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MessagePosté: Sam 11 Oct, 2008 11:23
de ejds
Henri Martin a écrit: -------------------------- GAULE INDEPENDANTE.

RITES ET SYMBOLES.

-----Ces quelques mots disent déjà de bien grandes choses : les Triades, les poésies bardiques, les légendes des peuples qui ont conservé les dialectes gaulois, sont en parfait accord avec les témoignages classiques et leur fournissent de larges commentaires. Les allusions aux renouvellements du monde par l'eau et par le feu sont fréquentes dans les Triades et dans les chants des bardes ; ces allusions semblent à la fois révéler, sous une forme mythique, une vague intuition des révolutions vulcaniennes et neptuniennes de la géologie, et rappeler les cataclysmes locaux, déluges, éruptions volcaniques, qui ont frappé si vivement l'imagination de tous les peuples primitifs 1. Tout ce qui se rapporte à la doctrine de la mort et de la renaissance périodique du monde et de tous les êtres paraît avoir été concentré dans les rites et les croyances de la nuit du premier novembre, nuit pleine de mystères, que le druidisme a léguée au christianisme, et que le glas des morts annonce encore aujourd'hui à tous les peuples catholiques, oublieux des origines de cette antique commémoration. Chacune des grandes régions du monde gallo-kimrique avait un centre, un milieu sacré, auquel ressortissaient toutes les parties du territoire confédéré, et dans lequel on a cru reconnaître le symbole du soleil au centre du système planétaire. Dans ce centre brûlait un feu perpétuel qu'on nommait le père-feu 2. La nuit du premier novembre, les traditions irlandaises rapportent que les druides se rassemblaient autour du père-feu, gardé par un pontife forgeron, et l'éteignaient : à ce signal, de proche en proche s'éteignaient tous les feux de l'île ; partout régnait un silence de mort ; la nature entière semblait replongée dans une nuit primitive. Tout à coup le feu jaillissait de nouveau sur la montagne sainte, et des cris d'allégresse éclataient de toutes parts; la flamme empruntée au père-feu courait de foyer en foyer, d'un bout à l'autre de l'île, et ranimait partout la vie 1. Des cérémonies analogues se répétaient sans doute dans toutes les régions gauloises. [...]

-----1. V. le Myvyrian, passim, et le chant druidique retrouvé par M. de La Villemarqué en Bretagne, et intitulé : Ar-Rannou (les Rangs, les Séries) ; Barzaz-Breiz, t. I, p. 9-l9. Ces séries, que le druide enseigne à l'enfant blanc (au néophyte, partent de la Nécessité et de la Mort (nous verrons tout à l'heure ce que signifie cette mort d'où procède la vie), pour aboutir à la fin du monde, exprimée sous des symboles extraordinaires. [...]
-----2. " Le père-feu allumé sur la montagne de la guerre. " Ar-Rannou.

-----1. D'Eckstein, le Catholique, oct. 1829, p. 156. Il y avait une autre fête du feu le 1er mai, en l'honneur du dieu Bel. C'était la fête du soleil et du printemps, comme l'antre était celle de la nuit et de l'hiver. Dans l'ile d'Érin, on immolait des chevaux à Bel, à Ouisneach, au centre de l'île. On allumait, dans chaque canton, deux feux en l'honneur de ce dieu, et l'on faisait passer les troupeaux entre ces deux feux pour les purifier, usage dont il reste des traces dans notre Bretagne. La fête des mariages se célébrait le 1er août. Il y avait aussi de grandes réunions aux solstices. C'était, à ce qu'il paraît, au solstice d'été qu'avaient lieu les concours bardiques. La saint Jean a remplacé la fête du solstice d'été, et l'on y a transporté les feux du 1er mai. Le solstice d'hiver était consacré par une fête très singulière, qu'on a retrouvée chez les peaux-rouges de l'Amérique du Nord. On y prenait toutes sortes de déguisements d'animaux. Les statuettes gallo-romaines d'hommes et de femmes enveloppées de dépouilles d'animaux ou même à formes semi-animales doivent se rattacher à cette fête appelée mastruca, d'où masque et mascarade. Cette fête correspondait à la fois à notre jour de l'an et à nos jours gras. C'est là qu'on poussait ce fameux cri : Éguinané, ou plutôt, Enghin-an-eit ; le blé germe, qui est le synonyme d'étrennes, en breton, parce qu'il est encore le signal de la distribution des étrennes. v. Émile Souvestre, les Derniers Bretons, t. I, p. XIV. Ce cri s'est conservé, avec le même sens, dans des parties de la France d'où la langue celtique a disparu depuis bien des siècles. M. Augustin Thierry nous a raconté qu'à Blois, il avait encore entendu les enfants nommer l'aguilanlé un jour de fête où ils quêtaient des pièces de monnaie sur une pomme (le fruit sacré des druides) fichée au bout d'une baguette enrubannée. — Notre bœuf gras, qu'on appelait le bœuf vilé ou viellé (velec'h, belec'h), est très certainement le taureau de Bel.



Histoire de France, Furne Libraire-Éditeur, Tome I, quatrième édition, 1865, 486 pages, p. pp. 71-2.

- Livre accessible sur Google.


Que valent les compilations enflammées de notre inestimable Henri Martin ? Particulièrement deux affirmations à soumettre à la perspicacité, à l'œil exercé et à la plume des éminents spécialistes des Indiens d'Amérique du Nord et, ou, aux Celtes de l'Irlande qui fréquentent ce forum. La première : :?

Henri Martin a écrit:Le solstice d'hiver était consacré par une fête très singulière, qu'on a retrouvée chez les peaux-rouges de l'Amérique du Nord.

La seconde :
Henri Martin a écrit:La nuit du premier novembre, les traditions irlandaises rapportent que les druides se rassemblaient autour du père-feu, gardé par un pontife forgeron, et l'éteignaient : à ce signal, de proche en proche s'éteignaient tous les feux de l'île ; partout régnait un silence de mort ; la nature entière semblait replongée dans une nuit primitive. Tout à coup le feu jaillissait de nouveau sur la montagne sainte, et des cris d'allégresse éclataient de toutes parts ; la flamme empruntée au père-feu courait de foyer en foyer, d'un bout à l'autre de l'île, et ranimait partout la vie 1. Des cérémonies analogues se répétaient sans doute dans toutes les régions gauloises.

e.

MessagePosté: Sam 11 Oct, 2008 12:00
de Sedullos
Salut à tous,

Ni Lakota, ni Irlandais, seulement Lémovice :lol:

Je vais quand même répondre.

Si les deux fêtes de Samain, 1er novembre et de Beltaine, 1er mai, étaient centrées, sur le feu, les feux sacrés sur les collines, le feu que l'on doit éteindre et que les druides sont les premiers à rallumer, tout cela ne concerne pas les solstices. Les 4 grandes fêtes irlandaises sont décalées d'environ 45 jours par rapport aux solstices et équinoxes.

Par la suite, on observe que le folklore de Beltaine s'est déplacé sur le solstice d'été.

La mention du TanTad, le feu-père, est authentique, on la trouve chez Anatole Le Braz, dans sa Légende de la mort chez les Bretons armoricains mais, elle est bretonne.

Henri Martin fait une interpolation entre rite et folklore, entre l'Irlande ancienne et la Bretagne du XIXème siècle.

MessagePosté: Dim 12 Oct, 2008 17:21
de arnaudboseret
Bonjour,

Enseigant en histoire, je réalise une valise pédagogique pour que mes élèves se lancent sur la trace des Celtes par l'étude d'objets reconstitués. Ainsi, j'aimerais savoir où il est possible d'obtenir un briquet?

En vous remerciant,

Arnaud Boseret

MessagePosté: Dim 12 Oct, 2008 17:40
de Muskull

MessagePosté: Jeu 15 Jan, 2009 10:23
de ejds
Pas de fumée sans feu et pas de feu sans fumée ?! Comment préparer, bouter et entretenir un feu à l’extérieur ou à l’intérieur d'une habitation ?

Le briquet à silex n'est nullement l'apanage des Celtes. Objet utilitaire qui nous est parvenu à travers les lithiques (Ötzi…) et que l’on retrouve dans les diverses civilisations : :?

A.-C. Bouquet a écrit:CULTURE MATÉRIELLE — HABITATIONS

Éclairage.

--- [...] On parle beaucoup des feux, des lampes et des poêles chez les habitants de l’Empire romain au Ier siècle, mais comment les allumait-on ? Nous devons supposer que ces feux étaient allumés grâce à des moyens encore primitifs (pour nous tout au moins) et que c’était une catastrophe s’ils s’éteignaient. Il fallait les surveiller et les alimenter constamment, ils servaient à allumer les torches, lesquelles à leur tour allumaient les lampes, poêles et lanternes. Les gens se donnaient mutuellement du feu et c’est au foyer central et sacré qu’on prenait des braises pour les feux des autres appartements.

---Pour le premier allumage on employait probablement un briquet composé de silex, d’acier et d’amadou. D’après le second livre des Macchabées 103, on procédait ainsi chez les Juifs tout au moins au Temple, et ce qui était vrai du Temple pouvait tout aussi bien l’être des habitations privées (I).

---Nous ne possédons ni image, ni aucune trace de ces systèmes, mais les allusions qui y sont faites nous indiquent que les Romains également employaient le silex et l’acier. Dans l’ancienne Égypte, il semble que l’on se soit généralement servi de bois. Chez les Grecs l’emploi de verre pour recueillir les rayons du soleil et enflammer l’amadou était assez général. Enfin il paraît vraisemblable qu’en Mésopotamie on ait utilisé le silex et l’acier.

---Pline fait allusion dans ses écrits à l’emploi du silex et de l’acier dans le but d’allumer le feu si l’on en croit un épigramme de Martial l’allumette à soufre était connue ; mais elle n’était évidemment pas pourvue d’une mixture capable de s’enflammer par frottement et il fallait l’allumer à l’aide du silex et de l’acier.

---Les torches étaient faites de bâtons de bois liés par une corde en spirale et bourrés de substances végétales imprégnées de résine, de cire, de poix ou d’huile. On les utilisait, de même que les lanternes, après le coucher du soleil, pour guider les gens dans les rues. Au cours d’un mariage romain, une torche allumée au foyer des parents était portée par un jeune garçon devant la mariée.

---Il faut encore mentionner que l’on se servait de plusieurs sortes de combustibles brûlant sans fumée, certainement très appréciés en l’absence de cheminée et de chauffage central. Tantôt le bois était séché sans être réellement transformé en charbon de bois, tantôt il était plongé dans l’eau, puis séché ensuite, quelquefois aussi il était imprégnée d’une mixture huileuse.

(I) La première référence du silex et de l'acier se trouve dans les écrits du poète romain Lucrèce, Ier siècle av. J.-C.


Les travaux et les jours au temps d’Hérode, A.-C. Bouquet, Librairie Plon, 1959, 282 pages, pp. 39-41.


L'allumage du feu au temple des Macchabées :

magnificat.ca a écrit: Second livre des Macchabées

II M 10,3. et, après avoir purifié le temple, ils érigèrent un autre autel; et, ayant tiré des étincelles de pierres à feu, ils offrirent des sacrifices après deux ans, et ils mirent l'encens, les lampes et les pains de proposition.

e.

MessagePosté: Mar 19 Mai, 2009 15:49
de Cassiopée
Où pourrais-je trouver des infos sur les rites druidiques?

MessagePosté: Mar 19 Mai, 2009 18:59
de Alexandre
Les vrais sont malheureusement assez mal connus. Mais dans les grandes lignes, pour ce qu'on en connaît, ils sont généralement identiques aux rituels grecs tels qu'attestés 1000 ans plus tôt. Donc lisez Homère et Hésiode.

MessagePosté: Mar 19 Mai, 2009 19:15
de Muskull
Cassiopée a écrit:Où pourrais-je trouver des infos sur les rites druidiques?

Ici il y a beaucoup d'informations à ce propos si tu t'intéresses aux rites antiques.
Mais il faut attendre un peu que le moteur de recherche soit de nouveau en acte. Mais il reste l'encyclopédie, tu devrais déjà y trouver pas mal d'infos.

Re: feu druidique

MessagePosté: Lun 06 Juil, 2009 15:06
de cerrydwen
Il est vrai que pour trouver des descriptions de rites druidiques les auteurs grecs restent les plus fidèles dans leur retranscriptions, car ils ont étudiés le peuple celte comme des ethnologues (on peut dire ça comme ça bien que le mot me semble grossier). On peut aussi rajouter les écrits de dioclésien, en plus de Homère et Héisode, il me semble que Platon aussi a écrit sur les druides, mais je ne suis plus sur. Voila
:D

Re: feu druidique

MessagePosté: Lun 06 Juil, 2009 23:51
de Pierre
Bienvenue Cerrydwen,

Homère, Platon et Hésiode sont bien Grecs. Mais n'ont à ma connaissance rien écrit sur les druides. Dioclétien était un empereur romain. Il est connu pour avoir rencontré une druidesse chez les Tongres. Mais c'est par la plume de Flavius Vospicus de Syracuse, que nous l'apprenons...

Voir:

La principale source antique sur les druides

Le druidisme dans les textes anciens

Les formes antiques du mot druide

Pour ce qui est des "rites", autant dire qu'on ne croule pas sous la masse de données :wink:

@+Pierre

Re:

MessagePosté: Ven 10 Juil, 2009 0:27
de DerGrene
Alexandre a écrit:
Sedullos a écrit:en Irlande, à l'occasion de la fête de Samain ou de Beltaine, je n'ai pas ma doc avec moi, les druides commandent d'éteindre tous les feux et ensuitent allument leurs propres feux qui alimenteront les autres.

Il serait effectivement intéressant de lire précisément le texte de référence.

La source pour cela vient d'un texte de dix-septième siècle par Jeffrey Keating, mais ses sources sont inconnues et discutables. Sa source peut-être le Sanas Cormaic, qui parle des feux de Beltaine, et certains érudits pensent que Keating a transposé les feux de Beltaine à Samain. Ronald Hutton, dans Les stations du Soleil, il discute ce problème.

Oh, et bonjour tout le monde!

feu druidique

MessagePosté: Lun 12 Oct, 2009 22:23
de enoraber
Bonsoir, je ne sais pas si quelqu'un pourrait me renseigner sur des livres de référence, en quelque sorte, en anglais et en français, sur les druides ou le druidisme. Merci.

Re: feu druidique

MessagePosté: Lun 26 Oct, 2009 20:33
de Sedullos
enoraber a écrit:Bonsoir, je ne sais pas si quelqu'un pourrait me renseigner sur des livres de référence, en quelque sorte, en anglais et en français, sur les druides ou le druidisme. Merci.


Salut, une sélection :

Les druides, des philosophes chez les barbares / Jean-Louis Brunaux. Seuil, 2006.- 381 p.

Les druides / Miranda Green ; trad. de l'anglais par Claire Sorel.- Paris : Errance, 2000.- 192 p.

Magie, médecine et divination chez les Celtes / Christian-J. Guyonvarc'h. - Paris : Payot, 1997.- 417 p. - (Bibliothèque scientifique Payot)

Des dieux gaulois. Petits essais de mythologie / Patrice Lajoye. - Budapest : Archaeolingua, 2008.- 240 p.- (Series Minor)

Les Druides / Françoise Le Roux, Christian-J. Guyonvarc'h. - Rennes : Ouest France, 1986.- 448 p. (De mémoire d'homme : l'histoire)

Les fêtes celtiques / Françoise Le Roux, Christian-J. Guyonvarc'h. - Rennes : Ouest France, 1995.- 216 p. - (De mémoire d'homme : l'histoire)

Dictionary of celtic mythology / James Mackillop. - Oxford : Oxford University Press, 2000. - 454 p. - (Oxford paperback reference)


Les points de vue de Jean-Louis Brunaux et Françoise Le Roux, Christian-J. Guyonvarc'h sont opposés.

Re: feu druidique

MessagePosté: Lun 26 Oct, 2009 21:11
de Séléné.C
Sedullos a écrit:Les points de vue de Jean-Louis Brunaux et Françoise Le Roux, Christian-J. Guyonvarc'h sont opposés.

D'où que je suis très contrariée de ne pas trouver "Les druides" de Le Roux et Guyonvarch...
En librairie, y'a as grand-chose d'eux de disponible en ce moment. Faut chercher en bibliothèque, j'en ai peur !

L'opposition, y m'a bien semblé, mais j'aimerais lire un peu plus de Gyuonvarch que "les fêtes celtiques" et "le dialogue des deux sages" (hyper-intéresant, le commentaire de Guyonvarch et je ne parle même pas du texte lui-même)

Re: feu druidique

MessagePosté: Lun 26 Oct, 2009 23:54
de Sedullos
Salut,
tu peux utiliser ce lien pour localiser les ouvrages :

http://ccfr.bnf.fr/portailccfr/servlet/LoginServlet

Cela concerne surtout les bibliothèques universitaires mais pas seulement.
En plus les bibliothèques / médiathèques publiques ont des portails documentaires avec leur catalogue en ligne.