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MessagePosté: Ven 03 Avr, 2009 11:42
de Thierry
Et aussi loin que je puisse m'en souvenir, Salammbô m'a nettement plus "transporté" qu'Emma sans doute trop proche. Il faut dire que Flaubert détestait sa ville et sa région qui viennent pourtant de lui donner un pont "ascenceur" sur la Seine, assez unique en son genre.... :roll:

MessagePosté: Ven 17 Avr, 2009 11:33
de ejds
Par sa liberté de ton, la parution de Mme Bovary fit scandale à l'époque. La rédaction des quelques 4.500 feuillets manuscrits sont depuis peu en ligne sur internet, fut conçu avec le temps nécessaire, le réalisme et contraintes qu’imposent ce genre d’ouvrage.

Flaubert se lança, entre 1857 et 1862, dans la toute aussi éreintante et laborieuse rédaction de Salammbô, avec des corrections sans fin, pas moins de neuf versions du même chapitre, et de quatorze chapitres pour certains passages.

On peut aussi s'attendre à une mise en ligne prochaine des manuscrits de cet ouvrage qui fut mis en vente le 24 novembre 1862. Le renom de l'auteur lui fit d'emblée obtenir un succès croissant de curiosité auprès du public, mais souleva aussi par sa liberté et vivacité de ton, ses lacunes et imperfections, de laisser dire n'importe quoi n'importe comment, maintes discussions d’un ton parfois assez vif.

Oeuvre divertissante et géniale de semi-fiction, imaginée et retravaillée d'après une assise solide de l’archéologie et de l’histoire vraie (ou vice et versa, si l’on veut), l’intrusion de ce genre de roman novateur dans le monde littéraire, ne manqua pas de créer une très forte réaction de la part de certains critiques qui émirent publiquement et sans tarder des réserves.

Et, pour reprendre ici la polémique autour de sa parution, certaines remarques issues de Flaubert, œuvres complètes, par Bernard Le Masson, Éditions du Seuil, 1964, 800 pages, pp. 751-8, et dont on peut retrouver les lettres des protagonistes : :?

http://www.mediterranees.net/romans/sal ... hner1.html

Ainsi, l'écrivain, Sainte Beuve (1804-1869), qui s’empressa de disséquer le roman et rédiger une longue, pointilleuse étude empreinte de doutes et répartie en trois articles (et qu’il regrettera finalement d’avoir écrit) parus dans le quotidien politique le Constitutionnel des 8, 15, et 22 décembre 1862.

De son côté Wilhelm, dit Christian-Guillaume, Froehner (1834-1925), d’origine allemande, finit par devenir, par la faveur du Pouvoir, conservateur des Antiquités du Musée du Louvre. Il fût entre autres mandé par Napoléon III, pour relire et corriger son Histoire de Jules César, et faire parti de la commission sur Alésia. Fort de son savoir et piqué au vif par la lecture du roman, Froehner s’empêtra pourtant à son désavantage dans un article de la Revue contemporaine, datée du 31 décembre 1862, qu’il intitulait avec un lazzi quelque peu mérité : « Le roman archéologique en France, G. Flaubert, Salammbô ».

Flaubert ne se laissa pas déstabiliser car Froehner était à son tour pris en flagrant délit de mauvaise foi, d’inexactitude ou d’ignorance. L'écrivain porta la répartie qui fait mouche et le jeu de la réponse serrée. Pour mieux défendre et rebouter les travers enflammés de son imagination, il répliquait, sans cesse et sans lâcher prise, à grands coups de preuves, de textes et documents historiques.

:ogam-th:

MessagePosté: Dim 21 Juin, 2009 17:04
de ejds
Pour relativiser et revenir théoriser sur le thème de la pratique des têtes coupées : :?

H.-P. Eydoux a écrit:
Le cruel rite gaulois des têtes coupées
prouvé par l’archéologie.


La force du vaincu au service du vainqueur.

---La tentation est grande d’épiloguer maintenant sur ce rite des têtes coupées. Coutume atroce, sans doute, mais elle n’était point particulière aux Gaulois. Elle fut pratiquée par de nombreux peuples de l’Antiquité. Doit-on évoquer ce bas-relief de Ninive montrant Assurbanipal banquetant sous un arbre où pend la tête momifiée de son ennemi le roi de Babylone ? Et doit-on rappeler que, il n’y a pas si longtemps, la coutume était bien vivante, si je puis dire, chez certaines peuplades d’Afrique et d’Océanie, à Bornéo notamment ?

---Il ne faut pas voir, dans ces têtes coupées, une simple vanité de soldat, une fierté du trophée. Cette pratique exprimait la croyance que la force de l’homme vaincu était mise au service des vainqueurs. Camille Jullian, le grand historien de la Gaule, a pu écrire : « Ces têtes coupées devenaient de bons fétiches domestiques. Et le maître du lieu se tournait vers elles avec orgueil et gratitude. » Une accumulation de crânes dans un sanctuaire, comme à Roquepertuse et à Entremont, représentait une véritable réserve d’énergie vitale au profit de la tribu. Diodore de Sicile et Strabon n’avaient point exagéré en rapportant le rite, mais ce qu’ils n’avaient pas su — ou pas cru — c’était sa portée religieuse.

---Notons, d’ailleurs, que cette pratique ne devait pas être généralisée. Il ne faut pas s’imaginer les Gaulois, après une bataille, décapitant systématiquement tous les corps de leurs ennemis morts afin d’en emporter les têtes. S’il en avait été ainsi, les fouilles nous auraient livré de nombreux exemples de squelettes incomplets ; or, il n’en a rien été. La seule découverte spectaculaire à cet égard a été faite en creusant le canal du Nord, sur la commune de Mœuvres, dans l’arrondissement de Cambrai. On dégagea un vaste charnier, long de 35 mètres, où étaient entassés environ deux cents squelettes, aux débris accumulés pêle-mêle avec des épées et des pointes de javelots. Malgré des recherches très poussées, on ne trouva pas un crâne. Nul doute que les corps avaient été jetés dans la fosse après enlèvement des têtes. Nous sommes loin, en tout cas, des dizaines de milliers de crânes accumulés dans Bagdad de Tamerlan ou dans Mexico des Aztèques…

---Un dernier point à souligner : si la décapitation post mortem est bien prouvée chez les Gaulois, rien ne nous dit qu’elle fût opérée sur des prisonniers que l’on sacrifiait à cet effet. Si cette pratique eût été, Diodore de Sicile et Strabon, sinon César lui-même, n’auraient pas manqué de nous en informer.

Révélations de l’archéologie, Henri-Paul Eydoux, Éditions Gautier Languereau, 1963, 190 pages, 54-5.

Pierre a écrit:Je confirme, c'est bien à Maiden Castle que furent découvert 38 corps près de la porte Est. L'ensevellissement est rituel, mais la mort semble être due au combat qui opposèrent les Brittons aux Romains en 45 ap J.-C. Par contre un cas de sacrifice y a été découvert.

Pour revenir et compléter une nouvelle découverte sur Maiden Castle où une inhumation d’une cinquantaine de corps décapités, et majoritairement jeunes, a été faite. Rite sordide et macabre d’une après bataille inter tribale, condamnation et punition de déserteurs ou de prisonniers de guerre brittons ou romains, épidémie, mise en scène macabre de déterrement et dislocation des corps… , des probabilités auxquelles il est un peu tôt de répondre :

Image

Quelques compléments d’infos en français : :shock:

http://aventuresdelhistoire.blogspot.co ... uerre.html

:ogam-th:

Re: Le rempart de César !!!

MessagePosté: Jeu 10 Juin, 2010 10:40
de guilhem
ejds a écrit:Pons, Pontes, Pontem, Ponto... , l'éperon rocheux des Santons, avec son murus gallicus dans le fossé duquel a été retrouvé une sépulture d'enfant (s) : :shock:

Image a écrit:PONS. Des fouilles sur l'éperon rocheux ont mis au jour l'enceinte celte décrite par le consul romain dans « La Guerre des Gaules »

Samedi 14 Mars 2009

Image
Ces vestiges gaulois faisaient, à l'origine, 6 mètres
de large. (Photo nadine juillard)


http://www.sudouest.com/charente-mariti ... 83426.html

Le rempart de César

Certains lieux sont évidemment plus sensibles aux découvertes archéologiques que d'autres : c'est le cas de Pons, cité médiévale. Depuis plusieurs décennies, certains sites sont répertoriés et, plus récemment, dans le cadre du projet de réhabilitation des abords du donjon, la première et la seconde enceinte, le puits de l'anguille, la porte du château, ainsi que des traces gallo romaines ont été retrouvés.

Un site unique

Mais l'éperon rocheux, dont il est question dans nombre d'ouvrages, n'avait pas encore dévoilé l'extraordinaire présence gauloise désormais mise au jour. En janvier 2007, déjà, un diagnostic l'attestait sur un terrain promis à la vente. Depuis début mars, c'est un site unique en Saintonge qui se révèle au grand jour.

Guilhem Landreau, archéologue, veille ainsi sur un rempart de 1,60 m et ses 11 assises, d'un intérêt majeur (voire national sur le plan celtique), qui correspond exactement à la description faite par César dans « La Guerre des Gaules » : des poutres reliées les unes aux autres, recouvertes de terre et aux intervalles garnis de grosses pierres.

« C'est la première fois que l'on peut mettre en relation le texte écrit et la construction. Ce rempart de 6 mètres de large avait une fonction défensive et de prestige et il clôturait une ville d'une grande importance. »

Une sépulture d'enfants

À son pied, une douve de 10 mètres de large et de 3 mètres de profondeur, où une sépulture d'enfant a été découverte, ainsi que des débris d'amphores de formes différentes, mais de la fin du IIe siècle avant notre ère, jusqu'à - 50, et connues pour contenir du vin d'Italie il y a 2 100 ans.

« Comprendre l'architecture de ce monument et l'importante de cette ville », c'est le voeu de l'archéologue spécialiste des Gaulois (« qui n'étaient pas barbares et ne mangeaient pas de sanglier », s'amuse-t-il) et de ses trois collègues sur le terrain.

Et de plaisanter, avec un grand sourire : « Peut-être faudra-t-il changer les panneaux d'entrée de la ville, qui la disent "cité médiévale" ? »

Auteur : Nadine Julliard



Etant un nouveau venu sur ce forum, je commencerai par vous adresser à toutes et à tous un cordial bonjour.posting.php?mode=quote&f=4&p=61287#

C’est tout à fait par hasard que je découvre aujourd’hui le message posté par ejds et repris par Adcanaunos et Sedullos il y a un peu plus d’un an maintenant au sujet d’un article paru dans le quotidien régional Sud-Ouest le samedi 14 mars 2009 et intitulé « Le rempart de César ».
Sedullos a clairement compris et trés bien résumé, d’une part, la portée générale et la ligne éditoriale de ce quotidien et, d’autre part, l’étendue limitée des connaissances d’une grande majorité des charentais-maritime concernant leur patrimoine protohistorique. Je le remercie donc pour la justesse de son intervention et je n’insiste pas davantage sur ce point.
Néanmoins, sans avoir été réellement blessé par les propos d’ejds et Adcanaunos, j’aimerai simplement préciser qu’il convient de replacer les choses dans leur contexte. Il s’agit d’un « article » entièrement rédigé par la correspondante locale du journal après une visite rapide sur la fouille et bien évidemment, je n’ai à aucun moment eu le loisir de le lire avant sa publication.
Vous comprenez aisément pour l’avoir sans doute vécu vous-même qu’en quelques minutes, entre les sollicitations des collègues sur le terrain, le téléphone qui sonne et le bruit des engins mécaniques il faut transmettre à une personne totalement ignorante du sujet et, c’est humain, pétrît par ces propres idées reçues, les informations archéologiques que l’on estime essentielles à un instant T des recherches, montrer leur intérêt et leur spécificité dans la problématique générale des fortifications des villes celtiques de la fin de l’âge du Fer, replacer tous cela dans une perspective chrono-culturelle élargie tout en usant d’un langage non équivoque et accessible au plus grand nombre … autrement dit : mission (quasi) impossible ! Vulgariser sans caricaturer c’est tout un art et nous ne sommes pas tous et pas toujours (moi le premier) de bons vendeurs ou de bons médiateurs culturels.
Alors si vous le voulez bien, rendons à César ce qui lui appartient (et sans doute pas la description architecturale des fortifications de l’oppidum de Pons !!!) et à cette brave correspondante locale du journal Sud-Ouest (tout à fait sympathique par ailleurs) son article sensationnel. Vous ne serez sans doute pas surpris en apprenant que dès le lundi suivant sa parution cette « perle » fut placardée ostensiblement dans l’Algéco par mes collègues hilares et ce, pour ma plus grande fierté posting.php?mode=quote&f=4&p=61287#(… c’est le jeu !!!).

Maintenant, pour ceux d’entres vous qu’intéresserait les premiers résultats de la fouille de ce rempart, et dans l’attente du RFO (les études sont en cours), je tiens à votre disposition la notice rédigée pour le BSR de Poitou-Charentes ainsi qu’un cours article commis avec Bertrand Houdusse (RS sur la fouille) et récemment paru dans la table-ronde du Beuvray « Murus Celticus » (Bibracte n°19).

Bien cordialement,

Guilhem.

Re: Aux portes des oppida...

MessagePosté: Jeu 10 Juin, 2010 11:58
de Sedullos
Salut à tous,

Guilhem a écrit:Sedullos a clairement compris et trés bien résumé, d’une part, la portée générale et la ligne éditoriale de ce quotidien et, d’autre part, l’étendue limitée des connaissances d’une grande majorité des charentais-maritime concernant leur patrimoine protohistorique. Je le remercie donc pour la justesse de son intervention et je n’insiste pas davantage sur ce point.


Bienvenue sur le forum de l'arbre-celtique, Guilhem :D

Dans le temps loitain de ma jeunesse :? , j'ai travaillé comme pigiste pour un quotidien local et en tant que reconstituteur, j'ai l'occasion de rencontrer beaucoup de public : je mesure l'écart des connaissances entre les différents publics. Il s'agit moins d'ailleurs d'une différence Paris /Province que de l'existence ou de la non existence d'animations et de la fréquence de celles-ci.

Ainsi les questions posées par le public de St Romain-en-Gal, samedi et dimanche dernier, résultat d'un capital accumulé de plus de 10 ans d'animations sur l'Antiquité, sont de plus en plus pointues ; rien à voir avec celles relevant d'une stricte vision astérixienne de la civilisation gauloise...