Muskull a écrit:Dois-je comprendre que la thèse de Falc'hun tablait sur l'origine gauloise du breton ?
Sur le net c'est réellement "le désert armoricain" à son propos...
Sedullos a écrit:Si j'ai bien compris en recoupant des bribes d'innformation, Falc'hun voyait une continuité entre le gaulois et le breton vannetais ?
Je n'ai étudié qu'une partie des travaux de F.
Falc'hun, à savoir sa thèse dont la 3e édition, revue et augmentée, porte le titre de
Perspectives nouvelles sur l'histoire de la langue bretonne, Paris, 1981, et deux opuscules sur
Les noms de lieux celtiques, publiés en collaboration avec B. Tanguy (
Première série : Vallées et plaines, 2e édition revue et augmentée, Genève, 1982 ;
Deuxième série : Problèmes de doctrine et de méthode - Noms de hauteurs, Rennes, 1970).
Il va de soi qu'il est impossible de résumer en quelques mots une oeuvre aussi considérable, d'autant que les travaux en question ont fait l'objet d'approfondissements tout au long de la vie de leur auteur comme en témoignent les révisions et augmentations lors de chaque réédition ; mais on peut dire, à très gros traits, que F.
Falc'hun, à partir de ses premiers travaux de géographie lingusitique est parvenu à la conclusion que le breton armoricain, marqué des apports insulaires, était avant tout "une forme évoluée des dialectes gaulois des Osismes et des Vénètes". C'est à partir de ce constat qu'il s'est ensuite "lancé à la recherche des particularités des autres dialectes gaulois, dont les vestiges se dissimulent sous les noms de lieux d'origine celtique répandus à travers toute la France et au delà".
Cette indiscutable richesse des travaux de
Falc'hun a été immédiatement passée par le compte de pertes et profits de la vulgate bretoniste.
Je redis à nouveau que je suis loin de partager toutes les conclusions de F.
Falc'hun ; que je ne suis d'ailleurs pas un linguiste, mais que c'est en qualité de spécialiste des problématiques hagio-historiographiques de la Bretagne médiévale que j'ai été amené à aborder ces questions, en soulignant que le matériau hagiographique, majoritairement disqualifié en raison de son caractère souvent tardif, ne pouvait pas être invoqué au soutien de la désertification péninsulaire ; et qu'au demeurant les quelques
vitae de l'époque carolingienne nous montrent au contraire des populations armoricaines résiduelles ; qu'au surplus, les travaux de N.K. Chadwick, pour ne citer que cette chercheuse, ont montré que les flux d'immigration de l'île vers le continent était très antérieurs aux dates habituellement assignées à la disparition du gaulois dans la péninsule ; qu'enfin l'unique témoignage contemporain sur les premiers contacts entre les immigrants et les populations en place, à savoir la lettre à Lovocat et Catihern, ne permet nullement d'inférer une faiblesse numérique des indigènes par rapport aux nouveaux venus, ni que leur langue fût différente.
Je résume, je résume, donc je dis mal les choses, je caricature, bref, tout ce que je déteste faire et reproche aux autres !!
Bien cordialement,
André-Yves Bourgès