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ANDER rivière étymologie

MessagePosté: Jeu 23 Aoû, 2018 10:55
de gérard
Bonjour à tous,

Suite à la découverte d'un "habitat aggloméré" gaulois par l'INRAP à St-Flour (Cantal), je repère à ses abords l'hydronyme Ander.
A interpréter par "L'Infernale" ou par "La Génisse" (à comparer à Boyne, "vache blanche") ?

gg

Re: ANDER rivière étymologie

MessagePosté: Jeu 30 Aoû, 2018 11:00
de etnos
L’Ander passe à ANDELAT, *Andellacon, le domaine d’Andellos. ANDON (Alpes Maritimes), Andaone (XI° s), est un *Andauu, *Andavos (deus), un dieu « infernal » (X. Delamarre). Soit les noms propres *Anderos, *Andellos et *Andavos. ANDABRE (12) est le site d’une source gazeuse, *Andedubrum, « l’eau d’en bas ». Le gaulois explicite donc que les eaux sont divinisables de par leur origine souterraine. Près de l’Ander, C Mitton a souçonné entre Andelat et St Flour une source votive gallo-romaine. Donc, Anderos, l’« infernal » serait le nom d’une divinité des eaux habitant la rivière Ander.

Sous la chrétienté, on note au dessus des gorges de l’Ander les localités voisines de St Georges et de St Michel, les deux anges psychopompes. Selon la charte de Landeyrat (972), La rivière Ander, Lenda, représente la limite orientale du domaine ecclésiastique de l’Abbaye St Géraud d’Aurillac (855-909). D’où l’idée qu’auparavant l’eau de l’Ander aurait sacralisé une frontière entre des pagi arvernes. A l’époque carolingienne, St Georges sur la rive gauche (Est) de l’Ander appartient à la vicairie de Rageade du Comté de Brioude, tandis que St Flour sur la rive droite (Ouest) appartient à la vicairie de Valuejols ou Planèze, au Comté de Tallende. Donc l’Ander faisait la limite entre les comtés de Brioude et de Tallende (Boudet). En définitive, il parait possible que l’Ander porte le nom d’une divinité des eaux Anderos, « l’infernal », dont la fonction était de garantir les appartenances territoriales de cette région entre entre deux pagi des Arvernes. Mais c'est difficile à prouver car les frontières ont pu fluctuer...

Re: ANDER rivière étymologie

MessagePosté: Lun 24 Sep, 2018 21:09
de Matrix
Bonjour
est que l'Ander et l'Ande sont deux noms différents désignant la même rivière ?
car l'Ander nommée parfois Lander n'est pas mentionnée dans le dictionnaire topographique du Cantal contrairement à l'Ande
http://memoireauvergne.free.fr/bnf/cantal-topo.pdf
Fluviolus Adia 996

Re: ANDER rivière étymologie

MessagePosté: Jeu 27 Sep, 2018 16:41
de etnos
Bonjour,
C’est bien la même rivière… appelée anciennement Ande, Lande et, plus récemment, Lander (XIX° s), Ander (XX° s) ! D’où deux questions à résoudre : le L et le R !

Hypothèse Ande
Des savants, dont l’éditeur du cartulaire de St Flour, ont pris le L pour un article accolé, suivis par l’IGN. J’avais aussi suivi cette hypothèse à cause d’Andelat sur l’Ander. On trouve l’accolement de l’article dans le nom du village du Dauzan, au bord d’un affluent de l’Ander, la Dauzanne, à restituer (Ruisseau d’) Auzanne, de *Alisanna, « l’eau d’Alisos ». Comme aucune forme ancienne ne présente de R, il serait surnuméraire. On pourrait alors restituer un neutre pluriel *Anda, « les domaines d’Andos » (NP Andus attesté). Ainsi, à la frontière des Arvernes et des Eduens, Andelaroche (Allier), est Andé-la-Roche, avec Andé = *Andacon, domaine d’Andos (Delamarre).

Hypothèse Lande(r)
Le L est collé dans les formes anciennes (sauf la plus vieille, Adia). Donc le L pourrait être étymologique. Le provençal et l’occitan lindar, linde, « limite, seuil ; ressaut », sont issus du latin limitaris, qui signifie « relatif aux limites, qui fait limite ; bordure, seuil » (Diez, Bessat, 2004), d’où certains toponymes du Haut Moyen Age : LINDE, LENTE, LINDAR, LENDAR… Cette étymologie résoudrait le problème du R puisqu’elle n’exige pas sa permanence. Mais « l’interprétation de ces toponymes comme termes de limite n’est pas asssurée en absence de témoignages historiques », nous font remarquer H. Bessat et ‎C. Germi (Atlas toponymique ; Savoie, Vol 2, 2004, p 343-344). Or, dans notre cas, l’étymon *limitaris serait en rapport de signification avec la position frontalière de la rivière déjà signalée, soit *(rivus ou fluviolus) limitaris > *Lander > Lande > Lander, l’Ander

Autres exemples :
LEMPDES (43), Villa Lendainus (901), sur la limite départementale entre Puy de Dôme et Cantal, dérivé en –anu de Lende, limite entre les comtés carolingiens de Tallende et Brioude (Billy, 1998), et du même coup entre les archidiaconés de Saint Flour et de Brioude (Lempdes est aussi une des formes anciennes de l’Ander).
LA LINDE (63 Orléat), limite des comtés arvernes de Clermont et de Billom (par le Territorium Tigernensis, Thiers) et LE LINDOU (63 St Alyre d’Arlanc), en limite des comtés de Brioude et de Billom.
MONT LANDART (Chanaz, Lucey, 73), aux confins des diocèses de Genève, Belley et Grenoble
LINDERADE (43 Arlempdes), et LES LENDES (43 Salettes), frontière des Vellaves et des Helviens
LENDAYRADE (Calviac/Sousceyrac 46), frontière des Lemovices et des Cadurques
TRALENTA, Oultralenta (1610) (Bonneval sur Arc, 73), « outre la limite »

Concernant Andelat :
On remonte l’Ander en allant d’Andelat (Andellacon), à Luc (Roffiac) (latin Lucus), et à Ussel (*Uxello). Andellos et Uxellos pourraient être des théonymes, mais il suffirait de comprendre qu’Andelat, *Ande-lo, « d’en bas », est nommé par rapport à Ussel, Uxe-lo, « d’en haut » (Delamarre). Particulièrement, Andelat et Ussel se situent respectivement en aval et en amont de Luc, le « bois sacré ».