettres à un jeune poète).
Le dragon est d'abord en nous.

Extraits de : :shock::shock:

Uter Pendragon

http://forum.arbre-celtique.com/viewtop ... =5493#5493

hagaldag a écrit:Voici une des multiples symboliques du Dragon:
De la symbolique des dragons

Le dragon nous apparaît essentiellement comme un gardien sévère ou comme un symbole du mal et des tendances démoniaques. Il est en effet le gardien des trésors cachés, et comme tel l'adversaire qui doit être vaincu pour y avoir accès. C'est en Occident le gardien de la Toison d'Or et du Jardin des Hespérides; en Chine, dans un conte des T'ang, celui de la Perle; la légende de Siegfried confirme que le trésor gardé par le dragon n'est autre que l'immortalité.

Le dragon comme symbole démoniaque s'identifie en réalité au serpent: Origène confirme cette identité à propos du Psaume 74. Les têtes de dragons brisées, les serpents détruits, c'est la victoire du Christ sur le mal. Outre l'imagerie bien connue de Saint-Michel ou de Saint-Georges, le Christ lui-même est parfois représenté foulant aux pieds les dragons. Le patriarche zen Houei-nêng fait également des dragons et des serpents les symboles de la haine et du mal. Le terrible Fudô (Acala) nippon, dominant le dragon, vainc par là même l'ignorance et l'obscurité.

Mais ces aspects négatifs ne sont pas les seuls, ni les plus importants. Le symbolisme du dragon est ambivalent, ce qu'exprime d'ailleurs l'imagerie extrême-orientale des deux dragons affrontés, qu'on retrouve dans l'art médiéval, et plus particulièrement dans l'hermétisme européen et musulman, où cet affrontement prend une forme analogue à celle du caducée. C'est la neutralisation des tendances adverses, du soufre et du mercure alchimiques (alors que la nature latente, non développée, est figurée par l'ouroboros, le dragon qui se mord la queue). En Extrême-Orient même, le dragon comporte des aspects divers en ce qu'il est animal aquatique, terrestre - voire souterrain - et céleste à la fois; ce en quoi on a pu le rapprocher de Quetzalcoatl, le serpent à plumes des Aztèques. On a tenté, mais sans aucun succès, de distinguer entre le dragon lung (aquatique) et le dragon k'ouei (terrestre); il existe au Japon une distinction populaire entre les quatre espèces céleste, pluviale, terrestre-aquatique et souterraine.

[…]


Puissance céleste, créatrice, ordonnatrice, le dragon est tout naturellement le symbole de l'empereur. Il est remarquable que ce symbolisme s'applique non seulement en Chine, mais chez les Celtes, et qu'un texte hébreu parle du Dragon céleste comme d'un roi sur son trône. Il est en effet associé à la foudre (il crache du feu) et à la fertilité (il amène la pluie). Il symbolise ainsi les fonctions royales et les rythmes de la vie, qui garantissent l'ordre et la prospérité. C'est pourquoi il est devenu l'emblême de l'empereur. […]

Le dragon rouge est l'emblème du Pays de Galles. Le Mabinogi de Lludd et Llewelys raconte la lutte du dragon rouge et du dragon blanc, ce dernier symbolisant les Saxons envahisseurs. Finalement les deux dragons, ivres d'hydromel, sont enterrés au centre de l'île de Bretagne, à Oxford, dans un coffre de pierre.
L'île ne devait subir aucune invasion tant qu'ils n'auraient pas été découverts (CELTICUM, supplément annuel à Ogam, et CHARBONNEAU-LASSAY, L. Le Bestiaire du Christ, Bruges, 1940).
Le dragon enfermé est le symbole des forces cachées et contenues: les deux faces d'un être voilé. Le dragon blanc porte les couleurs livides de la mort, le dragon rouge celles de la colère et de la violence. Les deux dragons enterrés ensemble signifient la fusion de leur destin. La colère est tombée, mais les dragons pourraient ressurgir ensemble. Ils demeurent comme une menace, une puissance virtuelle, prompte à se lancer contre tout nouvel envahisseur.

[…]

Ce texte a été extrait du Dictionnaire des symboles, Éditions Robert Laffont, 1996 (première édition en 1982), 1060 pages.
Je penses que certains avaient déjà cette version , mais j'estime qu'il était bon de la mettre à la portée de tous.

HAGALDAG, Le GARDIEN de Dragons :)
Voir l'avatar :46:

e.

MessagePosté: Sam 08 Avr, 2006 13:41
de Alexandre
Merci, mais ma question portait en réalité surtout sur l'idée de la fixation des puissances de la Nature dans le nemeton plutôt que sur le caractère allégorique du dragon qui ne fait de mystère à personne.

MessagePosté: Ven 14 Avr, 2006 17:30
de Ewen
j'ai lu sur "http://www.arbre-celtique.com/approfondissements/symbolisme/motifs.php" ("dragon" ainsi que "griffon") que le symbole/image du dragon était déjà utilisé pendant La Tène. J'ai pourtant beaucoup plus entendu parler du dragon dans les récits arthuriens, qui sont chronologiquement beaucoup plus tardifs.
---> tout ca pour demander qu'en était-il vraiment (à la Tène final), en Gaule

merci d'avance...

MessagePosté: Ven 14 Avr, 2006 18:24
de Muskull
On a retrouvé des fourreaux d'épées avec deux dragons affrontés, stylisés bien sûr. :)
Mais il y a aussi des tas de bestioles bizarres dans l'art celtique de cette époque. C'est assez surprenant. :shock:

MessagePosté: Lun 08 Mai, 2006 17:38
de ejds
La Tarasque, un monstre mangeur de Gaulois ?! :shock::?

Note sur la TARASQUE
PAR ROBERT DUMONT

http://cerbi.ldi5.com/article.php3?id_article=139

La Tarasque provençale n’est pas unique en son genre. Tout au long du littoral méditerranéen à l’Ouest de l’embouchure du Rhône et jusqu’à l’Andalousie, les légendes font état de la Bête carnassière de mœurs amphibies, hantant les eaux douces, les zones palustres et même les eaux saumâtres, et qui selon les localités et selon les auteurs est appelée TARASCONUS, TIRASCONUS, TIRASCURUS, TIRASCUS... etc... […]

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On retrouvera aussi dans le bestiaire celtique, une probable représentation dans la pierre d’un monstre Tarasque dressé sur son arrière-train, dont les pattes avant reposent sur deux têtes " coupées " barbues, aux yeux privés de vie, et dont la gueule enfourne le bras d'un supplicié : :shock::?

XXXI. – UNE SCULPTURE GAULOISE : LA « TARASQUE » DE NOVES. 208

Parmi les rares sculptures proprement gauloises qui nous soient parvenues, celle-ci, qui figure dans les collections du musée Calvet à Avignon, est une des plus intéressantes. Elle apporte un témoignage de l’art de la Gaule indépendante qui s’est affirmé dans les oppida de la Provence et du Languedoc.

Ce monstre androphage – c’est-à-dire mangeur d’homme – a été trouvé à Noves, au pied de l’oppidum qui défendait le passage de la Durance, entre Arles et Avignon, sur la vallée du Rhône. La bête a une toison de lion. Elle engloutit, dans sa grande mâchoire aplatie munie de dents puissantes, un personnage dont on aperçoit un bras pendant, paré du torques gaulois. Les deux pattes antérieures, aux lourdes griffes, s’appuient sur deux têtes coupées, ornées d’épaisses moustaches et de longues barbes.

A travers cet étrange réalisme, c’est toute une allégorie qui est représentée : celle du monde infernal des profondeurs dans lesquelles les morts sont engloutis. D’importants commentaires ont été faits par Fernand Benoit dans son ouvrage L’Art primitif méditerranéen de la vallée du Rhône. (Publication des Annales de la Faculté des lettres d’Aix-en-Provence, 1955).

Henri-Paul Eydoux, hommes et dieux de la Gaule.
Les récentes découvertes archéologiques.
Éditeur Plon, 1961, p. 316.

La Tarasque du musée Calvet à Avignon : :shock::shock:

http://www.musee-lapidaire.org/fr/gaule.html

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e.

MessagePosté: Dim 31 Déc, 2006 0:17
de ejds
Cinéma : la dragonne sort ses griffes !

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e.

MessagePosté: Dim 07 Jan, 2007 23:37
de Tectosage
Bonjour,
Après une longue absence, je viens dragonner sous votre arbre avec une petite question :
Ne pensez-vous pas que, outre l'aspect symbolique du dragon, cette forme monstrueuse ait pu être alimentée par de "véritables" monstres ? . Je m'explique, il se peut que dans la plus haute antiquité, ici ou ailleurs on ait rencontré des fossiles de dinosaures en effleurement naturel. Ensuite il est assez naturel de broder autour de ces formes...

Cordialement et bonne année à tous ceux et celles qui arborisent.
Tecto

MessagePosté: Lun 08 Jan, 2007 11:05
de Marc'heg an Avel
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Salut,

Il m'est déjà arrivé d'intervenir sur le sujet du dragon.

Pour ce qui concerne l'époque du bas-empire romain, cette interprétation provient d'un croisement entre la mythologie et l'histoire.

En effet, le dragon symbolique de la bête a été utilisé comme enseigne de la cavalerie romaine. L'étude faite de l'utilisation explique comment le cheval de tête, voyant au-dessus de lui onduler cette forme et claquer cette machoire mobile par l'introduction du vent, prenait peur et courrait alors de plus en plus vite, entraînant les autres chevaux dans sa fuite qui, bien utilisée par les cavaliers, se transformait en charge de cavalerie.

Par sémantique, le dragon enseigne est devenu l'appellation du cavalier lui-même. Aujourd'hui encore, un dragon est un cavalier, même s'il n'est plus monté sur un cheval, mais sur engin motorisé d'assaut.

Le commandant de cavalerie, en latin, se disait : magister equitum.

Ce rôle était très souvent dévolu au général en chef d'une armée, d'un empereur, d'un dux, d'un patrice.

Il en a été ainsi pour Uther, frère d'Ambroise Aurèle.

Ambroise ayant été proclamé chef en G. Bretagne, il a, comme à l'habitude de l'époque, nommé son frère Uther à la tête de son armée.

Uther était donc magister equitum, qui se traduit donc en langage hybride britto-romain de l'époque : Pen Dragon = commandant de cavalerie.

Le cas est similaire pour Merlinus de Carohaise vis à vis d'Arthur (ceux de 474 !)

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Extraits de Sidoine Apollinaire (notes dans La Bataille de Carohaise)

Sidoine Apollinaire. Poèmes. Tome Ier. Carmen V: " Déjà le dragon de toile parcourt le front des armées: sa gorge se gonfle sous la poussée des zéphyrs; l'image du monstre à la gueule béante ferait croire à une faim dévorante et les vents donnent au tissu une fureur guerrière, toutes les fois que leurs souffles enflent le dos ondoyant et de le ventre ne peut plus contenir l'excès d'air qui le gonfle."

note 63 d'A. Loyen, dans Sidoine. Apollinaire. Poèmes. Tome Ier, p 178: " De toile ou de peau, elle a la forme d'un serpent dont la gueule béante, en métal, est fixée à une hampe. Le vent, s'engouffrant par cette ouverture, agite cette sorte de manche à air, et lui donne l'aspect d'un véritable serpent aux replis ondoyants...".

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JCE :)

MessagePosté: Lun 08 Jan, 2007 11:42
de Alexandre
L'interprétation historicisante est une tentation constante depuis la découverte des lionnes de Mycènes - c'est ainsi que certains ont voulu voir dans le lion de Némée un personnage historique humain !
Ce genre d'interprétation a pour corrolaire une volonté consciente ou non d'oter toute part de merveilleux aux légendes antiques et à en faire une "pathologie de l'esprit", la réinterprétation puérile de récits historiques.
C'est définitivement très mal connaître la nature humaine.

De surcroît, dans le cas du Bas-Empire, elle ne fait que déplacer le problème : que les dragons des armées de l'époque aient pu inspirer les poètes ne nous dit rien sur l'origine des dragons.

MessagePosté: Lun 08 Jan, 2007 11:54
de DT
Salut,
Daces et Sarmates sur la colonne Trajane
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A+

MessagePosté: Lun 08 Jan, 2007 11:56
de Marc'heg an Avel
C'est vrai.

L'origine des dragons reste à expliquer.

Mais le témoignage de Sidoine Apollinaire, lui, est historique.

Comme c'est un historien réputé fiable et sérieux, il n'y a donc pas de puérilité à le citer, même si (... et surtout si ...) ça peut déranger des idées reçues, qui sont peut-être, elles aussi puériles à défaut de pouvoir apporter des preuves.

JCE :)

MessagePosté: Lun 08 Jan, 2007 12:25
de Taliesin
Hello, tudoù ! :lol:

le symbole du dragon étant déjà utilisé par les Celtes de la Tène, il me semble qu'on peut tout de suite éliminer l'influence de la cavalerie romaine ou des mercenaires sarmates.

Quant à l'histoire des deux dragons de Vortigern, il s'agit de l'emploi d'une symbolique ancienne à des fins historicisantes (dragon rouge = Britons, dragon blanc = Saxons), lors des invasions saxonnes de l'île de Bretagne, et non l'inverse. Le conte de Llud et Llevlys - dont la structure est trifonctionnelle, soit dit au passage - ne parle pas de Britons ou de Saxons.

Le dragon, comme symbole du paganisme vaincu systématiquement par le christianisme, c'est aussi un réemploi récent.

En Inde, il y a le samudra, le réservoir d'eau primordial où Apâm Napât est prisonnier. Ce samudra est une caverne constituée par le ventre de Vrta, le dragon cosmique, qui contenait en lui les eaux, les aurores, le Soleil. Apâm Napât et les eaux-vaches (tiens, la rivière Boyne veint de Boann, "vache blanche") sont libérés par Savitr, père d'Apâm Napât, qui assomme le dragon. Dans une tradition plus tardive, c'est Indra qui tue Vrta.

Savitr est un équivalent de Mithra, le dragon Vrta semble bien être varunien.

MessagePosté: Lun 08 Jan, 2007 13:02
de Alexandre
D'accord, sauf sur la toute dernière remarque : Vrtrah est un équivalent indien du Illuyanka hittite, du Typhon grec et du serpent de la légende saint Efflam. Il n'a rien de varunien. Il se rapporterait davantage aux peurs du solstice d'hiver.
Je renvoie au document fourni par Patrice : http://www.mythofrancaise.asso.fr/4_bullet/43_article.html

A noter que l'auteur donne une conférence de vulgarisation cet après-midi à l'Ecole des Mines, rue Saint Jacques à Paris, à 16h.

MessagePosté: Lun 08 Jan, 2007 13:05
de Marc'heg an Avel
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photo de la page 194 du Buhez ar Zent (1912)

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Personne ne conteste la très haute antiquité du symbole du dragon. Les Chinois lui attribuent certaines de leurs années, et cela tend à démontrer une origine humaine commune.

En Occident, on n'a jamais autant entendu parler de dragons que depuis l'explication de la victoire du christianisme sur le paganisme. On peut donc dissocier les modes de pensées.

Dans nos légendes, si l'on remplace le mot dragon par celui de cavalier ou chevalier, on peut obtenir une autre lecture de ce qu'on lit habituellement puisque ces chevaliers là défendaient des causes religieuses opposées. Il suffit de lire Ammien Marcellin et Zosisme pour s'en convaincre.

JCE :)

MessagePosté: Lun 08 Jan, 2007 13:20
de DT
Salut,

Saints protecteurs des voyageurs: le Christ, sainte Marthe tenant la tarasque, et saint Julien l'Hospitalier.
(BNF, LAT 18014) fol. 181v Petites Heures de Jean de Berry France, Paris XIVe s. (55 x 45 mm).

Image

« Vie de Sainte-Marthe » - Anonyme XIVème siècle
"Il y avait dans ce temps-là, au-dessus du Rhône, entre Arles et Avignon, un drac, mi-poisson mi-bête, plus gros qu'un œuf et plus long qu'un cheval, qui avait des dents tranchantes comme une épée; et il se tenait dans l'eau, quand il le voulait et dans le bois quand il le désirait et tuait tous ceux qui passaient par le chemin, près du bois. Quant à ceux qui passaient sur l'eau, il faisait chavirer leurs barques et les tuait aussi. Le drac était venu par la mer, de Galatie, et il avait été engendré en Asie par Léviathan, qui est un serpent d'eau très féroce et très cruel et par Bonac, bête qui naît dans le pays de Galatie, et a une nature telle que sur ceux qui veulent la poursuivre, et sur une étendue d'un arpent, elle jette sa fiente comme un trait, si bien que tout ce qu'elle touche brûle comme du feu. C'est vers cette bête qu'alla sainte Marthe. Elle la trouva dans le bois en train de manger un homme; elle jeta alors sur le drac de l'eau bénite tout en faisant sur lui le signe de croix. Aussitôt la bête fut soumise comme une brebis et Marthe l'attacha de sa ceinture; et, sans attendre le peuple la tua à coups de lances et de pierres. Ce drac était appelé la Tarasque, et c'est pour cette raison que le lieu est dit Tarascon. Il était autrefois appelé Narluc, ce qui veut dire «lieu noir » parce qu'il y avait là de grands bois sombres. Après quoi sainte Marthe demeura là, avec la permission de saint Maximin, son maître et elle restait en oraison. Elle créa en ce lieu un couvent de femmes, en honneur de sainte Marie-Madeleine, et elle y mena une vie très rude, ne vivant que de pain et d'eau, une fois par jour, et s'agenouillant cent fois le jour et la nuit pour prier Dieu."


Avant la domination romaine, la tribu des Salyens peuplait les bois et les marécages qui s'étendaient sur toute la contrée. Tarascon fut appelée Nerluc par certains chroniqueurs (de " niger lucus " bois noir). Son véritable nom, Tarascon, est cité par les auteurs anciens : Strabon, Pline, Ptolémée. Strabon écrivait : " De Nîmes aux Eaux chaudes de Sextius (Aix) on compte 53 milles en passant par Ugernum (Beaucaire) et Tarusco ". D'après le même auteur (14 ans avant notre ère), " la route qui venait de Narbonne à Nîmes, et franchissait le Rhône entre Ugernum et Tarusco bifurquait ici. D'un côté, on atteignait l'Italie par Aquae Sextiae et Antipolis; de l'autre, par Cabellio (Cavaillon), la Durance et les Alpes ".
Tarascon paraît avoir été originairement un comptoir fondé par les Marseillais postérieurement au passage d'Annibal. Après la prise de l'antique cité phocéenne par Jules César, Tarascon fut comprise dans la nouvelle province romaine, étant à la fois une position stratégique et un entrepôt commercial pour la navigation sur le Rhône. La voie saunière longeait la chaîne des Alpines passant par Glanum (Saint-Rémy), Saint-Etienne-du-Grès, Saint-Gabriel (Ernaginum), et aboutissait à Arles. Le "chemin romain " existe encore à Saint-Etienne-du-Grès, passant au pied de la colline Notre-Dame du Château; parallèlement à ce chemin on voit encore de loin en loin des vestiges de l'ancien aqueduc qui conduisait l'eau depuis Romanil jusqu'à Arles, pour l'alimentation de cette cité et les jeux nautiques qui s'y déroulaient. De nombreux débris antiques plus ou moins importants y ont été retrouvés, de même qu'au quartier Saint-Victor (au Pas-de-Bouquet) et à Saint-Gabriel : mosaïques, poteries, statuettes, trémies, urnes, monnaies, etc...
Saint-Gabriel (Ernaginum) était une station romaine d'une assez grande importance, sur la grande voie aurélienne, entre Arles et Saint-Rémy; un cours d'eau, au pied d'Ernaginum était le confluent de deux bras de la Durance, l'un venant de Châteaurenard, Maillane et Laurade, l'autre venant d'Orgon et Saint-Rémy. De là, ce cours d'eau se dirigeait vers Arles, d'où les étangs Désuviates le faisaient communiquer avec le canal de Marius et la mer, près de Fos. Le passage de la Durance à Laurade et Saint-Gabriel figure sur des actes officiels (" Enquête sur les limites de Tarascon du côté de Montpahon " - Arch. de Tarascon). Un échange du ler mars 969 (Gallia Christiana nov.) mentionne un champ situé " inter Sagnonem (quartier du nord de Lansac) et Aurignana (au sud de Laurade), et confrontant " de uno fronte, flumen Durentie ". Un diplôme daté de 854 signale " les moulins sur la Durance à Laurade ". En.982, Warnerius, évêque d'Avignon, donne aux moines de Saint-André-d'Andaon des églises situées " ultra fluvium Durantiae "... " ad radicem montis Gauserii ", - pic des Alpines placé au-dessus des Antiques et dominant le bras de la Durance de Saint-Gabriel (Bibl. Avignon, manuscrit 2599).
Vers l'an 74 avant Jésus-Christ, Tarascon prit une certaine extension en tant que comptoir commercial sur le Rhône. Un temple et une citadelle y furent construits.

A+