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Re: Sur les traces de César. Militaria tardo-républicains ...

MessagePosté: Lun 14 Déc, 2009 15:42
de Kambonemos
Il y a pourtant une raison qui tient au statut social plus élevé, probablement, du cavalier que du "dragon".


Je comprends bien ce que tu veux dire Sedullos mais je me place dans le contexte de ta réponse du 18/01/09 à M. Caelius :
Tu as bien raison de souligner la différence chez les Germains entre les guerriers d'élite bien équipés et destinés à l'exportation 8) et les "locaux" armés plus sommairement.
Quelques brassards et/ou jambières prêtés par les Romains n'effacent pas les différences de statut social.

@+

Re: Sur les traces de César. Militaria tardo-républicains ...

MessagePosté: Lun 14 Déc, 2009 15:47
de Sedullos
Je poursuis.

Kambonemos a écrit:je pense que le fantassin germain pouvait être équipé défensivement : - non pas d'un bouclier, mais d'une manica de cuir couvrant tout ou partie du bras, ce qui dans la cohue du combat ne lui permettait pas de parer les coups portés par l'adversaire mais tout simplement de jouer des coudes ou des épaules pour se dégager sans se trop de dégats ; je pense également qu'il devait protéger ses jambes avec le même type de jambières de cuir dépeintes par S. Lagrange pour les légionnaires césariens.


Dans l'antiquité et en exceptant les combats de gladiateurs, le seul instrument permettant de "parer" un coup, je suis désolé, c'est le bouclier !
Ta manica de cuir, surtout si elle couvre l'ensemble du bras, coude compris, ne permet pas justement de jouer des coudes... Cela risque au contraire d'accrocher et d'obtenir l'effet inverse. Ce n'est pas pour rien que la plupart des cottes de mailles antiques, considérées à tort comme des armures encombrantes, sont dépourvues de manches longues : c'est pour faciliter les mouvements, on l'a testé maintes fois.

Chaque peuple a ses traditions guerrières : à partir du Ve et Vie siècles, les Germains et les Scandinaves vont utiliser des broignes et cottes de mailles plus ou moins longues, ce sera d'ailleurs une distinction entre Danois et Norvégiens, une cotte descendant aux genoux et une autre descendant jusqu'en bas des jambes idéale pour un porteur d'une grande hache à deux mains. Sauf exception, les jambières métalliques héritières des cnémides sont rarement utilisées.

En revanche, lorsque François Gilbert conseille à son dessinateur S Lagrange de pourvoir les légionnaires césariens de jambières en cuir, il "innove" d'une manière logique : les Romains ont longtemps porté des cnémides en bronze jusqu'au IIIe avant J.-C. et des variantes en fer ressurgissent dans les armées impériales.

Re: Sur les traces de César. Militaria tardo-républicains ...

MessagePosté: Lun 14 Déc, 2009 16:04
de Kambonemos
En revanche, lorsque François Gilbert conseille à son dessinateur S Lagrange de pourvoir les légionnaires césariens de jambières en cuir, il "innove" d'une manière logique : les Romains ont longtemps porté des cnémides en bronze jusqu'au IIIe avant J.-C. et des variantes en fer ressurgissent dans les armées impériales.
C'est exact ; donc fausse bonne intuition. Merci Sedullos, et toujours pas d'arme défensive probable en vue pour nos "dragons"...

Cordialement.

@+

Re: Sur les traces de César. Militaria tardo-républicains ...

MessagePosté: Lun 14 Déc, 2009 16:09
de Sedullos
Une dernière chose, lorsqu'on lit le récit de César à propos des auxiliaires numides et germains, on a le sentiment que certaines de leurs tactiques de combat sont proches : notamment celle qui consiste à lancer des fantassins légers pour frapper cavaliers et chevaux avec des épées courtes ou des coutelas.

Or les Numides en dehors des boucliers de lanceurs de javelots à cheval n'ont aucune autre protection, que ce soit dans les armées d'Hannibal ou dans celles de César : ils jouent sur leur vitesse et sur leur façon peu glorieuse de trancher les jarrets des cavaliers et chevaux ennemis, ils sont des coupe-jarrets au sens propre ! Qui d'ailleurs ne devaient s'attendre à aucune pitié ou chance de survie en cas de défaite ou de capture tout comme les routiers ou les coutiliers du Moyen Age.

En 51 av. J.-C, ( BG, livre VIII, 13), après la mort du Rème Vertiscos tué par les Bellovaques, les fantassins germains de César affrontent seuls, sans leurs cavaliers, les Bellovaques et remportent la victoire dans un marais, ce qui implique un équipement léger.

Re: Sur les traces de César. Militaria tardo-républicains ...

MessagePosté: Lun 14 Déc, 2009 16:24
de Sedullos
C'est exact ; donc fausse bonne intuition. Merci Sedullos, et toujours pas d'arme défensive probable en vue pour nos "dragons"...


La cuirasse en cuir et un bouclier à l'image des "dragons" gaulois des IVe et IIIe vus par Franck Matthieu : on a des textes sur les Bastarnes et les Skyres, tantôt Celtes, tantôt Germains. Un cavalier et un fantassin monté. Cette tactique remonte peut-être aux Assyriens et Babyloniens qui l'ont utilisée pendant des siècles.

Encore un point à propos des cuirasses de cuir, elles sont plus légères que les cottes de mailles, c'est sûr. Mais je revois la tête de Latomaros, le jour où il a essayé celle d'Eporenos : elle était trop juste, c'est évident. Il nous a dit qu'il avait l'impression d'être serré, engoncé ; sensation que l'on ne ressent pas avec une cotte de mailles même trop lourde. A ces considérations s'ajoute la question du traitement du cuir, tanné ou non, beaucoup disent que les Gaulois ignoraient le tannage ne disposant pas d'alun, je n'y crois pas pour deux raisons. Le nom du chêne tannos est gaulois, le chêne contient du tanin et il existe plein de façons de tanner y compris avec de la cervelle animale mélangée à d'autres produits, technique utilisée par les Lakota, les Sioux.

Sur le tanin ou tannin :

http://www.cnrtl.fr/definition/tanin

Re: Sur les traces de César. Militaria tardo-républicains ...

MessagePosté: Lun 14 Déc, 2009 20:15
de Kambonemos
Sedullos écrit :
En 51 av. J.-C, ( BG, livre VIII, 13), après la mort du Rème Vertiscos tué par les Bellovaques, les fantassins germains de César affrontent seuls, sans leurs cavaliers, les Bellovaques et remportent la victoire dans un marais, ce qui implique un équipement léger.
Ce qui pourrait également indiquer que les Germains étaient beaucoup plus nombreux que ce que César voudrait faire croire ; l'ensemble des "piétons" suffit à repousser les avant-postes mais aussi à faire fuir rien que par leur présence les troupes placées en soutien... :!:

@+

Re: Sur les traces de César. Militaria tardo-républicains ...

MessagePosté: Lun 14 Déc, 2009 21:11
de Kambonemos
Ce qui serait aussi une preuve que César entend employer les Germains de façon différente... (les amis inconditionnels du conditionnel recommandent le forum de l'AC) :lol:

(oye, salut Pan !)

@+

Re: Sur les traces de César. Militaria tardo-républicains ...

MessagePosté: Mar 15 Déc, 2009 0:31
de Sedullos
Ce qui pourrait également indiquer que les Germains étaient beaucoup plus nombreux que ce que César voudrait faire croire ; l'ensemble des "piétons" suffit à repousser les avant-postes mais aussi à faire fuir rien que par leur présence les troupes placées en soutien... :!:


Dans son étude Les erreurs stratégiques des Gaulois, Philippe Richardot insiste à propos des effectifs sur le flou artistique des chiffres donnés par César : on peut raisonnablement penser qu'il n'a pas tout dit et qu'il a tantôt forcé le nombre, tantôt minimisé.

Les Germains sont des guerriers redoutables mais les Bellovaques aussi ; de plus, ils sont capables de mobiliser un nombre impressionnant de combattants.
Ces anciens vassaux des Eduens devaient être dans leur majorité des guerriers professionnels tout comme les Belges de manière générale.

Ce qui était loin d'être le cas de l'ensemble des peuples gaulois du moins si l'on en croit les clichés césariens sur les Gaulois paraissant ramollis en regard des Belges et de leurs terribles voisins d'Outre-Rhin. C'est un cliché récurrent mais il y a forcément quelque chose de vrai derrière tout ça.

A un autre bout du monde celtique, en Bohême et en Pannonie, on voit bien que les Boïens, retour d'Italie, sont au bout du rouleau, peut-être pour des raisons démographiques et doivent s'incliner ou disparaître devant les Marcomans et les Daces de Buribaste.