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Sevel korreenn

MessagePosté: Lun 19 Mar, 2007 11:51
de Jacques
On trouve dans certains contes bretons (de mémoire, dans ceux qui ont été collectés par Luzel, je crois) l'expression « sevel Korreenn » qui traduit l'arrachage de lanières de peau. Ce supplice se retrouve-t-il dans les récits mythologiques irlandais ou gallois, et en a-t-on des témoignages grecs ou romains contemporains des Celtes de l'Antiquité ?

MessagePosté: Lun 19 Mar, 2007 12:15
de Patrice
Salut,

J'ai le souvenir d'avoir lu ça une fois dans un des contes russes d'Afanassiev, où le héros arrache à un personnage trois lanières de peau du dos d'un autre personnage.
Les lanières ont des vertus magiques, mais je ne sais plus lesquelles.

A+

Patrice

MessagePosté: Lun 19 Mar, 2007 12:18
de Jacques
Une pratique qui pourrait être préceltique et donc commune aux différentes mythologies indoeuropéennes ?

MessagePosté: Lun 19 Mar, 2007 12:27
de Patrice
Salut,

Peut-être. Pourrais-tu donner plus de détails sur les cas relevés par Luzel? Je vais essayer de retrouver ce que j'ai lu dans Afanassiev.
Il faut bien voir si ça correspond.

A+

Patrice

MessagePosté: Lun 19 Mar, 2007 13:17
de Alexandre
Cette pratique a en effet des correspondances dans l'ensemble du monde indo-européen. Sergent en parle dans son traité des Indo-européens.
- chez les Germains, on parle de "l'aigle de sang" pour désigner une bande de peau arrachée dans le dos du vaincu
- leurs voisins Scythes faisaient de même, mais post mortem
- chez les Perses, le démon Gandarep subit le même sort dans la mythologie
- chez les Grecs, cette pratique, avec consécration du trophée à Athéna, est attesté jusqu'à une époque relativement tardive.

MessagePosté: Mar 20 Mar, 2007 0:25
de Sedullos
Salut,

Contes populaires de la Basse Bretagne / François-Marie Luzel ; éd. Françoise Morvan.-Presses universitaires de Rennes UR : Terre de brume, 1996.- 3 volumes.

Peaux d'hommes enlevées II, 65, 121. Contes : Ewenn Congar, Les trois fils de la veuve : les peaux sont suspendues à des clous

Ruban de peau enlevé de la nuque au talon à celui qui se fâche le premier
III, 156, 159, 163, 305.

MessagePosté: Mar 20 Mar, 2007 0:51
de Sedullos
Alexandre a écrit:Cette pratique a en effet des correspondances dans l'ensemble du monde indo-européen. Sergent en parle dans son traité des Indo-européens.
- chez les Germains, on parle de "l'aigle de sang" pour désigner une bande de peau arrachée dans le dos du vaincu
- leurs voisins Scythes faisaient de même, mais post mortem
- chez les Perses, le démon Gandarep subit le même sort dans la mythologie
- chez les Grecs, cette pratique, avec consécration du trophée à Athéna, est attesté jusqu'à une époque relativement tardive.


Alexandre,
Désolé d'en rajouter dans le genre peu ragoûtant, pour l'aigle de sang, le blódörn, ce sont les poumons qui sont sortis dans le dos.
Voir Régis Boyer, La religion des anciens scandinaves.- Payot, 1981, p. 160

MessagePosté: Mar 20 Mar, 2007 1:42
de Alexandre
Pour l'aigle de sang, j'ai en fait repris le passage de Sergent. Je ne peux certifier de façon absolue que l'attestation grecque, qui se rapporte entre autres à un épisode historique.

MessagePosté: Mar 20 Mar, 2007 13:29
de Jacques
Merci, Sedullos, la recherche dans les contes de Luzel en version bretonne que j'avais lus il y a plus de dix ans s'est révélée un tantinet fastidieuse...

MessagePosté: Mar 27 Mar, 2007 23:35
de Bissula
Patrice a écrit:Salut,

Peut-être. Pourrais-tu donner plus de détails sur les cas relevés par Luzel? Je vais essayer de retrouver ce que j'ai lu dans Afanassiev.
Il faut bien voir si ça correspond.

A+

Patrice


Dans l'Ours-roi, il ne s'agit pas de lanières mais de trois bandes de cendres issues de la combustion sacrificielle du taurillon-crotteur par Ivan et Marie. Le taurillon exige ce sacrifice après avoir sauvé les enfants royaux des griffes de l'ours et les avoir installé dans une clairière.

"Voilà pour vous une demeure. Vivez-y sans connaître le souci. Et dans la cour, faites tout de suite un feu de bois puis égorgez-moi et brûlez moi!
[..]
de la première bande jaillira un cheval, de la deuxième une chienne et de la troisième un pommier. "

C'est une sacrée coïncidence de lire ce topic pour moi car je venais justement déposer un avis de recherche sur le forum.

MessagePosté: Jeu 29 Mar, 2007 9:32
de Thierry
Ce type de pratique n'est pas spécifique à un peuple ancien mais répandue un peu partout sur le globe, on trouve par exemple de nombreuses traces de rituels et sacrifices avec arrachage de peau chez les Amérindiens, il ne s'agirait donc pas d'une spécialité locale et d'une communauté de rituels lié à un peuple qui nous donnerait un passe partout pratique pour tout nous expliquer...

MessagePosté: Jeu 29 Mar, 2007 10:53
de Alexandre
C'est une pratique fréquente, mais que je sache pas universelle.

MessagePosté: Mar 03 Avr, 2007 13:38
de Bissula
Cette histoire de lanière m'a rappelé une légende irlandaise, celle du Taurillon tacheté. Le Taurillon protège un jeune pâtre des intentions mauvaises de sa marâtre. Celle ci finit par découvrir le pot aux roses, le taurillon s'enfuit dans la forête avec le jeune homme. Il combat un taureau, en sachant qu'il sera vaincu le deuxième jour. En prévision de sa mort il ordonne au pâtre de découper 2 lanières sur son corps agonisant, une blanche sur le ventre et une lanière tachetée sur le dos.
"Tu t'en feras une ceinture et toutes les fois aue tu te sentiras en danger, tu penseras à moi. Tu étreindras de tes amins lanière blanche et lanière tachetée et toute ma force passera dans tes bras."

MessagePosté: Jeu 12 Avr, 2007 14:43
de Sedullos
Salut,
j'ai trouvé une version en gallo dans :
Contes et légendes de Haute-Bretagne / Albert Poulain ; préf. Pierrre-Jakez Hélias.- Ouest-France, 1995.- 388 p. : couv. ill. en coul. ; 22 cm.

La bertelle de piaw : "je t'enlèverai de sur le dos une bretelle de peau",
toujours sur le thème du premier qui se fâche...

Re: Sevel korreenn

MessagePosté: Sam 24 Avr, 2010 11:10
de Jacques
Je reviens à un sujet que j'avais lancé, à la suite d'une découverte dans le Glossaire étymologique et historique des patois et des parlers de l'Anjou, de Verrier et Onillon, à l'article « lever » : « lever la peau à quelqu'un : le maltraiter, le rouer de coups ». Une réminiscence d'un usage ancien ?