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MessagePosté: Sam 27 Déc, 2008 12:07
de Sedullos
Adcanaunos a écrit:L'homogénéité de la panoplie celtique mise en place dès le 5e siècle avant notre ère, qui lui confère son efficacité technique, est démontrée depuis longtemps.


Leukirix a écrit: De fait l'armement des Gaulois de La Tène finale demeure fondamentalement identique à l'armement mis au point par leurs ancêtres presque 4 siècles plus tôt.


Là aussi, je suis bien d'accord. Cela implique que d'autres armes, plus atypiques, ont été utilisées par d'autres combattants. L'hypothèse des Germains tient la route.

MessagePosté: Dim 28 Déc, 2008 19:23
de Sedullos
Salut à tous,

Je disais dans un message précédent que Franck Mathieu avait ouvert une perspective avec les Germains.

Frank Mathieu a écrit:
«On peut lire dans la Guerre des Gaules que les cavaliers germains sont assistés d’un fantassin (livre 1, 48 ). Ce type de combats pourrait avoir eu cours avec les guerriers du III e siècle av. J.-C. ; on peut imaginer que le porteur de la chaîne de suspension est ce fantassin et que les Germains auraient conservé cette façon de combattre, bien que les chaînes aient disparu ? »


L'apport des tests expérimentaux à l'étude de l'armement gaulois du IIIe siècle av. J.-C. / Franck Mathieu, dans Instrumentum, 25, juin 2007, p. 13

Bataille de Verceil, 30 juillet 101 av. J.-C. : défaite des Cimbres par Marius

Plutarque a écrit:Les troupes les plus nombreuses et les plus belliqueuses des ennemis furent taillées en pièces sur place, car, pour empêcher que leurs lignes ne se disloquent, les combattants des premiers rangs étaient liés ensemble par de grandes chaînes attachées à leurs ceintures.
Plutarque, (Vie parallèles, Marius, XXVII), p. 787.

Vies parallèles / Plutarque ; trad. d'Anne-Marie Ozanam ; éd. publiée sous la dir. de François Hartog ; éd. annotée par Claude Mossé ; Jean-Marie Pailler et Robert Sablayrolles suivie d'un "Dictionnaire Plutarque" sous la dir. de Pascal Payen.- Paris : Gallimard, 2002.- 2291 p.- (Quarto).

MessagePosté: Dim 28 Déc, 2008 20:14
de Leukirix
Je ne pense pas que l'on puisse faire un parallèle avec les chaînes de ceinturons gaulois... Je vois mal comment bricloer les ceinturons pour arriver à s'attacher ensemble...
Les Cimbres auraient-ils aussi utilisés les chaines de suspensions ? Mes connaissances à propos de ce peuple sont plus que limitées :?

MessagePosté: Dim 28 Déc, 2008 20:33
de Sedullos
Leukirix a écrit:Je ne pense pas que l'on puisse faire un parallèle avec les chaînes de ceinturons gaulois... Je vois mal comment bricoler les ceinturons pour arriver à s'attacher ensemble...
Les Cimbres auraient-ils aussi utilisés les chaines de suspensions ? Mes connaissances à propos de ce peuple sont plus que limitées :?


Je ne pensais pas du tout à un bricolage du type faire une grande chaîne avec les ceinturons. A vrai dire je ne crois pas du tout à cette grande chaîne. Par contre, plusieurs milliers de cadavres dont les premiers porteraient des ceinturons à chaîne, pourquoi pas ? D'un autre côté, pas de mention d'une infanterie montée.

http://remacle.org/bloodwolf/historiens ... marius.htm

Plutarque a écrit:« 27. L'infanterie des Cimbres sortit en bon ordre de ses retranchements ; et s'étant rangée en bataille, elle forma une phalange carrée, qui avait autant de front que de profondeur, et dont chaque côté couvrait trente stades de terrain. Leurs cavaliers, au nombre de quinze mille, étaient magnifiquement parés ; leurs casques se terminaient en gueules béantes et en mufles de bêtes sauvages : surmontés de hauts panaches semblables à des ailes, ils ajoutaient encore à la hauteur de leur taille. Ils étaient couverts de cuirasses de fer et de boucliers dont la blancheur jetait le plus grand éclat ; ils avaient chacun deux javelots à lancer de loin, et dans la mêlée ils se servaient d'épées longues et pesantes. Dans cette bataille, ils n'attaquèrent pas les Romains de front ; mais s'étant détournés à droite, ils s'étendirent insensiblement, dans le dessein de les enfermer entre eux et leur infanterie, qui occupait la gauche. »


Le chapitre 27 ici correspond au chapitre 25 de l’édition Gallimard.

MessagePosté: Dim 28 Déc, 2008 20:55
de DT
Salut à tous,
Peut-être hors de propos, mais voici ce que dit Tacite :
A+

MessagePosté: Lun 29 Déc, 2008 1:33
de Sedullos
Une autre traduction du passage cité :

Plutarque a écrit:28. La plupart des ennemis, et surtout les plus braves d'entre eux, furent taillés en pièces ; car, pour empêcher que ceux des premiers rangs ne rompissent leur ordonnance, ils étaient liés ensemble par de longues chaînes attachées à leurs baudriers.


http://remacle.org/bloodwolf/historiens ... marius.htm

MessagePosté: Lun 29 Déc, 2008 1:39
de Sedullos
DT a écrit:Peut-être hors de propos, mais voici ce que dit Tacite :


Non, c'est plutôt moi qui suis à la limite du hors-sujet.

En postant les extraits de Plutarque, j'avais bien en tête ce passage de Tacite dans une autre traduction.

Tacite met en scène des Germains braves mais pauvres.

Plutarque met en scène des Cimbres braves et riches ; ce qui est logique puisque les Cimbres ont pillé le Norique, le pays des Boïens, la Gaule, l'Espagne.

Les Germains de César se situent chronologiquement entre les Cimbres du IIe siècle av. J.-C. et les Germains du Ier siècle ap. J.-C.

MessagePosté: Lun 29 Déc, 2008 17:00
de Sedullos
Salut à tous,

Je reviens sur le texte de Tacite à propos de sa traduction.

Les casques sont rares chez les Germains de Tacite qui distingue deux catégories de casques : cassis et galea.

Michel Feugère constate que César distingue, dès le milieu du Ier siècle av. J.-C., le casque de cavalier, cassis, et le casque de fantassin, galea. La distinction porte sur l'attribution et les formes qui restent problématiques, pas sur la matière.

Or le traducteur traduit l'opposition cassis/galea, par casque métallique et casque de cuir.

MessagePosté: Sam 03 Jan, 2009 17:55
de Sedullos
Salut à tous,

Je reviens sur les épieux et plus particulièrement sur les hampes ce qui devrait intéresser Leukirix.

Sandrine Riquier fournit des longueurs entre 1,70 et 1,80 m d'après des mesures faites sur des sépultures, notamment la tombe 165 d'Evres-sur Indre. ces mesures s'entendant du fer au talon.

Elle observe que la taille est identique à celle du guerrier.

On sait qu'on a une moyenne de 1,70 m pour les Gaulois et 1,80 m pour les Belges.

Cette longueur me semble bien au dessous de celles des lances celtiques de l'Antiquité. Franck Mathieu estime la longueur des lances entre 2 m et 2,50 m, éventuellement 3 m pour les guerriers des derniers rangs d'une phalange gauloise.

Pourrait-on déduire de la faible longueur des épieux qu'ils ne conviennent pas pour des combattants combattant en formation serrée de type phalange ? Ce qui amènerait à les considérer comme des armes de cavalier...

A moins d'être utilisés par les premiers rangs comme arme de jet ?

Mais leur silhouette et leur taille inférieure à un pilum n'engagent pas vraiment à aller dans cette direction.

L'épieu de la tombe 165 était accompagné d'une magnifique épée gauloise avec son fourreau de fer qui présente des restes de tissu.

Sources :

La nécropole d'Evres-sur-Indre / Sandrine Riquier, pp. 148-151 +notices p. 215-217 in De pierre et de terre. Les Gaulois entre Loire et Dordogne: Catalogue de l'exposition présentée par les musées de la ville de Chauvigny (Vienne) du 15 mai au 14 octobre 2007, Donjon de Gouzon / sous la direction de Isabelle Bertrand et Patrick Maguer.- Chauvigny : Association des publications chauvinoises, 2007.- 304 p.- (Mémoire ; XXX).

L'armement républicain dans les sépultures de Gaule centrale / Sandrine Riquier, pp. 181-202 in Sur les traces de César, op.cit.

MessagePosté: Lun 05 Jan, 2009 12:08
de Sedullos
Leukirix a écrit:Je ne pense pas que l'on puisse faire un parallèle avec les chaînes de ceinturons gaulois... Je vois mal comment bricloer les ceinturons pour arriver à s'attacher ensemble...
Les Cimbres auraient-ils aussi utilisés les chaines de suspensions ? Mes connaissances à propos de ce peuple sont plus que limitées :?


Salut à tous,

Bon plus, j'y pense, plus mon histoire de chaînes chez les Cimbres me semble être une fausse piste. Je n'ai pas de mention de fantassins montés chez eux de toute façon. Même si un fantassin pourvu d'un ceinturon à chaînes n'a pas forcément besoin d'être transporté à cheval.

Et puis les Cimbres et les Teutons ont la particularité d'être des peuples Germains portant un ethnonyme celtique tout comme un de leurs rois, le dénommé, Boiorix. Ce qui simplifie encore plus les choses :wink:

MessagePosté: Mer 07 Jan, 2009 12:21
de Sedullos
Leukirix a écrit:D'un autre côté, en dépit des essais effectués avec des restitutions de ces armements, aurions-nous envisager des mouvements que les Gaulois n'auraient finalement jamais utilisé concentrant la capacité de frappe de leurs épées sur la taille tout en refusant l'estoc ??



Salut à tous,

La question se pose aussi d'une façon légèrement différente à propos de certaines épées médiévales.

Des miniatures des XIIIe, XIVe, XVe siècles nous montrent des guerriers porteurs d'épées se terminant par une pointe, certaines sont triangulaires, qui devraient permettre l'estoc.

Or la plupart du temps, l'illustrateur montre une utilisation de taille, que ce soit pour des illustrations de scènes des Croisades ou des Chroniques de Froissart sur la Guerre de Cent Ans !

Sur ces mêmes scènes, l'estoc est assuré par la lance ou d'autre armes d'hast.

Pour revenir aux Gaulois, des épées courtes destinées à l'estoc ont bien existé.

La plaque de bronze de Moulliets-et-Villemartin (Gironde), datée du IIIe siècle av. J.-C. représente deux guerriers gaulois.

L'un deux se trouve en quatrième de couverture de L'âge du Fer en France de Patrice Brun et Pascal Ruby.

Il porte un casque surmonté d'un cimier, peut-être de crin, un bouclier large à la main gauche et une épée courte et effilée à la main droite.

On peut voir cette plaque, peut-être un élément de cardio-phylax = plaque pectorale, dans L'Archélogue, n°98, octobre-novembre 2008, p. 55.

Je verrais bien ce type de guerrier au centre de la phalange d'Hannibal.

MessagePosté: Dim 11 Jan, 2009 1:19
de Kambonemos
Bonjour à tous,

Je reviens un peu en arrière (excuse-moi Sedullos) sur les propos de Leukirix qui constate que l'armement gaulois n'a guère évolué pendant près de quatre siècles ; cela me semble également révélateur d'un état d'esprit qui serait resté quelque peu "figé"... Ce qui pourrait expliquer les succès militaires de César car l'on a souvent opposé le guerrier gaulois, impulsif et désordonné, au légionnaire romain, maître de ses nerfs et discipliné ; or, et l'épisode de la bataille navale contre les Vénètes sur un autre fil m'y a fait songé, je pense paradoxalement que l'impulsivité était bien romaine, et que les gaulois obéissaient de façon stricte à une tradition séculaire rigide qui les empêchaient de s'adapter à "une guerre moderne"... César note dans la Guerre des Gaules que les Gaulois ont conscience de leur décadence militaire : c'est-à-dire qu'avec les mêmes moyens (armement, tactique), ils obtiennent de moins bons résultats que leurs aïeux, notamment face aux Germains ; les Helvètes font référence aux victoires anciennes sur les troupes romaines. Chaque fois que les Gaulois bousculent les Romains, c'est qu'ils ont tenté quelque chose de nouveau qui surprend César ; je pense entre autre à l'emploi de l'arc (bravant en cela je le pense un interdit religieux) qui oblige César à recruter des archers mercenaires numides. En réalité, les Gaulois étaient bien plus prévisibles que nous nous plaisons à l'imaginer et César _ comme l'on dirait aujourd'hui _ les avaient sans doute parfaitement "calculés"...

Cordialement.

@+

MessagePosté: Dim 11 Jan, 2009 12:57
de Adcanaunos
Kambonemos a écrit:cela me semble également révélateur d'un état d'esprit qui serait resté quelque peu "figé"... Ce qui pourrait expliquer les succès militaires de César car l'on a souvent opposé le guerrier gaulois, impulsif et désordonné, au légionnaire romain, maître de ses nerfs et discipliné ; or, et l'épisode de la bataille navale contre les Vénètes sur un autre fil m'y a fait songé, je pense paradoxalement que l'impulsivité était bien romaine, et que les gaulois obéissaient de façon stricte à une tradition séculaire rigide qui les empêchaient de s'adapter à "une guerre moderne"... César note dans la Guerre des Gaules que les Gaulois ont conscience de leur décadence militaire : c'est-à-dire qu'avec les mêmes moyens (armement, tactique), ils obtiennent de moins bons résultats que leurs aïeux, notamment face aux Germains ; les Helvètes font référence aux victoires anciennes sur les troupes romaines. Chaque fois que les Gaulois bousculent les Romains, c'est qu'ils ont tenté quelque chose de nouveau qui surprend César ; je pense entre autre à l'emploi de l'arc (bravant en cela je le pense un interdit religieux) qui oblige César à recruter des archers mercenaires numides. En réalité, les Gaulois étaient bien plus prévisibles que nous nous plaisons à l'imaginer et César _ comme l'on dirait aujourd'hui _ les avaient sans doute parfaitement "calculés"...


Sur les raisons "technologiques" de la défaite de forces gauloises bien supérieures en nombre, je privilégie explication quelque peu différente et un peu moins glorieuse (pour un camp come pour l'autre), que je vous livre telle qu'exposée dans l'ouvrage :

Une donnée récurrente retient l’attention. Les différences de faciès établies sur le diagramme fig. 106 identifient clairement les gisements dont on sait, de par les textes, qu’ils ont été le théâtre d’affrontement armés : l’accumulation de projectiles et d’armes de jets qui les caractérise matérialise, de la manière la plus directe et brutale, les combats qui ont émaillé les sièges d’Alésia, de Gergovie et d’Uxellodunum. Il est significatif d’observer que ce faciès ne se retrouve nulle part ailleurs ─ si l’on excepte les cas litigieux de Bourguignon-les-Morey et de Mardore/Bois-Durieux ─ et caractérise uniquement les batailles majeures consignées par les sources. Or, cette abondance de projectiles ne saurait être imputée uniquement à des processus de perte et de sélection. Elle révèle un aspect du conflit qui n’a guère été valorisé par les chroniqueurs militaires : l’importance tactique des corps d’artillerie, composés d’archers et de frondeurs originaires d’Afrique ou des Baléares, auxquels le texte césarien attribue plutôt un rôle secondaire. Cette observation rétablit l’équilibre des forces en faveur de troupes romaines confrontées, à chaque bataille, à des forces de trois à cinq fois plus nombreuses : les expérimentations réalisées pour le Haut-Empire (Völling 1990) ont montré que tormentae et funditores étaient en mesure d’opposer un tir nourri censé protéger les premières lignes. Ces « tirs de barrage » ont certainement infligé des pertes très sévères à des troupes de guerriers accoutumés au combat rapproché, dont la majorité ont été décimés avant même d’avoir atteint les lignes adverses : en témoigne le fait qu’à Alésia, les projectiles sont mêlés à une majorité d’armes gauloises et à très peu d’armes romaines. À l’instar des arcs lourds (long bows) utilisés par les archers gallois lors de la bataille d’Azincourt, cet avantage technique a certainement contribué de manière décisive à la victoire. Il pourrait expliquer, mieux que les hauts faits d’arme décrits dans le Bellum Gallicum, l’inexplicable percée des maigres effectifs engagés par César en Gaule. Les centaines de traits de catapulte, de pointes de flèche et de balles de fronde qui jalonnent leur parcours illustrent une stratégie systématique de combat à distance qui s’apparente à celle appliquée lors des guerres d’extermination indiennes.

MessagePosté: Dim 11 Jan, 2009 17:32
de Sedullos
Kambonemos a écrit:Bonjour à tous,

Je reviens un peu en arrière (excuse-moi Sedullos) sur les propos de Leukirix qui constate que l'armement gaulois n'a guère évolué pendant près de quatre siècles ; cela me semble également révélateur d'un état d'esprit qui serait resté quelque peu "figé"... Ce qui pourrait expliquer les succès militaires de César car l'on a souvent opposé le guerrier gaulois, impulsif et désordonné, au légionnaire romain, maître de ses nerfs et discipliné ; or, et l'épisode de la bataille navale contre les Vénètes sur un autre fil m'y a fait songé, je pense paradoxalement que l'impulsivité était bien romaine, et que les gaulois obéissaient de façon stricte à une tradition séculaire rigide qui les empêchaient de s'adapter à "une guerre moderne"... César note dans la Guerre des Gaules que les Gaulois ont conscience de leur décadence militaire : c'est-à-dire qu'avec les mêmes moyens (armement, tactique), ils obtiennent de moins bons résultats que leurs aïeux, notamment face aux Germains ; les Helvètes font référence aux victoires anciennes sur les troupes romaines. Chaque fois que les Gaulois bousculent les Romains, c'est qu'ils ont tenté quelque chose de nouveau qui surprend César ; je pense entre autre à l'emploi de l'arc (bravant en cela je le pense un interdit religieux) qui oblige César à recruter des archers mercenaires numides. En réalité, les Gaulois étaient bien plus prévisibles que nous nous plaisons à l'imaginer et César _ comme l'on dirait aujourd'hui _ les avaient sans doute parfaitement "calculés"...

Cordialement.

@+


Salut à tous,

Kambonemos, je ne partage pas du tout ton point de vue.

Laissons de côté la question des Vénètes même si leur "thallasocratie" était moins puissante que celle de Carthage, laquelle a pourtant été vaincue sur mer par Rome ; le corollaire étant que le général Hannibal a écrasé à plusieurs reprises des armées romaines terrestres !

Si on prend l'exemple de l'arc, ce n'est pas une nouveauté technologique pour les Gaulois : il y a des arcs ou des pointes de flèches, de chasse diront certains, dans les sépultures hallsattiennes comme Hochdorf vers 550 av. J.-C.

Des auteurs insistent sur le fait que Vercingétorix lève des contingents d'archers en prévision des affrontements avec César. On pourrit inverser l'argument : si César arrive avec des frondeurs des Baléares et des archers crétois, c'est que les Gaulois et les Belges disposent déjà d'archers et de frondeurs tout comme ils disposent de lanceurs de javelots homologues des Numides, fantassins et cavaliers légers armés de javelots et d'une arme de poing, épée ou coutelas, permettant d'attaquer le cavalier adverse ou sa monture.

Du point de vue purement technologique, le casque gaulois en fer de type Alésia avec ses couvre-joues est bien plus "moderne" que le Coolus-Manheim en bronze des légionnaires de César.

C'est un casque de cavalier, fabriqué probablement sur mesure, que le guerrier doit se payer ou se faire payer s'il est ambact.

Alors que le légionnaire est équipé par l'armée romaine qui retient d'ailleurs sur sa solde le prix des fournitures et des équipements de série.

A noter qu'il n'y a pas d'uniforme romain.

J'observe que Vercingétorix en refusant le combat, la bataille rangée, suit une stratégie de guérilla aggravée par la "politique" de la terre brûlée.

Ambiorix a fait de même quelques années plutôt d'où les mesures de contre-guérilla lancées par César et l'extermination avouée et assumée des Eburons.

Cette idée de guérilla est "moderne".

Pourtant les Romains ont eu à affronter des guérillas au IIe siècle av. J.-C. en Espagne et en Numidie ; les Juifs aux siècles suivants leur donneront beaucoup de fil à retordre avec pour conséquence là-aussi des massacres effroyables de civils.

MessagePosté: Dim 11 Jan, 2009 18:14
de Sedullos
Adcanaunos a écrit:Sur les raisons "technologiques" de la défaite de forces gauloises bien supérieures en nombre, je privilégie explication quelque peu différente et un peu moins glorieuse (pour un camp come pour l'autre), que je vous livre telle qu'exposée dans l'ouvrage :

Une donnée récurrente retient l’attention. Les différences de faciès établies sur le diagramme fig. 106 identifient clairement les gisements dont on sait, de par les textes, qu’ils ont été le théâtre d’affrontement armés : l’accumulation de projectiles et d’armes de jets qui les caractérise matérialise, de la manière la plus directe et brutale, les combats qui ont émaillé les sièges d’Alésia, de Gergovie et d’Uxellodunum. Il est significatif d’observer que ce faciès ne se retrouve nulle part ailleurs ─ si l’on excepte les cas litigieux de Bourguignon-les-Morey et de Mardore/Bois-Durieux ─ et caractérise uniquement les batailles majeures consignées par les sources. Or, cette abondance de projectiles ne saurait être imputée uniquement à des processus de perte et de sélection. Elle révèle un aspect du conflit qui n’a guère été valorisé par les chroniqueurs militaires : l’importance tactique des corps d’artillerie, composés d’archers et de frondeurs originaires d’Afrique ou des Baléares, auxquels le texte césarien attribue plutôt un rôle secondaire. Cette observation rétablit l’équilibre des forces en faveur de troupes romaines confrontées, à chaque bataille, à des forces de trois à cinq fois plus nombreuses : les expérimentations réalisées pour le Haut-Empire (Völling 1990) ont montré que tormentae et funditores étaient en mesure d’opposer un tir nourri censé protéger les premières lignes. Ces « tirs de barrage » ont certainement infligé des pertes très sévères à des troupes de guerriers accoutumés au combat rapproché, dont la majorité ont été décimés avant même d’avoir atteint les lignes adverses : en témoigne le fait qu’à Alésia, les projectiles sont mêlés à une majorité d’armes gauloises et à très peu d’armes romaines. À l’instar des arcs lourds (long bows) utilisés par les archers gallois lors de la bataille d’Azincourt, cet avantage technique a certainement contribué de manière décisive à la victoire. Il pourrait expliquer, mieux que les hauts faits d’arme décrits dans le Bellum Gallicum, l’inexplicable percée des maigres effectifs engagés par César en Gaule. Les centaines de traits de catapulte, de pointes de flèche et de balles de fronde qui jalonnent leur parcours illustrent une stratégie systématique de combat à distance qui s’apparente à celle appliquée lors des guerres d’extermination indiennes.


D'abord, juste une rectif, la figure que tu cites doit être la figure 71, p. 412 et ton texte se trouve à la p. 422 de Sur les traces de César.

J'aime bien les comparaisons avec Azincourt et les guerres indiennes du XIXe siècle mais je pense qu'il faut distinguer deux types d'artillerie et qu'on pourrait trouver des contre-exemples.

L'artillerie légère : arc, fronde, pierres lancées à la main, javelots, se trouve dans les deux camps gaulois et romain.

Seuls les Romains disposent d'une artillerie lourde de campagne et de siège : scorpions, catapultes et balistes lançant des traits et/ou des boulets. Alain Deyber dans le volume cité établit la comparaison avec les mitrailleuses qui fauchent des vagues entières d'assaillants.

A la différence de la charge de la phalange et du corps à corps, celui qui tue tout comme celui qui meurt ne voit pas les yeux de son adversaire.

Azincourt est en plaine ; c'est une bataille rangée avec du côté anglais, archers et piquiers, tous équipés d'armes de poing, et du côté français, cavalerie lourde, arbalétriers mercenaires, dont les boucliers sont restés coincés avec les bagages et sergents à pied.

Les batailles contre les Nerviens et les Belges opposent pour l'essentiel deux grandes armées de fantassins.

Gergovie, Alésia, Uxellodunum, sont des sièges où César met en pratique toute la tradition poliorcétique héritée des Grecs et des Macédoniens.
Cela relève plus de la capitalisation d'un héritage que d'une invention "moderne"

Pour les guerres indiennes, l'artillerie lourde s'est vite avérée intransportable, seules des pièces légères ont été utilisées. Quant aux mitrailleuses de type Gattling Gun, elles ont servi à des opérations d'extermination comme à Wounded Knee où l'on massacre des Sioux affamés dans un périmètre très restreint. A Little Big Horn, la puissance de feu était paradoxalement plus du côté des Sioux, des Cheyennes et des Arapaho que du côté du 7ème de cavalerie de Custer.

En revanche, l'extermination des bisons, grâce aux fusils à répétition, a détruit toute l'économie des Amérindiens des Plaines et si on y ajoute le réservoir inépuisable des colons, la défaite et le génocide étaient inéluctables.

J'en viens à la question du rapport numérique.
D'un côté, les Gaulois sont très nombreux face à l'armée césarienne.

Mais Rome dispose d'une capacité de recrutement impressionante : César passe de 4 légions à 12 pendant la durée de la guerre des Gaules.

Il dispose de soldats professionnels dans une proportion bien plus grande que les Gaulois, en exceptant les Nerviens et les Bellovaques.
Les levées de Vercingétorix n'ont pas la même "tenue au feu".
Et ce n'est pas forcément, je pense à un message d'ejds, une question d'entraînement et de discipline. Les archers et les frondeurs sont nécessairement entraînés ; si l'on repense aux utilisations de la tragula, par un lanceur de javelot de type snyper, c'est le cas aussi pour une partie des lanceurs de javelots. C'est évident pour les nobles et leurs ambactes et soldures à cheval. Et pas forcément nécessaire pour des lanciers de phalange : d'après Leukirix, il suffit que le combattant qui peut être un paysan robuste soit assez costaud pour tenir la lance et le bouclier et pousser comme au rugby...

Pour le reste, je partage le point de vue sur l'importance de l'artillerie qui a pu faire la décision. Le schéma 71 est très parlant : Uxelludunum au sommet du triangle, c'est Verdun à une petite échelle.