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Les sanctuaires d’Alésia

MessagePosté: Ven 02 Mar, 2012 12:41
de ejds
bienpublic.com a écrit:
HISTOIRE.

L’EXISTENCE D’UN IMPORTANT SITE RELIGIEUX GAULOIS CONFIRME PAR DES FOUILLES RECENTES.


Les sanctuaires d’Alésia

le 02/03/2012 à 05:00 par Anne-Françoise Bailly

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Le sanctuaire d’Apollon Moritasgus, avec son temple octogonal, sur le site d’Alésia. Photo SDR

De récentes fouilles ont permis de confirmer la fréquentation de la place forte d’Alésia, un bon siècle avant la conquête romaine.

Depuis 2008, le professeur d’archéologie romaine à l’Université de Paris I (1), Olivier de Cazanove, a repris les fouilles d’un grand lieu de culte à la périphérie est d’Alésia, à la Croix Saint-Charles. Ce sanctuaire, consacré à Apollon Moritasgus, avait été fouillé une première fois à partir de 1909 par l’archéologue Emile Espérandieu, auteur du Recueil général des bas-reliefs, statues et bustes de la gaule romaine.

« Il n’avait fouillé que partiellement ce lieu de culte et ne l’avait que très peu publié. Il a donné un aperçu très rapide de ses résultats. Il avait trouvé un temple, des offrandes à la divinité, et des ex-voto en pierre et en métal, en partie conservés au musée de l’archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye, et au musée d’Alésia… J’ai repris les fouilles avec mes collaborateurs 99 ans plus tard ! », déclare l’enseignant-chercheur.

L’objectif ? Mieux comprendre ce sanctuaire, qui s’étend pratiquement sur un hectare de superficie, comprend un temple, des bâtiments annexes, des thermes, des bassins, et un portique… Le but était de « trouver ses limites, de mieux comprendre les pratiques religieuses dans le sanctuaire, de comprendre sa durée de vie… »

Pleine période romaine

Et de souligner : « Un des résultats majeurs de nos travaux a été de mettre en évidence une phase gauloise du sanctuaire pratiquement inconnue jusqu’alors. On soupçonnait une occupation antérieure à la période romaine, à la conquête césarienne… Maintenant, on sait que ce sanctuaire remonte au deuxième siècle avant Jésus-Christ. Ainsi, ce lieu de culte nous livre les premiers témoignages d’occupation d’Alésia, de vie à Alésia. Nous y avons constaté les débuts d’une fréquentation intense à partir de 150 avant Jésus-Christ environ. Pour cette première période, le lieu de culte se présente comme un grand enclos entouré d’un fossé peu profond, rempli d’ossements d’animaux et de tessons d’amphores à vin. Ce qui veut dire qu’il y avait de grands banquets où l’on consommait de la viande et où l’on buvait du vin. Beaucoup de grands sanctuaires gaulois se présentent ainsi… »

Et de poursuivre : « A la période romaine, surtout à partir du début de notre ère, vers 40-50 après Jésus-Christ, un temple octogonal a été construit, et toute une série de canalisations et de bassins qui convoient de l’eau depuis la source… Sur ce site, la fréquentation religieuse est attestée par toutes les offrandes apportées. Elles sont en bronze, représentant des plaquettes d’yeux ; et un peu plus tard en pierre : ce sont d’une part des têtes de personnages, mais aussi des ex-voto anatomiques représentant les parties du corps. Cette fréquentation s’est poursuivie jusqu’au IV e siècle après Jésus-Christ.
Ensuite tout a disparu, et il n’y a pas eu de réoccupation. »

Deuxième chantier

Un deuxième chantier, fouillé par une équipe italienne, a fonctionné en 2010-2011 au lieu-dit En Surelot, au centre d’Alésia, là où se trouvait un autre temple. « Cet emplacement était attesté par les photographies aériennes de l’archéologue aviateur René Goguey, et aussi par les prospections géophysiques que j’ai fait réaliser à partir de 2008, afin de révéler les structures sous-jacentes dans le sol, en particulier les murs, par les méthodes électriques et magnétiques […]. En juillet dernier, nous avons découvert un buste du “Dieu aux oiseaux”, représenté sous la forme d’un homme barbu avec deux oiseaux perchés sur ses épaules. Il est en cours d’étude. »
Et le professeur Olivier de Cazanove de conclure : « Ces fouilles ont permis de confirmer de façon éclatante la fréquentation de l’oppidum, de la place forte d’Alésia, un bon siècle avant la conquête romaine. Nous avons apporté de nouvelles preuves scientifiques de cette occupation précoce ! »

(1) Panthéon Sorbonne.

Re: Les sanctuaires d’Alésia

MessagePosté: Sam 16 Juin, 2012 23:28
de Durnacos
En juillet dernier, nous avons découvert un buste du “Dieu aux oiseaux”, représenté sous la forme d’un homme barbu avec deux oiseaux perchés sur ses épaules. Il est en cours d’étude. »


Autre exemple de Dieu gaulois aux oiseaux, retrouvé pas si loin que ça d'Alésia, à Moux (Corgoloin, Côte d'Or) et exposé au musée archéo. de Dijon :

http://www.flickr.com/photos/34326717@N03/4053362568/in/set-72157625615426322

http://www.musees-bourgogne.org/les_musees/musees_bourgogne_gallerie.php?lg=fr&id=21&theme=&id_ville=&id_gallerie=49663

MessagePosté: Lun 18 Juin, 2012 9:36
de ejds
Image--Image
Le dieu aux oiseaux de Moux-Corgolin---------- Le dieu aux oiseaux d'Alésia

Une dédicace à Deo Apollini Moritasgo Damonae (Apollon Moritasgus Damona) avait été découverte en 1962 au cimetière de Saint-Père.

Ce qui semble être la spécificité d’Alésia sont les diverses représentations du personnage ou « dieu aux deux oiseaux » (corvidés, colombes... ), dont un exemplaire à droite (Alésia, Joël Le Gall, 1976, 224 pages, p. 153) est conservé au palais du Roure à Avignon, et dont voici le compte-rendu des fouilles.

Ou encore en 1925 la découverte d'un buste de dieu barbu avec deux colombes sur les épaules.

Au premier regard, on peut y voir tout bonnement un oiselier, éleveur-chasseur d’oiseaux avec son chien fidèle, et ou un arboriculteur d’après la petite serpe et les fruits qu’il porte. D’autres représentations identifient les deux oiseaux avec le dieu celtique Lugus sur des monnaies gallo-romaines du IIIe siècle.

Et un petit résumé pour tenter de rechercher le mythe fondateur du symbolisme ornithologique, qui en en partie ou en totalité explique le rôle et la structure de la culture dans lequel il naît, puis ses reconstructions :

A. Gheerbrant et J. Chevalier, " Dictionnaire des Symboles ", 1974, Éditions Seghers, tome 2, p. 89-92, a écrit:
CORBEAU

4. En Grèce, le corbeau était consacré à Apollon, la corneille à Athéna. Ce sont des corbeaux qui déterminèrent l'emplacement de l'omphalos de Delphes, selon Strabon ; des aigles, selon Pindare ; des cygnes, selon Plutarque. Ces trois oiseaux ont au moins ceci de commun qu'ils jouent le rôle de messager des dieux et remplissent des fonctions prophétiques. Les corbeaux étaient également des attributs de Mithra. Ils passaient pour doués du pouvoir de conjurer les mauvais sorts.

5. Le corbeau apparait très souvent dans les légendes celtiques où il joue un rôle prophétique. Le nom de Lyon, Lugdunum, a été ainsi interprété par le Pseudo-Plutarque, se fondant certainement sur des traditions gauloises, en colline du corbeau, et non plus en colline de Lug parce qu'un vol de corbeaux aurait indiqué aux fondateurs l'emplacement où devait se bâtir la ville.

En Irlande, la déesse de la guerre, Bodb, porte le nom de la corneille. Le corbeau joue ailleurs un rôle fondamental dans le récit gallois intitulé Breudwyt Ronabwy, le songe de Ronabwy : les corbeaux d'Owein, après avoir été massacrés par les soldats d'Arthur, réagissent violemment et taillent à leur tour en pièces les soldats. Le corbeau est encore très pris en considération dans le folklore LERD, 58). Il est un animal sacré chez les Gaulois.

La mythologie germanique en faisait les oiseaux et les compagnons de Wotan. Dans la mythologie scandinave, deux corbeaux sont perchés sur le siège d'Odin, l'un est Hugin, l'esprit, l'autre Munnin, la mémoire ; deux loups se trouvent aussi prés du dieu, les deux corbeaux représenteraient le principe de création, les deux loups le principe de destruction [size=82(MYTF[/size], 148).

Odin/Wotan est le dieu nordique suprême aux mille noms. Dieu complexe de la métamorphose, de la magie du savoir et de la victoire guerrière... , il est représenté comme un vieillard barbu et borgne qui, sans cesse, s’inquiète d’acquérir la connaissance et de l’importance de conserver la mémoire. Aussi chaque matin, envoie-t-il ces deux émissaires, confidents ailés, parcourir les neuf mondes, et revenir lui rapporter à l'oreille ce qu'ils ont vu et entendu. Dans les dits de Grímnir (Grímnismál), l'un des poèmes mythologiques de l'Edda poétique, manuscrit islandais du XIIIe siècle :

Huginn et Muninn volent chaque jour au-dessus du sol immense ;
Je m'inquiète que Huginn ne revienne pas,
Pourtant c'est pour Muninn que je suis le plus anxieux.

Re: Les sanctuaires d’Alésia

MessagePosté: Lun 18 Juin, 2012 10:11
de Séléné.C
C'est peut-être une bêtise, mais l'association du gourdin et du chien me fait penser à Silvanus... Un dieu un peu atypique, dans l'univers romain.
Moins grec que d'autres sans doute...

Huginn et Munnin = oui...

Re: Les sanctuaires d’Alésia

MessagePosté: Lun 18 Juin, 2012 20:23
de Kambonemos
Bonjour,

(.../...)l'association du gourdin et du chien me fait penser à Silvanus...
En réalité, il s'agit certainement d'une fusion entre "un" Dispater-Sucellus(-Sylvanus) et une divinité prophétique indigène. Attention, ce que tu nommes "gourdin" est un cep de vigne, c'est-à-dire un bâton, dont le symbolisme est très important (et un peu moins trivial). Quant aux corbeaux, beaucoup d'auteurs s'accordent à penser _ lorsque l'on parle mythologie _ que le seul animal ainsi désigné ne peut être que le grand corbeau (Corvus corvax ; voir les oiseaux de la Tour de Londres, par exemple) et, à supposer, je dis bien à supposer, que le sculpteur ait respecté les proportions (après tout sa composition semble équilibrée) : nous serions en présence de jeunes sujets, de corbillats à peine adultes... Ce qui laisserait entendre que le sanctuaire élevait des oiseaux dont les attitudes, les cris, les "mots" (le grand corbeau peut imiter certains sons du langage humain), étaient interprétés pour communiquer avec les défunts (présence du chien : animal psychopompe) à la demande de pélerins ou de toute personne souhaitant interroger un aïeul disparu.

@+

Re: Les sanctuaires d’Alésia

MessagePosté: Lun 18 Juin, 2012 21:07
de Séléné.C
Bon... Mes lectures intensives sur Silvanus datent de janvier, mais si ma mémoire est bonne, il est associé à
- un arbre vivant
- une masse (ou pas)
- un chien (toujours)
- nu ou peu vêtu

Ensuite = en statuaire, il peut y avoir des variations entre arbre et branche
y'a qu'à voir comment Faunus et Pan se sont fondu l'un dans l'autre

Quand à "divinité indigène" = et pourquoi un dieu populaire romain (origine étrusque ou latine?) n'aurait-il pas des racines communes avec une divinité gauloise ?

MessagePosté: Dim 24 Juin, 2012 19:29
de ejds
Sur les traces des oiseaux d’Alésia

Cùchulainn, Ethné, Rhiannon, le chaudron de Gundestrup, Orphée…

Dans le domaine celtique aussi bien continental qu’insulaire, le chien est associé au monde des guerriers, le compagnon dressé pour le combat et la chasse.

Fils de Lug, dont le corbeau est le symbole, le plus grand héros irlandais, au premier nom Setanta (le chemin) est Cùchulainn, Cú Chulainn ou chien de Culann, nommé ainsi après avoir tué le chien de guerre qui gardait la maison du forgeron Culann. Puis on le retrouvera sous des variantes écrites : Culaind, Chulainn, Cuhullin… , ou des noms d’emprunt : Clessamor, Conlaech, Carthon, Elmor… Dans les poèmes de Taliesin, il porte le nom de Cocholyn.

Dans la légende de la conception de Cùchulainn, des jeunes filles vinrent toutes, un jour, sous forme de troupe d'oiseaux merveilleux, dévaster la plaine d'Emain. Et là, elles dévorèrent tout, ne laissant pas un brin d'herbe sur la terre. Grand fut le chagrin des Ulates qui attelèrent leurs chars pour les poursuivre ; car la chasse des oiseaux était en usage chez eux.

Une autre histoire se passe durant une assemblée à Samain, où l'impensable est permis. Dans leurs caprices, une envie prit aux femmes d'avoir ces oiseaux qui se jouaient sur le lac. Toutes, purent mettre sur chacune de leurs deux épaules un oiseau. Sauf Ethné, la femme de Cùchulainn, qui n’eut qu’à déplorer ses méthodes erratiques de capturer les oiseaux, plutôt morts que vifs, et qui furent la cause de sa maladie pendant un an.

Dans ses douze travaux, Hercule dût aussi tuer les oiseaux d’eaux du lac Stymphalos, en Arcadie (d'une manière que Cùchulainn n’aurait pas reniée) en frappant à grands coups de son épée sur son bouclier ou de cymbales pour les effrayer, de flèches et de fronde :

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Photo : British Museum. Herakles and the Stymphalian birds, Greek, around 540 BC.

Il est une autre variante de traduction en français de Dottin et Jubainville : La Maladie de Cuchulainn et l'unique jalousie d’Emer, mais la version suivante dit ceci :

G. Dottin, dans " L’Épopée irlandaise ", la Renaissance du livre, 1926, 208 pages, p.12 et 123-143, a écrit:
Introduction

[...] D’autre part, les chrétiens ont introduit, partout où ils l’ont pu, les prédilections sur la venue du christianisme et sur le déclin de la puissance druidique. Dans les sagas adaptées de l’Antiquité, là où l’intervention des dieux ne pouvaient être passée sous silence, ils les ont souvent remplacés par des démons. En général, les dieux des Grecs et des Romains leur ont semblé moins dangereux pour la foi des fidèles que les divinités primitives de l’ancienne Irlande, dont le culte avait sans doute laissé vivaces de superstitions que les chrétiens cherchaient à faire disparaître.

Le copiste de la Maladie de Cûchulainn conclut la saga en rappelant combien la puissance des démons était grande avant le christianisme et comment, sous la forme humaine, ils livraient bataille aux hommes ; ce sont ajoute-t-il, ces apparitions que les ignorants appellent fées.

La maladie de Cuchulainn et la grande jalousie d’Emer (4)

[...] Ensuite, comme les Ulates s'occupaient ainsi, voici qu'une troupe d'oiseaux descendit sur le lac, près d'eux. Il n'y avait pas, en Irlande, une troupe d'oiseaux qui fût plus belle.

L'envie prit aux femmes d'avoir ces oiseaux qui se jouaient sur le lac. Chacune d’elles se mit à vanter son époux pour son habileté à prendre les oiseaux. Ethné Aitencâithrech, femme de Conor, dit : « Je désire mettre sur chacune de mes deux épaules un oiseau de cette troupe-là. Nous toutes, dirent les autres, nous le désirons.
— Si on les prend pour quelqu'un, c'est pour moi d'abord qu'on les prendra, dit Ethné Ingubé, femme de Cûchulainn. Que faire ? dirent les femmes.
— Ce n'est pas difficile, répondit Leborcham, fille d'Oa et d'Adarc ; je vais aller de votre part demander à Cûchulainn. »

Alors elle alla trouver Cûchulainn et lui dit : « Les femmes désirent de toi ces oiseaux là-bas. » Il prit son épée pour la lever sur elle. « Les prostituées d'Ulster n’ont rien de mieux à faire que nous donner à chasser des oiseaux aujourd'hui !
— Tu n’as pas raison, dit Leborcham, de t'irriter contre elles : tu es cause de la troisième imperfection qu’ont les femmes d'Ulster, la demi-cécité. » (Il y avait trois imperfections des femmes d'Ulster : être bossues, bègues et borgnes. En effet, toutes les femmes qui aimaient Conall le victorieux étaient contrefaites ; toutes celles qui aimaient Cuscraid le bègue de Macha, fils de Conor, parlaient en bégayant, et de même toutes les femmes qui aimaient Cûchulainn devenaient aveugles d’un œil, pour lui ressembler et par amour pour lui). Cûchulainn avait un don particulier : quand il était mécontent, il enfonçait un de ses yeux, en sorte qu'une grue n'aurait pu l'atteindre dans sa tête, et il faisait sortir l'autre, qui semblait aussi grand qu'un chaudron à vache.

« Attelle-nous le char, ô Lôeg, » dit Cûchulainn. Alors Lôeg attela le char, Cûchulainn y entre et frappe les oiseaux d'un tel « coup à retour » de son épée que leurs pattes et leurs ailes battirent à l'eau. Ils les prirent tous, les emportèrent et les partagèrent aux femmes ; il n'y eut point de femme qui n'eût deux oiseaux, à l'exception de la seule Ethné Ingubé.

Cûchulainn vint alors vers sa femme. « Tu es mécontente, lui dit-il.
— Non, répondit Ethné, puisque c'est par moi qu'ils ont été distribués ; c’est naturel à toi, ajouta-t-elle ; il n'est aucune de ces femmes qui ne t'aime et qui ne soit à toi en partie, tandis que moi, il n'est personne qui ait part de moi-même : sinon toi seul.
— Ne sois donc pas mécontente, reprit Cûchulainn, s'il vient des oiseaux dans la plaine de Murthemne ou celle de Boyne, les deux plus beaux seront pour toi. »

Peu de temps après, on vit sur le lac deux oiseaux, et, entre ces oiseaux, il y avait une chaîne d'or rouge ; ils chantaient une douce chanson. Le sommeil s'empara de l’armée. Cûchulainn se leva et se dirigea vers les oiseaux. « Si tu m'écoutais, dirent Lôeg et Ethné, tu n'irais pas à eux, car il y a un pouvoir caché derrière ces oiseaux. Il me viendra, ajouta Ethné, des oiseaux tout de même.
— « Est-il possible que vous récriminiez ainsi contre moi ! dit Cûchulainn. « Mets une pierre dans la fronde, Lôeg ! » Alors, Cûchulainn prit une pierre et la mit dans la fronde. Cûchulainn lance la pierre contre les oiseaux. Mais il manque son coup. « Malheur à moi, » s'écria-t-il. Il prend une autre pierre. Il la lance contre eux, mais il les dépasse.
« C’en est fait de moi, dit-il ; depuis que j'ai pris les armes, je n'avais point manqué mon coup jusqu'à ce jour. » II jette sa lance sur eux ; elle traversa aussitôt l'aile de l'un des oiseaux ; ils disparurent sous l'eau.

Après cela, Cûchulainn s'en alla ; il s'appuya le dos contre un rocher ; son esprit s'attrista, et le sommeil s'empara de lui ; il vit venir à lui deux femmes ; l'une avait un manteau vert, l'autre un manteau de pourpre à cinq plis. La femme au manteau vert alla vers lui, se mit à lui sourire et lui donna un coup de cravache. L'autre vient vers lui, lui sourit et le bat de la même manière. Elles furent longtemps occupées ainsi à le frapper chacune à son tour ; aussi peu s'en fallait qu'il ne fût mort. Puis elles partirent.

Tous les Ulates remarquèrent cela et dirent qu'il fallait l'éveiller. « Non, dit Fergus, ne le remuez pas ; il voit un songe. »

(4) Texte d’après le Livre de la vache brune, manuscrit du XIe siècle. Traductions anglaises par E. O’Curry, Atlantis, I-II, 1858-1859 ; Br. O’Looney, Fac-similes of national manuscripts of Ireland, II, Appendix IV, 1878. Traduction française chez H. d’Arbois de Jubainville, L’Épopée celtique, p. 174-216. Traduction allemande par R. Thurneysen, Sagen, p. 81-104.

Puis vînt la fin du héros. Diverses traductions (Aided Chon Culainn, Aided Conculaind Brislech, Mór Maige Murthemne...) racontent la mort de Cùchulainn, et donnent un ou des oiseaux se posant sur une seule épaule :
— Un corbeau paraît sur l’épaule de Cûchulainn. « On ne voyait pas d’ordinaire des oiseaux sur ce pilier. »
— And then came the birds on his shoulder. “That pillar is not wont to be under birds.”

G. Dottin, dans " L’Épopée irlandaise ", la Renaissance du livre, 1926, 208 pages, p. 147-156, a écrit:
Le meurtre de Cûchulainn (1)

« Puis les oiseaux vinrent sur son épaule — Ce n’était pas l’habitude de ce pilier-là de porter des oiseaux. »

(1) Texte d’après le Livre de Leinster, douzième siècle. Traduction abrégée en anglais par Wh. Stokes, Revue celtique, III (1877), p. 175-185. Traduction française par H. d’Arbois de Jubainville. L’Épopée celtique, p. 332-347. Le sens des poèmes est très obscur.

Déesse celte aux oiseaux

La grande reine et déesse britannique Rhiannon ou Rigantona est dite, par un court passage du Mabigoni de Pwyll (écrits gallois aux environs du XIIe siècle), avoir des oiseaux qui réveillent les morts et endorment les vivants par leurs chants.
Le mythographe Jean Markale, " La femme celte ", 1972, Éditions Payot, 416 pages, a brossé à sa manière une compile féerique des contes et légendes autour de cette Déesse aux Oiseaux, ou Femme-Oiseau (pp. 143-157), et qui se termine ainsi : — « Mais qui est en réalité Notre-Dame de la Nuit ? »
Christian-J. Guyonvarc’h et Françoise le Roux, " Les Druides ", Éditions Ouest-France, 1986, 448 pages, ont résumé aussi un chapitre sur les oiseaux du Sid (pp. 288-292).

L'intérêt de ces textes amène finalement à se demander dans quel sens se sont reportés les traces de la mythologie continentale parmi la littérature des îles britanniques du Moyen-âge. Les échanges commerciaux, relations et mercenariat, en deçà et au-delà des mers celtiques, qui les unissent remontent à l’époque préhistorique.

Une comparaison et rapprochement ont ainsi été effectués avec une représentation d’une déesse celte aux oiseaux (Ethné Ingubé, femme de Cùchulainn ou Rhianon… ?) sur une des plaques du chaudron de Gundestrup datant du Ier siècle avant notre ère, dont les origines ou influences de la dinanderie thrace de la fabrication et décor sont connues. Une femme se refait une beauté et tresser une natte à la rasta par une servante. Son bras droit est levé et elle tient à l'intérieur de sa main un petit oiseau. En arrière plan, un chien semble chasser un grand oiseau. En bas, un chien et un homme gisants allongés comme battus, morts ou endormis.

En bas, une applique ou phalère thrace (plaque ronde en argent, servant d'ornement pour l'harnachement des chevaux) datant du 2ème au 1er siècle avant notre ère, a ainsi été trouvée à Galiche, en Bulgarie. Le personnage féminin ou "Mother Goddess" d'après le musée, a aussi deux longues tresses et deux oiseaux, de part et d'autre de ses épaules, la regardent.

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Photo : vratsamuseum

Nombreuses sont les représentations d’Artémis. On retrouvera surtout la représentation comme « maîtresse de la nature, de la chasse et des animaux », la figuration de la déesse Artémis Orthia sur une plaque d'ivoire, ex-voto retrouvé dans son sanctuaire à Sparte (Musée national archéologique d'Athènes). La déesse aux tresses est couronnée d'un diadème de roseaux symbolisant le marécage dans lequel est construit le sanctuaire. Tenant fermement un oiseau par le cou dans chaque main, deux autres oiseaux la regardent comme posés sur ses épaules.

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Photo : wikipedia.org

C’est au lieu dit « la ville des Gaules », au mont Berny s’étendant sur plusieurs hectares, et comprenant un temple-fanum, des thermes… que fut faite une autre découverte :

Espérandieu, " Recueil général des bas-reliefs, statues et bustes de la Gaule romaine ", 1907, volume V, p. 120, a écrit:
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3850. Stèle trouvée, vers 1865, au Mont Berny (forêt de Compiègne). Au Musée de Saint-Germain ; moulage au Musée de Compiègne. Pierre tendre commune. Hauteur, m. 65 ; largeur, m. 45 ; épaisseur, m. 92.

Salomon Reinach, Catal. (4° édit.), p. 31 ; Cultes, I, p. 73 (gravure). — Cauchemé, Descript., p. 5o et pl. IX, n° 2.

Buste de face, paraissant nu, dans une niche, entre deux pilastres, d'un personnage imberbe entouré de quatre oiseaux (corbeaux ?) qui l'écoutent ou lui parlent. Deux de ces oiseaux, disposés symétriquement, ont leur bec près de ses oreilles. Les deux autres, placés plus bas et tournés vers la gauche, le regardent. Le personnage a la main droite ramenée devant le corps, entre les têtes de deux des oiseaux. Elle est à demi fermée, dans l'attitude des orateurs. Le haut de la pierre est particulièrement dégradé. Quelques restes de sculptures qu'on y remarque pourraient être ceux d'autres oiseaux. Le bas-relief a conservé des traces de peinture.

Voir les n° 2354, 2355 et 2877 (tome III et IV).


Jan de Vries, dans " La religion des Celtes ", Éditions Payot, 1984, 278 pages, pp. 174-6, a écrit:
3. LE DIEU DES OISEAUX.

En plusieurs endroits, une divinité tantôt mâle, tantôt féminine est représentée en compagnie de deux oiseaux ; les sites sont Mont-Auxois, Alésia, Nevers, Compiègne et Luxembourg 5. Sur les monuments de Nevers, ce personnage est joint au dieu au marteau. Comme à Alésia, Compiègne et Beaune, les oiseaux sont au-dessus de l’épaule de la divinité, vers laquelle ils tournent le bec. Sur la statue de Compiègne, il y a outre les deux oiseaux qui tendent le bec vers l’oreille du dieu, deux autres qui sont à la hauteur de sa poitrine. Sur la statue d’Alésia, il y a un personnage masculin entre deux oiseaux ; à ses pieds est assis un chien tricéphale 1.
La même image se trouve aussi sur des chapiteaux : à Martigny le personnage est masculin, à Avenches il est féminin 2.

Il est souvent difficile de dire quel oiseau on a voulu représenter. En général, les sculptures sont trop grossières pour cela. On hésite entre des corbeaux et des pigeons ; néanmoins, la plupart croient reconnaître le pigeon. Cela cadrerait bien avec les dessins des pigeons que, dans plusieurs sites (par exemple dans le sanctuaire gallo-romain de Beire-le-Châtel, près de Dijon), on a trouvé sous les offrandes consacrées 3.

Les traits de la divinité sont tout aussi vagues ; c’est en général un dieu, mais qui est soit vieux, soit jeune ; c’est rarement une déesse.
Si les oiseaux sont des pigeons, on est tenté, à cause de la fonction de cet animal dans l’antiquité classique, de penser à quelque dieu de la fécondité. Toutain déjà cherchait à le rapprocher des génies de la croissance, des sources et des lacs 4.

Mais cela n’explique pas pourquoi les oiseaux tournent le bec vers l’oreille du dieu. Est-ce fortuit ? P. M. Duval, qui croit, lui aussi, plus à des pigeons qu’à des corbeaux, se demande, sans en être sûr, si ce ne seraient pas des oiseaux oraculaires 5. Les colombes de Dodone le feraient croire. Mais est-il si sûr qu’il faille tabler sur des pigeons ? Ne serait-il pas possible que, sous l’influence des modèles gréco-romains, la silhouette du pigeon ait remplacé celle du corbeau ? Il y a en tout cas des exemplaires qui peuvent s’appeler corbeau autant que pigeon. W. Deonna rappelle le monument de Saarburg, sur lequel la déesse Nantosuelta tient dans sa main gauche une maison miniature sur laquelle perche un corbeau. Certes il n’est pas légitime de tirer de cette image des conclusions sur la nature du dieu aux deux oiseaux, mais il est hors de doute que le corbeau également était pour les Gaulois un animal sacré.

Les deux oiseaux semblent chuchoter quelque chose dans l’oreille du dieu. On ne peut s’empêcher de penser à l’idée scandinave que les deux corbeaux d’Odhin parcourent quotidiennement le monde et se posent le soir sur ses épaules pour lui dire ce qu’il apprit pendant la journée. La ressemblance des deux tableaux me semble assez grande pour justifier qu’on se demande si l’idée religieuse n’est pas la même chez les Celtes que chez les Germains.

Il faut rappeler également la légende de la fondation de Lugdunum, où il est question de la fondation de corbeaux ; en effet, le corbeau était aussi l’attribut du dieu Lug. La légende veut que Bélovèse et Ségovèse aient remporté leurs victoires grâce à des corbeaux. Strabon parle d’un « port des deux corbeaux », sur la côte de l’Océan, et nous apprend que ces oiseaux, qui avaient une aile blanche, apaisaient les conflits. On peut donc considérer comme certain qu’en Gaule le corbeau était un oiseau oraculaire 1.

5. Toutain, III, p. 278.
1. Autres exemples chez A. Colombet, Mélanges Ch. Picard, RA, 1948, I, pp. 224-240.
2. W. Deonna, Genava, XIX, 1941, pp. 120-125.
3. Toutain, p. 281.
4. Toutain, p. 283, et Deonna, p. 131.
5. Dieux, p. 51.
1. Grenier, Gaulois, p. 341.

Orphée aux oiseaux et l'orphisme

Une imagerie élargie entraîne vers une représentation d’Orphée, dont un fil a été entamé.

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Photos : mosaïque gallo-romaine, IVe siècle, Maison des associations, Laon.

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Photos : Orphée, Grèce, époque romaine (146 av. J.-C. — 330 apr. J.-C.).
Marbre de Carrare, Musée du Louvre, Département des sculptures, Paris.


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Photo : Mosaïque, Lybie.

En Grèce, la théologie, la religion et les écoles à Mystères baignaient dans la philosophie. Il existait nombre de cultes à Mystères dans toute l’Antiquité. Les Mystères jouaient le rôle de guides spirituels, et ne pouvaient être dévoilés qu’à des êtres préalablement purifiés, à condition de prêter serment de ne jamais révéler ce qu’ils avaient appris.

Tout comme le dieu sauvage Dionysos, de la Thrace nous était venu le mythe légendaire d’Orpheus ou Orphée, fils de la Muse Calliope et d’Œagre, roi de Thrace. Il fut, dit-on, le fondateur de cette secte religieuse, qui, vers le VII-VIe siècle, rencontra beaucoup de succès dans les colonies de la grande Grèce puis dans l’empire romain.

Selon Hérodote, de son voyage en Égypte, le chantre-chamane s’initia aux rites et aux Mystères et devint le poète civilisateur et fondateur de la théologie et de la religion chez les Grecs, le premier thaumaturge, faiseur de miracles ou mage-prophète qui révéla les secrets divins. Les adeptes menaient une vie ascétique, végétarienne, et recherchaient la purification de l’âme et du corps. Ils refusaient de participer aux sacrifices sanglants et prônaient le rejet de la conception traditionnelle de l’Hadès. Leurs doctrines eschatologiques (l’âme est immortelle, se réincarne en cycle, métempsychose ou transmigration, d’un corps à un autre corps humain ou animal).

La source de la mémoire

L’orphisme possédait ses écrits sacrés, ses hymnes et ses poèmes rituels, mais le déroulement et l’ordonnancement des cérémonies demeurent inconnus. Les textes anciens ont été perdus, et il faut se contenter d’écrits de la période romaine et d’aphorismes sur feuilles d’or enterrées avec des initiés et destinées à leur servir de passeport ou chemins à prendre dans l’au-delà. Une lamelle d’or est ainsi consacrée à Mnémosyne. L’âme doit se garder de boire, comme les autres, l’eau du fleuve Amélès, qui lui ferait « tout oublier de ses vies antérieures », elle doit au contraire boire à la source de Mnémosyne (la mémoire) qui lui fera se souvenir de toutes. La traduction suivante est basée sur le texte de Giorgio Colli, La Sagesse grecque, Éditions de l’Éclat, 1990 :

« … Quand tu devras mourir, tu te rendras aux demeures bien construites d'Hadès :
A droite, il y a une fontaine, près d’elle se dresse un cyprès blanc ;
là, les âmes des morts qui descendent s'y rafraîchissent.
Ne t'approche pas trop près de cette source ;
mais en face tu trouveras l'eau fraiche qui s’écoule du marais de Mnémosyne,
les gardiens te demanderont ce que tu vas chercher dans les ténèbres du funeste Hadès.
Dis-leur : « Je suis le fils de la Terre et du Ciel étoilé, je suis desséché par la soif et je meurs… »
Et ils te laisseront boire à la source de Mnémosyne ;
enfin tu chemineras par la voie sacrée que parcourent glorieusement les initiés. »


De nombreux auteurs ont été profondément influencés : Pindare, Platon, Pythagore, Ovide, Virgile… ainsi que les premiers apologistes du christianisme primitif : Justin, Athénagoras, Clément d’Alexandrie… , en ont fait allusion dans les Orphica (ensemble de poèmes se rattachant à Orphée), voyaient en effet le représentant du monothéisme au milieu du paganisme polythéiste, et donc un lointain précurseur, une résurrection à l’image de la mort du Christ.

Rattachement et rapprochement des mythologies et des déités gréco-romaines, les premières stèles funéraires ou peintures paléochrétiennes des catacombes représentaient l’Orphée-Christ converti sous les traits d’un simple pâtre et attributs du « Bon Pasteur ». Nombre de saints (François d’Assise, Colomban, Valery… ) proches de la nature, seront ainsi entourés d’oiseaux et d’animaux, domptés par leurs sermons, prêches et paroles.

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Photos : catacombe de Priscille, voûte du cubiculum de la Velatio, Rome, vers 270-280 de notre ère.

On retrouve ainsi sur les bas-reliefs funéraires et sarcophages, des oiseaux perchés dans les arbres comme celui de la Gayole. Bien souvent une colombe, symbole de l’âme, buvant à un vase, symbolise la source de mémoire, de la vie sur cette terre.

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Photo : sarcophage de La Gayolle, Musée de Brignolles.

Le mythe de la tragédie amoureuse

Comblé de dons multiples par Apollon, Orphée reçut en cadeau du dieu une lyre à sept cordes, à laquelle il aurait ajouté deux autres en souvenir des neuf Muses. Lorsqu’il chantait ou jouait de sa lyre, dont il tirait des accents inégalés, si apaisants et mélodieux, auxquels il ne trouvait pas de rival, rien ni personne ne pouvait lui résister.

Compagnon durant l’expédition des Argonautes, en mer, les vents, les plus violents oubliaient leur colère, les tempêtes se taisaient, les vagues se couchaient, ceux de l’équipage qui se disputaient se calmaient…
A son retour, il s’établit en Thrace, et épousa la nymphe Eurydice. Voulant échappée aux avances du berger Aristée, elle s’enfuit, mais fut piquée par un serpent et alla aux Enfers. Fou de douleur, Orphée obtint la permission d’aller la retrouver avec l’intention de la ramener sur terre.
Il apaisa le féroce cerbère, chien aux trois gueules, garde des portes des sombres Abîmes. Puis, il toucha ainsi le maître céans, Hadès, qui lui accorda de lui rendre Eurydice, mais à condition de ne pas la regarder avant d’avoir atteint la monde des vivants et de la lumière. Mais ce qu’il ne put faire. Et elle s’en retourna Ombre parmi les Ombres.
Le chantre en fut inconsolable et demeura fidèle à son épouse. Il s’isola du genre humain et erra dans la nature sauvage en pleurant sa peine. Les rochers le suivaient, les collines se déplaçaient, les fleuves et rivières s’arrêtaient et changeaient leurs cours. Les sources adoucissaient leur léger murmure, les arbres cessaient de bruire et se mettaient en marche. Tout ce qui était animé ou inanimé, dont il avait fait ses seuls amis, faisait cercle au plus près autour de lui pour mieux l’écouter. Les animaux domestiques accouraient, les bêtes féroces et sauvages sortaient de leurs tanières et s’approchaient charmés en rampant et se couchaient à ses pieds, immobiles et silencieux. Des oiseaux de toutes espèces voletaient ou picoraient au-dessus de lui, se perchaient sur les branches au-dessus de sa tête…
Il rejeta les femmes de Thrace, les cruelles bacchantes, qui, dépitées, le mirent en pièces et jetèrent sa tête et sa lyre et dans un fleuve.

D’autres héros sont aussi descendus dans leurs épreuves aux Enfers (Énée pour parler à son père, Ulysse à sa mère, Hermès et Thésée pour libérer Perséphone, Psyché pour apporter un peu plus de la beauté du royaume des Ombres à Vénus, Persée… ). Orphée, qui a côtoyé la mort et sa descente aux Abymes sans les craindre, bravant l’interdit pour côtoyer l’invisible, est le symbole de la paix, de l’union et de l’amour éternel.
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Espérandieu, Recueil général des Bas-reliefs, statues et bustes de la Gaule romaine, 1907, tome 3, p. 295.
Tête d'un dieu barbu, entre deux oiseaux (colombes ou corbeaux).
2355.
Groupe découvert, en 1903, sur le Mont Auxois. Au Musée municipale d'Alise-Sainte-Reine ;
moulage au Musée de Saint-Germain. Calcaire oolithique. Hauteur, 0, 20m.


L’amour donne des ailes. Dit-on ! A travers les épreuves de la vie, c’est aussi image de ses couples d’oiseaux qui vont deux par deux (corbeaux, pies, pigeons, colombes, tourterelles, cygnes, oies… ), une preuve de belle histoire d’amour. Ces oiseaux indiquent la fidélité et l'indissolubilité du lien des époux ici-bas et dans l’au-delà.

Sur la réincarnation

A l’image des oiseaux de Rhiannon qui ont le pouvoir d’endormir, de faire mourir et de réveiller les morts par leurs chant, la troupe habituelle des bêtes et volatiles réduite à deux oiseaux, devient comme un symbole du souvenir, de la mémoire à jamais unis, de la croyance aux âmes-oiseaux qui s’envolent vers les cieux, l’immortalité ou l’attente de réincarnation.

Hérodote et Pline l’ancien racontent à propos de la transformation d'Aristeas, poète épique qui vécut vers le VIe siècle av. J.-C. Il avait le pouvoir de disparaître à sa guise et de ressurgir à des époques et dans des lieux divers. A sa mort son âme quitta sa bouche ou son corps sous la forme d’un corbeau. Il figura pendant quelque temps parmi les compagnons d’Apollon et le suivit dans ces voyages au pays des Hyperboréens puis celui des Scythes.

Le sujet sur la réincarnation a été abordé dans le forum, mais quelques infos complémentaires. Au choix :

A. Gheerbrant et J. Chevalier, dans le " Dictionnaire des Symboles ", 1974, Éditions Seghers, tome 3, p. 212-4, et tome 4, p. 319, a écrit:
METAMORPHOSE

Toutes les mythologies sont remplies de récits de métamorphoses : dieux se transformant ou transformant d’autres êtres en humains, en animaux, le plus souvent en oiseaux, en arbres, en fleurs, en sources, en rivières, en îles, en rochers en montagnes, en statues. Pour la seule mythologie grecque, P. Grimal cite plus de cent exemples.

On lit fréquemment, dans tous les textes irlandais et gallois, qu’un magicien, druide ou poète, ou qu’une prophétesse, pour une raison ou pour une autre, change un héros ou une héroïne en un vivant quelconque, porc, oiseau ou poisson. Un dieu ou une déesse se métamorphose aussi quelque fois et il est encore des druides qui acceptent de se changer en vaches à des fins sacrificielles. En Gaule, les prêtresses de Sena prétendaient pouvoir se changer à leur gré en n’importe quel animal. Les phénomènes de métamorphoses passagères doivent être bien distinguées de la métempsychose* proprement dite qui est une transmigration, un passage total et définitif d’un état à un autre (LERD, 126-134 ; OGAC, 15, 256-258).

Ces métamorphoses peuvent être ascendantes ou descendantes, suivant qu’elles représentent une récompense ou un châtiment ou suivant les finalités auxquelles elles obéissent. Ce n’est point pour se punir que Zeus se transforme en cygne auprès de Léda. […]

METEMPSYCHOSE

1. La croyance en la métempsychose, sous des formes et des noms divers, est attestée dans de très nombreuses aires culturelles : indiennes, helléniques, nordiques, etc. Elle est rejetée par le judaïsme, le christianisme, l’islam, qui impliquent une conception du temps linéaire plutôt que cyclique. […]

2. les écrivains anciens confondent souvent, dans leurs résumés où leurs relations succinctes sur les conceptions religieuses des Celtes, l’immortalité de l’âme et la métempsychose. En réalité l’immortalité de l’âme est réservée aux hommes allant dans l’Au-Delà et la métempsychoses est un fait limité à quelques entités divines, changeant de nature et d’état pour des raisons bien déterminées.

Dans l’histoire galloise du chaudron* de Ceridwen, Gwion se transforme successivement après avoir acquis la science universelle de la mixture qu’il cuisait, en lièvre, poisson, oiseau et grain de froment. Pour le poursuivre, Ceridwen devient levrette, loutre, épervier et poule noire. Elle avale le grain de froment, devient enceinte et engendre le célèbre poète Taliesin. La transmigration concerne ici trois états : le lièvre* représente la terre (état corporel) ; le poisson* : l’eau (état subtil) ; l’oiseau* : (état informel). Le grain de froment symbolise la résorption dans le principe.
En Irlande, le poète Amorgen a été successivement taureau, vautour, goutte de rosée, fleur, sanglier, et saumon.
Le cas de la déesse Etain est plus complexe encore, car il touche aux états multiples de l’être.
On peut dire que la métempsychose n’intéresse, dans le monde celtique, que des personnages prédestinés, marqués pour une mission et détenteurs des aspects multiples de la vérité et de la science (CELT, 15). […]

TRANSMIGRATION

1. Quelques traditions nordiques évoquent la transmigration (ou métempsychose) de personnages divins qui passent d’un état à un autre dans un dessein bien défini : transmettre un savoir ou un héritage traditionnel. C’est le cas de l’Irlandais Tùan Mac Cairill qui est successivement cerf, sanglier, faucon, saumon, à chaque fois pendant trois cent ans. Péché par un serviteur et consommé par la reine d’Irlande, il renaît finalement sous la forme de Tùan ; il a vécu du déluge à l’arrivée de saint Patrick et transmet tout le savoir qu’il a accumulé pendant ce temps.

Dans un poème célèbre, le Kat Godeu ou Combat des Arbrisseaux, le barde gallois Taliesin, qui est dit avoir vécu vers le VIe siècle, évoque tous les états dans lesquels il a vécu : épée, larme, étoile, mot, livre, lumière. Mais la métempsycose, que les auteurs anciens ont le plus souvent confondue avec l’immortalité* de l’âme, par suite de leurs tendances rationalisantes, est réservée aux dieux. Elle doit être bien distinguée des métamorphoses accessibles aux humains, ces derniers ne pouvant avoir accès à l’immortalité que dans l’Au-Delà. La transmigration apparaît comme une expression symbolique des états multiples de l’être. (GUEE). L.G. […]

Re: Les sanctuaires d’Alésia

MessagePosté: Mer 24 Oct, 2012 10:37
de boudlouz
C'est juste Séléné, effectivement on pourrait faire le rapprochement avec Silvanus, ce dieu des forets de la rome antique, baton en main. Sylvanus ... Sylvain.

Re: Les sanctuaires d’Alésia

MessagePosté: Mer 24 Oct, 2012 19:33
de Muskull
Séléné ???
Merci boudlouz (qui poste un peu partout) d'avoir réveillé ce très beau dossier de ejds que je n'avais pas vu, absence sans doute de ma part. :?
Sylvanus ? A rattacher au "Mars vert" des pré-romains, Picus, les oiseaux mythiques, les oiseaux migrateurs, le ver sacrum etc...