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MessagePosté: Dim 07 Déc, 2008 19:12
de Sedullos
Je souhaiterais aussi des éclaircissements sur l'emploi de termes comme ricasseau appliqué à un fer de lance et sur celui d'épieu pour désigner une pointe formée d'une douille à la pointe effilée.

MessagePosté: Dim 07 Déc, 2008 19:44
de Adcanaunos
Les balles de fronde "indigènes" en terre cuite ne sont pas tout à fait inconnues des archéologues :

Image

L'exemple ci-dessus est issu du comblement des fossés du Verbe Incarné à Lyon, bien antérieur à la fondation coloniale de 43.

A Corent ou à Gergovie, les galets susceptibles d'avoir été utilisés aux mêmes fins se comptent par milliers, mais il est bien difficile de les distinguer de simples polissoirs ou poids de balance...

MessagePosté: Dim 07 Déc, 2008 19:52
de Adcanaunos
"Fer à ricasseau" : terme utilisé à l'origine pour l'armement médiéval et moderne, qui désigne les fers dotés d'appendices latéraux marqués à la base de la flamme. Découverts à quelques exemplaires sur le site de la bataille d'Alésia, ils sont décrits par S. Sievers comme "gaulois", mais me semblent plutôt relever de l'armement romain d'après les autres exemplaires retrouvés en contexte archéologique (tombes d'auxiliaires et camps légionnaires du Limes rhénan).

Idem pour les épieux ou "pointes à douille", qu'il est cependant bien difficile de distinguer parfois de fers de lance usés, de pilums romains ou même (pour les plus courts), de talons de lance ou de douilles d'outils. Là encore, le type a été identifié depuis longtemps par D. Baatz à partir des camps militaires et sépultures du Limes.

Ces deux types d'arme n'apparaissent, en tout état de cause, dans aucun contexte antérieur à la conquête césarienne, ce qui semble plaider pour un apport exogène (légionnaires romains, corps auxiliaires originaires de Germanie ou de Celtique orientale ?)

MessagePosté: Lun 08 Déc, 2008 0:53
de Sedullos
Merci pour la photo et les infos.

Adcanaunos a écrit:Idem pour les épieux ou "pointes à douille", qu'il est cependant bien difficile de distinguer parfois de fers de lance usés, de pilums romains ou même (pour les plus courts), de talons de lance ou de douilles d'outils


Justement je me disais qu'ils ressemblaient à des talons ou à des pointes de flèches et que ce type d'arme devait être fabriqué assez rapidement.
Il faut quelques minutes à un forgeron connaissant la méthode pour forger une pointe de flèche.

(Pour les ricasseaux, je pensais que cela ne concernait que certaines épées médiévales, avec un "crochet" protégeant l'index placé sur la partie supérieure et non affutée de la lame, juste après la garde.)

Dans ton livre sur le Puits funéraire d'époque gauloise à Paris (Sénat) : Une tombe d'auxiliaire répubicain, dans le sous-sol de Lutèce, tu mentionnes p. 117 "l'adoption de la hache de combat par les guerriers trévires, technique de combat empruntée aux Celtes danubiens.

Peut-on faire un rapprochement avec cette présence éventuelle de contingents de Celtes orientaux ?

MessagePosté: Lun 08 Déc, 2008 1:08
de Adcanaunos
Sedullos a écrit:Dans ton livre sur le Puits funéraire d'époque gauloise à Paris (Sénat) : Une tombe d'auxiliaire répubicain, dans le sous-sol de Lutèce, tu mentionnes p. 117 "l'adoption de la hache de combat par les guerriers trévires, technique de combat empruntée aux Celtes danubiens.


Pourquoi pas, dans la mesure où les rares exemplaires de haches de combat retrouvés (nécropole de Wederath, cols alpins du Septimer- et Iulierpass) s'inscrivent dans un contexte historique similaire : celui de la conquête et de la sécurisation des marges de la Gaule, au tout début de la péiode romaine. Difficile, toutefois, de le démonter en l'état actuel des données...

MessagePosté: Lun 08 Déc, 2008 11:31
de André-Yves Bourgès
Adcanaunos a écrit:Les balles de fronde "indigènes" en terre cuite ne sont pas tout à fait inconnues des archéologues :

Image

L'exemple ci-dessus est issu du comblement des fossés du Verbe Incarné à Lyon, bien antérieur à la fondation coloniale de 43.


Ah, vous êtes diablement forts, les archéologues !

Mais pourquoi des balles de fronde en terre cuite plutôt que de simples pierres comme celles que j'utilisais jadis comme projectiles de mon lance-pige (et là, je mets au défi les archéologues de l'an 3950 de les distinguer de celles qui n'auraient pas servi à cet usage !)

Bien cordialement,

André-Yves Bourgès

MessagePosté: Lun 08 Déc, 2008 12:05
de Adcanaunos
André-Yves Bourgès a écrit:[Mais pourquoi des balles de fronde en terre cuite plutôt que de simples pierres comme celles que j'utilisais jadis comme projectiles de mon lance-pige (et là, je mets au défi les archéologues de l'an 3950 de les distinguer de celles qui n'auraient pas servi à cet usage !)


Bien vu, car on suppose que ces balles de fronde en terre cuite étaient surtout utlisées pour la chasse (aux oiseaux ?), sans doute, précisément, en raison de leur légèreté.

MessagePosté: Lun 08 Déc, 2008 12:27
de Sedullos
Salut,

L'utilisation de projectiles en terre est assez sophistiquée comme ces balles incendiaires, probable mélange d'argile et de tourbe, utilisées par les Belges, exemple rapporté par César.

L'avantage des balles en terre cuite est que, d'un faible poids, quelques grammes, le frondeur peut en transporter par dizaines, probablement dans une besace et marcher, courir. Pour les galets plus lourds, on doit se fournir sur place. Au Haut Empire, les frondeurs auxiliaires de Rome transportaient leurs balles dans les plis de leurs manteaux.

MessagePosté: Lun 22 Déc, 2008 19:55
de Sedullos
Salut à tous,

J'ai lu les deux premiers articles ou communications.

La tombe à glaive de la nécropole de Pîtres, La Remise (Eure) / Thierry Dechezleprêtre, Yves Marie Adrian, Nicolas Roudié.

La tombe serait un cénotaphe, c'est à dire un tombeau vide dans un contexte d'incinération. J'ai un peu flotté sur la nuance entre dépôt primaire et secondaire. La tombe contient en plus du glaive, des fragments de fourreau, un couvre-joue de casque, 3 umbos de bouclier, 3 fers de lances et de la céramique, notamment un gobelet de type ACO, à signature Hilarus et deux amphores espagnoles.

Les fragments de cottes de mailles de Vernon / Antide Viand.

Je connaissais deux types d'attaches pour fixer les épaulières à la cotte :

-attache transversale
-attache en forme de lyre

Vernon permet d'en découvrir un troisième :

- crochet en fer, sur l'épaulière avec lien organique et anneau sur la cotte.

MessagePosté: Mar 23 Déc, 2008 13:43
de Sedullos
Salut à tous,

Une question pour Adcanaunos :

Les casques de type "Port", d'un nom du site suisse de Port bei Nidau sont-ils tous postérieurs à conquête césarienne ?

Michel Feugère n'avait pas tranché la question dans Casques antiques où il répertoriait les exemplaires de Port, Reka (Slovénie), Mesnil-sous- Jumièges, Ribemont, Mons-Monteils et Alésia, forgés en plusieurs pièces.

Sur les traces de César apporte de nouveaux exemples : Bibracte, Gondole. Ces casques de type Port seraient attribuables aux forces romaines.

Si on suit cette idée, les casques attribuables aux Gaulois se limiteraient au modèle "celtique occidental" ou casque "Alésia" et à ses variantes, les casques de cavalerie des forêts de Rouvray et Louviers, forgés d'une seule pièce sauf pour les couvre-joues.

Pour ces derniers, voir mon casque, reconstitution Armae.

Les 2 casques de Mihovo (Slovénie) datés de La Tène finale seraient-ils aussi dans ce cas ? C'est à dire attribuables aux Romains ou à leurs auxiliaires plus qu'aux Celtes indépendants. Même si des Celtes ont pu être l'un et l'autre comme les Trévires.

MessagePosté: Mar 23 Déc, 2008 16:47
de Adcanaunos
Les casques de type "Port", d'un nom du site suisse de Port bei Nidau sont-ils tous postérieurs à conquête césarienne ?


A ma connaissance, il n'en existe aucun exemplaire qui puisse être attribué à une date incontestablement antérieure à la conquête romaine. L'existence des mêmes formes de casques en Celtique orientale pose, à l'instar des pointes de flèche à barbelure, des umbos circulaires, des pointes à douille ou des éperons, la question de l'origine "ethnique" de certaines armes utilisées durant la guerre des Gaules : ont-elles été apportées en Gaule par des troupes gauloises alliées, des auxiliaires celtique ou germaniques recrutés dans la même aire géographique ou ses marges ? Le corpus gaulois ne permet pas de trancher, seules des enquêtes menées à l'échelle européenne, tenant compte de la datation des objets et des différents systèmes chronologiques en vigueur dans chaque pays seraient susceptibles de régler le problème (à l'exemple des travaux consacrés aux umbos de bouclier circulaires à ergot central par Th. Bochnak, qui partage son temps de recherche entre la Pologne et Bibracte !).

MessagePosté: Mar 23 Déc, 2008 18:17
de Leukirix
Bonnour à tous,

Avec la difficulté à identifier l'appartenance ethnique de telle ou telle arme durant la Guerre des Gaules, on peut y ajouter la probabilité de l'utilisation d'armes de récupérations : armement prit aux romains -lors de leurs revers- et mit à dispositions des troupes de Vercingétorix et inversement.
La nature du conflit et la durée des hostilités peuvent éventuellement plaider en faveur de cette hypothèse. En tous les cas, c'est une possibilité que je n'écarte pas de mon travail de base de données de reconstitution pour Alésia.
Cela donnerait une image -discutée- de combattants gaulois ou romains affublés d'un armement relativement hétérogène et certainement rebricolé, ajoutant à la confusion dont témoigne César dans ses commentaires. :?

MessagePosté: Mar 23 Déc, 2008 18:31
de Adcanaunos
La "récupération" d'armes romaines par des combattants gaulois, qui a pu intervenir à titre ponctuel dans le feu de l'action, ne semble pas correspondre à un phénomène généralisé. Cette hypothèse ne trouve aucun écho, en tout cas, dans les sépultures antérieures à la conquête - à l'exception, peut-être, du casque étruco-italique à bouton sommital extrait d'une "tombe" des Martres-de-Veyre au pied de l'oppidum de Corent - alors qu'en Gaule, les premières confrontations armées avec l'armée romaine remontent aux années 120 avant notre ère. Tous les exemples d'équipement mixte combinant armes romaines et gauloises sont postérieurs à la guerre des Gaules et renvoie, plus vraisemblablement, à l'enrôlement de guerriers indigènes dans les corps auxiliaires de la légion.

MessagePosté: Mar 23 Déc, 2008 19:06
de Leukirix
Tout à fait, mon propos ne concerne effectivement que le cas de la Guerre des Gaules et plus précisément le siège d'Alésia...

MessagePosté: Mar 23 Déc, 2008 19:21
de Adcanaunos
Leukirix a écrit:Tout à fait, mon propos ne concerne effectivement que le cas de la Guerre des Gaules et plus précisément le siège d'Alésia...


Dans un contexte d'urgence et de pénurie, le ramassage et la réutilisation d'armes ennemies par les assiégés constitue une hypothèse plausible, mais non démontrée : sur le champ de bataille d'Alésia, on note a contrario un net déficit d'armes de poing et d'hast romaines, qui peut s'expliquer par la récupération de leurs équipements par les forces d'occupation. Adaptés au combat d'infanterie au corps à corps, glaives, poignards, pilums et casques légionnaires étaient de peu d'utilité pour des forces gauloises principalement constituées de cavaliers.

Concevable à titre ponctuel, pour ne pas dire anecdotique, cette possibilité ne doit pas donner le sentiment d'équipements romains ou gaulois "hétéroclites" confectionnés de bric et de broc. L'homogénéité de la panoplie celtique mise en place dès le 5e siècle avant notre ère, qui lui confère son efficacité technique, est démontrée depuis longtemps. Il en est de même pour l'équipement légionnaire, dont on a longtemps postulé qu'il n'a été standardisé que tardivement, au plus tôt à l'époque d'Auguste. L'un des objectifs de ce volume était de démontrer que l'équipement césarien présente déjà une certaine homogénéité, ce qui est loin d'être fait de manière définitive...